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Je ne sortais plus autant qu’avant. Je restais souvent à la maison en famille et je devins père pour la deuxième fois. Nous avions maintenant un petit Vincent. Vincent ! Il était si mignon, en italien son nom signifiait « vainqueur » ce qui, bien sûr, me plaisait. Lui aussi est né au milieu d’une sacrée pagaille. Mais pour mon deuxième fils, les médias s’excitèrent moins.
Mais vraiment ! Deux garçons ! Ça ne rigole plus. Je commençais à comprendre ce par quoi ma mère était passée quand j’étais plus jeune, avec tous ses mômes, plus son boulot de femme de ménage, même si, évidemment, il n’y a rien de comparable. Helena et moi vivions très confortablement et même plus que ça, sans vergogne. Mais, au moins, je me rendais mieux compte des difficultés de ma mère et, après les angoisses que nous avions eues avec Maxi, je devins vraiment paranoïaque : qu’est-ce que c’est que cette rougeur ? Comment se fait-il que Vincent ait du mal à respirer ? Pourquoi son ventre est-il si gonflé ? Etc.
Nous avions une nouvelle nounou pour nous aider. L’ancienne avait rencontré un type quand elle vivait avec nous à Malmö, elle nous en avait informé dans son préavis, et nous étions un peu pris de court. Nous avions besoin d’aide et nous voulions une Suédoise pour le bien des enfants. Helena appela donc le département étranger de l’agence pour l’emploi pour discuter de l’affaire. Comment pouvions-nous faire ? Je veux dire, nous ne pouvions pas passer une annonce comme : « Zlatan et Helena recherchent une assistante maternelle. » On n’aurait pas attiré les meilleurs profils.
Helena raconta que nous étions des ambassadeurs, ou quelque chose comme ça. « Famille de diplomates recherche nounou », disait son annonce et nous avons reçu plus de trois cents réponses. Helena les lut toutes. Elle fit cela très scrupuleusement, comme toujours, et je crois qu’elle s’attendait que ce soit plus difficile. Or elle en sélectionna une très vite. Il s’agissait d’une fille d’un petit village dans le centre de la Suède, Dalarna, et, apparemment, ce seul point fut pour elle suffisant. Helena voulait quelqu’un de la campagne. Elle était elle-même originaire d’une petite commune et cette fille avait une formation de maîtresse d’école maternelle et parlait plusieurs langues, aimait faire du sport, tout comme Helena et, de façon plus générale, elle semblait gentille et travailleuse.
Je ne m’en mêlai pas. Helena appela cette fille sans lui préciser qui j’étais. Elle était toujours la femme de l’ambassadeur et la fille avait l’air intéressée, elle était d’un contact agréable. Helena lui envoya un e-mail lui disant : « Faisons un essai pendant une semaine ! »
Elles devaient se rencontrer à Lindesberg. Le père de la fille l’y conduirait. Helena avait décidé qu’ensuite elles utiliseraient sa voiture de location pour se rendre avec les enfants à l’aéroport de Stockholm prendre l’avion pour Milan. Mais, avant de partir, Helena lui avait envoyé les détails du voyage et cela intrigua la fille. Si l’on en croyait ces papiers, les enfants de cette famille de diplomates s’appelaient Maximilian et Vincent Ibrahimoviæ, ce qui était un peu bizarre. Il se pouvait tout à fait qu’une famille de diplomate porte également ce nom, n’est-ce pas ? Elle supposa qu’il y avait plein d’autres Ibrahimoviæ en Suède. Elle en toucha un mot à son père.
« Regarde ça, lui dit-elle.
— On dirait que tu vas t’occuper des enfants de Zlatan », répondit-il et cela lui donna envie de faire demi-tour. Au secours !
Elle avait peur. Je veux bien croire que cela pouvait paraître décourageant. Mais, à l’évidence, il était trop tard pour faire machine arrière. Les billets étaient réservés et elle partit avec son père, très nerveuse, comme elle nous le raconterait plus tard. Mais Helena… Que dire ? Quand elle se met sur son trente et un, elle est la « evilsuperbitchdeluxe ». Cela demande un certain courage d’aller lui parler. Mais elle est aussi incroyablement décontractée. Elle sait parfaitement comment mettre les gens à l’aise et, durant ce voyage, elle et la fille ont eu le temps de faire connaissance, un peu trop en fait.
Les ennuis commencèrent à l’aéroport d’Arlanda. Elles devaient prendre un vol Easyjet, seule compagnie à assurer la liaison pour Milan ce jour-là. Mais l’avion avait un souci. Le vol fut retardé d’une heure, puis de deux, de trois, de six, de douze, de dix-huit heures. C’était dingue. Un scandale absolu, tout le monde était fatigué et énervé, enfermé entre quatre murs, et cela finit par me rendre fou. Je craquai. J’appelai un pilote que je connaissais, le type aux commandes de l’avion privé auquel j’ai droit. Je lui dis : « Va les chercher. » Et ce fut fait.
Helena et la fille récupérèrent leurs bagages et furent accompagnées jusqu’au jet privé. Je m’étais assuré qu’il y avait de quoi manger à bord, des fraises nappées au chocolat, et d’autres trucs, j’espérais qu’elles apprécieraient. Elles le méritaient après une telle épreuve et je rencontrai enfin la fille. À mon avis, elle était encore très nerveuse. Mais nous nous sommes bien entendus, elle nous aida et, depuis lors, elle vit avec nous. Elle fait partie de la famille, pour ainsi dire, et il n’y a pas un jour sans que nous puissions nous passer d’elle. Les enfants l’adorent et, avec Helena, elles sont comme des sœurs qui font de l’exercice et étudient ensemble. Tous les matins à 9 heures, elles partent s’entraîner toutes les deux. Nous avons adopté un nouveau rythme et pris de nouvelles habitudes.
Une année, nous sommes allés à Saint-Moritz. Croyez-vous que je m’y sente comme chez moi ? Pas vraiment ! Je n’ai jamais skié de ma vie. La simple idée d’aller dans les Alpes avec maman et papa était comme d’aller sur la Lune.
Saint-Moritz, c’est pour les gens chics. Ils y boivent du champagne au petit déjeuner. Champagne ? Je me suis assis là en short et je réclamai des céréales. Olof Mellberg était là lui aussi et il essaya de m’apprendre à skier. Même pas la peine. J’arpentais la station comme un idiot pendant que Mellberg et les autres de la bande zigzaguaient sur les pentes. J’avais l’air complètement ridicule et, pour rester prudent, je portais un de ces passe-montagnes et d’énormes lunettes de soleil. Personne ne pouvait me reconnaître. Mais, un jour, j’étais sur un télésiège et il y avait un petit Italien assis à côté de moi avec son père et le garçon se mit à me dévisager. Je me disais, pas de problème, il ne m’identifiera pas avec cet attirail. Impossible. Mais, après un temps, le gamin lâcha :
« Ibra ? »
Ça devait être à cause de mon nez. Je niai carrément. « Ibra, quoi ? Qui est-ce ? » Et qu’ai-je récolté ? Helena se mit à rire. À croire que c’était la chose la plus drôle à laquelle elle avait jamais assisté et le gamin insista avec ses « Ibra, Ibra » jusqu’à ce que finalement je lui dise : « Si, c’est moi », ce qui nous valu un moment de répit. Le garçon était très impressionné. Mais il y avait un problème. Il n’allait pas être impressionné longtemps s’il me voyait skier et je me demandais comment j’allais m’en sortir. J’étais une star du sport. Je ne pouvais pas me donner en spectacle comme un bouffon. Mais ce fut pire que ce que je pensais. On se passa le mot. Une foule entière se pointa pour me voir skier. J’ajustai mes gants. Je leur accordai une attention particulière.
J’étais tout aussi méticuleux avec ma veste, mon pantalon de ski et mes fixations – spécialement là-dessus parce que c’est quelque chose que j’avais vu faire. Les gens étaient constamment en train de tripoter leurs fixations, de les attacher, de les enlever et pour tous ceux qui s’y connaissaient, j’avais sans doute l’air d’être un pro extrêmement pointilleux qui avait besoin que tout soit au point avant de s’élancer comme Ingmar Stenmark. C’était évidemment très embarrassant : plus j’y passais du temps, plus ils s’attendaient à des choses extraordinaires. Qu’est-ce qu’il va faire ? Partir comme un boulet de canon sur ses jambes de footballeur ?
Je me sentis obligé d’ajuster mon écharpe et mon bonnet, ma coiffure, avant que, finalement, le petit attroupement ne se disperse, l’air de dire, on ne se préoccupe pas de lui. Sans aucun doute, j’étais bien Ibra, mais cela ne justifiait pas que l’on m’observe pendant des plombes, ce qui fit que je pus skier en paix comme le novice que j’étais. Olof Mellberg et les autres se demandaient tous où j’étais passé.
« Qu’est-ce que tu as fabriqué ?
— Je réglais deux ou trois trucs. »
Mais, la plupart du temps, je bossais dur. L’été qui suivit notre match à Parme et le deuxième titre de l’Inter, j’étais censé jouer l’Euro 2008 organisé en Suisse et en Autriche et mon genou m’inquiétait toujours. Il coulait beaucoup d’encre sur ma blessure et j’en parlai avec Lagerbäck, mais ni moi ni personne ne savait si je pourrais me donner à fond dans cette compétition. Dans notre groupe, il y avait la Russie, l’Espagne et la Grèce et ça ne s’annonçait pas si facile. J’avais un contrat avec Nike. Mino s’y était opposé mais j’ai tenu bon et je me suis pas mal amusé. On a fait quelques vidéos marrantes, comme celle où je devais faire un de mes tours en tapant dans un bout de chewing-gum pour qu’il retombe dans ma bouche. Papa, lui aussi, s’inquiétait en se demandant si on n’en faisait pas un peu trop. Mais, surtout, Nike me soutenait pour construire le « Zlatan court », le terrain de Cronmans Väg, à Rosengård, où je jouais quand j’étais enfant.
C’était super. Il s’agissait d’un terrain synthétique avec des éclairages et tout. Le terrain avait été construit à partir de vieilles semelles de baskets. Les enfants n’auraient plus à s’arrêter de jouer comme nous quand il faisait trop sombre et nous avions disposé des inscriptions : « Mon cœur est ici. Mon histoire est ici. Mon jeu est ici. Allez toujours plus loin. Zlatan. » Je trouvais ça fantastique de leur offrir quelque chose et vous pouvez imaginer l’inauguration du terrain. Les enfants criaient « Zlatan ! Zlatan ! ». C’était un drôle de cirque.
C’était un retour aux sources. J’étais sincèrement ému et j’ai joué avec les gamins dans l’obscurité. Qui aurait cru que tout cela arriverait au petit morveux de Cronmans Väg ?
Mais à l’Euro 2008, Nike m’ennuya. La marque avait établi une règle stricte qui voulait que tous les joueurs en contrat avec elle devaient porter des crampons de la même couleur. O.K., allons-y, je m’en fiche, me dis-je. Mais quand un autre type continua de jouer avec ses propres couleurs, je m’en pris à Nike : « Pourquoi vous me racontez des conneries ? » Tout le monde devait porter les mêmes chaussures. C’est ainsi que cela avait été décidé, m’ont-ils répondu, mais alors je leur signifiai ma façon de penser et ils changèrent d’avis.
Tout d’un coup, j’eus le droit de porter la couleur de mon choix. Mais ça ne me faisait plus rire. On ne devrait pas en arriver là et je décidai de garder mes vieux crampons. Cela peut paraître un peu bête. Mais les gens devraient être capables de s’exprimer franchement.
Nous jouâmes notre premier match contre la Grèce. J’avais Sotirios Kyrgiakos sur le râble. Kyrgiakos est un défenseur talentueux. Il porte les cheveux longs avec une queue-de-cheval. Chaque fois que je sautais ou que je piquais un sprint, j’avais ses cheveux dans le visage. Je les avais pratiquement dans la bouche. Il était dur au marquage. Il fit du bon boulot, aucun doute là-dessus. Il me coinçait. Mais il lâcha prise pendant deux ou trois secondes et je n’avais pas besoin de plus. Je vis une ouverture, je dribblai et, tout d’un coup, je mis Kyrgiakos dans le vent et trouvai un peu d’espace. Je frappai directement dans la lucarne.
Le championnat d’Europe démarrait parfaitement. Nous avons gagné 2 à 0. Ma famille, qui était aussi là, se débrouilla toute seule. La leçon de la Coupe du Monde en Allemagne avait été retenue. Je jouais au football. Je ne pouvais plus être leur agent de voyage et c’était très bien ainsi. Mais mon genou me faisait mal, il gonflait. Nous devions affronter l’Espagne au match suivant. C’était l’une des équipes favorites dans cette compétition. Ils avaient battu la Russie 4 à 0 lors de leur premier match, nous savions donc que ce serait dur et l’on parlait beaucoup de mon genou. Devais-je ou pas jouer ? Je n’en étais pas sûr moi-même. Il me faisait souffrir mais j’essayais sans doute de faire comme si de rien n’était.
Il s’agissait d’un championnat d’Europe et j’aurais pu me lancer là-dedans avec un couteau planté dans la jambe. Mais comme je l’ai déjà dit, au football, il faut toujours penser en fonction du court et du long terme. Un jour, il y a match et le lendemain un autre, puis celui du jour d’après. On se tue à la tâche, on fait de gros efforts, jusqu’à se retrouver complètement naze. Nous avions devant nous l’Espagne et la Russie puis, si nous passions, un quart de finale, et on avait prévu de me faire jouer sous antidouleur. En Italie, c’était monnaie courante. Mais le médecin de l’équipe suédoise s’y opposa. La douleur est l’alarme du corps. On peut temporairement la calmer mais cela peut provoquer de sérieux dégâts. Jouer en étant blessé, c’est un peu comme faire un pari. Ce match est-il vraiment important ? Qu’encourt-on à mettre un type sur pied juste pour un jour ? Existe-t-il un risque qu’après ça il ne puisse plus jouer pendant des semaines, voire les mois qui viennent ? Nous prenons en compte ce genre de considérations et, traditionnellement, les médecins en Suède sont plus prudents que sur le continent. Ils considèrent davantage les hommes comme des patients que comme des machines à jouer au football. Mais ce n’est jamais simple et, en tant que joueur, on se met souvent beaucoup de pression. Certains matchs apparaissent tellement incontournables que l’on se dit aisément : tant pis, advienne que pourra ! Je me fiche totalement des conséquences. Sauf qu’on n’échappe pas aux lendemains et, même en équipe nationale, le club reste omniprésent.
Ce sont eux qui paient les gros salaires et ce sont d’énormes sommes. Je ne pouvais pas me permettre de me briser. Je ne me sacrifierais pas pour un match de l’équipe nationale qui n’a rien à voir avec l’Inter. Entretemps, le médecin de l’équipe suédoise reçut un coup de fil du médecin du club. Ces conversations peuvent être chaudes. Deux intérêts opposés entrent en conflit. Le club veut que le joueur joue le championnat et l’équipe nationale a besoin du même type pour le championnat d’Europe.
Il ne restait qu’un petit mois avant que les stages de l’avant-saison ne reprennent et j’étais le joueur le plus important de l’Inter. Mais les deux médecins étaient raisonnables. Je ne jouerais pas sous injection, il était préférable que je sois soigné par un ostéopathe du sport tout en décidant qu’après tout je jouerais contre l’Espagne.
En attaque, j’étais avec Henrik Larsson et ça se présentait bien. Mais l’Espagne savait y faire. Tôt dans la partie, ils obtinrent un corner. Xavi fit une courte passe vers David Villa qui la joua en diagonale derrière lui vers Silva qui se trouva libre de centrer sur Fernando Torres. Torres dut batailler avec Petter Hansson mais Torres, à deux pas devant eux, la subtilisa et n’eut presque qu’à la pousser dans le but pour marquer. 1 à 0, c’était raide. Il n’est pas facile d’égaliser contre l’Espagne. Mais les Espagnols reculèrent et essayèrent de conserver leur avantage et d’assurer leur place en quart de finale, ce qui nous procura quelques occasions. J’en oubliai complètement mon genou. Je fonçai. Je m’arrachai et, à la trente-quatrième minute, je reçus une belle et longue passe de Fredrik Stoor dans la surface de réparation et je me retrouvai seul face à Casillas, le gardien, et j’essayai de frapper la balle directement dans le but. C’était le genre de position dont Van Basten m’avait parlé et que m’avaient fait travailler Capello et Galbiati parce qu’on doit être capable de profiter de ces situations. Mais je loupai, je ne suis pas arrivé à frapper la balle correctement et, une demi-seconde après, Ramos, le jeune défenseur vedette du Real Madrid, fut face à moi.
Mais, nom d’un chien, je n’avais pas du tout l’intention d’abandonner. Je bloquai la balle, tirai dans un trou de souris entre lui et un autre défenseur, et la balle entra dans le but. Nous étions à égalité. Le match s’emballait et j’étais assurément en forme. Je faisais un très bon début de compétition mais ça ne suffit pas. Quand l’arbitre siffla la mi-temps et que l’adrénaline retomba, la douleur me reprit. Mon genou n’allait pas bien du tout. Que faire ? La décision n’était pas facile à prendre. Mon rôle avait été déterminant pour l’équipe mais il fallait que ça tienne. Il restait au moins un match à jouer et nous avions de bonnes chances. Nous avions engrangé trois points lors du match contre la Grèce et même si nous perdions celui-ci, nous pouvions passer en quart de finale après l’ultime rencontre du groupe contre la Russie. Je suis donc allé voir Lars Lagerbäck pendant la pause.
« Je souffre terriblement.
— Mince.
— Je pense qu’on doit faire un choix.
— O.K.
— Qu’est-ce qui est le plus important pour toi : la deuxième mi-temps qui arrive ou le match contre la Russie ?
— La Russie. On a plus notre chance contre eux. »
En seconde mi-temps, je restai sur le banc. Lagerbäck choisit Markus Rosenberg pour me remplacer et cela se présentait bien. L’Espagne eut beaucoup d’occasions en deuxième période. Nous les contenions, même si mon absence se faisait ressentir. La qualité du jeu avait diminué, il y eut une impalpable baisse de régime. J’étais en grande forme et je maudissais mon genou. Quel enfer ! Les gars se battaient comme des diables et, à la quatre-vingt-dixième minute, le score était encore de 1 à 1. Les choses auraient pu bien tourner en notre faveur et nous nous encouragions les uns les autres. Allions-nous finir par nous en tirer ou quoi ? Mais deux minutes plus tard, dans les arrêts de jeu, dans notre camp, quelqu’un récupéra sauvagement le ballon des pieds de Markus Rosenberg. Lagerbäck se leva, furieux. Crétin d’arbitre.
Il pensait qu’à l’évidence il y avait coup franc. Mais l’arbitre laissa jouer et il y eut des gestes d’énervement. Sur le banc des remplaçants, nous étions persuadés que l’arbitre était contre nous et on criait, on s’emportait, mais pas pour longtemps. Ce fut le coup de grâce. Joan Capdevilla, qui avait pris la balle à Rosenberg, fit un long centre et Fredrik Stoor essaya bien de le stopper. Mais il était complètement vidé. Ils avaient vraiment tout donné. David Villa arriva à fond, le passa, et trompa Petter Hansson pour inscrire le but du 2 à 1 et, presque immédiatement après, l’arbitre siffla la fin du match. Je peux dire sans exagérer que la défaite était amère.
Lors du match suivant contre la Russie, nous avons été laminés. Je souffrais et les Russes étaient meilleurs à tous les niveaux du jeu. Nous étions éliminés de la compétition et incroyablement déçus. Ce qui avait si bien commencé n’avait mené à rien. C’était horrible. Mais, comme toujours, à peine une chose se termine qu’une autre démarre et, juste avant de partir à l’Euro, j’avais entendu dire que Roberto Mancini était viré de l’Inter.
Il serait remplacé par un type appelé José Mourinho. Je ne l’avais pas encore rencontré. Mais il m’avait déjà surpris. Il avait déjà créé un lien entre nous avant même que nous ne fassions connaissance. Je serais prêt à mourir pour ce mec.