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BRÈCHE
321 AR
— Trois lunes qu’il part versl’est,dit Gaims en faisant tinter les pièces d’argent tandis que le Manchot sortait de terre.
— Tenu, dit Woron. Ça fait trois nuits qu’il part vers l’est. Il va changer.
Comme d’habitude, le démon de pierre renifla les portes avant de tester leurs runes. Il se déplaçait méthodiquement et n’oubliait jamais un endroit. Une fois certain qu’il ne pourrait pas passer par l’entrée, il prit la direction de l’est.
— Par la nuit, pesta Woron. J’étais sûr qu’il changerait cette fois.
Il plongeait une main dans sa poche pour en sortir des pièces quand les cris du démon et le crépitement des runes firent place au silence.
Leur pari oublié, les deux gardes jetèrent un coup d’œil par-dessus la balustrade : le Manchot observait le mur d’une façon curieuse. D’autres chtoniens se rassemblèrent autour de lui, mais restèrent tout de même à une distance raisonnable du géant.
Soudain, le démon s’avança, tendant devant lui deux uniques griffes. Les runes ne s’embrasèrent pas et un bruit de pierres raclées remonta aux oreilles des gardes. Leur sang se glaça.
Poussant un cri de triomphe, le démon de pierre frappa de nouveau, utilisant sa main entière. Même à la lueur des étoiles, les gardes virent un morceau de pierre tomber sous ses coups de griffes.
— Le cor, dit Gaims avant de saisir la balustrade en tremblant. Fais sonner le cor.
Il sentit un liquide chaud sur ses jambes et mit quelques instants avant de se rendre compte qu’il s’était fait dessus.
À ses côtés, rien ne bougea. Il se tourna vers Woron et vit que son collègue regardait fixement le démon de pierre, bouche bée, une larme unique coulant le long de sa joue.
— Souffle dans ce maudit cor ! s’écria Gaims.
Tiré de son hébétement, Woron courut décrocher l’instrument. Il lui fallut plusieurs tentatives avant d’en sortir le moindre son. Quand il y parvint, le Manchot virevoltait pour frapper le mur de sa queue couverte de pointes, arrachant chaque fois un peu plus de pierre.

Cob secoua Arlen pour le réveiller.
— Que… qu’est-ce qu’il y a ? demanda le garçon en se frottant les yeux. C’est déjà le matin ?
— Non, dit Cob. Les cors sonnent. Il y a une brèche.
Arlen se redressa pour s’asseoir, le visage décomposé.
— Une brèche ? Il y a des chtoniens dans la ville ?
— Oui, ou il y en aura bientôt. Lève-toi !
Ils se dépêchèrent d’allumer des lampes et de rassembler leurs outils, puis sortirent d’épaisses capes et des mitaines pour se protéger contre le froid qui pourrait les empêcher de bien travailler.
Les cors résonnèrent encore.
— Deux coups, dit Cob. Un court, un long. La brèche se situe entre le premier et le deuxième poste de garde, à l’est de l’entrée principale.
Ils entendirent ensuite un bruit de sabots heurtant les pavés, puis des coups à la porte. Ils ouvrirent et découvrirent Ragen, vêtu de son armure complète, une lance longue et épaisse à la main. Son bouclier protégé était suspendu au pommeau d’un lourd destrier. Celui-ci n’avait rien à voir avec un animal mince et affectueux comme Nuitiris : c’était un cheval de bataille corpulent et coléreux, élevé pour des temps disparus.
— Elissa est hors d’elle, expliqua le Messager. Elle m’a envoyé vous protéger.
Arlen fronça les sourcils, mais la légère peur qui s’était emparée de lui au réveil s’était évanouie avec l’arrivée de Ragen. Ils attachèrent le robuste cheval au chariot de protection et partirent en suivant les cris, le fracas et les éclairs de lumière, en direction de la brèche.
Les rues étaient vides, les portes et les volets fermés à double tour, mais Arlen voyait de la lumière filtrer par les fentes du bois. Il savait que les habitants de Miln étaient réveillés et qu’ils se rongeaient les ongles, priant pour que leurs défenses tiennent. Il entendit des pleurs et se dit que les Milniens dépendaient trop de leurs murailles.
Ils arrivèrent face à une scène de chaos total. Des gardes et des Protecteurs étaient étendus sur le sol pavé, morts ou agonisants, leurs lances brisées et en flammes. Trois hommes armés ensanglantés combattaient un démon du vent, tâchant de le bloquer assez longtemps pour que deux apprentis Protecteurs puissent l’enfermer dans un cercle portatif. D’autres allaient et venaient avec des seaux d’eau, essayant d’éteindre les nombreux petits feux allumés par des démons des flammes gambadant joyeusement.
Arlen regarda la brèche, étonné qu’un chtonien puisse creuser dans une épaisseur de six mètres de pierre. Des démons s’amoncelaient dans le trou, se griffant les uns les autres, luttant pour être le prochain à entrer dans la ville.
Un démon du vent parvint à passer la brèche, puis prit son élan pour décoller, dépliant ses ailes. Un garde lui jeta sa lance, mais le projectile retomba avant d’atteindre la créature, qui s’envola dans la ville sans être arrêtée. Quelques instants plus tard, un démon des flammes bondit sur le garde désarmé et lui arracha la tête.
— Vite, mon garçon ! cria Cob. Les gardes nous font gagner du temps, mais ils ne tiendront pas longtemps face à une brèche de cette ampleur. Il faut vite la refermer !
Il sauta du chariot avec une agilité surprenante, prit deux cercles portatifs à l’arrière et en donna un à Arlen.
Ragen chevauchant à leurs côtés pour les protéger, ils coururent vers le drapeau de la guilde des Protecteurs qui marquait le cercle de défense protégeant le quartier général de la confrérie. Là-bas, des Cueilleuses d’Herbes sans armes s’occupaient de rangées de blessés et n’hésitaient pas à sortir du cercle pour aider les hommes titubant vers l’abri. Elles n’étaient vraiment pas assez nombreuses pour soigner tant de personnes.
Mère Jone, la conseillère du duc, et maître Vincin, le chef de la guilde des Protecteurs, les accueillirent.
— Maître Cob, je suis contente que vous soyez là…, commença Jone.
— Où avez-vous besoin de nous ? demanda Cob à Vincin, faisant comme si Jone n’était pas là.
— À la brèche principale, répondit Vincin. Occupez-vous des montants qui seront orientés à quinze et trente degrés. (Il désigna une pile de poteaux.) Et par le Créateur, soyez prudents ! Il y a un sacré démon de pierre dans les parages, celui qui a créé la brèche. Ils l’ont enfermé pour l’empêcher de progresser dans la ville, mais il vous faudra traverser ces runes pour aller vous mettre en position. Il a déjà tué trois Protecteurs et le Créateur seul sait combien de gardes.
Cob hocha la tête, et Arlen et lui s’emparèrent des poteaux.
— Qui était de garde au crépuscule ce soir ? s’enquit Cob.
— Le Protecteur Macks et ses apprentis, répondit Jone. Le duc les pendra pour ça.
— Alors le duc est un idiot, rétorqua Vincin. On ne sait pas ce qui s’est passé là-bas et Miln a besoin de tous ses Protecteurs, voire davantage. (Il poussa un long soupir.) Il n’en restera pas beaucoup après ce soir, vu comme c’est parti.

— Installe d’abord ton cercle, répéta Cob pour la troisième fois. Lorsque tu seras en sécurité à l’intérieur, pose le poteau sur son support et attends le magnésium. Il fera alors aussi clair qu’en plein jour, alors protège tes yeux en attendant. Puis positionne ton poteau par rapport au cadran du mât principal. Ne t’occupe pas des autres poteaux, fais confiance à leurs Protecteurs. Lorsque ce sera fait, enfonce ces pieux entre les pavés pour que ton assemblage tienne en place.
— Et ensuite ? demanda Arlen.
— Reste dans ce foutu cercle jusqu’à ce qu’on te dise d’en sortir, aboya Cob, peu importe ce que tu vois, même si tu dois y rester toute la nuit ! C’est compris ?
Arlen acquiesça.
—Bien, dit Cob.
Il observa le chaos, attendit, attendit, puis cria :
— Maintenant !
Ils coururent, en évitant les feux, les cadavres et les gravats, en direction de leurs positions. Quelques secondes plus tard, ils dépassaient une rangée de bâtiments et virent le démon de pierre manchot qui se dressait face à un groupe de gardes et une dizaine de cadavres. Le sang luisait sur ses griffes et ses dents à la lueur des lampadaires.
Le cœur d’Arlen cessa de battre un instant. Il s’arrêta, jeta un coup d’œil à Ragen et échangea un rapide regard avec le Messager.
— Il doit chercher Keerin, ironisa Ragen.
Arlen ouvrit la bouche, mais avant qu’il puisse répondre, le Messager cria :
— Attention !
Il jeta sa lance vers le garçon.
Arlen se laissa tomber et lâcha son poteau. Son genou heurta durement les pavés. Il entendit le craquement de la lance de Ragen qui frappait la gueule d’un démon du vent descendant en piqué, et il se retourna juste à temps pour voir le chtonien rebondir contre le bouclier du Messager puis s’écraser par terre.
Le cheval de Ragen piétina la créature en partant au galop, puis le Messager attrapa Arlen qui ramassait son poteau et ramena le garçon sur sa position, en le portant autant qu’en le traînant. Cob avait déjà installé son cercle portatif et préparait le support pour son poteau de protection.
Arlen ne perdit pas de temps avant d’installer son propre cercle, mais le Manchot attirait son regard. Le démon envoyait des coups de griffes aux runes placées à la hâte devant lui et tentait de passer. Le garçon discernait des faiblesses dans le maillage chaque fois qu’il s’embrasait et comprit qu’il ne le retiendrait pas longtemps.
Le démon de pierre renifla et leva soudain les yeux. Il croisa le regard d’Arlen et tous les deux s’affrontèrent ainsi un instant, avant qu’Arlen, n’y tenant plus, baisse la tête. Le Manchot hurla et redoubla ses efforts pour passer à travers les runes faiblissantes.
— Arlen, arrête de le regarder et fais ton foutu travail ! cria Cob, tirant le garçon de sa rêverie.
En faisant de son mieux pour ne pas entendre les cris des chtoniens et les hurlements des gardes, Arlen installa le support de fer rétractable et y posa son poteau. Il l’orienta du mieux possible dans la lumière tremblante puis se couvrit les yeux d’une main dans l’attente du magnésium.
Quelques instants plus tard, un éclat transforma la nuit en jour. Les Protecteurs orientèrent rapidement leurs poteaux et les calèrent. Ils signalèrent qu’ils avaient fini en agitant des chiffons blancs.
Son travail effectué, Arlen balaya la zone du regard. Plusieurs Protecteurs et apprentis luttaient encore pour installer leurs poteaux. L’un d’entre eux brûlait, allumé par du feu démoniaque. Les chtoniens criaient et reculaient face au magnésium, terrifiés à l’idée que le soleil soit revenu. Les gardes les poussaient de leurs lances pour les faire reculer derrière les poteaux de protection avant que le cercle soit activé. Ragen faisait de même, sur son destrier, son bouclier luisant réfléchissant la lumière et obligeant les chtoniens terrorisés à battre en retraite.
Mais la lumière artificielle ne pouvait pas blesser les chtoniens. Le Manchot ne recula pas lorsqu’un groupe de gardes, enhardis par la lumière, tentèrent de lui planter leurs lances dans le corps. La plupart des armes se brisèrent ou rebondirent sur la carapace du démon de pierre, qui s’empara des autres et tira les hommes hors des protections aussi facilement qu’un enfant balançant une poupée.
Arlen, horrifié, assista au carnage. Le démon arracha la tête d’un homme avec ses dents et lança son corps sur les autres qui s’effondrèrent. D’un coup de sa queue couverte de piques, il en envoya un autre en l’air, qui retomba lourdement et ne se releva pas.
Les runes qui retenaient le démon se retrouvèrent dissimulées par les cadavres et le sang. Le Manchot en profita pour se ruer vers l’avant et tuer à l’envi. Les gardes reculèrent, certains fuirent même le combat, mais dès qu’ils furent hors de sa portée, le gigantesque chtonien les oublia et fonça sur le cercle portatif d’Arlen.
— Arlen ! cria Ragen en faisant pivoter son destrier.
Pris de panique en voyant le démon charger, le Messager paraissait avoir oublié le cercle portatif dans lequel se trouvait le garçon. Il abaissa sa lance et fit partir son cheval au galop, visant le dos du Manchot.
Le démon de pierre l’entendit arriver ; il se retourna au dernier moment, se campa sur ses pieds et prit la lance en plein dans la poitrine. L’arme se brisa en mille morceaux et, d’un coup de griffes méprisant, le gigantesque démon frappa le cheval à la tête.
Le destrier fut emporté sur le côté et pénétra dans le cercle de Cob, poussant celui-ci contre son poteau de protection qui se mit à pencher. Ragen n’eut pas le temps de descendre : l’animal l’entraîna au sol et l’y bloqua, en lui écrasant la jambe. Le Manchot se rua sur lui pour le coup de grâce.
Arlen cria et chercha de l’aide, mais n’en trouva pas. Cob s’accrochait à son poteau et tentait de se relever. Tous les autres Protecteurs autour de la brèche lui faisaient des signes. Ils avaient remplacé le poteau qui avait brûlé, mais seul celui de Cob n’était pas en place et personne ne pouvait l’aider : les gardes de la ville avaient été décimés lors du dernier assaut du Manchot. Même si Cob parvenait à réparer rapidement son poteau, Arlen savait que Ragen était perdu. Le Manchot était du mauvais côté du maillage.
— Hé ! lança-t-il en sortant de son cercle et en agitant les bras. Hé, l’affreux !
— Arlen, retourne dans ton foutu cercle ! cria Cob.
Mais c’était trop tard.
Le démon de pierre avait déjà tourné la tête en entendant la voix d’Arlen.
— Eh ouais, tu m’as bien entendu, murmura le garçon dont le visage rouge et chaud se glaça soudain.
Il regarda au-delà des poteaux de protection. Les chtoniens s’enhardissaient alors que le magnésium diminuait. Aller là-bas serait du suicide.
Mais Arlen se souvenait de ses précédentes rencontres avec le démon de pierre : la créature considérait qu’il lui appartenait. Avec cette idée en tête, il fit demi-tour et courut au-delà des poteaux de protection, attirant l’attention d’un démon des flammes. Le chtonien bondit, les yeux embrasés, mais le Manchot fit de même et se précipita pour frapper le démon plus petit.
Lorsqu’il se retourna vers lui, le garçon plongeait déjà à l’abri derrière les poteaux. Le Manchot vint le frapper, mais les runes s’embrasèrent et il fut repoussé. Cob avait replacé son poteau et le filet était dressé. Le Manchot hurla de rage et frappa la barrière, mais elle se révéla impénétrable.
Arlen rejoignit Ragen en criant. Cob le serra dans ses bras, puis le gifla sur l’oreille.
— Si tu me refais un coup comme ça, le prévint le maître, je te briserai moi-même le cou.
— C’était moi qui étais censé te protéger…, déclara faiblement Ragen, la bouche tordue en un sourire.

Il restait des chtoniens en liberté dans la ville lorsque Vincin et Jone renvoyèrent les Protecteurs. Les gardes restants aidèrent les Cueilleuses d’Herbes à transporter les blessés jusqu’aux dispensaires de la ville.
— On ne devrait pas chercher ceux qui se sont échappés ? demanda Arlen pendant qu’ils installaient Ragen à l’arrière de leur chariot.
Il avait une attelle sur la jambe et les Cueilleuses d’Herbes lui avaient donné une tisane pour endormir la douleur, ce qui le rendait somnolent et distrait.
— Pour quoi faire ? demanda Cob. Cela ne servirait qu’à envoyer les poursuivants à la mort et ne ferait aucune différence au matin. Il vaut mieux rentrer. Le soleil s’occupera de tous les chtoniens qui restent dans Miln.
— Le soleil ne se lèvera pas avant des heures, protesta Arlen en grimpant dans le chariot.
— Que proposes-tu ? demanda Cob en regardant attentivement la route sur laquelle ils avançaient. Tu as vu toutes les troupes de la garde du duc en action, ce soir, des centaines d’hommes avec des lances et des boucliers. Et des Protecteurs entraînés également. As-tu vu un seul démon tué ? Bien sûr que non. Ils sont immortels.
Arlen secoua la tête.
— Ils s’entre-tuent. Je l’ai déjà vu.
— Ils sont magiques, Arlen. Ils peuvent se faire entre eux ce qu’aucune arme mortelle ne pourra leur causer.
— Le soleil les tue.
— Le soleil a une puissance qui te dépasse et moi aussi, expliqua Cob. Nous ne sommes que des Protecteurs.
Il tourna au coin d’une rue et eut le souffle coupé. Un cadavre éviscéré était étendu dans la rue devant eux, son sang rougissant les pavés. Certaines parties fumaient encore et empestaient l’odeur âcre de la chair brûlée.
— Un Mendiant, dit Arlen en remarquant les vêtements en haillons. Que faisait-il dehors en pleine nuit ?
— Deux Mendiants, le corrigea Cob en posant un mouchoir sur son nez et en montrant un autre carnage un peu plus loin. On leur a sans doute refusé un refuge.
— Ils peuvent faire ça ? demanda Arlen. Je croyais que les abris publics devaient prendre tout le monde.
— Tant qu’ils ont de la place, dit Cob. Ces endroits sont de piètres abris, de toute façon. Les hommes se battent pour de la nourriture une fois que les gardes les ont enfermés et ils réservent un sort encore pire aux femmes. Certains préfèrent prendre le risque de rester dans les rues.
— Pourquoi est-ce que personne n’y fait rien ? demanda Arlen.
— Tout le monde convient qu’il s’agit d’un problème. Mais les citoyens estiment qu’il s’agit de celui du duc et le duc n’a aucune envie de protéger ceux qui n’apportent rien à sa ville.
— Il vaut donc mieux renvoyer les gardes chez eux et laisser les chtoniens s’occuper du problème, grommela Arlen.
Cob ne répondit pas et se contenta de faire claquer les rênes, pressé de quitter la rue.

Deux jours plus tard, toute la ville était convoquée sur la grande place. On avait élevé un gibet sur lequel avait pris place le Protecteur Macks, de garde la nuit de la brèche.
Euchor n’était pas là, mais Jone lut son jugement :
— Au nom du duc Euchor, lumière des montagnes et seigneur de Miln, je vous déclare coupable d’avoir failli à votre tâche et permis la création d’une brèche dans la muraille de protection. Huit Protecteurs, deux Messagers, trois Cueilleuses d’Herbes, trente-sept gardes et dix-huit citoyens ont payé le prix de votre incompétence.
— Comme si porter le compte à neuf Protecteurs allait servir à quelque chose, marmonna Cob.
Des huées et des sifflets s’élevèrent de la foule et on jeta des détritus sur le Protecteur qui se tenait debout, la tête baissée.
— Vous êtes condamné à mort, dit Jone.
Des hommes encagoulés prirent les bras de Macks et le menèrent à la corde avant de la lui passer autour du cou.
Un grand Confesseur aux larges épaules, à la barbe noire broussailleuse et à la lourde robe, s’approcha et lui dessina une rune sur le front.
— Que le Créateur te pardonne tes fautes, entonna le Saint Homme, et nous donne la pureté de cœur et le pouvoir de mettre fin à Son Fléau et d’être enfin sauvés.
Il recula et la trappe s’ouvrit. La foule poussa des acclamations lorsque la corde se tendit.
— Idiots, cracha Cob. Un homme de moins pour combattre la prochaine brèche.
— Que voulait-il dire ? demanda Arlen. À propos du Fléau et du fait d’être sauvés ?
— Des idioties pour garder la foule sous contrôle, expliqua Cob. Inutile de t’encombrer la tête avec ça.