Une centaine de gars, la route et un objectif : l'arrivée pour un seul d'entre eux. Pour les autres une balle dans la tête... Tous sont là dans un même but mais pas pour les mêmes raisons, des raisons certains n'en ont même pas, mais ils ont quelques kilomètres pour s'en trouver.
Ce roman de King écrit sous le pseudonyme de Richard Bachman à une époque ou ce pseudonyme ne servait pas qu'à indiquer l'orientation plus thriller\anticipation du roman, trompe un peu son monde, car c'est bien d'horreur qu'il s'agit, d'une horreur trop simple : les candidats d'un jeu ou le vainqueur sera couvert d'argent doivent marcher le long d'une route, jusqu'à épuisement de tous sauf d'un, ils doivent pour cela conserver une vitesse constante et ne jamais ralentir pour quelque raison que ce soit, sous peine d'écoper d'un avertissement qui ne disparaîtra que s'il ne commettent aucune autre faute pendant un certain délai, au bout de 3 fautes, les gardes qui les accompagnent les abattent...
Ray Garraty qui s'est engagé dans ce jeu suicidaire nous dépeint ses impressions, ses sentiments et ceux de ses adversaires et compagnons de jeu : certains sont sûrs d'eux, d'autres flanchent vite.
Au bout de la route, la mort ou la victoire et la fortune, mais peut-il y avoir un gagnant à ce jeu ?
Stephen King... heu pardon Richard Bachman nous avait habitué à des récits marqué par la dureté du destin de ses personnages, ici on a tout de même du mal à s'en remettre, on ne peut plus voir la marche de la même façon après une telle expérience littéraire. Relativement court (moins de 300 pages) ce roman au style épuré est un peu à la manière de Running man (même auteur) cruellement d'actualité, l'homme après avoir dompté la nature et réduit les cruautés de son existence s'en créé de nouvelles par jeu, pour l'argent ou du fait d'un sadisme ancestral (les jeux du cirque existaient bien avant Koh Lanta).
Le peuple réclame des offrandes au sacrifice de son identité et de sa liberté, la télé-réalité sert à cela, faire oublier la misère par la cruauté, par le voyeurisme ou en vivant sa vie par procuration au bénéfice de héros plus réels et intéressants que ces super-héros gâtés par la nature, modèles de vertu et qui ne meurent jamais.
Encore une fois, le King nous dépeint un tableau atroce mais passionnant, celui d'une société malade qui sacrifie ses jeunes gens les plus courageux et les plus désespérés à une foule assoiffée de sang et de jeu.
Seriez-vous prêt à faire reposer votre vie toute entière - aussi misérable fût-elle - sur vos jambes ? Garraty lui l'a fait.