Lampion (Séraphin)
Non, Séraphin Lampion n’est pas un con !
De tous les personnages que Tintin côtoie, Séraphin Lampion est le seul à systématiquement subir les sarcasmes des exégètes. Même les pires canailles, de Basil Bazaroff à Roberto Rastapopoulos en passant par Allan Thompson, le colonel Sponsz, le docteur J.W. Müller ou Mitsuhirato ont droit à des louanges. En revanche, pas un seul tintinologue pour défendre Lampion !
Dans L’Archipel Tintin1, en présence des plus brillants détracteurs de l’assureur, à savoir Jean-Marie Apostolidès, Dominique Cerbelaud, Benoît Peeters, Pierre Sterckx, j’avais tenté de réhabiliter ce personnage vraiment à part.
La première apparition de Lampion, pour tardive qu’elle soit dans l’œuvre, n’en est pas moins éclatante. Par une formidable nuit d’orage, alors qu’une panne d’électricité a plongé Moulinsart dans l’obscurité, une mystérieuse main gantée tambourine à la porte principale du château. « Pom, Pom, Pom… Pom, Pom, Pom… » : précédée des trois coups, l’entrée qui va suivre est hautement théâtrale.
Comme dans toute bonne comédie classique, le premier personnage à intervenir est le valet. Nestor demande à Haddock :
– Qu’est-ce que je fais, Monsieur…? Je… J’ouvre ?
– Ouvrez, Nestor !
Une silhouette s’engouffre alors violemment dans le vestibule, comme poussée par le vent et la pluie qui soufflent la flamme de la chandelle brandie par Nestor. Dans son élan, l’inconnu percute la tête de Haddock qui voit très exactement dix-sept étoiles. Dix-sept comme le nombre des albums qui précèdent cette irruption. Quand l’électricité revient, éclairant soudain le hall du château, le cri que pousse alors Nestor : « Revoilà la lumière ! » coïncide avec la toute première apparition de Lampion. Cette coïncidence de l’éclairage avec le patronyme du nouveau venu n’est évidemment pas fortuite. Un redoublement lumineux d’autant plus extraordinaire, si l’on se réfère à l’étymologie du prénom Séraphin. Séraphin vient en effet de l’hébreu séraphim, de saraph, « brûler, briller comme le feu ». Lampion ne tarde pas à se référer à son oncle Anatole. Or, Anatole vient du grec anatolé, qui signifie « lever de soleil ». Décidément, plus s’éclaire cette entrée en scène, moins on peut continuer à tenir Lampion pour un sombre abruti.
Héros domestique et familial, baby-boomer exemplaire, l’assureur se montre même d’une grande audace critique quand il s’agit de fustiger l’académisme des goûts artistiques des habitants du château de Moulinsart : « Dites donc, ça n’est pas mal chez vous. Moi, j’aime mieux le moderne, mais enfin… » (L'Affaire Tournesol, p. 5, case 7). Les contempteurs de Lampion ont souvent mis ces préventions sur le compte de goûts supposés vulgaires et sur celui d’une totale inculture artistique. Et s’il s’agissait, bien au contraire, d’un penchant certain pour l’art vivant ? Le « moderne » qui a les préférences de Lampion est celui de l’art contemporain auquel, à la même époque, Hergé commence à s’intéresser vivement. Dans une biographie à venir de l’assureur, c’est aussi Lampion, libre penseur voltairien dont je ferai l’éloge.
Dans Vol 714 pour Sydney, n’oublions jamais qu’il fut le seul à se montrer sceptique face au déferlement d’obscurantisme et d’occultisme : « Racontez ça à un cheval de bois, il va se mettre à ruer » p. 61, case 11).
Loch Lomond
Loch Lomond est une distillerie de whisky située à Alexandria près du Loch Lomond, dans le West Dunbartonshire en Écosse. La distillerie produit son single malt sous différents noms parmi lesquels on trouve Loch Lomond Single Highland Malt, 21 ans, 43 % et Loch Lomond Single Highland Malt Blue Label 40 %.
La chose est connue : ce whisky est très apprécié par le capitaine Haddock. Mais la distillerie qui avait fermé en 1817 n’a été remise en service qu’en 1965. Haddock boit donc un whisky fantôme ! Ce qui après tout n’est pas si surprenant que cela, puisqu’il s’agit d’une boisson écossaise.
Le scandale est qu’en France, on trouve très difficilement du Loch Lomond.
Loiseau
Si le prénom d’un des deux frères Loiseau (Maxime) est connu, personne n’a jamais été capable de donner celui de son frère dont on ne possède que l’initiale, un G.
Gérard, Gilles, Gontran, Gaëtan, Gaston, Gonzague, Georges ? Le mystère reste entier, et c’est exaspérant.
L’Archipel Tintin, Impressions Nouvelles, 2004.