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Debout à la proue du navire, Stacey admirait la côte brésilienne qui défilait lentement sur sa droite. Les eaux boueuses de l’Amazone repoussaient inlassablement le croiseur léger et forçaient son capitaine à corriger sa route en permanence.
— Nous atteindrons bientôt la zone, monsieur Revel ! cria celui-ci de la cabine. Une demi-heure tout au plus.
Stacey se retourna vers le pilote et acquiesça sans un mot. Il n’était pas si pressé d’arriver. Cette escapade momentanée lui permettait de respirer un peu.
Le bateau s’extirpa des eaux du fleuve pour naviguer plus librement. De ce côté du courant, la différence de couleur était très nette. En quelques centaines de mètres, l’océan passait du marron sale au bleu insondable.
On lui avait demandé de faire vite.
— Ce voyage n’est pas à proprement parler une fouille archéologique, Stacey, avait précisé Craig. Nous cherchons des preuves, pas des pièces de musée !
Et des preuves, Stacey n’en attendait pas vraiment. Les statues, ça c’était du solide. Quelle qu’ait été leur raison d’être, elles existaient. Il ne pouvait pas en douter. Il avait lui-même contribué à leur découverte. Par contre, le bateau…
Malhorne avait donné son nom, l’Imago Mundi, la date de son départ de Lisbonne et le nom de son capitaine. Vérifications faites, tout était véridique. Et après ?…
Cela prouvait-il quelque chose ? Grâce à ses connaissances historiques, Stacey aurait lui aussi pu jouer au grand mystérieux, comme Malhorne le faisait. Il avait découvert là, entre Franklin et lui, un véritable point de différend. Le seul qui les séparât d’ailleurs. Stacey ne pouvait en aucun cas accepter de donner crédit aux dires de Malhorne. Il était cartésien, définitivement. Aurait-il vu de ses propres yeux le Christ ressortir vivant de son tombeau qu’il aurait immédiatement pensé à un jumeau caché.
S’il avait accepté de participer à cette fouille sous-marine, c’est d’abord et avant tout parce qu’il souffrait d’enfermement entre les murs de la Fondation.
Une secousse due au ralentissement du bateau le sortit de ses pensées.
— 0° 41’ 55” de latitude sud par 48° 5’ 7” de longitude ouest, lui annonça le capitaine. Si le renseignement est correct, nous n’avons qu’une petite zone à prospecter. Ce que vous voyez là-bas, c’est Alcantara. Le récif que nous recherchons doit se trouver dans les parages.
Stacey quitta la proue et passa dans la cabine de pilotage où il riva son attention sur le sonar.
— Celui-ci vérifie la profondeur, et l’autre se rapproche plutôt d’un scanner, lui indiqua le capitaine en désignant plusieurs écrans.
— À quelle profondeur se situe le fond ?
— Oh, en ce moment, pas grand-chose. Ça oscille entre vingt et vingt-cinq mètres. Plutôt arrangeant pour plonger, si on repère votre Imago, bien sûr. Regardez. Voici notre récif.
Amelino Bolivar, le capitaine, donna des ordres à son équipage pour que certains se tiennent prêts à plonger, puis il fit tourner le navire sur la droite et accéléra légèrement. De cette manière, en effectuant des cercles de plus en plus larges autour du point de coordonnées indiqué par Malhorne, il serait impossible de manquer le site du naufrage, si naufrage il y avait eu.
Stacey ne quittait pas les écrans de contrôle des yeux. Le premier recomposait une coupe du fond tandis que le second matérialisait à plat la nature de ce fond.
— Il y a beaucoup de bois là-dessous, mais rien qui ressemble de près ou de loin à une coque de navire.
— Effectivement, constata Stacey. Des troncs d’arbres charriés par l’Amazone. Ça va être un joyeux merdier de s’y retrouver là-dedans !
— Pas si sûr ! répondit Bolivar. Une structure de facture humaine vous sautera nécessairement aux yeux, même si vous ne savez pas précisément à quoi vous attendre !
Stacey grommela. La représentation du fond qui se matérialisait sur l’écran ressemblait trop à un jeu de mikado.
— Ouais ! Une chatte n’y retrouverait pas ses petits, dit-il en paraphrasant Malhorne.
Ils observèrent le fond marin sur plus d’un kilomètre carré, sans résultat. Si une vieille épave gisait dans les parages, elle leur était cachée par un enchevêtrement de troncs et de branches, vraisemblablement plus pourris les uns que les autres. Y plonger pour aller voir de plus près aurait été pure folie.
Lorsque le soleil se coucha, le moral de l’équipage disparaissait lui aussi derrière la ligne d’horizon. Le bateau fit demi-tour pour se diriger vers le port d’Alcantara.
— Ça peut durer des semaines et on sera toujours bredouilles, ragea Stacey. Et le pire, c’est que je ne suis pas du tout convaincu qu’il y ait une épave à trouver !
— Chaque problème a sa solution, monsieur Revel, le coupa Bolivar. J’ai contacté la Fondation Prométhée en milieu d’après-midi. Nous recevrons d’ici à deux jours un matériel plus adéquat !
— Quel genre ?
— Un détecteur de métaux. J’ai pensé qu’une épave du xvie siècle devait obligatoirement posséder un accastillage en bronze et ça, malgré les années, le sel et les troncs d’arbres, on le verra !
Deux jours plus tard, le matériel attendu leur était livré. Les recherches reprirent. Bolivar organisa cette deuxième tentative avec la même rigueur que la première.
L’écran de contrôle du détecteur de métaux ne matérialisa tout d’abord qu’un brouillard de particules. Rien de très excitant pour Stacey, à en croire sa mine renfrognée. Puis, un opérateur procéda à certains réglages et l’image disparut totalement.
— Super ! s’exclama Stacey. Il n’y a plus rien à présent.
— C’est normal, l’informa l’opérateur. Ceci est la véritable image du détecteur. On ne voit rien parce qu’il n’y a pas de métal, logique !
— Et ça ! C’est quoi ?
Stacey désignait de vagues formes étirées, comme des croissants de lune fluorescents, qui apparaissaient faiblement sur l’écran noir.
— Probablement des dépôts de sédiments. À proximité de l’embouchure d’un grand fleuve, ce n’est pas étonnant.
— Si le détecteur passe au-dessus d’objets en métal, à quoi cela ressemblera-t-il sur l’écran ?
— Exactement à l’objet détecté ! Vous pouvez même faire des zooms dans l’image si la définition ne vous suffit pas.
— J’adore les militaires ! Vous avez toujours des jouets d’une rare sophistication. Capitaine Bolivar ? On remet ça ?
Arrivé sur zone, le bateau recommença à effectuer des ronds sur l’eau. Après une demi-heure de ce manège, le détecteur émit une série de bips stridents.
— Bingo ! s’exclama l’opérateur. Mon joujou a repéré quelque chose !
Le capitaine effectua une marche arrière puis coupa les gaz.
— Si c’est un navire que vous cherchez, eh bien, je vous le présente ! dit l’opérateur avec un soupçon de fierté dans la voix.
Stacey ne voyait pas à proprement parler une coque de navire sur l’écran. Plusieurs séries de points lumineux formaient deux demi-lunes accolées. Il devait probablement s’agir des restes du navire, d’anneaux de fixation ou de poulies. Il n’aurait trop su dire pourquoi mais, indéniablement, ce qu’il voyait là évoquait la forme d’une coque vue du dessus. Était-ce celle de l’Imago Mundi ou d’un autre navire, c’est ce qu’il restait à éclaircir.
— Notre position diffère de trois secondes par rapport aux coordonnées initialement indiquées. Si ce que vous me disiez est vrai, la personne qui vous a renseigné de mémoire a une sacrée maîtrise de la géographie. Chapeau ! A fortiori sur mer. Félicitez-le de ma part, si vous le revoyez !
— Je n’y manquerai pas, capitaine. Et je suis persuadé qu’il en sera très touché.
Cinq plongeurs partirent en exploration tandis que le reste de l’équipage s’affairait à des tâches précises. Bien que rompus à une exécution ultra-rapide des ordres, ces hommes libéraient autour d’eux un sentiment de fébrilité contenue auquel Stacey ne resta pas insensible. Bientôt, sans qu’il s’en aperçoive, il se retrouva plié en deux au-dessus de la rambarde, observant nerveusement les bulles des plongeurs crever la surface de l’Atlantique.
— Pas moyen d’y accéder, commenta laconiquement le premier des plongeurs à refaire surface.
Il fallut attendre qu’il soit remonté sur le bateau pour obtenir des informations plus précises.
— Il y a des centaines de troncs d’arbres en bas. Peut-être des milliers. Je pense sur trois mètres d’épaisseur au moins. Et dessous, pour ce que nous avons pu en voir, c’est de la vase ! Ça va pas être du velours.
Stacey et le capitaine Bolivar s’isolèrent dans le poste de pilotage pour discuter de la conduite à tenir.
— C’est à vous de décider, monsieur Revel. Vous êtes le maître d’œuvre ici.
— Je sais, et ça me chagrine. On me commande la rapidité tandis que mon expérience m’indique la manière douce.
— Quelle est-elle ?
— Assécher la zone ! C’est possible, j’ai déjà travaillé sur un tel chantier. Il faut bâtir à partir du fond une double rangée de murs en acier, ensuite, l’espace entre les deux murs est rempli de sable et lesté, de telle façon que la construction puisse résister à la pression. Après, il ne reste plus qu’à vider l’intérieur. C’est exactement comme un bocal à poissons, mais en inversant les données.
— Ça demanderait combien de temps ? se renseigna Bolivar.
— Six mois ! Cinq avec double effectif !
— Et nous n’avons pas ce temps, je présume.
— Malheureusement pas !
— Il nous reste la manière forte, dans ce cas.
— Je sais, mais elle risque de tout détruire.
— Pas nécessairement. Ayez confiance dans notre technologie. Je suis persuadé que nous pouvons déblayer l’épave sans l’abîmer. Nous avons à bord le matériel adéquat et les hommes compétents pour mener à bien cette mission. Avec une grue, une dragueuse et deux équipes de plongeurs à notre disposition, je nous donne une semaine pour remonter les premiers objets de cette épave !
Dans l’après-midi, une barge rejoignit le bâtiment principal depuis Belém. Elle servirait à entreposer les troncs tirés du fond de l’océan.
Deux équipes de plongeurs se relayèrent jusqu’à une heure avancée.
Le lendemain, en moins de dix heures, ils avaient dégagé la surface approximative de l’épave.
Mike, le plus gradé parmi les plongeurs, prit la tête des opérations sous-marines. Le filin de la grue s’enfonçait régulièrement dans les eaux devenues saumâtres et ressortait chargé d’un tronc noir et ruisselant.
Une troisième équipe s’attela à préparer le matériel pour les jours suivants. Le moteur d’une dragueuse fut monté sur le pont et raccordé au long tuyau qui servirait à aspirer la vase. Enfin, les hommes installèrent sur l’arrière du bateau un tamis roulant. Ainsi équipés, ils étaient certains de ne pas rejeter dans l’eau un objet précieux remonté par mégarde.
Près de trois jours furent nécessaires pour dégager une large zone autour de l’emplacement de l’Imago Mundi. L’enchevêtrement de troncs atteignait quatre mètres, aussi les plongeurs dégagèrent-ils l’aire de fouilles plus loin que nécessaire, pour garantir un maximum de sécurité. Même ralenti par l’eau, un éboulement aurait pu leur être fatal.
Puis la dragueuse remplaça la grue. Son moteur ronflait à ne pas s’entendre et il s’en dégageait une âpre odeur de gasoil brûlé. Cependant, cette machine si polluante leur permit de gagner un temps précieux. Le tuyau enfonça son extrémité dans la vase deux jours durant. Les sédiments arrachés du fond montaient vers la surface où ils tombaient sur le tamis roulant. Ce qui ne ruisselait pas vers l’arrière du navire était charrié vers la barge et s’accumulait en un tas marron sale. Il s’en dégagea rapidement une odeur pestilentielle de matières organiques en décomposition qui forçait le nez à apprécier les émanations de gasoil. Des centaines de mouettes virevoltaient au-dessus de la barge. Elles seules semblaient apprécier ce monceau puant de déchets naturels.
Stacey surveillait le tamis aussi fiévreusement qu’un orpailleur. Il ne pouvait se permettre de rater cette mission par manque d’attention.
— On arrive au bâti, monsieur Revel, annonça Mike dans la matinée du troisième jour.
— Comment ça se présente ?
— Eh bien, sous deux mètres de vase, si structure supérieure il y a eu, elle a disparu. Par contre, la coque est solide et le pont partiellement en état. Mais on n’y voit pas grand-chose en dessous.
— Arrêtez la pompe dans ce cas. Nous sommes pressés, O.K. ! Mais c’est pas une raison pour tout broyer dans la turbine. Ça suffit pour aujourd’hui, d’ailleurs ! Avec toute cette boue en suspension, il est inutile d’essayer quoi que ce soit pour le moment. On y verra plus clair demain.
La lumière du soleil perçait l’eau sur une dizaine de mètres. Au-delà, de nombreux éclairages artificiels prenaient le relais. En moins de vingt-quatre heures, le courant avait emporté toute la vase remuée par la dragueuse. L’océan était redevenu très clair mais le fond, de couleur sombre, absorbait la lumière sans en renvoyer beaucoup.
Tout d’abord, Stacey n’en crut pas ses yeux. Le fond de l’Atlantique ne pouvait pas ressembler à ça. Il gardait en mémoire les images des prospectus touristiques et la désolation qui s’étendait sous lui n’était pas en phase avec ces belles photos de sable blanc, de coraux et d’algues multicolores.
On aurait dit une vue de Verdun. Aussi loin que portait son regard, il ne subsistait pas une trace de vie végétale. Des troncs et de la vase. Uniquement des troncs et de la vase. L’idée du mikado lui revint, accompagné d’une forte note de putréfaction et de mort.
À côté de lui, Mike lui indiquait par signes les différentes parties de la coque. À sa façon de mimer des rondeurs sur sa poitrine, Stacey comprit que le chef des plongeurs le guidait vers la figure de proue.
Il descendit moins rapidement que ce scaphandrier chevronné. La profondeur de vingt-cinq mètres à laquelle gisait la caraque obligea Stacey à observer certains arrêts pour réduire le bourdonnement qui brouillait ses perceptions.
Lorsqu’il rejoignit Mike, Stacey découvrit le visage d’une femme qui émergeait de la vase. Un visage aux yeux vides, percés de deux trous qui avaient dû jadis accueillir chacun une perle de verre.
— Ainsi, voilà cette Profunda dont parlait Malhorne, pensa-t-il. Eh bien, mademoiselle, ce masque de beauté ne vous a pas si mal conservée.
Sur l’emplacement du château arrière, les planchers s’étaient effondrés les uns sur les autres. Il fallut retirer précautionneusement chaque strate de bois avant de mettre au jour ce qu’ils étaient venus chercher. Cela demanda plus de temps que prévu mais, au bout du compte, la cerise s’y trouvait bien. Elle reposait sous le gâteau, au lieu de l’inverse.
Stacey dut remonter à la surface avant le vieux coffre de bois cerclé de métal rouillé qui semblait l’attendre depuis des siècles. Ses bouteilles presque vides l’empêchèrent de procéder à l’enlèvement du colis.
De retour sur le pont, Stacey observa avec fébrilité la remontée du filin chargé des possibles pièces à conviction.
Une idée le dérangeait dans ses principes, sans qu’il pût lui opposer le moindre argument. Cet entassement de vase et de troncs d’arbres provenait de l’Amazone, il n’y avait aucun doute sur ce point. Ce qui le chagrinait, c’est le temps. Pour arriver à ce résultat, il fallait des siècles d’une lente accumulation. La nature faisait bien les choses, mais elle s’acquittait lentement, patiemment, de sa charge. L’archéologue savait cela. Jamais un homme, Malhorne ou un autre, n’aurait pu se glisser sous deux mètres de vase recouverts par trois ou quatre mètres de troncs pourris, pour y camoufler un objet, aussi petit soit-il. C’était tout bonnement impossible. D’autant plus que la vase, presque liquide en surface, s’épaississait, se tassait, pour devenir aussi compacte que de la glaise, au fur et à mesure que l’on s’enfonçait.
Ce phénomène expliquait sans doute l’état de conservation remarquable de l’épave. Ce milieu quasiment dépourvu d’oxygène avait empêché le pourrissement de la coque et de ce qu’elle contenait. Une chance inouïe !
Le palan se balança lentement au-dessus du pont, ruisselant d’une eau boueuse. Tous les hommes de l’équipage s’étaient réunis en cercle pour découvrir ce qui excitait tant Stacey.
— Qu’est-ce que c’est que ce chantier ? demanda l’un d’eux en regardant d’un œil déçu le tas de bois difforme.
— Que l’on apporte une caméra, capitaine ! hurla Stacey sans se soucier des remarques de l’équipage. Si l’intérieur se désagrège au contact de l’air, il nous faut un enregistrement !
Dès que la petite lumière rouge de la caméra clignota, Stacey procéda au démantèlement du vieux coffre. Seules les ferrures, passablement rouillées, donnaient encore à la structure un semblant de maintien.
Stacey connaissait par cœur le contenu de ce coffre ou, pour le moins, celui décrit par Malhorne. Il retint son souffle lorsque la dernière ferrure céda, libérant les parois d’un seul coup.
— Nom de Dieu ! s’exclama-t-il.
Un paquet difforme et boueux occupait la majeure partie du coffre. Si, étant donné l’état de cette chose dégoulinante, il ne pouvait en certifier l’origine, Stacey y reconnaissait formellement des fibres tissées. Il fouilla dans la boue à côté et en ressortit un petit fourneau de pipe en écume.
De plus en plus fébrile, Stacey souleva le paquet de fibres et regarda dessous. Comme il s’y attendait à présent, un objet s’y trouvait, enfermé dans une sorte de sac. L’emballage était si rongé par l’eau salée qu’il se désagrégea dès que Stacey s’en empara. Il ouvrit sa main doucement, comme s’il s’apprêtait à commettre un sacrilège. Blanche, d’un contact très doux, une petite pierre taillée en forme d’heptagone brillait au soleil.
Il était si ému par cette apparition à laquelle il ne croyait pas réellement que sa vue se brouilla un instant.
Sortis presque intacts de sa mémoire, les mots de Malhorne résonnèrent dans son crâne :
Sur les conseils de Cabral, je rangeai soigneusement mes maigres affaires dans un petit coffre en chêne renforcé de ferrures. Deux chemises de coton blanc, un pantalon en toile cirée, une pipe en écume, cadeau du commandant, et mon précieux heptagone, que je pris soin d’enrouler dans une double épaisseur de cuir et de tissu huilé.