CHAPITRE III

 

Avec curiosité, Robi guettait l’instant où le Pluton passerait dans l’Espace Interdit. Qu’allait-il se produire ? Un choc ? Un total bouleversement de l’équilibre à l’intérieur de l’astronef ?

Il n’y eut rien. Rien du tout, sinon que toutes les lumières des constellations s’effacèrent d’un coup, comme un tableau noir sur lequel on passe l’éponge d’un geste rapide.

Autour d’eux, c’étaient les ténèbres. Le silence aussi. Jusqu’au léger bruissement des réacteurs que l’on ne percevait plus. La carte galactique elle-même était noire. On n’y discernait plus le point vert du Pluton.

— Tu as gagné, Stan, dit Guérik avec tristesse.

Robi devina qu’il se levait à tâtons, qu’il tendait le bras afin de savoir si Stan était toujours là.

Mais Stan n’y était plus. Il s’était déjà élancé vers Kora, dans les ténèbres.

— Vous avez certainement un moyen pour faire de la lumière, dit Robi tranquillement.

— Oui, oui…, balbutia l’autre.

Robi comprit qu’il tâtonnait, à la recherche de quelque commutateur… Tout à coup, la lumière jaillit, l’intérieur du Pluton s’illumina. Guérik affecta de ne pas regarder vers le fond de la salle, vers cette couchette près de laquelle, de nouveau, son chef s’était agenouillé. L’air lugubre, il mâchonnait une tablette qu’il venait de glisser dans sa bouche, tout en étudiant, à travers l’immense hublot, la nuit épaisse.

Robi vint se camper à son côté. C’était donc ça, l’Espace Interdit ? A première vue, il n’y avait rien de redoutable, sinon la nuit. Mais, pour Robi, l’obscurité n’avait rien d’épouvantable. Bien au contraire, elle donnait une réconfortante sensation de solitude succédant à la fièvre de la poursuite.

— Eh bien ! fit Guérik à mi-voix, nous y sommes… Reste à en sortir.

Robi s’assit sur le siège du copilote.

— Est-ce que vous vous méfiez toujours de moi ? demanda-t-il.

L’autre lui jeta un regard maussade.

Non. Pas depuis que vous avez soulevé Stan d’une seule main pour le poser derrière vous comme une marionnette. Nous n’avons pas d’armes. Il est évident que, si vous nous vouliez du mal, votre force physique est telle que vous vous débarrasseriez de nous en quelques secondes. D’autre part, vous n’avez rien objecté quand nous avons décidé de passer dans l’E.I. Si vous étiez un vulgaire espion, vous auriez tout fait pour nous en empêcher. Non, je ne me défie pas de vous. Mais…

Sa voix devint une sorte de grondement.

— … Mais je déteste me heurter à des impossibilités ! Et il est impossible que vous soyez à bord ! Par les dieux d’Altaïr, d’où venez-vous ? Comment avez-vous surgi dans l’astronef ? Et pourquoi ?

Robi souriait.

— Je suis muni d’un dispositif élaboré sur un monde techniquement plus évolué que le vôtre. A l’instant précis où je vais être détruit, mon corps se désintègre pour se réintégrer ailleurs… Et je ne sais où. Cette fois, ça été dans le Pluton. Comprenez-vous ?

Guérik secouait la tête, l’air morne.

— Oh ! je comprends. Pour ce qui est de comprendre, pas de difficultés. Mais j’admets difficilement ce genre de diablerie.

— Parce que votre civilisation n’est pas encore techniquement assez évoluée, dit Robi gentiment.

Le pilote sursautait, plus maussade que jamais. Il montrait l’intérieur du Pluton.

— Pas assez évoluée ? gronda-t-il. Et ça ? Des astronefs qui peuvent passer en hyperpropulsion, c’est-à-dire se déplacer beaucoup plus vite que la lumière…

— Pourquoi n’êtes-vous pas passés en hyperpropulsion pour échapper aux croiseurs ? demanda Robi, très intéressé.

— Impossible, si près de l’E.I., grogna l’autre. En hyper, on ne contrôle pas les premières minutes de vol. Il y avait quatre-vingt-dix-neuf chances sur cent que nous foncions dans l’E.I…

— Et pourtant, nous y sommes, murmura Robi, souriant.

Guérik grinça des dents et ne répondit pas.

— Que fait Stan ? demanda-t-il à voix basse après un bref silence.

— A genoux près de sa bien-aimée, répondit Robi, sourire aux lèvres.

Le pilote fronça les sourcils.

— N’allez pas le prendre pour une chiffe molle ! Il a reçu un coup terrible quand il a vu que Kora avait été atteinte, mais…

— … Mais, en temps normal, il est un vrai chef, trancha Robi. Je n’en doute pas. Pour l’instant, il semblerait, pourtant, qu’il ait besoin de récupérer. Dites, quelque chose m’intrigue. On n’entend plus les réacteurs. Etes-vous sûr que nous ne sommes pas immobiles ? Ne pouvez-vous le vérifier ?

— Oui, reconnut Guérik, confus. J’aurais dû le faire déjà.

Il palpait les commandes, et Robi, insistant, lui arrachait quelques mots. Guérik était loin de se douter de ce que, en parlant, il donnait à son interlocuteur toutes instructions pour piloter l’astronef, car Robi lisait dans son esprit tout ce qu’il ne disait pas.

— Il semble que c’est normal, bougonnât-il enfin… Sauf le radar et la carte galactique.

La carte et le radar demeuraient obscurs, en effet. Non seulement on n’y apercevait pas les constellations les plus proches, mais on n’y discernait même pas le point vert qui, habituellement, donnait la position du Pluton. Rien. Un écran noir.

— Il n’y a aucune réflexion possible pour les ondes-radar, conclut Guérik sur un ton désabusé. On s’en doutait depuis qu’on a commencé à émettre des hypothèses sur l’E.I.

— Que voulez-vous dire ?

Bien sûr, Robi avait déjà compris, mais il tenait à ce que l’autre parlât le plus possible de l’Espace Interdit, de façon à lire en lui.

Guérik s’expliqua sans hésiter.

Vous ne semblez pas très au courant de la technique-radar, bien que venant « d’un monde techniquement très avancé », fit-il avec ironie. L’astronef émet en permanence des trains d’ondes. Lorsque ces ondes rencontrent un obstacle – étoile, planète, autre astronef, météorite – elles sont réfléchies vers le Pluton…, et elles inscrivent sur l’écran un point lumineux qui donne la position de l’obstacle. Dans l’E.I., il n’y a rien. Et, donc, aucune possibilité pour que les ondes se réfléchissent. Et, donc, impossibilité totale de définir la position du Pluton par rapport à des obstacles qui n’existent pas. Vous comprenez ?

— A peu près, fit Robi, docile. Mais, dites-moi… Vous ne m’avez toujours pas confié ce que vous savez de l’Espace Interdit. Rendez-moi un service : parlez-moi de l’E.I.

— Ça vous intéresse, hé ? bougonna Guérik avec méfiance.

Robi riait.

— Écoutez. Supposez que vous soyez sur un monde à moi, et que je vous entraîne dans un univers différent, dont je connaîtrais certaines propriétés. Ne grilleriez-vous pas d’envie de les apprendre, surtout après qu’un Cerveau vous eût affirmé que « vous en sortiriez quand vous voudrez » ? Ne croyez-vous pas que, pour trouver le moyen de sortir de là, il vaut mieux être trois que deux ?

— Ouais ! fit Guérik après un long silence. Oui, je suis d’accord.

Pourtant, il se retournait, regardait Stan, toujours agenouillé près de la couchette sur laquelle reposait Kora. Il eut un grognement réprobateur.

— C’est vous qui me l’avez dit, murmura Robi : dès que la femme qu’il aime sera guérie, il redeviendra… comme il était auparavant.

— Oui, grogna Guérik.

Il ne semblait pas très convaincu.

— Eh bien ! ajouta-t-il, je vais vous parler de l’E.I.

Il commença. Robi n’écoutait même pas ce qu’il disait, mais, à la faveur des paroles, fouillait dans son esprit. Le Pluton continuait à filer droit devant lui, dans l’Espace Interdit…, à moins qu’il ne fût immobile depuis qu’il y était entré. Univers différent, lois physiques différentes.

De toute façon, le Cerveau l’avait affirmé, il y avait un moyen d’en sortir. Un moyen simple. Et le Pluton disposait de tout ce qu’il fallait pour cela. Restait à comprendre. Robi ne doutait pas d’y parvenir.

* *
*

… Qu’était l’Espace Interdit ? Personne ne le savait, parce que personne n’en était revenu vivant. Dans les premières années du XXIIe siècle, quand l’homme avait commencé à explorer la Galaxie, les statistiques acceptaient comme normal un pourcentage de 2 % d’astronefs perdus dans l’espace. Les raisons de ces disparitions demeuraient obscures, mais on les imaginait sans peine : épidémies inconnues terrassant l’équipage, mauvais fonctionnement des radars encore rudimentaires, ou, plus simplement, néfastes erreurs d’astronavigation. Difficile, sinon impossible de lutter contre cela.

Lorsque, des siècles plus tard, l’homme entreprit d’exploiter les richesses des planètes qui gravitaient autour d’Altaïr, il créa tout naturellement une ligne régulière d’astronefs de transport.

Pour des raisons d’autonomie de vol, le voyage comportait deux escales : l’une sur Alpha du Centaure, l’autre sur Deneb du Cygne. La ligne fonctionna à merveille pendant une centaine d’années, sans la moindre anicroche autre que les défaillances du matériel.

Plus tard, l’utilisation de nouveaux réacteurs à récupération permit d’établir la liaison directe Terre-Altaïr. (Il est bien entendu que, dans le langage des cosmonautes, dire « je vais à Altaïr » signifiait « je vais sur l’une des planètes du système d’Altaïr ».) Ce fut l’époque des catastrophes. Un astronef sur deux ne revint pas. Ou bien ils n’arrivaient pas au but, ou bien ils disparaissaient pendant leur voyage de retour.

Une longue enquête, pendant laquelle on sacrifia une dizaine d’appareils, permit d’établir une chose à peine croyable : comme la surface du sol, l’espace avait ses précipices !

En certains points, ou, plus exactement, suivant certains plans à deux dimensions, et donc invisibles, les astronefs semblaient escamotés par une main avide. On cessait de les voir et on ignorait ce qu’ils devenaient. C’était comme une faille dans l’univers, un ravin sans fond où tombaient les navires de l’espace. Le mot fut repris par les théoriciens qui crurent tout expliquer en parlant de « faille dans le continuum espace-temps ».

La mise au point d’un système de radar capable de déceler l’Espace Interdit demanda des années et coûta au monde, une fois de plus, des dizaines d’astronefs expérimentaux. On y parvint cependant, et l’on put mentionner sur les cartes la position de ces failles.

Diverses théories avaient cours. Certains pontifes de la science griffonnaient des équations hallucinantes qui, d’après eux, prouvaient que les Espaces Interdits n’étaient que des zones où notre univers et un univers inconnu s’interpénétraient. D’autres publiaient des articles touffus dans lesquels ils avançaient la possibilité d’un espace à n x, ou x dimensions, n étant, évidemment, le nombre de dimensions de notre propre univers. Supprimez une de nos dimensions, et la matière telle que nous la concevons ne peut plus exister. Dans notre monde, un objet à deux dimensions échappe à nos sens. Le fait que l’E.I. se présentait sous la forme d’un plan sans épaisseur (on pouvait se tenir sans dommage à proximité immédiate du trait qui le figurait sur les cartes, à la condition de n’y point pénétrer, et des mesures précises avaient prouvé que son épaisseur était nulle) venait à l’appui de leur théorie. On finit par supposer que tout objet pénétrant dans l’E.I perdait une de ses dimensions. Cessait-il d’exister ? Continuait-il à être présent sous une forme indécelable ? Questions sans réponse jusqu’au jour…

… Jusqu’au jour où un astronef reparut, surgissant brusquement de la zone interdite. C’était l’un de ceux qui y avaient pénétré quelque cent ans plus tôt. Bien entendu, les membres de l’équipage étaient morts depuis près d’un siècle. Le journal de bord fournit quelques renseignements.

En apparence, rien n’avait changé quand l’appareil était entré dans l’E.I. Les étoiles avaient disparu, voilà tout. L’engin s’était trouvé dans la nuit absolue. Pas un foyer lumineux dans ces ténèbres. De puissants projecteurs pouvaient balayer l’espace de tous côtés : ils ne révélèrent pas la moindre trace de matière.

Le commandant avait alors donné l’ordre de virer de bord (l’expression archaïque avait été conservée) et de repartir à toute vitesse vers « l’entrée » de l’Espace Interdit. Les ressources en carburant étaient suffisantes pour que l’appareil pût parcourir une quinzaine d’années-lumière en hyperpropulsion. Les provisions en oxygène, en vivres et en eau étaient considérables.

Les jours, les semaines, les mois s’étaient écoulés. Toujours la nuit. Pas un repère. Et cette sensation épouvantable que l’on était immobile. L’effroi à bord. Vint le moment où, faute de combustible, les réacteurs cessèrent de fonctionner. L’engin, évidemment, continuait à foncer dans les ténèbres puisque rien ne freinait la vitesse acquise. En admettant qu’il y ait eu déplacement depuis l’entrée dans l’E.I., ce que rien ne prouvait ! Peut-être était-on toujours sur le bord de la faille dans l’espace, et n’en sortirait-on jamais ? Peut-être l’espace, dans le sens où nous le concevons, n’existait-il pas dans l’E.I. ? Peut-être eût-il suffi d’une poussée négligeable pour que l’astronef revînt dans l’univers des hommes ? Peut-être… Mais tout cela n’était que vues de l’esprit.

Le fait était là : l’appareil avait parcouru, en principe, une quinzaine d’années-lumière, et il n’avait pas réussi à franchir cette ligne noire qui, sur les cartes, figurait l’Espace Interdit.

Restait à mourir. L’agonie de l’équipage se prolongea pendant des semaines, et fut l’objet de notes très précises dans le journal de bord. Le commandant, disparu, fut remplacé par l’officier en second, qui continua à tenir le journal, mais avec des notations personnelles très différentes des précédentes. Il fut lui-même remplacé par un tout jeune aspirant qui ne parvenait pas à s’accoutumer à l’idée de la mort.

Guérik pensait à tout cela sur un fond d’ironie car, comme tous, il n’ignorait pas que plusieurs éditeurs avaient envisagé de publier cet extraordinaire journal de bord. Ils y avaient renoncé parce que les « changements d’auteur » bouleversaient tout. En particulier, les réflexions du jeune aspirant auraient provoqué la saisie de l’ouvrage pour « atteinte au moral des forces galactiques ».

Vint le jour où plus rien de vivant n’habitait cette coque indestructible qui planait quelque part entre la Terre et Altaïr, sans que l’on pût la repérer alors que l’on passait peut-être à quelques kilomètres d’elle ! Quelques kilomètres dans une galaxie ? Une plaisanterie dramatique. Mais que faire ? L’astronef était là, dans la ligne sans épaisseur figurée sur les cartes. Si près…, et si loin !

Jusqu’à l’instant où, une centaine d’années plus tard, sans qu’on en connût jamais la raison, l’épave surgît du néant.

Dans les années qui suivirent, d’autres astronefs morts furent retrouvés. Mais leurs journaux de bord n’étaient que la répétition du premier, et n’apprirent pas grand-chose.

Dans l’E.I., la température extérieure égalait le zéro absolu (on s’en doutait déjà), et les compteurs de radiations ne décelaient ni la moindre parcelle de matière ni le moindre soupçon d’énergie.

L’espace Interdit, c’était une forme du néant.

* *
*

… Guérik cessa de parler parce que Stan revenait vers eux, tête basse, front soucieux.

— Comment va Kora ? demanda-t-il doucement.

La voix de Stan était rêveuse et on y sentait une certaine surprise.

— C’est ce que le Cerveau nous a laissé entrevoir. Trop tôt encore pour se prononcer, mais il semble bien que ses souffrances soient calmées. Elle est très affaiblie…, comme un boxeur qui aurait reçu un coup. Mais elle m’a souri !

— Eh bien ! tant mieux, conclut Guérik.

Robi vit se contracter les mâchoires de Stan. La désinvolture du pilote blessait le commandant du Pluton. Mais Stan ne pouvait donner tort à son lieutenant. Il avait conscience de sa faiblesse. Il s’assit sur le bord du siège, regarda l’écran lugubre du radar et dit en soupirant :

— Nous ne pouvions pas hésiter, surtout après ce que nous a dit le Cerveau.

— Des mois de longue agonie ! grogna Guérik.

— Une agonie n’est jamais longue que lorsqu’on le veut bien, trancha l’autre. Il est toujours possible d’en finir quand on le désire. Quant à moi, je lutterai jusqu’au dernier instant.

— Lutter contre l’E.I. !… grommela Guérik, farouche. Mais comment ?

Robi intervint, redoutant que l’on s’enlisât dans de trop longues discussions.

— Le Cerveau a déclaré que nous pouvions très facilement revenir dans notre univers.

— Oui, répondit Guérik en ricanant. Mais il n’a pas poussé l’obligeance jusqu’à nous expliquer comment il fallait faire.

Robi ne répondit rien. Ses trois cerveaux s’étaient lancés dans une analyse logique de la situation. Et il leur faisait confiance. Ils l’avaient tiré de bien d’autres mauvais pas.

Le Cerveau avait dit qu’il était facile de sortir de l’E.I, et il avait ajouté que le Pluton disposait de tout ce qu’il fallait pour cela. Restait à définir ce qui était nécessaire.

Comme en un rêve, Robi continuait à entendre les deux autres qui discutaient.

— Pas la peine de gaspiller le carburant, disait Stan. Arrête les réacteurs. Nous continuerons par la vitesse acquise.

— Nous allons encore nous éloigner de notre univers !

— Tu es stupide, reprenait Stan. Tout ce que nous savons de l’E.I. semble prouver que son épaisseur est nulle. C’est un plan, une surface, voilà tout. Nous pourrions foncer droit devant nous pendant des mois sans que, en alité, nous nous déplacions par rapport à notre propre univers. Il manque une dimension à l’E.I. Comment veux-tu que nous le traversions alors que son épaisseur est nulle ? On ne traverse pas une chose qui n’existe pas.

Guérik eut une sorte de gémissement et grogna :

— Changeons de conversation, veux-tu ?

Et, tourné vers Robi, silencieux :

— Et vous, le gars venu d’ailleurs, avez-vous une idée sur la façon dont il faut s’y prendre ?

La réponse les stupéfia.

— Oui, disait Robi, sourire aux lèvres. Si j’étais à votre place, je le saurais déjà. Mais si vous m’aidez, c’est l’affaire de quelques minutes.

— Pour sortir de l’E.I. ? demanda Guérik, les yeux ronds.

Robi se mit à rire tout haut.

— Pas si vite ! C’est vous qui vous débrouillerez pour en sortir. Moi, je crois que je vais pouvoir vous dire comment il faut faire, c’est-à-dire ce que signifiaient les paroles du Cerveau.

Guérik se retournait vers Stan :

— Il lit dans les pensées, fit-il naïvement. Tu te rends compte ? Il a lu les pensées du Cerveau ! C’est formidable !

— Pas question, coupa Robi. Mes possibilités sont beaucoup plus limitées que vous ne le supposez. Tout simplement, je sais réfléchir. Et vous allez réfléchir avec moi. Vous verrez comme c’est simple et facile de comprendre ce que le Cerveau vous a suggéré.

Il s’assit. Les deux autres l’écoutèrent, dominés. On eût dit quelque génie parlant à ses disciples. Un génie à trois cerveaux, et qui n’était qu’une machine.