24

Han ne garda aucun souvenir du moment exact où les Tusken ouvrirent le feu. Il devait avoir dévalé près de la moitié de la dune, couché sur le dos, glissant, les jambes relevées, et tentant de garder Leia dans son champ de vision entre ses pieds. Inconsciemment, il écoutait les crissements de l’avalanche de sable qui coulait à sa suite.

C’est alors que la voix de ST-297 retentit dans ses écouteurs :

— Les imposteurs doivent être capturés vivants ! Concentrez vos tirs sur les Tusken. Je répète, tirez seulement sur les Tusken ! Empêchez tout tir indigène sur les Rebelles !

Un barrage de feux laser surgit du flanc de la dune, à très peu de mètres sur la pente au-dessus de la tête de Han. Ils frappèrent des huttes Tusken, striant l’oasis d’un tissage de rayons lumineux et de fumée. Les banthas mugirent et allèrent se rassembler en un cercle défensif à l’autre bout du campement des Hommes des Sables.

Leia se tordit le cou pour regarder vers Han.

— Les Tusken nous tirent dessus ?

— Qui sait ? Je n’ai toujours pas vu le moindre…

Leia fit une embardée et bascula, la tête la première, laissant échapper son blaster. Han le rattrapa au vol d’une main et, paniqué, vit son épouse dévaler la pente si vite, rebondissant et roulant comme un pantin désarticulé, que même un Tusken n’aurait pu l’arrêter.

Ne voulant pas rester en arrière, Han, un blaster dans chaque main, planta ses pieds dans le sable.

À la vitesse à laquelle il dévalait déjà, il eut l’impression d’être éjecté par un tube lance-missiles. Il bascula en avant et vola dans les airs. Le monde se transforma en un kaléidoscope dément constitué de sable, de ciel et d’éclairs de blasters.

Han eut à peine conscience des nombreuses voix qui retentissaient dans les écouteurs de son casque. Le lieutenant exigeait de savoir ce qui était en train de se produire. « Ont-ils été touchés ? » demanda une autre voix. « Pourquoi rompez-vous le silence radio ? » lui fut-il rétorqué. C’est à ce moment précis que Han atterrit dans un buisson épineux avant de terminer sa course contre un rocher. Il essaya de s’asseoir et retomba immédiatement car quelque chose l’avait heurté violemment à la tête, produisant un craquement assourdissant dans son casque. Un rayon de blaster lui siffla aux oreilles et un corps extrêmement pesant vint s’affaler en travers du sien, au niveau de l’abdomen.

— S-T-deux-neuf-sept, qu’est-ce qui se passe, en bas ? demanda une voix dans son écouteur. Au rapport !

— Les Rebelles, répondit le lieutenant. Nous les tenons en joue. Ils sont en train de fuir à travers le campement Tusken.

— Quoi ? (La voix était différente. C’était celle qui avait remis le capitaine de la Compagnie A à sa place lorsque celui-ci avait discuté les ordres.) Répétez !

— Ils sont en train de fuir à travers le campement Tusken, Monsieur. Nous les poursuivons mais nos effectifs sont limités.

— À quoi bon les poursuivre, Lieutenant ? Enclenchez les rayons paralysants de vos blasters et arrêtez-les !

Il y eut une courte pause.

— C’est qu’on ne peut pas vraiment les paralyser, Monsieur. Ils portent des armures Impériales.

— Ah, je comprends pourquoi vous les traitez d’imposteurs, dit l’autre voix.

— Exactement. Mais j’ai des tireurs d’élite qui les suivent.

— Je n’en doute pas. J’en déduis aussi que les Rebelles sont également capables d’écouter nos communications sur cette fréquence. Je me trompe ?

— Heu… C’est bien possible.

— Je m’en doutais. À toutes les unités : adoptez le protocole des communications non sécurisées jusqu’à nouvel ordre. Lieutenant ?

— Monsieur ?

— Pourquoi ne suis-je pas en train de m’adresser au capitaine de la Compagnie A ?

— Les Tusken, Monsieur.

— Ah, bien entendu, les Tusken… Continuez, Lieutenant. Les renforts arrivent. (Puis, sur un ton exprimant une profonde réflexion, il ajouta :) Comme c’est intéressant…

 

— Han !

Il fallut quelques instants à Han pour se rendre compte que cette autre voix provenait de l’extérieur de son casque. Il roula sur lui-même et se retrouva face à face avec le pillard Tusken qui s’était écroulé sur lui. C’était le premier qu’il voyait sur le site même de l’oasis.

— Leia ?

Deux mains gantées, couvertes de pièces d’armure blanche, attrapèrent le cadavre du Tusken par le col pour le repousser puis saisirent les deux blasters que Han avait lâchés lorsqu’il avait heurté le rocher.

— On a du pain sur la planche.

La tête lui tournant toujours à cause du coup sur son casque, Han se remit péniblement sur ses pieds et suivit Leia vers l’oasis. Celle-ci était bien plus grande qu’elle n’y paraissait depuis leur précédent poste d’observation au sommet de la dune. Elle mesurait vingt mètres de large sur cent de long. Ils se trouvaient, bien évidemment, du côté de la dune et des fantassins Impériaux, à peu près à la moitié de la longueur de l’oasis. Leia se tourna et courut vers la grande hutte, tirant des coups de semonce à travers tout le campement. Han, braquant son blaster dans la direction opposée et tirant vers la dune, la rejoignit aussitôt.

— Leia, est-ce que tu as la moindre idée de ce que tu fais ?

— Bien sûr, répondit-elle. Si tu étais un Tusken, avec un tableau valant quinze millions de crédits, où le rangerais-tu ?

— Mais enfin, tu viens juste de dire qu’il était impossible de savoir comment se comportaient les Hommes des Sables !

— Ah, oui, c’est vrai ! dit Leia. Tu veux qu’on essaie ailleurs ?

Han regarda par-dessus son épaule, vers le troupeau de banthas en train de meugler. Il était impossible de distinguer quoi que ce soit à travers les buissons et le nuage de poussière en suspension dans l’air, mais il devina aisément que le dernier endroit où devait se trouver quelqu’un portant une armure de fantassin Impérial était bien le campement des Tusken.

— Heu, non, je ne crois pas.

Les Tusken commençaient à réagir. Han ne vit aucun Homme des Sables, bien sûr, mais il roula à terre lorsque le projectile d’un lance-limaces le frappa en pleine protection dorsale. Leia tomba également, touchée au mollet. Ils roulèrent sur le dos et tirèrent dans la direction d’où provenaient les projectiles.

— Ça va, toi ? hurla Han.

— Je vais avoir un bleu énorme ! répondit Leia.

— Mais tu es sûre que ça va ?

— Oui, je crois, dit-elle. Plutôt efficaces, ces armures, non ?

— Ouais, tant que personne ne pointe un blaster dessus.

Un éventail de feu de laser surgit derrière eux, passant au-dessus de leurs têtes pour arroser les buissons épars derrière lesquels devaient se cacher les Tusken.

— Tu ne crois pas si bien dire ! cria Leia.

Plusieurs Tusken gémirent – les Hommes des Sables ne criaient pas quand ils mouraient – et les lance-limaces furent réduits au silence. Han et Leia se redressèrent sur les genoux et commencèrent à décocher des rafales vers la dune.

Han abattit deux fantassins Impériaux, en obligeant une bonne dizaine d’autres à se trouver un abri au plus vite. Il se sentit un peu coupable de devoir tirer sur des hommes qui venaient tout juste de leur sauver la vie, mais la bataille avait pris une tournure bien étrange. De plus, se laisser capturer n’était pas une option. Pas pour les Solo, en tout cas.

— Occupe-toi du tableau. (Han se dissimula du mieux possible derrière l’arche en os, continuant de tirer sur les Impériaux, qui continuaient de tirer sur les Tusken, qui continuaient eux-mêmes de tirer sur les époux Solo.) Je te couvre !

Un grondement rauque s’éleva à l’intérieur de la hutte.

— Qui est là ? Qu’est-ce… Qu’est-ce qui se passe ?

— Kitster ? (Leia courut jusqu’à la porte et fit sauter le verrou en os.) Kitster Banai ? Vous êtes toujours vivant ?

— Je… je crois bien que oui…

Leia entreprit de tirer la porte vers elle pour l’ouvrir en grand, mais le craquement d’un projectile de lance-limaces retentit contre son armure et elle fut catapultée le long de la paroi extérieure de la hutte. Un autre craquement se produisit.

— Merde ! cria-t-elle.

Elle rampa vers le côté de la hutte qui faisait face à la dune, juste derrière Han.

— Bon sang, ça fait mal ! (Elle se redressa le long de la paroi de la structure et cria à travers les tentures et les peaux :) Kitster, c’est Leia Organa Solo ! Est-ce que…

— Leia Organa Solo ? (Il eut l’air soudain un peu plus éveillé, mais toujours en proie à une forte douleur.) Je ne reconnais pas votre voix…

— Qu’est-ce que ça peut foutre ? aboya Han. On est là pour vous aider !

— Est-ce que le tableau est avec vous ? demanda Leia.

— Le tableau… Je ne sais pas… Sortez-moi… Sortez-moi de là !

— Il n’est pas dans la hutte, annonça Leia à Han.

— Bien sûr que non, ce serait trop facile. Kitster ? Est-ce que vous pouvez marcher ? ajouta Han.

— Je… Je ne sais pas.

— Hé, mon pote, au cas où vous ne l’auriez pas encore deviné, on est dans le camp des gentils, nous ! (Il se tourna vers Leia.) Il va falloir que je le porte, on dirait.

Il fit un signe de tête à son épouse pour lui demander de venir prendre sa place, puis il indiqua les rochers qui se trouvaient de l’autre côté du tas d’ossements des victimes sacrifiées.

— Je crois qu’ils essaient de nous prendre par le flanc.

Leia se leva et décocha deux rayons. Deux voix Impériales crièrent dans leurs écouteurs :

« Plus maintenant ! »

Han courut jusqu’à la paroi de la hutte.

— Hé, Kit ! Qu’est-il arrivé au tableau ?

— Je… je ne sais pas… Il faut me…

— Ça va aller, ça va aller.

Han pointa son blaster à environ un mètre de l’origine de la voix et perça un trou dans la paroi en cuir de bantha.

— Le chef… doit l’avoir… dans le camp…

— D’accord.

Han se glissa par le trou qu’il venait de pratiquer et ce qu’il découvrit lui retourna l’estomac. Kitster Banai était attaché sur le sol, bras et jambes écartés. Ses cheveux noirs étaient à présent couleur de poussière. Ses chevilles étaient tuméfiées, son corps couvert de brûlures et d’ecchymoses. En se penchant sur lui pour trancher au moyen d’un petit cutter au laser les liens qui maintenaient ses chevilles et ses poignets, Han constata que trois de ses doigts avaient été brisés au niveau de la première phalange.

— Kitster ! Comment vous sentez-vous, mon vieux ? Désolé d’avoir mis tout ce temps mais… Heu… On vous croyait mort…

— Moi… aussi… (Les yeux sombres de Kitster exprimaient autant la crainte que la stupéfaction.) Vous… vous êtes…

— Han Solo. (Des projectiles de lance-limaces percèrent les parois de la tente, ce qui entraîna de nouvelles rafales punitives de la part des Impériaux.) Et il va falloir me croire sur parole…

À l’extérieur, le fusil blaster de Leia se mit à mugir de façon continue.

— J’ai besoin d’aide ! hurla-t-elle.

— Une minute, Leia ! cria Han. Je suis un peu occupé, là !

— Ils se rapprochent !

— Balance-leur quelques détonateurs ! (Han décrocha un détonateur thermique de sa ceinture et le lança à son épouse.) Ça devrait les ralentir.

Leia cessa de tirer. Quelques secondes plus tard, les déflagrations de deux détonateurs thermiques retentirent à travers l’oasis.

— Bon, voilà ce qu’on va faire… (Han passa un bras de Kitster par-dessus ses épaules. L’homme devait être affamé et déshydraté et ne pesait plus bien lourd.) Il faut qu’on retrouve ce tableau, ou bien qu’on le détruise. Ce qui signifie que Leia et moi allons devoir retourner dans le campement des Tusken. Vous pouvez venir avec nous ou bien je vous abandonne aux fantassins Impériaux. Les Impériaux risquent de vous jeter en prison pour le restant de votre vie…

— Avec vous… dit Kitster. Je veux revoir mes gosses…

Han soupira.

— Je pensais bien que vous diriez un truc pareil.

— N’y allez pas. (Kitster marqua une pause pour recouvrer quelques forces.) Pas dans le campement…

— J’ai bien peur d’y être obligé, dit Han, commençant à marcher vers l’ouverture dans la paroi. Vous auriez dû nous laisser détruire ce tableau quand on était chez Mawbo.

— Vous êtes fou ! s’étrangla Kitster. Vous n’êtes pas obligé d’y aller. Tournez… Tournez-vous…

— Kitster, on n’a plus beaucoup de temps…

— Regardez, fit Banai. Regardez… là-haut.

Commençant enfin à comprendre, Han leva la tête vers le plafond.

Là, pendu au-dessus de l’endroit où avait été attaché Kitster, se trouvait Le Crépuscule des Killik. Le ciel d’orage du même pourpre profond qu’auparavant, les silhouettes insectoïdes toujours tournés pour faire face à la tempête. Exactement comme dans le souvenir de Han.

— Je croyais que…

— J’ai menti, dit Kitster. Je vous avais pris… pour un Impérial.

— Vous m’avez pris pour un… Kitster, mon pote, on peut dire que vous êtes un sacré amateur d’art !

Han décrocha son communicateur de sa ceinture et pressa trois fois la commande du microphone, signalant qu’il avait récupéré le tableau. Quelques instants après, Leia passa la tête par l’ouverture de la paroi, sans cesser de tirer vers les rochers.

— Tu l’as ? Vraiment ?

— Là-haut, dit Han, indiquant le plafond d’un revers du pouce. Tu décroches et moi je le décroche.

Leia entra dans la hutte et, ignorant les projectiles, moins nombreux, qui volaient à travers la pièce, échangea sa place contre celle de Han.

— Il semble en bon état, commenta-t-elle.

— Il a fasciné les Tusken, dit Kitster. Ça ne les a pas empêchés de me casser les doigts quand j’ai… Il fallait rajouter de l’eau… Et dans le désert…

— Ouais, je comprends, dit Han. Et je suppose qu’il lui faut beaucoup d’eau.

Il jeta un coup d’œil par l’ouverture et aperçut une dizaine de fantassins Impériaux à moins de dix mètres de là. Ils continuaient de progresser malgré les tirs nourris des Tusken. L’un d’entre eux s’écroula, un projectile en plein dans les optiques de son casque. Un autre l’imita, frappé à la gorge. La plupart se contentaient de tomber quand ils étaient touchés et que leurs armures encaissaient les coups. Ils repartiraient au combat dans les secondes suivantes.

La détonation d’une grenade à fragmentation retentit à l’autre bout de l’oasis. Les banthas répondirent par un concert de meuglements. Un grondement menaçant commença à rouler à travers le désert.

— Qu’est-ce que c’était ? demanda Leia.

Han haussa les épaules.

— Elama, peut-être ? (Il tira deux rayons de blaster dans la poitrine d’un soldat Impérial, deux autres faisant irruption à moins de cinq mètres.) Qu’est-ce que ça peut foutre ? On va devoir se battre au corps-à-corps si on ne…

Une longue déflagration, provenant du fusil de Leia, retentit derrière Han. Il pivota et vit Le Crépuscule des Killik descendre du plafond, se balançant au bout d’un morceau de tissu encore fumant. Leia décrocha le tableau, puis se tourna et perça un trou avec son blaster dans la paroi opposée.

— Allons-y !

Elle passa à travers le trou, tirant Kitster après elle. Han se tourna et vit les deux fantassins Impériaux se précipiter par la première ouverture. Il tira à bout portant. Le premier, frappé en pleine poitrine, partit à la renverse. Le second plongea pour se mettre à l’abri. Marchant à reculons, sans cesser de tirer, Han battit en retraite vers la nouvelle brèche. C’est alors que le signal d’alarme de surchauffe de la cellule énergétique de son blaster se mit à hurler.

— Il faut toujours qu’il y ait un truc qui cloche !

Han se retourna et plongea par la brèche. Il éjecta la cellule de son logement et la jeta à l’intérieur de la hutte avant de se lancer aux trousses de Leia.

Derrière lui, une voix Impériale cria :

— Attention ! Un détonateur !

Han décrocha une nouvelle cellule énergétique de sa ceinture utilitaire et l’inséra dans la crosse de son arme tout en courant. Il se retourna, mit un genou à terre et attendit. Un grondement sourd venait de l’oasis dans leur direction. Han préféra ne pas regarder.

Une voix Impériale retentit dans les écouteurs de son casque :

— J’ai les imposteurs dans mon collimateur ! Ils ont un prisonnier des Tusken avec eux et la toile de l’Amiral. Je répète, ils ont la toile en leur possession. Attendons instructions.

Han jeta un coup d’œil par-dessus son épaule et vit Leia et Kitster plonger à couvert derrière un rocher. Lorsqu’il reporta son attention sur la hutte, un fantassin Impérial apparut par la brèche. Il frappa le soldat en pleine poitrine puis arrosa toute la structure d’un tir nourri de son blaster.

— Ils ont sauvé un prisonnier ? Comme c’est intéressant. (Il s’agissait de la même voix au ton pensif que précédemment. Cette voix qui semblait tout diriger et qui donnait des frissons à Han.) Et ils ont le tableau. Vous en êtes certain ?

— Affirmatif.

— Très bien, dit la voix. Vous avez l’autorisation de tirer mais visez aux jambes.

Han cessa le feu et se leva précipitamment. Il entendit le rayon décoché par l’un des tireurs d’élite se ficher dans le sable à l’endroit même où il se trouvait un quart de seconde auparavant. Zigzaguant frénétiquement pour éviter les tirs, il courut pour rejoindre Leia et Banai et se jeta à son tour derrière le rocher. Un autre rayon de blaster fusa, carbonisant le sol juste à côté de son pied.

— Et maintenant, qu’est-ce qu’on a au programme, hein ? (Han souleva le canon de son blaster au-dessus du rocher et se mit à tirer dans tous les sens.) Des chasseurs de primes ? Des puits de sarlacc ?

— Ça pourrait être pire ! (Leia avait posé le petit rectangle du Crépuscule des Killik contre ses genoux. Elle était en train de dégager son grappin et son filin de sa ceinture utilitaire.) Elama nous a peut-être sauvé la vie. Si seulement Chewie pouvait arriver rapidement…

— Qu’est-ce que tu as l’intention de faire ?

Han continuait de tirer à tout va, tout en regardant Leia arrimer fermement le filin autour de sa taille et déployer les crochets du grappin.

— À ton avis ?

Leia remit un genou en terre et entreprit de couvrir Han pendant que celui-ci préparait son propre grappin. Puis, terrifié à l’idée que leur passager ne parviendrait probablement pas à tenir le coup pendant qu’ils seraient traînés sur le sol du désert par un bantha lancé au grand galop, il rassembla les avant-bras de Kitster et entreprit de les nouer ensemble au niveau des poignets.

— Han, on n’a plus le temps ! hurla Leia. Il faut qu’on dégage !

— Mais je peux très bien…

Les protestations de Kitster furent interrompues par le rugissement des tirs de blaster de Leia fusant au-dessus du rocher. Han regarda et vit deux fantassins Impériaux en train de charger.

— Baisse-toi ! cria-t-il tout en saisissant son fusil blaster.

Leia roula sur le côté, emportant Le Crépuscule des Killik dans le mouvement. Han décocha une tornade de rayons de blaster vers les Impériaux avant de se mettre à courir. Il préférait ne pas vérifier à quelle distance se trouvaient les autres fantassins Impériaux qui étaient en train de le poursuivre, mais ceux qui venaient de se lancer aux trousses de Leia se trouvaient à moins de dix mètres d’elle et gagnaient du terrain rapidement.

— Ne tirez pas ! Ne tirez pas ! commencèrent à crier les tireurs d’élite. Ils sont entrés dans le nuage de poussière !

Mais les autres Impériaux ne prêtèrent aucune attention aux conseils de leurs collègues. Ils ouvrirent le feu tout en courant, visant les jambes des époux Solo et transformant le sol en une mousse bouillonnante. Han sautait de droite à gauche, tenant le grappin et Kitster Banai d’une main, se servant de l’autre pour couvrir Leia en décochant des tirs juste derrière elle. Leia agissait de même pour lui, sauf qu’au lieu de Kitster elle tenait fermement le tableau. Aucun d’entre eux ne toucha quoi que ce soit, mais, ce faisant, ils empêchèrent également les fantassins Impériaux de toucher quoi que ce soit. Les poursuivants commencèrent à ralentir l’allure. Et c’était le plus important.

— Kitster ? (Han dut crier pour se faire entendre au milieu du fracas des tirs de blasters et de la cavalcade des animaux.) Ils sont où, ces foutus banthas ?

— Tout près ! répondit l’autre d’une voix étranglée. À quinze mètres, mais ils vont nous dépasser. Je pense qu’ils se dirigent vers l’arrière de…

Leia poussa un hurlement et s’écroula, jambes par-dessus tête, frappée à l’épaule par le projectile d’un lance-limaces Tusken. Han pivota pour lui porter secours. Ce qui lui sauva la vie.

Un craquement assourdissant retentit à l’intérieur de son casque. Il tomba à terre. Kitster n’était plus sur son épaule. Ses oreilles se mirent à siffler, sa tête lui faisait mal et il eut toutes les peines du monde à rester conscient. Il roula sur le dos et vit des rayons laser strier l’air à un mètre au-dessus de lui. Il essaya de lever son fusil blaster et découvrit qu’il ne l’avait plus en main.

La tornade de rayons cessa et un silence effrayant s’installa sur l’oasis. Han chercha son fusil à tâtons sans parvenir à le récupérer. Leia était étendue devant lui, face contre terre, immobile. Le Crépuscule des Killik gisait à ses côtés. Les banthas étaient à présent si proches que le sol tremblait sous les assauts de leurs pattes.

— Leia ?

Han se releva sur ses genoux et aperçut Kitster, étendu à moins d’un mètre de lui. Entre les rochers, il distingua les corps inanimés de plusieurs fantassins Impériaux.

— Leia ?

Un ricanement rauque retentit derrière lui. Il se tourna et découvrit trois pillards Tusken en train de l’observer, leurs fusils pointés en direction de sa tête. Derrière eux se tenaient deux enfants Tusken armés de gaffis miniatures.

Han se tordit le cou pour détourner les optiques de son casque de leur ligne de mire. Cela fit beaucoup rire l’un des Hommes des Sables, qui s’approcha, prêt à abattre la crosse de son arme sur la tête de Han. Il fut interrompu en plein mouvement : un rayon tiré par Leia l’attrapa en pleine poitrine. Le Tusken s’écroula, foudroyé.

Les autres pillards se tournèrent vers la Princesse en levant leurs fusils. Han en fit trébucher un d’un coup de pied en revers sur le genou. Il sursauta lorsqu’un rayon fusa au-dessus de son casque, venant de l’endroit où se trouvait Kitster. Le rayon manqua sa cible mais interpella suffisamment le guerrier du désert pour que Leia puisse l’abattre sans coup férir. Le Tusken roula à terre en grognant, se tenant la gorge à deux mains.

— Solo !

Celui-ci se tourna juste à temps pour voir Kitster lui lancer son fusil. Mais Leia fut plus prompte et elle tua le dernier guerrier d’une multitude de rayons mortels.

Une succession de coups s’abattirent sur le casque de Han. Les deux enfants Tusken étaient sur lui, l’assaillant avec leurs petits gaffis. Il posa son fusil sur ses genoux, para les attaques avec ses avant-bras et parvint à arracher les armes des mains des petits pillards.

— Allez, filez !

Les gamins Tusken continuèrent à le fixer, tendant les mains pour tenter d’attraper leurs gaffis.

Han brisa les armes contre ses genoux et envoya voler les morceaux.

— Vous êtes trop petits ! cria Han en désignant les buissons. Décampez !

Les deux enfants échangèrent un regard, tournèrent les talons et se mirent à courir en direction des banthas. Han pensa qu’ils seraient piétinés, mais la cavalcade n’était pas aussi frénétique que cela et évoquait plus une sorte d’exode organisé. Les banthas avaient maintenu leurs petits à l’intérieur même de la horde pour les protéger et faisaient bien attention à ne pas trotter trop vite pour que les jeunes puissent suivre l’allure. Les deux enfants se glissèrent simplement le long d’un des animaux, ils en saisirent la laine broussailleuse à pleines mains et se hissèrent sur son dos.

Leia apparut aux côtés de Han pour l’aider à se remettre sur ses pieds.

— Allez, debout l’acrobate. (Elle portait Le Crépuscule des Killik en bandoulière sur son épaule meurtrie, attaché avec ce qui restait de son filin. Son blaster était rangé dans sa gaine.) On va avoir de la compagnie.

Han rengaina son propre blaster dans son étui, se tourna pour aider Kitster Banai et aperçut un contingent tout frais de silhouettes blanches et spectrales qui courait à travers la plaine.

— Qu’est-ce qu’il fout, Chewie ? (Han hissa Banai sur ses épaules.) Il fait le tour de la planète ou quoi ?

— Tu lui as bien spécifié de ne pas érafler la peinture !

Leia pivota et ouvrit la marche vers les banthas. Han lui emboîta le pas, ayant du mal à tenir le rythme. En s’approchant des animaux, le sol commença à trembler. La puanteur musquée que même les filtres du respirateur de son casque ne parvenaient pas à éliminer lui donna la nausée.

Kitster se pencha vers l’oreille de Han, hurlant pour couvrir le vacarme des banthas :

— Si je lâche prise…

— Ne vous inquiétez pas, fit Han.

— Vous ne trouverez… poursuivit l’autre, qu’une grande tache brune par terre. Dites à mes enfants que je les aime.

— Tenez bon, dit Han. Vous le leur direz vous-même.

Glissant le tableau derrière son dos, Leia se mit à courir le long de la horde. Elle tendit les bras et saisit la laine d’un bantha à pleines mains. Elle tituba et, l’espace d’un instant, crut qu’elle allait tomber et être piétinée. Mais ses pieds se soulevèrent tout simplement du sol et elle se hissa péniblement sur le dos de la bête, manquant de lâcher prise lorsqu’elle dut reporter tout son poids sur son épaule blessée.

Han courut jusqu’à l’animal suivant et, redoublant d’efforts pour tenir l’allure, attrapa sa laine et tira de toutes ses forces. Il sentit le sol se dérober. Une volée de rayons blasters fusa en direction du bantha. La plupart le loupèrent ou ricochèrent contre l’armure de son bras, mais un rayon fit mouche, le frappant juste au niveau de l’articulation de la cuisse.

Solo serra les dents et se concentra sur l’escalade du bantha. Il tira sur ses bras comme l’avait fait Leia. Était-ce le fait d’avoir été touché ? Le poids supplémentaire que représentait Kitster Banai ? Han sentit ses mains trembler, et ses avant-bras furent saisis de crampes.

Kitster tendit les mains pour aider son sauveteur à grimper sur le dos de l’animal. Mais il était encore plus épuisé que lui, bien trop faible pour s’accrocher à Han de sa main aux doigts cassés et à la laine du bantha de sa main valide. Il lâcha prise et commença à glisser vers l’arrière.

— Ça va aller ! hurla Han. Accrochez-vous !

— On se calme, Solo ! cria une petite voix depuis l’arête dorsale de l’animal. Tu veux vivre, Banai ? Donne-moi la main !

— Elama ? (Han releva la tête et vit la Squib, pendue la tête en bas, les pieds attachés dans la laine du bantha,) Comment…

— Qu’est-ce que tu crois ? Je suis la meilleure ! (Elle tendit les bras et saisit fermement les poignets de Kitster.) Heureusement que t’as choisi le bon bantha !

Les deux premières minutes du vol – avant que les Impériaux ne se remettent du choc causé par la destruction du TB-TT au passage du Faucon – s’étaient déroulées sans encombre. Chewbacca avait foncé à travers la Mesa en postcombustion – cette vitesse à laquelle le vaisseau créait une traînée de feu dans son sillage –, faisant de son mieux pour éviter les zones habitées car l’onde de choc aurait tout détruit. C-3PO ne cessait de se lamenter car, en volant à si basse altitude, le cargo soulevait un nuage de poussière de plusieurs kilomètres de haut. Et alors ? Les Impériaux savaient bien où ils étaient en train d’aller. Et ils les y attendraient. En force.

Le Faucon croisa le premier escadron à l’entrée des Plaines de Jundland, lorsque Chewbacca reprit de l’altitude pour éviter les irrégularités du terrain. Les TIE plongèrent de part et d’autre du cargo, arrosant le Faucon sous tous les angles d’un tir nourri. Grees et Sligh, installés dans les tourelles des canons, abattirent trois chasseurs avant qu’un signal d’alarme ne se mette à retentir dans le cockpit. Mais il restait encore neuf appareils ennemis. Lorsqu’un TIE essaya de se glisser sous le Faucon pour tirer dans sa partie ventrale, Chewbacca mit immédiatement le cap vers la crête de la colline la plus proche pour s’en débarrasser. Les Impériaux ne firent aucune nouvelle tentative d’approche similaire.

Le cargo Corellien atteignit alors les premières étendues sableuses de la Mer de Dunes… pour découvrir un deuxième escadron qui l’y attendait. Les boucliers déflecteurs avaient perdu de leur intégrité, les signaux d’alarme hurlaient si fort dans le cockpit qu’on aurait cru qu’un chœur de Bith y donnait un concert, les répulseurs bâbord avaient été réduits en pièces au point qu’il était plus facile de lancer le Faucon dans une manœuvre en tonneau que de le faire tourner… Chewbacca comprit qu’ils ne survivraient pas à une nouvelle attaque en force.

Il décida donc de changer de tactique en passant sous leurs assaillants.

Lorsque le Faucon eut dépassé les premières crêtes, Chewie plongea vers le sol. C-3PO poussa un hurlement mais le Wookiee ne l’écoutait jamais, de toute façon. Il glissa le cargo entre deux chaînes massives de dunes et rétablit l’assiette de l’appareil pour qu’il n’y ait plus que trois mètres entre le sol et la tourelle de tir inférieure. Il regarda alors les TIE plonger vers eux.

Sligh balaya le cap des Impériaux avec un feu nourri de ses canons laser, sans viser, se contentant simplement de relever la tourelle pour créer un barrage juste devant eux. Trois TIE explosèrent dans une tornade de lumière aveuglante. Les autres chasseurs passèrent en trombe au-dessus du Faucon, bombardant ses boucliers avec férocité, pénétrant les défenses du cargo bien trop souvent, au point que les témoins d’alerte donnèrent rapidement l’impression que la console de contrôle avait pris feu.

Les TIE continuèrent sur leur lancée, volant à l’aveuglette dans le nuage de poussière de plusieurs kilomètres de haut soulevé par le passage du Faucon. Droit vers les survivants de la première vague d’assaut, volant eux aussi en aveugle dans le nuage, mais dans la direction opposée. L’écran tactique devint tout blanc, témoignant de la grande quantité de TIE détruits après un télescopage en plein vol à grande vitesse.

Chewbacca poussa un cri de joie.

— Ah oui, c’est sûr, voilà qui devrait leur apprendre ce que ça coûte de jouer avec un Wookiee ! acquiesça C-3PO. Je ne connais pas ce jeu, mais tu as raison, assurément : ils n’étaient pas de taille à jouer au « Plukon » avec toi !

— Chewbacca ne nous a pas laissés en plan. (Leia sortit une carte à puce, de la taille d’un pouce, du contrôleur d’humidité installé sur le cadre du Crépuscule des Killik. Elle la déposa au fond d’un trou qu’elle avait creusé dans le sable.) Les Wookiees ne sont pas du genre à vous laisser tomber.

— Il y a un début à tout ! dit Elama. (La Squib ramassa la carte à puce et la frotta contre son museau.) Alors, tout ce tintouin, c’était pour ce petit machin ?

— En partie. Mais je voulais aussi récupérer le tableau.

Ils étaient accroupis au sommet d’une dune, au centre d’une petite clairière de rochers. Les projectiles des Tusken rebondissaient sur les pierres tout autour d’eux et deux escouades entières d’Impériaux étaient en train de se positionner sur des arêtes voisines pour tenter de les prendre en tenaille. Les banthas qui les avaient transportés jusqu’ici avaient mis fin à leur cavalcade et s’étaient rassemblés en troupeau au bas du ravin. L’unité de refroidissement de l’armure de Leia avait été endommagée par un tir Tusken et les rayons des soleils jumeaux frappaient sans pitié les plaques de protection blanches de la Princesse.

Mais elle tenait enfin la clé du code Shadowcast, personne n’était encore mort et la balise qui permettrait à Chewbacca de les retrouver venait d’être activée. En analysant tout ce qui était allé de travers et les rares choses qui s’étaient plutôt bien passées, Leia se dit que tout cela était globalement positif. Surtout sur Tatooine. Elle arracha la carte à puce des mains de la Squib, s’assura qu’il s’agissait toujours de la clé du code Shadowcast, et la plaça au fond du trou.

Elama ramassa à nouveau la carte. Cette fois, elle l’approcha de ses yeux.

— Alors, c’est quoi ce machin ?

— Tu veux vraiment le savoir ? demanda Leia en dégainant son blaster.

— Hé ! je suis désolée, je voulais juste aider… (Elama laissa tomber la carte au fond du trou.) Vérifier que tu étais sûre de vouloir faire ça…

— Comme ça, cette carte ne tombera pas entre de mauvaises mains. (Leia vérifia à nouveau la clé du code et la replaça au fond de la petite excavation.) Si tu y touches encore une fois, je te roussis le poil.

— Après tout ce que j’ai fait pour sauver la peau de ton mec ? gronda Elama. Pas la peine d’être impolie. C’était dans ton intérêt…

— Écarte-toi, l’interrompit Leia.

Elle pointa son blaster dans le trou et pressa la gâchette. Le rayon réduisit la carte à un morceau de plastique fondu. Elle tira à nouveau et, cette fois, le plastique se mit à bouillir.

— Ça devrait aller. (Leia raccrocha le contrôleur d’humidité sur le cadre du Crépuscule des Killik puis tendit la toile à Elama.) Il faut refaire le plein. Tu sais comment t’y prendre ?

Elama plaça le cadre sur sa tranche et pointa un doigt vers le petit trou qui s’ouvrait sur un coin.

— Il faut mettre de l’eau par là, jusqu’à ce que ça atteigne le bord…

— De l’eau pure, surtout. (Leia hésita, regarda une dernière fois la toile.) C’est très important. C’est une sacrée marque de confiance, là…

— Te fais pas de bile et dis-toi qu’on a des ancêtres communs avec les Wookiees. (Elama déboucha sa gourde d’eau.) Tu ne le regretteras pas.

— Je vais lui montrer, intervint Kitster, prenant la gourde des mains d’Elama.

Leia préféra ne pas regarder. Elle rampa jusqu’à une petite crevasse où Han se trouvait déjà, allongé entre deux rochers, occupé à surveiller les Tusken. Tout au moins leurs banthas. Les guerriers du désert étaient eux-mêmes à peu près aussi difficiles à distinguer qu’à l’habitude. Elle se glissa dans le peu d’espace qui restait à côté de son mari. Un gémissement électronique s’éleva du synthétiseur vocal du casque de Han.

— Comment ça se présente ? demanda-t-elle.

— Pas trop mal. (Il jeta un coup d’œil par-dessus son épaule en direction de Banai, occupé à expliquer avec énormément de patience les raisons pour lesquelles il ne fallait surtout pas utiliser l’eau provenant directement d’une gourde.) Tu as vraiment l’intention de confier Le Crépuscule des Killik à Elama ?

— Je n’en ai pas très envie, mais la toile appartient aux Squibs maintenant. Un marché, c’est un marché.

Trois détonations sonores retentirent en contrebas et trois projectiles explosèrent non loin de sa tête, envoyant des éclats de rochers et du sable rebondir contre son casque. Leia inspecta le ravin et ne vit que du sable, de la roche et les reflets aveuglants des soleils.

— Où sont-ils ? demanda-t-elle.

— Dis-le-moi ! répondit Han. Si je le savais, je pourrais riposter.

Leia observa les environs un peu plus attentivement. Comme aucune autre volée de roche pulvérisée ne venait s’écraser contre son casque, elle commença à arroser un gros rocher d’un intense barrage de rayons laser.

— T’as vu quelque chose ? demanda Han.

— Non, rien. Mais je n’ai pas l’intention de rester allongée ici à ne rien faire…

— T’as raison.

Han ouvrit le feu et joignit ses rayons à ceux de son épouse. Le rocher explosa. Un guerrier Tusken, stupéfié par la désintégration de sa cachette, se releva précipitamment en épaulant son arme. Il était apparemment si terrifié qu’il visa bien au-dessus de leurs têtes. Leia décocha quelques rayons entre ses jambes et le Tusken détala dans le ravin.

Han choisit un autre rocher, semblable au précédent, et tira dessus à répétition. Leia se joignit à lui et la roche se fendit en deux. Personne ne se cachait derrière.

Un peu plus loin dans le canyon, les banthas poussèrent des meuglements de panique. Le troupeau se mit en route. C’est alors que le staccato des projectiles Tusken contre les rochers reprit de plus belle. Certains passèrent en hurlant au-dessus de la cachette de Han et de Leia.

Cette dernière essaya de tourner la tête pour se rendre compte si les Hommes des Sables étaient effectivement en train de tirer sur la cible qu’elle espérait, mais elle cogna son casque contre celui de Han.

— Apparemment, quelque chose a effrayé la horde, dit-il. Ça doit être le Faucon.

Leia entrevit des silhouettes en armure blanche qui tentaient de se frayer un chemin entre les pattes des banthas.

— À moins qu’il ne s’agisse de ces fantassins Impériaux…

Elle ouvrit le feu et inonda le sol à l’entrée du ravin. Les banthas se mirent à courir, balayant sur leur passage les silhouettes en armure. Les soldats se dispersèrent. Les plus malchanceux, tombés à terre, se mirent à ramper pour échapper au piétinement des animaux. Une rafale de rayons étincelants se produisit au cœur même de la horde. Les fantassins Impériaux venaient de réagir totalement à l’inverse de ce qu’il aurait fallu faire. Les banthas poussèrent des barrissements de colère et entreprirent de se défendre, les mâles mordant et piétinant les Impériaux, les femelles entraînant leurs petits dans une cavalcade infernale.

Les pillards Tusken firent irruption de derrière les rochers, ou bien de cachettes dans le sable, décochant un ou deux rayons en direction des époux Solo avant de se lancer à la poursuite de leur troupeau. Leia continua de canarder le sol près de la horde, essayant d’augmenter encore la confusion et de retarder les Impériaux.

Des rayons blasters vinrent frapper les roches juste derrière elle. Leia continua de tirer. Elama et Banai montaient la garde dans la direction opposée. À moins que l’un d’entre eux n’appelle à l’aide, il ne devait probablement s’agir que de fantassins Impériaux essayant de les déloger depuis la dune qui se trouvait derrière eux.

Dans le ravin en contrebas, les fantassins Impériaux et les Hommes des Sables foncèrent les uns sur les autres. Ils échangèrent quelques coups au passage mais continuèrent leur course chacun de leur côté, les pillards Tusken pourchassant les banthas, les fantassins Impériaux tentant de gravir la dune au sommet de laquelle les époux Solo s’étaient retranchés. La confusion avait été de courte durée.

Leia et Han tiraient frénétiquement dans tous les sens. Dix soldats s’écroulèrent, des trous fumant dans leurs armures. Trente autres apparurent, décochant des rayons d’énergie vers la crevasse, transformant le champ de rochers en un nuage de fumée parcouru d’éclats chauffés à blanc.

Une petite main tapota la jambe de Leia, au niveau du mollet.

— Il est temps de partir ! cria Elama. Voilà le vaisseau !

Han commença à ramper en arrière pour s’extraire de la crevasse.

— Pile à l’heure !

Leia resta où elle était.

— T’appelles ça être pile à l’heure, toi ? Je comprends pourquoi t’as eu des ennuis avec Jabba ! (Elle cessa de viser et, conservant le doigt appuyé en permanence sur la gâchette de son arme, décocha des rafales continues de droite à gauche par l’ouverture.) On ne peut pas partir tant…

Le reste de sa phrase – quelque chose comme « tant qu’on n’aura pas réglé leur compte à ces fantassins Impériaux » – fut totalement étouffé par le mugissement d’un missile à fragmentation en approche. Le ravin ne fut plus qu’une immense et aveuglante boule de feu en expansion d’où jaillirent des morceaux tourbillonnants de fantassins Impériaux.