4

Logan ouvrit la porte de la chambre d'hôpital.

Allongée sur son lit, Hurley tourna lentement la tête dans sa direction et lui adressa un vague sourire.

- Comment tu te sens ? fit-il en refermant la porte derrière lui.

À la lumière du ciel nuageux, le visage de Hurley paraissait cadavérique.

- Ça peut aller, je n'ai rien de cassé, articula-t-elle avec difficulté.

Sa voix était faible. Le choc avait été d'une violence terrible.

- Je me demande si je dois t'engueuler, ou remercier les cieux qu'il ne te soit rien arrivé, fit Logan en venant s'asseoir auprès d'elle.

Hurley voulut esquisser un geste de la tête, mais ressentit une vive douleur à la base de son cou enchâssé dans une minerve.

- Je ne sais pas ce qui m'a pris, fit-elle quand la douleur se fut dissipée. Je voulais tant participer à l'arrestation. J'avais peur que tes hommes ne commettent une bavure.

Logan émit un soupir désolé.

- Pour le coup, je crois que tu avais raison, fit-il et, sur un ton plus bas : Je ne crois pas aux explications de Spike. Brooks n'avait pas d'arme sur lui. Il n'avait aucune raison de mettre la main dans sa poche. De plus, j'ai remarqué que Portnoy était très gêné quand je lui ai demandé de me raconter ce qu'il s'était passé.

- Hum, fit Hurley. Il protège son coéquipier, on ne peut pas lui en vouloir.

- Oui, en tout cas, dès cet après-midi, j'aurai une explication plus poussée avec eux. Même s'il n'y a aucune enquête, j'ai besoin de connaître le fin mot de l'histoire.

- C'est tout à ton honneur.

Au-delà de la douleur physique, elle se sentait complètement déprimée. Elle était toujours persuadée que Brooks était innocent. Elle avait failli à sa tâche.

Quoi qu'elle trouve maintenant pour l'innocenter, cela arriverait trop tard. Le jeune homme était bel et bien mort, sous le coup de la colère d'un policier en mal de gloire.

- Dis-moi, j'ai besoin de savoir si mon accident a fait des victimes, dit-elle d'un ton rempli de nervosité.

Logan se pencha en avant et prit tendrement sa main dans les siennes.

- On a eu beaucoup de chance. Près d'une dizaine de voitures bonnes pour la casse, de nombreux blessés, mais pas un seul mort, répondit-il. J'en arrive à me demander si Dieu n'habite pas dans le coin !

Hurley essaya de sourire. Les médecins n'avaient pas voulu lui répondre. Peut-être avaient-ils voulu lui faire payer sa conduite irresponsable.

- Merci. Quels genres de blessures ?

- Des bras et des jambes cassés, et évidement de nombreuses contusions au visage. Tout le monde va s'en sortir. Et, pour te rassurer complètement, aucun enfant dans les voitures. Heureusement qu'il était encore tôt.

Un éclair fracassa le ciel et le tonnerre gronda aussitôt après. Des gouttes de pluie se remirent à frapper les vitres.

Logan se leva et alla allumer la lumière.

Il n'était même pas midi. Il maudit le mauvais temps.

Quand on lui avait annoncé que la voiture qui avait causé le carambolage sur l'avenue extérieure était celle de Hurley, il avait senti son corps se vider de tout son sang. Voyant sa mine défaite, Blanchett l'avait aussitôt informé que Jessica n'était pas morte et devait sa survie aux airbags.

- Tu m'as fait une de ces peurs. C'était complètement insensé. Depuis quand es-tu une as du pilotage ?

Logan avait besoin de lui faire prendre conscience de cet acte, même s'il se doutait que le remords la rongeait. Elle avait joué avec sa vie et avec celle d'autrui sans penser aux conséquences.

Très égoïstement, Logan s'était demandé ce qu'il serait devenu si Hurley était morte dans l'accident. Une loque ! avait répondu son moi intérieur.

- Je ne sais pas quoi te dire. Je te demande pardon.

Logan se rassit à ses côtés. Malgré son teint livide, elle était toujours aussi belle. Il avait quitté Seattle pour ne plus jamais connaître ce genre de peur. Il en avait pour son grade.

- Je vais devoir partir. Le maire veut me voir, il tient à remettre la médaille de la ville à Spike et à Portnoy, ainsi qu'à moi-même.

- Il t'a parlé de moi ? le coupa-t-elle.

Logan dévia son regard sur la fenêtre. Les éclairs se succédaient sans interruption. Un vrai temps de chien.

- En termes diplomatiques, je dirai qu'il n'était pas très content. Il était prêt à demander une enquête auprès de tes patrons. Je lui ai cependant rappelé que c'était toi qui avais mis la main sur Brooks et que, sans ton obstination, nous ne l'aurions jamais retrouvé.

- Alors j'ai droit à ma médaille, moi aussi. Tu pourras lui en demander une pour moi ?

Le ton était ironique.

- Ne pousse pas le bouchon. S'il l'avait voulu, il aurait pu te créer de sérieux ennuis. Mais bon, il a reconnu que nous te devions une fière chandelle et, après tout, il n'y a pas eu de morts.

Hurley poussa un soupir de soulagement. Elle avait évité de trop y penser, mais elle s'attendait à un blâme, ou du moins à une sérieuse mise en garde, et surtout à être dessaisie de l'enquête et renvoyée à Seattle.

- Je peux donc rester en ville ?

- La journée entière si tu le souhaites, répondit Logan en lui souriant. J'ai appelé Max, il viendra ce soir.

- Quoi ? s'étonna Hurley en redressant la tête.

Ce qui lui arracha un cri de douleur, qu'elle réussit à étouffer en serrant les dents.

- Que voulais-tu que je fasse ? Il était dans tous ses états. Mais, ne t'inquiète pas, je lui ai dit que tu n'as rien, juste quelques bleus. Tu as eu beaucoup de chance, aujourd'hui, Jessica.

- Oui, mais ce n'est pas possible ! J'arrive pas à croire que tu l'aies appelé ?

Elle aimait beaucoup Max, mais elle n'avait aucune envie de le voir rappliquer. Elle avait encore besoin de régler plusieurs problèmes. Elle n'avait pas l'intention de retourner à Seattle.

- C'est toi qui aurais dû l'appeler. Vous êtes toujours fiancés, si je ne m'abuse ?

Hurley pinça les lèvres et lui lança son plus mauvais regard.

- Passe-moi mon portable, il doit être dans mon sac.

- Qu'est-ce que tu comptes faire ?

- Lui dire que ce n'est pas la peine qu'il se tape Seattle-River Falls en plein milieu de semaine, alors qu'en ce moment il est surchargé de travail.

- Il m'a dit qu'il comptait prendre sa journée.

Hurley poussa un long soupir.

- Écoute, c'est ma vie privée. Tout comme tu ne tiens pas à ce que je me mêle de la tienne, je te demande la même attitude envers moi. D'accord ?

Logan était d'accord. En vérité, il n'avait pas vraiment envie de la voir partir si vite de la ville. Il s'imaginait bien venir lui tenir la main tous les soirs de la semaine.

Il alla lui chercher son portable et le lui tendit.

- Bon, je te laisse, je repasserai te voir ce soir.

- J'avoue que je me sens un peu faible, mais je peux tenir debout. Je n'ai aucunement l'intention de dormir dans cet hôpital.

- Écoute, tu ne vas pas faire d'esclandre. Tu feras exactement ce que les docteurs te diront de faire. Tu es en observation jusqu'à demain matin. Si tout va bien au lever, tu pourras peut-être sortir dans la journée.

Hurley ne chercha pas à parlementer, elle prit son portable et l'ouvrit.

- Allez, je te laisse et surtout tu te reposes. Je repasse ce soir.

Il se leva, se pencha vers elle et lui déposa un baiser sur le front.

- À ce soir, Mike, fit-elle quand il se redressa.

Leurs regards se croisèrent un long moment avant que Logan ne se détourne vers la porte.

Spike quitta le bureau du shérif et s'effaça pour laisser entrer Portnoy.

- Assieds-toi, fit Logan en indiquant le fauteuil qui lui faisait face.

Portnoy jeta un coup d'oeil par-dessus son épaule et vit Spike refermer la porte derrière lui.

Logan sortit une cigarette et tendit son paquet à Portnoy.

- Merci, fit ce dernier en se servant.

Ils allumèrent leur cigarette puis, après une large bouffée, Logan posa les deux coudes sur son bureau.

- Bon, maintenant, dis-moi ce qui s'est exactement passé.

Portnoy avait le regard fuyant. Il était clair qu'il était embarrassé.

- C'est comme Clark vous l'a raconté. Brooks a mis la main à l'intérieur de son blouson et Clark lui a fait une injonction, puis, quand il a compris qu'il n'obtempérerait pas, il a fait feu, deux fois.

Deux balles, une à l'épaule et une autre en pleine tête. La version officielle !

- OK, Henry. Maintenant tu me donnes la vraie version, fit Logan.

Il ne le lâcha pas du regard et vit la sueur qui coulait sur son front.

- Je n'ai rien d'autre à ajouter.

Logan fronça les sourcils et s'enfonça dans son fauteuil. Il aimait bien Portnoy. Un garçon sympathique, un mari aimant, père d'un petit garçon tout à fait charmant. Il n'aimait pas le voir dans cet état.

- Ne me prends pas pour un imbécile, dit-il avant de tirer une bouffée de sa cigarette. Je ne crois pas un traître mot de ce que vient de dire Clark. Mais, si cela peut te rassurer, je n'intenterai aucune procédure à son encontre. Non parce que je trouve anormal qu'on abatte des saloperies dans le genre de Brooks, mais parce que ni la ville ni notre maire ne le supporteraient. Tu me suis ?

Portnoy hocha lentement la tête. Il se décida :

- Je ne suis pas un justicier. Si je me suis engagé dans la police, c'est justement pour faire régner l'ordre et appliquer nos lois.

Un bon début, pensa Logan tandis que Portnoy prenait le temps d'une respiration pour tirer sur sa cigarette.

- Brooks était une pourriture, ça c'est clair, shérif. Mais ce n'était pas à nous de le tuer. La justice aurait dû pouvoir faire son boulot. Spike a paniqué !

Voilà, c'était dit.

Logan sentit le soulagement de son agent. Portnoy était vraiment un type droit. Il ne supportait ni le mensonge ni la moindre compromission avec ses idéaux. Un bon petit gars.

- Raconte-moi tout.

Portnoy retrouva de la vigueur et narra les faits.

À la fin de son témoignage, Logan resta un instant pensif. Il n'avait jamais trop senti Spike. Même s'il ne lui tenait pas rigueur d'avoir tué Brooks, il n'avait pas du tout apprécié son air glorieux quand le maire l'avait félicité sur le perron du commissariat et lui avait remis la médaille de la ville.

Tuer un homme, aussi abject cela soit-il, était toujours un acte qui vous restait en travers de la gorge, du moins l'espérait-il.

- J'apprécie ta franchise, Henry. Mais tout cela doit rester entre nous. La seule chose que je te demande, c'est que, si jamais tu vois Clark faire encore des conneries, tu me préviens aussitôt, fit-il en écrasant sa cigarette dans le cendrier. Je n'ai pas besoin de chien fou dans ce commissariat. Nous sommes payés pour faire respecter la loi dans cette ville, non pour nous permettre de petits écarts de temps à autre.

- Oui, shérif.

Logan jaugea son homme et pensa que dans quelques années, quand il se serait un peu plus endurci, Portnoy aurait toutes les qualités pour faire un bon shérif.

- Allez, tu peux rentrer chez toi. Ta femme et ton gamin attendent le retour du héros.

À ces mots, un vrai sourire éclaira le visage de Portnoy. Oui, il avait vraiment envie de rentrer chez lui. Oublier cette terrible journée. Oublier cette mise à mort qui lui vrillait l'âme.

Logan attendit que son agent fût sorti pour se lever à son tour. Il regarda sa montre. Dix-neuf heures. Il avait tout un tas de paperasses à remplir et des mails auxquels il lui fallait répondre, mais cette journée l'avait complètement mis à plat.

Il prit son blouson, tira la fermeture Éclair bien haut sous le menton. Dehors, la tempête s'était un peu calmée mais il faisait assez froid.

Quand il vit de la lumière à l'intérieur de sa maison, durant un bref instant Logan pensa à un cambriolage. Mais, quand la porte s'ouvrit sur Hurley qui venait à sa rencontre, il leva les yeux au ciel et poussa un profond soupir.

- Qu'est-ce que tu fais là ? Tu ne devrais pas être à l'hôpital ?

La nuit était tombée. Le froid lui tirait la peau du visage.

- Faut croire que non. Dépêche-toi de rentrer. Je t'ai préparé une de mes meilleures spécialités.

Logan remonta l'allée et rentra se mettre au chaud.

- Tu es totalement inconsciente. Je suppose que tu n'as demandé l'avis de personne.

- Des ecchymoses et des égratignures. Je n'allais pas monopoliser un lit alors que de vrais malades en ont besoin. À moins que ça ne t'embête de m'offrir encore le gîte ?

- Bien sûr que non. Qu'en pense Max ?

Hurley répondit négligemment :

- Je l'ai rassuré. Entre nous, je crois qu'il était surtout soulagé de ne pas avoir à faire un aller-retour Seattle-River Falls.

- Charmant, un vrai gentleman !

Hurley ne releva pas le sarcasme et s'engouffra dans la cuisine. Une odeur de poisson imprégnait la pièce.

Logan saliva instinctivement. Elle n'était pas seulement l'une des meilleurs profileurs de tous les États-Unis, elle était également un véritable cordon-bleu.

- Tu as une tête à faire peur. Essaye de te coucher tôt ce soir.

Tu as vu la tienne ! garda-t-il pour lui.

Il s'assit à table et se laissa servir un assortiment de légumes accompagnés d'une sauce vinaigrette.

- J'en ai bien l'intention. Je suis sur les rotules. Le contrecoup du stress, j'imagine.

Hurley lui sourit et s'assit à ses côtés.

- Je suppose que l'enquête est définitivement close. Brooks est mort. Sa voiture est bien celle qui a fauché le jeune Sheppard. Fin du dernier acte.

- On peut dire ça comme ça, répondit-il. Tu me sers un peu de vin ?

Hurley prit la bouteille et remplit leurs verres.

- Tout le monde est content, alors. River Falls peut retrouver son calme légendaire.

- Tu sais, ce n'est pas si tranquille que ça. Pas mal de rixes dans les bas quartiers, et des vols en tout genre. Mais dans l'ensemble ça peut aller. Les meurtres ne sont pas vraiment notre quotidien.

- Ouais, fit Hurley, pensive.

Une rasade de vin inonda agréablement le palais de Logan avant de lui réchauffer les entrailles.

- Allez, je n'aime pas te voir comme ça. C'est quoi le problème ?

Hurley haussa les épaules.

- Oh, rien du tout, juste une broutille, mais je n'arrive pas à me l'enlever de la tête.

Logan enfourna une grosse bouchée qu'il mastiqua goulûment. Quand il l'eut avalée, il se tourna vers Hurley.

- Alors, ta broutille ?

- Eh bien, je me posais simplement une question : pourquoi Brooks est-il revenu chez lui après avoir disparu pendant deux jours ?

- Qu'est-ce que j'en sais ? Il avait oublié quelque chose. De l'argent, peut-être ? Cela a-t-il vraiment une importance maintenant ?

- Pour lui, définitivement non ! Mais on va dire que c'est pour la beauté de notre sport ! fit-elle sans vraiment plaisanter. Il avait tout le loisir de fuir où il voulait. Il savait que la police était à ses trousses. J'ai du mal à croire qu'il ait pu partir sans argent. Non, il est repassé chez lui dans un but bien précis. Tant que je ne saurai pas lequel, je ne quitterai pas cette ville.

Le ton était déterminé. Logan fronça les sourcils et reposa sa fourchette.

- Tu crois toujours qu'il est innocent, c'est ça ?

- Je crois qu'une enquête est définitivement close quand on a tous les éléments en main. Et, ma foi, il me semble évident que de nombreux points restent à éclaircir. Si ton abruti de Spike n'avait pas perdu le contrôle de lui-même, nous aurions à cette heure-ci toutes les réponses à mes interrogations.

Logan ne pouvait que lui donner raison sur ce dernier point.

- Je n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi il aurait tué Lucy et Amy avec autant de sauvagerie. Rien dans son profil ne le laissait présager. C'était un joli garçon qui n'a jamais eu aucun mal avec les filles, continua Hurley.

- Ça ne veut rien dire. Il y a des sadiques avec des gueules d'ange, la contra Logan.

- Oui, mais dans ces cas on retrouve très souvent une plainte. Avant de tuer, les sadiques passent des années à violenter sans aller jusqu'au bout de leurs fantasmes morbides.

Effectivement. Brooks n'avait jamais fait l'objet d'une quelconque plainte d'une de ses ex-petites amies, ni d'aucune femme d'ailleurs. Mais bon, cela ne prouvait rien.

- D'accord, tu peux continuer tes investigations. Mais, franchement, si dimanche soir tu n'as rien trouvé, laisse tomber, OK?

- OK, c'est tout ce que je voulais entendre, fit-elle en retrouvant un ton amical.

Logan leva son verre au niveau de son visage.

- On trinque à une soirée où on arrête de parler boulot ? demanda-t-il.

Hurley leva son verre et lui fit un grand sourire.

- Tu as raison, ce soir, un bon repas et on se couche.

Elle fit un petit mouvement du bassin qui lui déclencha une douleur dans le dos. Elle fit une grimace éloquente.

- Hurley ? s'inquiéta Logan.

- Ça va, ça va. C'est rien. À ta médaille de la ville ! lança-t-elle, et ils entrechoquèrent leurs verres.

Sept Jours à River Falls
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