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Quand ils arrivèrent en vue de l'université, ils durent faire face à une meute de journalistes de télévision qui avaient dû se résoudre à faire leur direct à l'extérieur de l'enceinte du campus.
Usant de leur sirène, les deux voitures de police franchirent les grilles de l'université sous une pluie de questions qui restèrent sans réponse.
- Qu'ils retournent d'où ils viennent ! pesta Logan au volant de sa Cherokee.
- Ne t'inquiète pas. D'ici quelques jours ils se lasseront, le rassura Hurley.
Du moins l'espérait-elle.
Ils se garèrent sur le parking situé non loin des bâtiments administratifs. La camionnette de Blake était déjà sur place. Logan sourit. Deux allers-retours River Falls-Seattle en deux jours. Et Blake qui détestait conduire !
Ils sortirent de leur véhicule.
Portnoy, Olivarez et Blanchett également.
Logan jeta un regard circulaire sur le parc et le campus. Des souvenirs de jeunesse se rappelèrent à lui. C'était si loin tout ça.
Le président Augeri arriva d'un pas pressé dans leur direction. Le visage fermé, le front plissé, il paraissait extrêmement soucieux.
- Shérif, vous auriez pu me prévenir de leur arrivée, fit-il sans préambule en désignant la camionnette de la police scientifique.
- Excusez-moi, je croyais l'avoir fait, répondit Logan, mais le ton n'y était pas.
Il avait d'autres chats à fouetter que de s'excuser de faire son travail.
- Vous pensez vraiment que notre tueur pourrait faire partie de nos étudiants ? demanda Augeri en adoptant une attitude moins agressive.
Logan eut un geste d'ignorance.
- Tout est possible, monsieur le président. Tout est possible.
Hurley s'avança.
- Jessica Hurley, du FBI. Nous aurions besoin d'auditionner tous les amis de ces deux jeunes filles. Vous les connaissiez bien ? demanda-t-elle.
Augeri eut l'air surpris par la question. Il se racla la gorge et répondit enfin.
- Pas vraiment. Il y a près de trois mille étudiants sur le campus. Si la plupart des visages ne me sont pas inconnus, je crains cependant de ne pas pouvoir vous être d'une grande utilité.
— Est-ce que vous pourriez nous fournir la liste des étudiants qui suivaient les mêmes cours qu'Amy et Lucy ? Particulièrement ceux des travaux dirigés, enchaîna Hurley.
Dans les TD, les élèves étaient en nombre beaucoup plus limité que pour les cours généraux dispensés dans les amphithéâtres. Il y avait davantage de chances qu'elles aient créé des liens avec d'autres étudiants pendant ces moments-là.
- Bien sûr, je peux vous avoir ça très vite, répondit Augeri, dont le regard se porta sur l'enceinte de l'université. Au fait, il n'y a pas moyen de les faire évacuer. Les étudiants sont déjà sous le choc, n'est-il pas possible de nous recueillir en paix ?
— Malheureusement, non. À mon plus grand regret, répondit Logan.
- On pourrait leur tirer dessus, intervint le sergent Olivarez.
La cinquantaine, il était l'un des plus vieux sergents de la ville. Logan n'avait jamais pris le temps de discuter vraiment avec lui. Il était en train de le regretter !
Personne ne sourit. Un silence gêné s'abattit sur le petit groupe.
— Excusez-moi, fit-il piteusement en baissant la tête comme un enfant pris en faute.
— Parfait, si vous voulez bien me suivre, je vais vous conduire dans nos locaux. Je vais mettre plusieurs salles à votre disposition. Ensuite je ferai appeler les étudiants que vous souhaiterez entendre, dès que vous me le demanderez.
Logan n'aimait pas la façon de parler de cet homme, mais il devait reconnaître qu'il avait l'esprit vif et, surtout, qu'il n'essaierait pas d'entraver leur enquête.
- C'est très aimable à vous, dit Hurley avec un chaleureux sourire comme elle savait les concocter.
Augeri parut troublé et détourna le regard.
Ils remontèrent une longue allée et arrivèrent devant la grande entrée des bâtiments administratifs. Elle était vraiment superbe.
Logan constata une fois de plus que l'argent ne manquait pas partout dans cette bonne ville de River Falls.
Ils passèrent par un grand hall, puis près du bureau d'accueil devant lequel Augeri ne s'arrêta pas.
- Attendez. M'est-il possible de rejoindre l'équipe de recherche scientifique ? l'arrêta Hurley.
Augeri la regarda d'un air surpris puis se retourna vers l'une des deux secrétaires de l'accueil.
— Miss Dickinson, auriez-vous l'obligeance d'escorter notre agent du FBI jusqu'à la chambre de Lucy ?
Miss Dickinson était une femme au visage rond et aux pommettes bien rouges. Une vieille fille au sourire juvénile.
- Bien entendu, monsieur le président.
Elle se leva, enfila un cardigan, de toute évidence tricoté à la main, et passa de l'autre côté du comptoir.
— Tu me rejoins dès que tu as parlé à Blake, fit Logan à Hurley.
Les bras croisés, Augeri gardait un flegme conventionnel.
- C'est par là, indiqua-t-il avec un geste de la main quand les deux femmes furent parties en direction des dortoirs.
Ils longèrent un grand corridor et prirent un ascenseur qui les mena au quatrième et dernier étage du bâtiment. Celui de la présidence.
Au sol, un parquet ancien en marqueterie entretenu avec soin. Au mur, des toiles d'un célèbre peintre contemporain ayant séjourné vingt ans dans le comté, Arthur Dancour.
Ils croisèrent un personnel assez nombreux qui s'employa à aussitôt les éviter du regard.
Le citoyen ordinaire se sent toujours mal à l'aise face à la police. Logan avait sa propre théorie là-dessus. D'après lui, tout le monde est porteur de secrets peu avouables.
Augeri ouvrit une porte. Le secrétariat. Trois femmes et deux hommes installés devant des écrans d'ordinateur, entourés de formulaires et autres paperasses, dans des bureaux séparés par des demi-cloisons de verre.
— Excusez-moi de vous interrompre dans votre travail, mais la police aurait besoin de mener ici quelques interrogatoires. Si vous voulez bien vous arrêter pendant un moment et leur céder la place.
Les visages des employés s'assombrirent. Ils rangèrent rapidement leurs affaires et firent place nette avant de passer, sans un regard, devant les quatre policiers.
- Voilà, prenez vos aises. Je vous fais parvenir très vite les noms des jeunes gens partageant les mêmes cours que nos chères disparues.
Logan le remercia d'un regard. Augeri sortit de la pièce.
— Bon, vous avez tous vos dictaphones ?
Ses trois subalternes les brandirent comme des trophées.
— La matinée va être longue. Il est extrêmement important d'écouter tout ce qu'ils vont avoir à nous dire. Mettez-les en confiance, et tentez de savoir ce qu'ont pu faire Lucy et Amy ce week-end.
- Vous pouvez compter sur nous, répondit Blanchett.
Les deux autres validèrent sa réponse d'un hochement de tête synchronisé.
Dès qu'elle eut dépassé le coude que formait le couloir, Hurley sut où se trouvait la chambre de Lucy. Ce n'était pas très difficile. L'agent Freeman était en train de relever des empreintes sur la porte.
- Merci, miss Dickinson, fit-elle en se retournant vers son guide.
Celle-ci lui adressa un sourire et ne s'attarda pas. Tout le bâtiment avait été interdit d'accès. Hurley s'avança lentement, mais le clic-clac de ses talons sur le carrelage laissa Freeman totalement imperturbable.
- Et une de plus, fit-il après avoir récupéré une empreinte à l'aide de l'adhésif adéquat.
Il la mit dans un sac en plastique et se retourna enfin.
- Agent Hurley, heureux de vous revoir.
C'était le plus jeune agent de la police scientifique de Seattle. La peau sombre, une coupe afro, il était connu pour ses innombrables conquêtes.
— Le plaisir est partagé, répondit-elle.
Elle pénétra dans la chambre et découvrit Blake et Moore qui fermaient les volets roulants.
— Tout va comme vous voulez ? demanda-t-elle.
— Bonjour, fit Moore.
La trentaine bien tassée, il avait un véritable don pour faire parler le moindre élément : fibre, mégot, empreinte à moitié effacée. Une aubaine pour l'Agence.
- Enchanté, Jessica, fit Blake à son tour. Si tu as deux secondes, on finit avec ça.
Comme de légers rayons de soleil filtraient encore à travers les volets clos, ils fixèrent sur les fenêtres un long cache d'un noir opaque.
- Parfait, tu arrives juste à temps. On va passer la pièce au Luminol. S'il y a du sang ici, on va le savoir sans tarder. Ça t'embête d'attendre dehors ? fit Blake.
Ils étaient quatre dans la chambre de quinze mètres carrés.
- Pas de problème. Je vous laisse entre hommes.
- Je viens avec toi, dit Freeman, qui donna sa lampe à lumière blanche à Moore.
Blake prit le vaporisateur et commença à en asperger le sol, tandis que Moore dirigeait le rayon de la lampe sur les endroits touchés par les gouttes de liquide.
Freeman et Hurley sortirent et refermèrent la porte derrière eux.
— Alors, ça te fait quoi de revoir Logan ?
Il était également le plus irrespectueux du bureau.
— Affaire privée. Tu la boucles ou je te boucle, répondit-elle avec malice.
Freeman éclata de rire.
— Tu en pinces toujours pour lui, mais bon ! fit-il en levant les mains devant lui en signe de défense. C'est ton problème.
— Exact. Alors, les empreintes ?
S'il y avait une chose dont elle n'avait pas envie qu'on lui parle, c'était bien sa relation avec Logan.
— Eh bien, on a trouvé un nombre incalculable d'empreintes toutes fraîches. Quelqu'un est venu dans cette chambre et l'a fouillée de fond en comble, même s'il a pris soin de tout ranger avant de partir.
— Il doit s'agir de celles de Lucy.
Freeman fit une moue.
— J'ai ses empreintes et, même si je ne les ai pas encore passées à la reconnaissance par ordinateur, il est clair que ce ne sont pas les siennes, ni celles d'Amy. De plus, cette personne transpirait beaucoup. Il y a d'infimes marques de sueur. Un détail, mais qui peut avoir son importance.
— Notre fouineur avait peur de se faire prendre. Peut-être ne s'agit-il pas du tueur, mais d'une de ses copines venue chercher je ne sais quoi ?
— J'y ai pensé. À moins que ce ne soit son mec.
— On en saura plus tout à l'heure. Mike est en train d'auditionner les camarades de classe des deux filles. Si elles avaient un copain, on ne devrait pas tarder à le savoir.
- Il reste aussi leurs ordinateurs. Liam ne devrait pas avoir de mal à les cracker. Qui sait si elles n'étaient pas en relation avec leur tueur ?
Une hypothèse comme une autre. Hurley savait que de nombreux pédophiles trouvent leurs proies de cette façon. Un nouveau moyen simple et efficace de faire des rencontres. Des bonnes comme de très mauvaises.
La porte de la chambre se rouvrit.
- Pas de trace de sang ni de sperme, fit Blake en sortant.
Moore commençait à enlever le cache de la fenêtre.
- Ce qui veut dire qu'elle n'a pas été tuée ici et que, si elle couchait, elle prenait ses précautions, fit Freeman. Nous voilà bien avancés !
Hurley lui jeta un regard plein de reproches. Freeman haussa les épaules et ajouta :
- Bon, il reste la seconde chambre. On y va, ou on plante notre tente ici ?
- Entrez, fit Logan.
Un jeune homme à l'allure désinvolte pénétra dans la pièce. Il regarda, par-dessus les cloisons de verre, les deux autres étudiants en cours d'interrogatoire et s'assit finalement en face du shérif.
- Bonjour, Clyde, tu peux t'asseoir, dit Logan d'un ton sec.
Clyde émit un petit rire. Il n'avait jamais eu une grande estime pour ceux qui portent l'uniforme. Ce n'était pas aujourd'hui que ça allait commencer.
- Je peux savoir de quoi on m'accuse, shérif? fit-il en insistant trop lourdement sur le grade.
Logan le détesta aussitôt. Encore un de ces fils à papa qui jouent les rebelles.
- Pour l'instant, de rien, mais si tu continues : outrage à un agent de police dans le cadre de ses fonctions. Quarante-huit heures de garde à vue dans nos locaux, et tout le temps qu'il me faudra pour prouver que tu fumes des joints. Et, à partir de là, te faire virer de cette université pour un lieu bien moins agréable rempli de véritables mauvais garçons.
Le visage de Clyde perdit de sa superbe. Il maugréa quelques mots inintelligibles et redressa la tête.
- Qu'est-ce que vous voulez savoir ?
Logan s'enfonça dans son fauteuil.
Il avait déjà auditionné six étudiants. Quatre filles et deux garçons. Il en avait beaucoup appris sur les deux étudiantes retrouvées mortes. Pas que des belles choses.
- Tu es sorti avec Lucy l'an dernier. Qu'est-ce que tu peux me dire sur elle ?
- Une fille bizarre. On est sortis ensemble trois mois.
Logan prit un crayon entre ses doigts et se mit à tapoter le bureau de l'une de ses extrémités.
- Pourquoi vous êtes-vous séparés ?
Clyde eut un rictus mauvais.
- C'était une vraie garce. Elle n'en voulait qu'à mon fric. Quand j'ai décidé de serrer la ceinture, elle s'est cassée sans un remords.
- Tu l'aimais ?
Clyde se retint d'exploser de rire.
- Personne ne tombe amoureux d'une fille comme ça. Une pute dans un corps de rêve.
Logan serra les lèvres dans un sourire mauvais. Il lui aurait bien envoyé son poing en pleine figure. Même pas un soupçon de chagrin, malgré la disparition tragique de son ex-petite amie ! S'il le poussait dans ses retranchements, il était quasi certain d'entendre qu'elle l'avait bien cherché !
- Tu sais qui elle fréquentait dernièrement ?
Clyde se frotta le bas du visage, puis releva les yeux.
- Larry Brooks, je crois. Un type qui traîne toujours au Kingdom's Tavern. Vous connaissez, j'imagine.
Un des bars situés en plein quartier populaire. Un repaire de rednecks et autres marginaux. Musique rock à plein volume, et toujours une ou plusieurs filles à moitié nues sur des spots. Logan y avait déjà fait une descente.
- As-tu idée de qui pouvait leur en vouloir ? demanda-t-il sans répondre à la question de Clyde.
Ce coup-ci, le jeune homme eut un vrai rire méprisant.
- Tous les types dont elles se sont foutu de la gueule. C'étaient de vraies allumeuses.
- Tu as des noms ?
- La moitié des mecs de cette université ! (Après un silence, il ajouta :) Elles viennent de Silver Town, ce ne sont pas des filles de notre calibre. Je crois qu'elles payaient leurs études en trouvant des pigeons pour leur soutirer tout leur fric.
- Au fait, quel était l'animal tatoué sur le haut de sa fesse gauche ?
Logan vit aussitôt le visage de Clyde pâlir. Il était persuadé qu'il était innocent, mais il avait envie de le faire mariner un peu.
— Je me rappelle plus.
— Pourtant, quand on l'a vu une fois on ne peut pas l'oublier. J'ai tout mon temps, Clyde. Quel était cet animal ?
Clyde se mit à taper du pied sur le sol, et commença à tourner la tête de gauche à droite.
— OK, j'ai jamais couché avec elle. Ça vous va ? lâcha-t-il enfin. C'était une vraie salope. On traînait ensemble. Elle me faisait un petit baiser de temps à autre pour la galerie. Mais j'ai jamais couché avec elle !
Il n'y avait aucun tatouage sur la fesse de Lucy.
— Tu deviens ainsi un de nos suspects potentiels. Ça sera tout pour le moment. Tu peux retourner en classe. Mais je te préviens : si tu t'avises de quitter la ville, tu deviendras le suspect n° 1. Bonne journée.
La mine déconfite, Clyde se leva. Il tremblait. Il était loin d'être le petit dur qu'il voulait paraître.
Logan en arrivait à comprendre Lucy de ne s'être jamais rabaissée à coucher avec un type comme lui.
— Je vous jure que je n'y suis pour rien. Mes parents pourront témoigner que j'ai passé tout le week-end avec eux, fit Clyde d'une voix presque geignarde.
- Nous vérifierons. Jusque-là, tu t'en tiens à mes recommandations. Tu peux partir, fit Logan d'un ton sans appel.
Clyde sortit.
Dans le même temps, Jane Houston, qui venait de dire le peu qu'elle savait, quittait le bureau du sergent Olivarez.
Deux autres étudiants entrèrent. Un garçon et une fille.
— Approchez-vous, mademoiselle, fit Logan, préférant s'adresser à la jeune fille.
Le garçon avait l'air d'un benêt total. Même si les tueurs en série n'ont pas de profil type, il lui était difficile de croire qu'il pouvait s'agir de ce garçon-là.
— Bonjour, asseyez-vous. Vous êtes ?
— Sarah Kent. Je suis passée ce matin et j'ai déjà raconté tout ce que je savais à votre collègue.
— Oui, je vois. Je suis désolé, mais j'avais une réunion importante.
C'était donc elle, la fille qui cachait des choses. Il se fit fort de percer ses secrets.
— Je comprends, mais je n'ai rien de plus à ajouter.
Logan se pencha en avant en croisant ses bras sur le bureau.
— Écoutez, Sarah. Je sais que vous cachez quelque chose. D'une façon ou d'une autre, nous réussirons à l'apprendre. Alors, à moins que ce ne soit vous la tueuse, vous ne risquez rien à nous aider.
Sarah blêmit. Elle repensa à ce que lui avait dit Brian. Si elle parlait, elle deviendrait la suspecte n° 1 et, surtout, ils commenceraient à fouiller dans sa vie d'adolescente. Elle n'en avait absolument aucune envie.
— Écoutez, c'est stupide. Ça n'a sûrement rien à voir avec votre affaire, mais je me suis fait agresser hier matin.
Une alarme résonna dans la tête de Logan.
— Je vous écoute, fit-il en espérant ne pas trop montrer son excitation.
— Eh bien, je prenais ma douche avant d'aller en cours et, quand j'ai voulu en sortir, je me suis rendu compte que toutes mes affaires avaient disparu...
Logan se renfonça dans son fauteuil et reprit son stylo en main. Elle lui raconta la farce de Jennifer, ainsi que sa menace. Les espoirs de Logan s'effilochaient au fur et à mesure qu'elle dévidait son monologue.
- À votre connaissance, elle était amie avec Lucy et Amy ? lui demanda-t-il quand elle s'arrêta.
Sarah haussa les épaules.
- Je ne sais pas. Mais c'est possible qu'elle ait été jalouse d'elles. C'est une fille très étrange. Toujours habillée en noir. Avec des piercings et un maquillage blafard. Pas très sociable, si vous voyez ce que je veux dire.
Logan voyait très bien. Mais il voyait surtout qu'il n'y aurait rien à tirer de cette histoire.
Il était persuadé que c'était un homme qui avait commis les faits. Un homme et pas une jeune fille, ni un étudiant tout juste sorti du giron de sa mère.
- Écoutez, Sarah, je comprends votre peur. Je vais auditionner Jennifer personnellement, fit-il d'un ton paternaliste. Mais, à vrai dire, je crois qu'il s'agit plutôt d'une mauvaise plaisanterie que d'autre chose. Ne vous en faites pas trop. De toute façon je vous tiens au courant.
- Merci, shérif, si seulement je savais pourquoi elle m'a fait ça !
Sarah se leva. Logan lut une détresse réelle dans son regard.
- Dès qu'elle me l'aura avoué, je vous en informerai.
Il lui fit son plus grand sourire, en espérant que cela lui donnerait suffisamment confiance en elle.