19
On a porté ces fameuses poutrelles pendant quatre jours. Chaque soir, à l’heure de la distribution, je passais un sale moment, j’empochais l’argent sans broncher mais avec des espèces de crampes dans le ventre. Surtout que j’avais fait devant lui un rapide calcul et au prix où il faisait la bière ça voulait dire que chaque fois que j’en buvais une j’avais grimpé un coup pour rien, j’avais sué et souffert et gémi pour rien, je m’étais tué pour une toute petite bière. Bien sûr, il avait rien trouvé d’anormal à ça, il m’avait regardé en souriant et ce soir-là, j’avais roulé pendant deux ou trois heures avant de rentrer, j’avais pris des petites routes désertes à moitié : perdues dans la campagne, c’était une espèce de douche pour me nettoyer de tout ça, j’avais les carreaux grands ouverts et je me trimbalais dans la nuit pour reprendre un peu de forces, pour me débarrasser des derniers lambeaux de cette journée atroce. Ce soir-là, je me suis écroulé sur mon lit les bras en croix, ce soir-là et les autres.
J’ai eu l’impression que ces quatre jours ont duré mille ans. Je m’étais pas rasé une seule fois et j’avais de beaux cernes sous les yeux, à ce train-là j’allais finir par tomber mat et personne viendrait me relever au milieu de cette colline, le visage déchiré par les chardons et les ronces, les lèvres éclatées par la chaleur. N’empêche que vers la fin du quatrième jour, on a grimpé la dernière poutrelle et j’ai été pris d’un rire nerveux tout là-haut et les trois autres et moi on s’est assis une petite minute pour laisser la vie revenir en nous.
C’était bon de savoir qu’on avait fini, on a respiré un grand coup, je pouvais pas déplier mes doigts mais on était quand même venu à bout de ce tas de merde, on en avait fini avec ça et la journée était terminée. On est redescendu lentement dans la douceur du soleil couchant. L’enculé nous attendait tout en bas, il avait sauté de son engin et nous regardait arriver. On a rejoint les autres avec un sourire extatique. Je me suis essuyé la figure dans mon tee-shirt et je me suis dirigé doucement vers la camionnette, c’était bon de rentrer après un magnifique combat, le corps et l’esprit réunis dans l’ivresse de la fatigue, le regard braqué sur le ciel orangé et quelques oiseaux noirs qui piaillaient et tournoyaient dans l’air tiède. Mais la voix de l’autre a claqué dans mon dos comme une lanière de feu :
— HÉ DJIAN, TU VEUX QU’ON TE FILE UNE CHAISE AVEC UN COUSSIN POUR TON CUL… ??!!
Je me suis retourné mais il s’intéressait déjà plus à moi, il s’est adressé à toute la bande :
— Il reste encore une bonne demi-heure, les gars. On va grimper quelques sacs de ciment avant de rentrer…
Quelques types ont blêmi. Je me suis rapproché du groupe pour arranger les choses, c’était normal que le type se rende pas compte, il suffisait de lui expliquer le truc calmement, c’était ce qu’il fallait faire en premier.
— Écoutez, j’ai dit, c’est pas grand-chose une demi-heure et vous avez vu, toutes les poutrelles sont en haut maintenant. On a rudement bien bossé. Mais c’est vrai qu’on est un peu sur les genoux, ça crève les yeux…
Il a fait semblant de pas m’avoir entendu, il m’a pas regardé. Il a fait un signe de tête en direction des palettes de ciment qui s’entassaient un peu plus loin.
— Bon, allez-y et surtout faites gaffe de ne pas m’éventrer des sacs, il a fait.
J’ai tourné les talons et j’ai marché vers la camionnette. Je me suis installé derrière le volant sans jeter un seul coup d’œil derrière moi. L’enculé a braillé quelque chose que j’ai pas compris, j’ai tourné la clé de contact. Avant de démarrer, je me suis penché dehors en tenant la porte ouverte :
— SI Y’EN A QUI VEULENT RENTRER, C’EST MAINTENANT !! j’ai crié.
Mais ils ont pas bougé et dans la seconde qui suivit, j’ai vu l’enculé accroché à ma portière, grimaçant comme un fou furieux.
— T’es viré, Djian, sors de là… t’es viré, mon vieux, il a grogné.
Dans un accès de rage, il a essayé de m’attraper à travers le carreau mais heureusement je lui ai coincé le bras et je l’ai tordu sauvagement à l’envers. J’ai éprouvé un plaisir un peu spécial en l’entendant hurler. Ensuite je l’ai lâché, il s’est rétamé par terre et j’ai démarré.
J’avais pas fait cent mètres qu’un type a enjambé la vitre arrière et s’est installé à côté de moi. C’était le vieux qui avait travaillé avec moi, celui avec des bras comme des allumettes.
— Eh ben, je crois qu’on a perdu notre boulot, il a fait.
— Ouais, ça m’en a tout l’air.
— Note bien que ça m’est complètement égal, il a ajouté.
— Ouais, ben ça je peux pas en dire autant. Je suis dans une mauvaise passe.
Il s’est marré dans son coin, les mains posées à plat sur les cuisses.
— T’es jeune, il a fait. Ouais, t’es encore jeune, t’as pas fini d’en voir…
On a traversé la ville avec une cigarette brûlante aux lèvres. J’ai garé la camionnette devant le local désert et le vieux et moi on a décidé d’aller boire un coup un peu plus loin pour se changer les idées et tirer un trait sur l’enfer.
Vers une heure du matin, je suis sorti du bar en titubant légèrement. Le vieux s’était endormi sur une table et j’avais profité que le patron ait le dos tourné pour filer en vitesse. J’avais laissé un billet sur la table, je pensais que ça serait suffisant, j’avais compté large mais je me voyais mal en train de ramener un vieil ivrogne à sa femme, je pouvais pas faire un truc comme ça. On avait passé un bon moment ensemble, on avait déconné avec la serveuse, son cul m’excitait avec son petit tablier blanc, on s’était pris aussi quelques fous rires sur des conneries et parfois il disait tu sais j’ai pas envie de mourir du tout, il disait ça avec le regard dans le vide et je lui répondais moi non plus j’ai pas envie de mourir, personne ici a envie de mourir, imbécile, et ensuite on se faisait amener des verres en vitesse, on voyait voler le petit tablier blanc, on trouvait qu’on était pas assez sonné.
J’étais pas du tout en état de conduire. J’ai déboîté lentement et je me suis tenu serré à droite comme une limace peureuse, je me demandais même si je serrais pas trop, n’y pense pas, je me disais, pense pas à ça, t’es incapable de conduire, enfoiré, mais tu t’en tires pas mal, t’endors pas surtout, t’as pas encore fait une seule connerie depuis le départ, tu vas y arriver, tu vas le faire, je te dis. Mes mains transpiraient sur le volant, je transpirais de partout, je roulais à 40 et heureusement, le coin était assez désert. Cent mètres avant d’arriver à un carrefour, je commençais déjà à freiner et je regardais plusieurs fois dans tous les sens, bon sang, je me disais, si chacun avait une voiture neuve y’aurait moins d’accidents, dommage que tout le monde ait pas quelque chose à perdre.
J’ai mis deux fois plus de temps mais je suis arrivé sans encombre. Je me suis assis sur la table de la cuisine et je me suis passé de la pommade sur les bras, un truc bien gras et bien sûr j’en ai mis deux fois trop, comme si j’avais trempé mes bras dans un pot de miel, merde de merde je savais plus quoi faire avec ça. Nina aurait trouvé un moyen pour réparer ça, je me serais amené vers elle en grimaçant et je l’aurais laissée faire. Je me suis demandé où elle était, je me suis demandé si elle pensait à moi de temps en temps comme je pensais à elle. Je me suis traîné jusqu’au lit en gardant les bras écartés du corps. Je devinais encore son parfum dans les draps et un matin je l’avais regardée disparaître dans mon rétroviseur. J’ai pensé je serai heureux si je la retrouve dans une autre vie, j’espère que je serai moins seul dans une autre vie, j’espère que tu me feras pas un coup pareil une nouvelle fois, espèce de fille de pute. Ensuite je suis parti dans un sommeil agité, le corps brisé en mille miettes.
Le lendemain matin, quand je me suis réveillé, on était un samedi midi. J’ai un peu traîné mais j’avais envie de rien, j’avais mal partout, je pouvais rien faire. Je suis retourné au lit. Quand je me suis réveillé la deuxième fois, c’était dimanche midi. Le téléphone sonnait depuis déjà un bon moment quand je me suis décidé à décrocher. C’était Yan. Je lui ai dit que j’étais pas prêt mais qu’il avait qu’à passer à la maison. J’ai filé sous la douche et j’ai laissé l’eau couler sur mon crâne en fermant les yeux. Je me sentais un peu triste. J’ai attendu que ça se passe.
Yan s’est pointé et on a pris ma voiture, on a trouvé un coin avec des magasins ouverts. On a essayé de réfléchir avant de descendre et de s’embarquer dans une partie de lèche-vitrines.
— Ah merde, j’aime pas être pressé, j’aime pas faire ça au dernier moment… Ah, en plus j’ai aucune idée, a fait Yan.
— Bon, une yaourtière ou un grille-pain ou une connerie dans ce goût-là…
Il m’a regardé en haussant les épaules.
— Oh et puis merde, j’ai dit, compte pas sur moi pour trouver une idée de génie. Ça m’amuse pas tellement d’y aller.
On a fait une vingtaine de mètres sur les trottoirs et dans un magasin quelconque on a trouvé un truc pas trop mal, avec juste la pointe de mauvais goût nécessaire et on l’a acheté. Le type nous a fait un paquet cadeau avec le cobra empaillé, dressé sur sa queue, il avait deux perles noires à la place des yeux, ça faisait un chouette cadeau.
Il y avait déjà un monde fou quand on est arrivé. J’ai garé la voiture, j’ai pris le cobra sous mon bras et on a cherché les deux tourtereaux. Les gens se baladaient dans le jardin avec des verres et des amuse-gueules, certains étaient couchés sous les arbres et d’autres plongeaient dans la piscine. On s’est rabattu sur la maison et toutes les baies étaient grandes ouvertes et on les a trouvés dans le salon avec le sourire aux lèvres, ils avaient l’air en pleine forme, santé, fric, jeunesse, ils avaient l’air intouchables. Marc s’est avancé vers moi les bras tendus :
— Bon sang, il a fait, tu peux me croire. Je suis content que tu sois venu.
Je lui ai collé le cobra dans les mains en lui adressant un vague sourire et je me suis dirigé vers Cécilia. Encore une fille qui me laissait tomber, une fille qui sortait de ma vie, heureusement que j’avais l’estomac solide. C’est quand même con d’être un écrivain de ce niveau et de voir que la vie me réserve que des merdes, privé de femme, privé d’argent, privé de ces moments de bonheur intense que procurent quelques pages un peu chiadées. Elle me regardait en souriant gentiment, ça pouvait pas être pire, c’était mortel après la semaine que je venais d’endurer, C’ÉTAIT MORTEL DE VIVRE CET INSTANT PRÉCIS AVEC TOUS CES CONS AUTOUR DE NOUS ALORS QUE J’AURAIS DONNÉ MON ÂME POUR LA BAISER, JE LE JURE. Je me suis repris aussitôt, j’ai arrêté de divaguer et j’ai mis une main sur son épaule d’un air décontracté :
— J’espère que ça se fait toujours d’embrasser la mariée, j’ai dit.
— Bien sûr. Amène-toi, elle a fait.
Je me suis penché vers elle, j’ai mis ma figure dans ses cheveux et c’était comme un léger suicide, comme un coup d’aile près des flammes.
— T’étais ma dernière chance, je lui ai dit.
Ça l’a fait rire.
— Garde ça pour tes bouquins, elle a fait.
— Tu rigoles, j’ai dit, je mettrais pas une connerie pareille dans un bouquin. Je sais bien que personne y croirait. C’est trop difficile à piger.
Je lui ai envoyé un regard glacé et je suis sorti dans le jardin. Je me suis arrêté sous un palmier pour essayer de repérer le buffet, je voyais tous ces connards déambuler avec des verres pleins, il faisait une chaleur orageuse, je me sentais énervé. Les femmes lançaient des rires aigus et les types transpiraient sous le soleil, ils se tenaient par petits groupes colorés et discutaient et chacun voulait s’en tirer le mieux possible, ils semblaient tous prêts à baiser et chaque regard brillait du même désir secret, du même besoin tragique, du style oh regardez-moi, écoutez-moi, aimez-moi, je vous en prie me laissez pas tout seul… En tant qu’écrivain, je suis heureux de vivre une époque où la plupart des gens sont cinglés, torturés par la solitude et obsédés par leur forme physique. Ça me permet de travailler tranquillement mon style.
J’étais là en train de me demander quelle direction j’allais prendre quand une femme m’a pris par le bras, une femme sur le déclin avec un sourire violent et bronzée à mort.
— Quelle chaleur, elle a fait. Je peux vous aider à trouver un verre si c’est ce que vous cherchez…
Elle portait une robe en lamé, elle semblait incapable de se tenir tranquille là-dedans, sans compter une paire de nichons incroyable et un parfum délirant.
Je l’ai suivie et j’ai pu constater que le bar était quelque chose de sérieux. Je me suis fait confectionner un Blue Wave pendant que la bonne femme restait accrochée à mon bras comme une poupée de caoutchouc, je sentais pas vraiment sa présence, je sentais rien de spécial sinon que j’étais un type en plein soleil réalisant lentement qu’il s’est pointé au mariage d’une ex-et j’ai eu la vision fugitive d’un pont emporté par un raz-de-marée furieux. J’ai vidé mon cocktail et j’en ai demandé un autre, ensuite j’ai trouvé un endroit à l’ombre et j’ai pu m’asseoir un peu dans l’herbe, légèrement à l’écart. La femme était toujours là, c’était un vrai moulin à paroles mais visiblement ce qu’elle disait n’avait aucune espèce d’importance, elle-même n’y prêtait pas attention, tout ce qu’elle faisait c’était de me regarder avec insistance comme si elle voulait m’ensorceler ou m’avaler vivant. J’ai supporté son baratin cinq minutes et puis je me suis allongé sur le dos, j’ai fermé les yeux.
— Ce que j’aime, c’est les filles de seize ans, j’ai dit. Quand elles ont un ou deux poils sur la chatte et qu’elles sont prêtes à tout donner.
J’ai soulevé un œil et je l’ai vue s’éloigner et se perdre au milieu des autres sous une drôle de lumière. Si j’étais un type cynique, je dirais qu’elle retournait apporter sa contribution à la folie générale. Parfois j’oublie tout le côté marrant des choses.
J’étais en train de grignoter des trucs en discutant avec le type qui tenait le bar quand Marc s’est amené. Il m’a attrapé par les épaules et j’ai trouvé qu’il avait pris de l’assurance, il souriait comme un type qui vient de toucher le gros lot pour la troisième fois.
— Il faut qu’on reste copains, il a dit. Je regrette tout ce que j’ai fait.
J’ai fait semblant de réfléchir un moment et j’ai hoché la tête.
— Bon, c’est d’accord, j’ai dit. Je bois à votre santé à tous les deux.
Il a eu l’air ravi et s’est empressé de sortir un carnet de chèques de sa poche. Il s’est mis à en remplir un au milieu des amuse-gueule et me l’a tendu.
— C’est pour l’histoire qui est arrivée à ta voiture, il a expliqué.
J’ai jeté un coup d’œil au chèque. La voiture valait même pas la moitié de ça, Marc était devenu un type sérieux.
— Dis donc, j’ai fait, les affaires ont l’air de marcher…
— Ouais, je peux dire que j’ai plus de soucis à me faire. Mon père me fait hériter de son vivant. J’aime autant te dire que je vais pouvoir me mettre à écrire plutôt sérieusement. Je sens que je suis prêt à foncer, mon vieux.
Je l’écoutais plus vraiment, je pensais à ce fric qui me tombait du ciel, ça voulait dire que j’allais pouvoir respirer un moment et ça m’a rendu euphorique, j’ai eu l’impression d’avoir un temps incroyable devant moi, c’était comme si je m’étais retrouvé en plein ciel.
Je me suis senti le cœur léger tout le restant de l’après-midi, et le soir, au moment où le soleil se couchait, j’ai piqué une tête dans la piscine déserte. J’étais en train de faire la planche en regardant les étoiles quand une fille a sauté du plongeoir. Ça a fait des vagues autour de moi. C’est toujours quand on est en train de goûter à la tranquillité qu’elles s’amusent à faire des vagues, quand c’est pas une bonne tempête ou un tremblement de terre, souvent elles font exactement le contraire de ce qu’on voudrait et Cécilia, aujourd’hui, elle battait tous les records. Elle a fait surface à côté de moi. Je devais être malade car je me suis senti déchiré par son visage, cette fille me faisait vraiment quelque chose mais j’étais quand même pas assez fou pour laisser paraître quoi que soit.
— Belle soirée, j’ai dit.
Elle m’a envoyé un de ces regards auxquels je peux pas résister mais j’ai résisté, je sais pas pourquoi mais je me sentais plutôt à l’abri dans l’eau et le fric de Marc m’avait redonné la pêche. Je lui ai fait un sourire à la con pour qu’elle comprenne que c’était pas la peine de se fatiguer. Mais rares sont les filles qui comprennent ce genre de message et la preuve c’est qu’elle a insisté :
— Dis-moi, elle a fait, qu’est-ce que c’est que cette connerie que tu m’as racontée tout à l’heure… ?
— Je plaisantais, j’ai dit.
— J’en suis pas certaine, elle a fait.
— Bon, c’est vrai, t’as raison. Je vais sûrement me foutre en l’air parce que t’es irremplaçable, on trouve pas facilement des filles comme toi, des filles qui savent abattre leur jeu au bon moment…
— Oh, ça suffit, elle a fait. Arrête ça, je t’en prie, je connais Marc depuis que je suis toute petite, on a presque été élevés ensemble, alors pourquoi pas lui, qu’est-ce que ça change… ? Et son père voulait pas lâcher un seul billet avant qu’il soit marié, oh merde, ça t’amuse de faire l’imbécile, ça t’amuse de me raconter des trucs comme ça… ?
— Écoute, j’ai dit, je commence à avoir un peu froid. Ça te fait rien de continuer sans moi ? Je vais essayer d’aller me mettre un ou deux trucs sous la dent, je dirai à Marc de venir voir si t’as besoin de rien.
Je suis sorti de la piscine sans qu’elle réagisse. Il faisait bon, je me suis séché et rhabillé sans faire attention à elle, on peut pas toujours choisir la voie la plus difficile, on peut pas toujours être prêt à tenir tête à une fille à moins d’être complètement inconscient, il faisait vraiment bon maintenant et j’avais la forme, j’ai marché vers les lumières de la baraque.