C'est le moins construit des romans du jeune
prodige : il y a une intro sur le début de la der des der atomique qui,
plus que pour préciser le décor ultérieur, est là pour la beauté maso
des images mentales : une vision du futur, donc, atomisé, avec des
castes-territoires (Entreprise, Territoire Vert. Front des Sciences)
rien moins que précis ; une menace extraterrestre et une Précognitive
qui semblent sortir d'un Dick des mauvais trips : et pour finir un clin
d'œil ironique de l'auteur à ses autres bouquins, achetez, achetez !
Du
départ ventre mou. Et pourtant, à l'arrivée, un des meilleurs Houssin
— parce que complètement déglingué, complètement schizophrène,
complètement fantasmé. Même l'histoire centrale compte peu : le camion
Titan qui trace la route pleine d'embûches, on a vu ça dans Les survivants de la fin du monde ou Mad Max II
(comme nous tous. Houssin est un cinglé de cinoche), et c'est Harrison
Ford qui tient le volant, on l'a reconnu. Relent « littéraire » :
Ballard (« Le poignet est cisaillé, ensanglanté, offrant au bloc
métallique l'ultime image d'un minuscule sexe de chair rouge, surmonté
d'un gland de pétales blancs »). Gadget : la novlangue. faite de
néologismes qui sont autant de tautologies — zéronul, miniminable,
fucky-baiser. absoluvraiment. impossinutile, et autres petites choses
dont l'auteur, d'ailleurs, se lasse aussi vite que nous...
Non, ce qui fait fort, dans Game over,
c'est la folie baignant le récit, ce brouillard jaune plein de toxiques
qui étouffe tout, ces drogues lâchées dans l'atmosphère qui troublent
les perceptions et font voir des cafards partout, toutes ces notations
et incidentes (la « minipute ») qui creusent le roman en un fourre-tout
plein de mélasse au fond, dont on se met plein les doigts. Waouh !