Le concierge de l'immeuble de la rue Cadet était perplexe. Il ne savait trop quoi faire de la lettre libellée à l'adresse de monsieur Sarun que le facteur venait de lui remettre. Monsieur Sarun recevait très peu de courrier. Lorsque cela arrivait, le concierge le passait sous sa porte comme il le faisait pour tous les résidents.
Mais aujourd'hui ? Passer cette lettre sous la porte n'aurait pas eu de sens puisque Sarun avait disparu et que personne n'aurait pu dire s'il reviendrait jamais. D'un autre côté, personne ne pouvait dire non plus s'il n'allait pas réapparaître d'un moment à l'autre. Après tout, Sarun était encore locataire ; ses meubles ses objets personnels étaient toujours dans l'appartement.
Le concierge retourna la lettre. Il n'y avait pas d'indication d'expéditeur. Il déchiffra le cachet, vit qu'il portait la marque d'une poste de la rue Bréguet, onzième arrondissement. Ça ne l'avançait guère.
Quel embarras ! Si encore les policiers lui avaient donné des instructions! Mais non. Personne n'avait pensé à cet aspect des choses. Lui non plus d'ailleurs.
Tant pis... Il décida de garder la lettre dans sa loge, se réservant de la montrer à la police si celle-ci revenait faire un tour dans le coin. Ce qui pouvait bien arriver, après tout...