W

Wang (Madame)

Voir STABAT MATER.

Wolff

Wolff est sans doute un des personnages les plus complexes et les plus émouvants des aventures de Tintin. Profondément humain, il échappe au manichéisme qui trop souvent régit le destin des personnages de la BD franco-belge.

Franck Wolff porte le numéro 14 dans l’organigramme du Centre de recherches atomiques de Sbrodj où il travaille comme ingénieur adjoint au professeur Tournesol. À ce titre, il est associé de très près aux préparatifs de l’expédition lunaire dont il fera d’ailleurs partie.

images

Mais Wolff travaille aussi pour les services secrets d’une puissance étrangère à qui il doit remettre les plans ultrasecrets de la fusée. Ainsi est-il complice du transfert à bord d’un passager clandestin, le colonel Jorgen. Celui-ci est une vieille connaissance de Tintin. Dans l’affaire du sceptre d’Ottokar, sous le nom de « colonel Boris » il était l’aide de camp de Muskar IV qu’il trahissait d’ailleurs abominablement.

Wolff est donc un traître, mais « tourmenté jusqu’au déchirement », comme le définit justement Cyrille Mozgovine. C’est sa passion du jeu qui l’a conduit à fournir d’abord des renseignements anodins afin de pouvoir payer ses dettes. Mais peu à peu, harcelé par ses créanciers, il a dû révéler de véritables secrets et il est devenu un espion. Wollf, rongé de remords, va empêcher Jorgen d’accomplir ses noirs desseins, et il sauve la vie de Tintin et de ses compagnons. Wolff est donc un réprouvé et, sans exagérer, on peut voir en lui une réincarnation de Judas. Mais aujourd’hui, ce qui pose problème pour un grand nombre de théologiens, ce n’est pas tant la trahison de Judas que son suicide. La trahison est pardonnable – à tout péché miséricorde –, pourvu qu’il y ait esquisse de regret. Ce qui est le cas de Wolff.

En revanche, le suicide témoigne d’un refus de l’espérance, et se pose en refus de la miséricorde. Faut-il pardonner à qui refuse le pardon ? Vaste question !