CHAPITRE VI
Réacteurs stoppés, le Pluton flottait dans la nuit de l’Espace Interdit. Installé dans le siège du copilote, Stan se rongeait les ongles avec furie. Guérik, devant les cadrans du tableau de bord, somnolait. Robi, debout derrière eux, attendait. Quant à Kora, elle était toujours allongée sur la couchette au fond de l’habitacle.
Ils avaient réussi à neutraliser l’élan de l’astronef et, pour autant qu’ils puissent en juger, à l’immobiliser. Et, depuis des heures, ils attendaient. Quoi ? L’indice d’un déplacement, aussi faible qu’il fût. L’amas des astronefs accumulés depuis des siècles devait attirer la masse du Pluton. C’était mathématiquement certain. Malheureusement, et Robi le constatait avec regret, on ne disposait d’aucun moyen pour savoir si le Pluton était attiré d’un côté ou de l’autre. Pour l’excellente raison que, pour constater un déplacement, il faut un point de repère. Et ils n’en avaient aucun. Peut-être l’astronef tombait-il vers les autres…, peut-être aussi, ne bougeait-il pas. Pourtant, le Cerveau avait affirmé « Vous en sortirez quand vous voudrez…». Mais Robi n’avait pas encore déifié le Cerveau. Si celui-ci s’était trompé…
Cap au nord galactique, douze degrés ouest, déclinaison quarante-cinq, dit la voix.
Stan n’avait pas bougé. Guérik se tourna vers lui et demanda :
— Quelle déclinaison ?
— Je n’ai rien dit, grogna Stan.
Du doigt, il montrait Robi. Mais ce dernier affirma comme lui :
— Je n’ai pas prononcé un mot.
— Cap au nord, douze ouest, déclinaison quarante-trois, répéta la voix.
Ils comprirent tous trois en même temps. La voix provenait du haut-parleur de l’appareil-radio ! Par quel hasard était-il encore en marche ?
— S’il vous plaît ! insista le haut-parleur. Qui que vous soyez, cap au nord, douze ouest, déclinaison quarante-trois.
La voix eut un tremblement très perceptible.
— N’y a-t-il personne de vivant à votre bord ?
Guérik manœuvra la commande de transmission en duplex et répondit :
— Qui êtes-vous ?
— Astronef Stella, 5e escadre de surveillance, en perdition dans l’E.I. comme vous. Et vous, qui êtes-vous ?
Stan eut un demi-sourire et écarta Guérik.
— Astronef de tourisme Pluton.
— Un tourisme dans l’E.I. !… s’exclama l’autre, stupéfait.
Puis, sur un ton menaçant :
— Ignorez-vous qu’il est interdit aux tourismes de s’approcher des failles de l’espace ?
— Et vous, fit Stan en ricanant, ignorez-vous qu’il est interdit aux astronefs de surveillance de pénétrer dans l’E.I. ?
— La plaisanterie n’est pas de mise. Cela vous coûtera fort cher, soyez-en certains.
— Oui, grogna Stan avec hargne. A la condition que nous sortions d’ici. Parce que, dans l’E.I., surveillance ou tourisme, nous en sommes au même point.
Il y eut un long silence. Robi avait saisi, du bout des doigts, l’épaule de Stan et contraignait celui-ci à se tourner vers l’écran du radar.
Un point vert apparaissait sur l’écran : le Pluton. Et, dans un angle, une minuscule étincelle jaunâtre : le Stella. Les ondes-radar se réfléchissaient sur l’astronef de surveillance.
Le haut-parleur reprenait :
— C’est donc ça ! Je n’avais pas pris garde au nom Pluton. Etes-vous Stan, le hors-la-loi ?
— Je suis Stan, le libertaire, répondit le compagnon de Guérik.
— Au nom du Conseil des chefs, je vous somme de vous rendre. Nous avons tous reçu l’ordre de tirer sur vous si vous tentez de fuir.
Stan éclata de rire.
— C’est ça, tirez ! répondit-il. Nous pourrons ainsi vérifier si les bombes nucléaires explosent dans l’E.I. comme dans notre univers habituel. Décidément, vous ne craignez pas le ridicule.
L’autre ne dit rien.
— De toute façon, insista Stan, si vous parvenez à nous détruire, ce dont je doute, vous n’irez pas faire votre rapport au Conseil des chefs. Il existe un moyen de sortir de l’E.I., mais je suis seul à pouvoir l’appliquer. J’ajouterai que votre Stella appartient à une série d’astronefs déjà périmés, et que, si je décide de fuir, je serai hors de portée de votre radar avant que vos bombes aient parcouru la moitié de la distance qui nous sépare.
A voix très basse, il murmura à l’intention de Guérik :
— Profites-en…, tu as notre position sur l’écran. Note nos déplacements.
— Mais je…
Guérik n’avait pas compris.
— Bravo, Stan, dit Robi. Bien joué. Tenez-les le plus longtemps possible.
Stan recommençait à parler à voix haute à l’intention de ses lointains correspondants, pendant que Robi s’approchait de Guérik et lui expliquait en quelques mots le dessein de son chef.
— Oh ! oui. Oh ! oui, balbutia Guérik.
Il commença immédiatement une série de micro mesures sur l’écran-radar. L’idée de Stan était presque géniale, compte tenu du fait que le Stella n’était apparu que depuis quelques secondes sur cet écran, et que, lui, Stan, tenait avec ceux de l’astronef de surveillance une conversation plutôt animée.
Jusqu’alors, on n’avait pu mesurer les déplacements du Pluton et, en particulier, l’infime attraction que devait exercer sur lui la masse des astronefs qui s’étaient probablement rassemblés quelque part dans l’E.I. Pourquoi ? Parce qu’on ne disposait d’aucun repère.
Or, désormais, grâce au Stella, on disposait, sur l’écran-radar, du minuscule point vert qui représentait le Pluton. Une échelle micrométrique placée sur l’écran pouvait permettre de déceler les déplacements de l’astronef…
Deux minutes s’écoulèrent. Stan en était à un échange de propos presque injurieux avec son correspondant du Stella…
— Déceles-tu quelque chose ? souffla-t-il. Fais vite… Je ne tiens à prendre aucun risque !
— Quelques secondes encore… Il faut une certitude !
Brusquement, Guérik fit disparaître l’échelle micrométrique.
— As-tu réussi ? murmura Stan.
— Oui. De justesse. Une masse nous attire très faiblement, presque dans la direction opposée au Stella.
Stan avait à demi fermé les yeux.
— Si c’était un autre astronef, sa masse étant comparable à celle du Stella, nous l’apercevrions sur le radar. Nous ne le voyons pas. Donc, c’est une masse beaucoup plus importante, et beaucoup plus éloignée de nous que le Stella. Guérik, mets en marche les réacteurs, change de cap, et fonce dans la direction que tu as déterminée. Les astronefs de la série Stella sont moins rapides que nous. Dans quelques minutes, ils nous perdront de vue sur le radar : nous sommes à la limite de visibilité.
— Entendu, dit Guérik.
Robi murmura :
— Beau travail.
Stan ne parut pas entendre. Sans doute voulait-il prouver à leur passager inattendu qu’il savait réfléchir, lui aussi, quand son cerveau était libre d’émotions. Il ne perçut pas le léger sourire de Robi. Ce dernier avait, entre autres choses, une énorme supériorité sur les humains : quoi qu’il advînt, ses trois cerveaux raisonnaient logiquement. Robi ne connaissait ni l’affolement ni la fatigue.
Le Pluton changeait de cap. Stan s’adressait au Stella.
— Ecoutez-moi, vous, du Stella. Nous possédons un moyen pour sortir de l’E.I. Nous allons l’utiliser. Il se peut que vous en sortiez en même temps que nous. Si cela se produit, je vous demande de ne jamais oublier que, moi, Stan, que vous pourchassez, je vous ai sauvés. Terminé.
Il coupa l’émission comme la réception. Robi, un peu à l’écart, se dit que Stan ne laissait rien au hasard. Si le Stella sortait avec eux de l’E.I., son équipage n’oublierait jamais.
Que c’était grâce à Stan.
* *
*
… Tout s’était éteint sur l’écran-radar dès qu’ils avaient été trop loin du Stella pour que les ondes, affaiblies, ne puissent revenir jus-qu’au Pluton. Ils avaient navigué à pleine vitesse pendant des heures. Stan n’avait pas osé passer en hyperpropulsion, car il ignorait tout de la distance qui les séparait de l’amas d’astronefs qu’ils recherchaient. De l’avis de Robi, on ne pouvait en être bien loin, puisque le Cerveau avait affirmé « Vous sortirez de l’E.I. quand vous voudrez ».
Et, de fait, soudain, le point vert du Pluton réapparut au centre de l’écran. Sur la droite, dans un angle, il y avait une étincelle rougeâtre, qui grossissait rapidement.
— Je crois que nous y sommes, fit Robi.
Guérik calculait la distance : une heure de route à peine. Bientôt, il put avoir une idée de la masse vers laquelle ils se dirigeaient. Une cinquantaine de fois celle du Pluton. Selon toute vraisemblance, c’était bien un amas d’astronefs.
— De quelle façon vous y prendrez-vous ? demanda Robi.
Stan expliqua sans hésiter :
— Nous allons d’abord nous placer en orbite autour de cette sorte de planète artificielle. Puis nous annulerons notre propre champ gravitique. En état d’apesanteur, il ne nous sera pas difficile, à Guérik et à moi, de projeter l’une après l’autre les caisses de libérium dans l’E.I. L’attraction exercée par le Pluton étant très faible, j’espère que les caisses atteindront la zone d’attraction de l’amas d’astronefs, et qu’elles se déposeront sur celui-ci l’une après l’autre. La dernière sera accompagnée de notre réacteur de secours équipé du système électronique de mise à feu à distance. Après quoi, nous reviendrons ici… Le Pluton s’éloignera à l’extrême limite d’utilisation des ondes. A ce moment-là, nous commanderons la mise à feu du réacteur de secours. Et nous verrons !
Robi approuvait de la tête.
— Extrêmement simple, en effet, fit-il. Le seul écueil, c’est que, peut-être, les caisses ne seront pas captées par l’attraction des astronefs et reviendront vers le Pluton.
— Dans ce cas, nous recommencerons, dit Stan, en diminuant le diamètre de notre orbite. J’avais envisagé de laisser le Pluton se joindre de lui-même, réacteurs arrêtés, à l’amas des astronefs… Tout aurait été plus simple encore. Mais, pour repartir, la mise à feu de nos réacteurs provoquerait presque à coup sûr une catastrophe. Cinq tonnes de libérium se désintégrant en une fraction de seconde sous la coque du Pluton… Vous vous rendez compte ?
Robi approuva encore, et n’objecta plus rien. Si Stan l’avait mieux connu, il se serait étonné de ce silence. Car Robi n’avait pas coutume de laisser ses compagnons accomplir toute la besogne… Pourtant, il n’avait pas protesté quand Stan avait dit : « Guérik et moi, nous projetterons les caisses dans l’E.I…».
C’est que Robi avait longuement réfléchi pendant que le Pluton se rapprochait des autres astronefs. Le passage dans l’Espace Interdit, pour aussi périlleux qu’il soit, ne l’intéressait guère, pas plus que la possibilité d’une dislocation du Pluton dans la fantastique explosion qui, espérait Stan, allait briser un fragment d’E.I. Il était conditionné de façon à changer d’univers, ou, du moins, de galaxie ou de système solaire, une infime fraction de seconde avant que son corps ne soit détruit. On ignore la peur quand on ne court aucun risque. C’était donc avec un détachement presque absolu qu’il regardait agir Stan et Guérik.
En revanche, une chose l’intéressait follement : le Cerveau. Être ou machine, celui-ci paraissait régner en maître souverain sur le monde, et pas seulement sur l’univers qu’ils venaient de quitter. A n’en pas douter, il connaissait les propriétés de l’Espace Interdit, tout comme il savait que le Pluton transportait cinq tonnes de libérium, et que l’astronef avait été pourchassé par quatre croiseurs ! Mieux : il prétendait voir à l’intérieur du Plu-ton, sans le secours d’aucun appareil de communication. Le Cerveau était un être ou une machine extrêmement évolué et qui, en pratique, paraissait tout savoir.
D’où l’idée de Robi : « Lui seul pourra, peut-être, me dire où se trouve la planète Mater sur laquelle j’ai été fabriqué… Et, peut-être, grâce à lui, pourrai-je revenir sur cette planète et retrouver Allan Premier, mon créateur…» Il ne disait pas « mon père », c’eût été stupide pour un robot, mais les sentiments qu’il éprouvait envers Allan Premier étaient bien ceux d’un fils affectueux.
A cette seule pensée que le Cerveau pouvait peut-être l’orienter vers planète Mater, il en oubliait tout le reste ! Mais…
— Et si vous interrogiez le Cerveau ? demanda-t-il en affectant l’indifférence.
Il nota que les regards de Stan et de Guérik se reportaient sur la montre du tableau de bord.
Stan secoua la tête.
— A 10 h 17, fit-il. Et encore ! Nous ignorons s’il peut communiquer avec nous dans l’E.I…, et nous ignorons également si le temps, dans l’E.I. La même valeur que dans notre univers.
Évidemment. Mais, déjà, Robi savait ce qu’il voulait savoir. Il avait calculé très vite. Le précédent contact avec le Cerveau avait eu lieu à 4 h 6. La réponse de Stan avait été si rapide que, vraisemblablement, toutes les émissions du Cerveau étaient séparées par un laps de temps constant. Entre 4 h 10 et 10 h 17, six heures sept minutes. Désormais, si son hypothèse était exacte, Robi connaissait les heures au cours desquelles on pouvait communiquer avec le Cerveau.
Bien sûr, il n’en dit rien à ses compagnons : c’était une affaire strictement personnelle.
Il se contenta de remarquer à voix basse :
10 h 17… C’est-à-dire dans un peu moins d’une heure. Ça va être à peu près au moment où nous graviterons en non-pesanteur, autour de l’amas d’astronefs. Et vous serez très, très occupés…
— Évidemment, fit Stan, soucieux. Pourtant… J’aurais aimé savoir si nous ne commettons pas quelque blague !
Il réfléchissait. Lentement, il demanda :
— Il serait préférable que vous aidiez Guérik à lancer les caisses dans l’E.I., pendant que j’interrogerai le Cerveau ici.
Robi se mit à rire.
— J’y avais pensé, figurez-vous. Malheureusement, je tiens à ma peau.
— Que voulez-vous dire ?
— Combien de combinaisons d’espace avez-vous à bord ?
— Trois. La mienne, celle de Guérik et celle de Kora.
Robi continuait à rire. Il y avait un certain mérite, parce qu’il mentait outrageusement et, pour un robot, même presque humain, ou plus qu’humain, cela provoque de fâcheuses réactions dans les circuits électroniques.
— Sans aucune vanité de ma part, regardez-vous, et regardez-moi… Vous êtes plus grand que Guérik. Mais je ne vois pas très bien comment je m’introduirais dans votre combinaison d’espace. J’ai une demi-tête de plus que vous. En outre, je n’ai jamais revêtu ces vêtements-là, et je suppose qu’il faut un certain apprentissage…
A la vérité, il était parfaitement capable de se passer de toute protection, même dans le vide absolu, et sa respiration n’était qu’un simulacre, mais il se gardait de le dire.
Stan hésita, puis haussa les épaules.
— Soit ! Vous resterez ici pendant que nous larguerons les caisses. D’ailleurs, peut-être aurons-nous le temps d’interroger le Cerveau avant de passer dans la soute et dans le sas.
* *
*
… La chance favorisait Robi. Il était 9 h 40 quand le Pluton se mit en orbite autour de l’amas d’astronefs. Or, Kora ne bougeait toujours pas, Stan l’avait vérifié plus de dix fois.
L’inquiétude et l’impatience rongeaient l’esprit du chef du Pluton. Il décida alors de ne plus attendre.
Il revêtit de nouveau la combinaison d’espace, et Guérik l’imita. Ensuite, mais ensuite seulement, il coupa presque complètement la gravité artificielle, tout en laissant subsister, cependant, une faible partie du champ.
Avec une démarche d’hommes ivres, Stan et Guérik se dirigèrent lentement vers le sas, ouvrirent, puis refermèrent derrière eux la porte de communication.
Robi était assis sur le siège du copilote. Avec précautions, il leva le bras… Ce simple mouvement faillit le soulever du siège ! Il n’avait aucune habitude de l’apesanteur, mais ne s’en inquiéta pas. Il n’avait nul besoin de se lever : l’appareil qui permettait de communiquer avec le Cerveau se trouvait devant lui, au-dessous du tableau de bord.
Il attendit, rêveur, qu’il fût 10 h 17… Stan et Guérik n’auraient probablement pas encore fait passer les cinq tonnes de libérium de la soute dans le sas.
Attendre… Aucune importance pour Robi : il pouvait placer tous ses circuits en sommeil sans, pourtant, perdre conscience de ce qui l’entourait. A 10 h 17, il mettrait en marche l’appareil comme il l’avait vu faire à Guérik.
Pourtant, c’est peu avant l’heure fixée qu’une voix retentit à son oreille. Une voix grave, un peu rauque, une de ces voix boule-versantes comme en ont certaines chanteuses « réalistes ».
Ainsi, vous venez d’un autre monde ? demandait la voix.
Robi se retourna un peu trop promptement, si bien qu’il dut se cramponner aux bras du siège pour ne pas quitter celui-ci.
Kora était devant lui, debout, très pâle, mais les yeux grands ouverts et un léger sourire aux lèvres.
— Vous pouvez donc bouger ? fit-il, surpris.
Parce que Stan a presque totalement annulé la pesanteur, répondit-elle. Je suis très affaiblie, mais, dans ces conditions-là, j’ai l’impression d’être devenue une plume.
Elle posait les deux mains sur le dossier du siège, appuyait un peu… Ses pieds se soulevèrent du sol. Elle rit doucement.
— Cette sensation n’est pas désagréable, avoua-t-elle. On a l’impression d’être un pur esprit.
Ardemment, Robi lisait en elle pendant qu’elle parlait. Non sans quelque étonnement, il découvrait une femme très différente de ce qu’il avait imaginé. Parfaitement équilibrée, d’une intelligence aiguë, intrépide, ignorant la peur, avec, pourtant, une sensibilité très féminine.
Vous ne m’avez pas répondu, insistât-elle. Venez-vous vraiment d’un autre monde ?
— Oui, reconnut-il. Mais ne me demandez pas duquel. Les systèmes planétaires sont si nombreux que…
— Je sais, je sais, dit-elle avec impatience. Prenez garde : il va être 10 h 17.
— Mais…
— J’avais supposé que si vous avez tenu à rester ici, c’était pour interroger le Cerveau. Oui ou non ?
— Oui.
— Mais pas tellement pour savoir si Stan réussira à nous tirer de l’E.I. Plutôt pour demander quelque chose qui vous concerne en particulier. N’est-ce pas exact ?
Il lisait en elle une extraordinaire curiosité. Elle ne pensait pas du tout à leur situation précaire, mais uniquement à ce nouveau compagnon « venu d’un autre monde ».
— Je suis invinciblement attirée par tout ce qui est insolite, avoua-t-elle en riant de nouveau. Attention… Vingt secondes encore, et il est l’heure. Méfiez-vous, la communication est très brève.
Il mettait en marche l’appareil, tout en demandant :
— Vous avez donc entendu tout ce que nous avons dit depuis notre entrée dans l’E.I. ?
— Oui. Je n’avais pas assez de forces pour bouger, mais j’entendais à merveille. 10 h 17…Interrogez le Cerveau.
Robi se plaça devant l’appareil.
— Cerveau, m’entends-tu ? Sais-tu qui je suis ?
Et la voix mécanique du Cerveau répondit :
— Évidemment. Tu es Robi, le robot plus qu’humain de la planète Mater.