Fatma de prisunic (Espèce de)
Voir VOILE.
Filoselle (Aristide)
Voir ART DU PICKPOCKET.
Folie
Les fous, les déments, les cinglés et les doux dingues, très présents dans les aventures de Tintin, n’ont pas encore reçu l’attention qu’ils méritent. Car, là encore, ce sont les psychanalystes et non les psychiatres qui se sont, hélas, penchés sur leur cas.
Dans le hors série de Science et Vie1, « Tintin chez les savants », l’article sur la folie, intitulé « Hergé sur le divan », est signé par l’inévitable psychanalyste Serge Tisseron. Certes, celui-ci signale que la folie ordinaire qui guette chacun d’entre nous est présente chez Haddock, Tournesol, les Dupondt et la Castafiore. Mais si Serge Tisseron rappelle cette obsession du dédoublement dans les aventures de Tintin, c’est une fois de plus pour nous ramener à sa sempiternelle thèse du secret de famille. Comme si cela suffisait à épuiser un thème aussi complexe et troublant que celui de l’aliénation mentale !
Comment expliquer en effet la fascination exercée sur tant de lecteurs par la vision de tous ces déments qui surgissent dans l’œuvre d’Hergé ? La psychanalyse, une fois de plus, ramène à elle ce qui la dépasse et l’excède.
Le professeur Siclone et son khouttar à lame « langue-de-bœuf » (Les Cigares du Pharaon, pp. 40 à 42), Didi et son sabre (Le Lotus bleu, pp. 14, 16 et 57), Philippulus le Prophète et son bâton de dynamite (L’Étoile mystérieuse, p. 19) n’ont rien à faire sur un divan ! L’antidote du radjaïdjha, « le poison qui rend fou », est mis au point chimiquement par le professeur Fan Se-Yen, spécialiste de la folie.
Avec ces personnages s’exacerbe de façon spectaculaire la divagation mentale qui peut aller jusqu’à l’homicide. La psychanalyse ne peut rien pour eux. Les psychiatres croisés par Tintin officient dans des asiles, lieux d’enfermement archaïques jadis décrits par Michel Foucault (Les Cigares du Pharaon, L’Île noire). Mais à la lumière des avancées récentes de la recherche tant en génétique qu’en neurologie, on peut se demander si les psychanalystes qui la ramènent toujours sur la folie dans Tintin ne sont pas encore plus archaïques que les aliénistes d’un autre âge.
Quant aux doux dingos, aux fêlés, aux fadas de diverses natures comme le professeur Hippolyte Calys, Laszlo Carreidas, Aristide Filoselle, Mac O’Conor…, leurs cas mériteraient aussi d’être étudiés de très près.
Science et Vie hors série, « Tintin chez les savants », Science et Vie / Moulinsart, 2003.