CHAPITRE XXVI

— Je n’ai jamais rien vu d’aussi bordélique, lâcha le seconde classe Vick, anciennement garde de sécurité sur le Neelian, au caporal Raders.

Tous deux se tenaient à l’arrière du poste de commandement, serrés dans un coin, tout en essayant de se faire le plus petit possible.

— Que tu dis ! J’ai passé plus de temps en première ligne que toi comme garde, répliqua Raders. C’est pas si catastrophique. Le général Halcyon sait ce qu’il fait, tu l’as vu se battre au corps à corps.

— Tout ce que je sais, c’est que rien ne semble fonctionner comme prévu et qu’on reste ici à se tourner les pouces. Allons demander au général de nous libérer.

— Ouais, mais je ne veux pas travailler avec un clone. Ces types me rendent nerveux. Avec leurs casques, on ne sait jamais à quoi ils pensent.

— Ce qu’il nous faut, c’est une autre mission. Comme celle avec le sergent L’Loxx, voilà quelqu’un avec qui on peut bosser convenablement. On leur en a fait baver à ces droïdes, l’autre nuit, hein ? Non, mon pote, je n’ai aucune envie de rester bloqué au COA comme ces deux tourtereaux.

Le lieutenant H’Arman et le soldat Subu étaient désormais célèbres pour leur « amitié » au sein de l’état-major.

— Tu n’as pas envie de ça, hein ?

— Non, mais je n’ai pas non plus envie de rester dehors à attendre. On devrait être avec l’autre Jedi, ce Skywalker. Il y est jusqu’au cou, maintenant. C’est là que je voudrais être. Il aurait besoin de nous, à coup sûr.

— Tu devrais faire gaffe à ce que tu racontes, garçon. Parce que Skywalker, tu vois, je suis plus vieux que lui.

— Ça prouve bien que t’as raté ta vie…

Raders hocha silencieusement la tête.

— Tu sais ce qui me ferait plaisir, là maintenant ?

— J’ai bien un million d’idées, là…

— Un bon verre d’eau glacée.

 

Ce genre de luxe était bien rare sur un champ de bataille. Le major Mess Boulanger estimait, en se basant sur les standards établis pour les soldats de toutes les espèces opérant dans la quasi-totalité des conditions climatiques jamais recensées dans la galaxie, que le soldat clone moyen avait besoin de huit litres d’eau par jour pour rester opérationnel en plein désert, soit cent soixante mille litres par jour pour toute l’armée. Et ceci sans prendre en compte les besoins de l’état-major, du personnel civil et des unités de transport. Les distillateurs d’eau, quasi identiques à ceux qu’on trouvait dans les fermes des planètes comme Tatooine, ne pouvaient produire qu’un litre et demi par jour. Ils étaient énormes, devaient être positionnés assez loin les uns des autres pour être réellement efficaces et devaient en plus composer avec les tirs ennemis qui les prenaient directement pour cible. Les ingénieurs d’Halcyon avaient foré profondément dans les entrailles de la planète pour y dénicher des nappes phréatiques, mais ils ne produisaient pas plus de dix mille litres par jour, et il fallait traiter l’eau pour la rendre potable.

La soif survient chez les humains quant ils perdent environ un pour cent de leurs fluides corporels. La mort par déshydratation est inévitable quand le pourcentage dépasse les vingt pour cent. Et encore moins en milieu aride. Depuis le début de l’attaque contre les positions de Tonith, déjà deux pour cent des pertes étaient dues à la déshydratation. Et ces combattants étaient au top de leur forme physique. Chacun d’entre eux avait débarqué avec une équipement complet de combat d’environ quarante kilos, dont huit litres d’eau. Au moment de la retraite, la plupart avaient déjà consommé leur réserve personnelle.

Mess Boulanger avait fait des calculs très précis et s’était bien préparé à cette situation. Il n’y avait qu’un seul problème. Le ravitaillement, désormais furieusement nécessaire, devait venir de la flotte en orbite.

 

Loin au-dessus du chaudron infernal de mort et de destruction qui faisait rage sur le sol de Praesitlyn, les équipages de la flotte d’Halcyon travaillaient sans discontinuer pour ravitailler l’armée. Des chargements massifs étaient stockés dans des cargos, eux-mêmes alignés dans des Transports. Un flux continuel se déversait des vaisseaux vers la surface de la planète. Le vieux Mess Boulanger avait bien calculé la quantité nécessaire d’aliments, de pièces de rechange et de rations dont l’armée aurait besoin pour rester opérationnelle une semaine en situation de combat. C’était le temps estimé pour briser la résistance de Tonith. Il avait aussi estimé avec ses aides le tonnage précis nécessaire au ravitaillement de l’armée jour après jour. Boulanger avait utilisé les transporteurs de troupes comme engins de ravitaillement en utilisant l’espace normalement réservé aux soldats pour y stocker le matériel, et les utilisait par douzaines pour transférer tout ce dont l’armée avait besoin. Il les avait réquisitionnés parce qu’il lui fallait des engins rapides et faciles à piloter pour pouvoir amener le ravitaillement à destination. D’où un problème plus que préoccupant : aucun engin ne pouvait atterrir directement à proximité des troupes d’Halcyon.

Après le débarquement initial – qui n’avait rencontré aucune résistance – les artilleurs de Tonith avaient continuellement pris pour cible la zone d’atterrissage, détruisant plusieurs Transports et ravitailleurs. Halcyon et son état-major avaient été forcés d’établir une autre zone à plus de trente kilomètres en arrière, protégée des batteries de Tonith par une ceinture de collines. Mais l’accès était compliqué, les vaisseaux devant entamer leur descente atmosphérique à quelque trois cents kilomètres de là, avant de voler au ras du sol pour éviter les tirs des Séparatistes. Ensuite, les véhicules devaient essuyer le feu ennemi pour atteindre le champ de bataille. Beaucoup n’avaient jamais réussi à passer.

 

Odie se tassa à côté de Raders. Erk la rejoignit.

— Salut, tueuse, dit Raders.

Odie grimaça.

— Je n’aime pas ce mot.

— Faudra t’y habituer, ajouta Vick. Tu l’as bien mérité.

— Il commence à y avoir du monde, ici, continua Raders.

— C’est vrai, pourquoi vous ne partez pas, tous les deux ? lâcha Odie.

— On était là avant, contre-attaqua Raders.

Erk décida qu’il était temps d’intervenir.

— On en a marre de rester coincés au COA sans rien faire. Je pensais qu’on pouvait aller faire un tour ensemble.

— Oui monsieur, répondit Vick, l’air de dire ça nous fait une belle jambe.

— Silence, là-bas ! glapit un officier.

 

Un précieux verre d’eau à la main, Anakin faisait son rapport à Halcyon.

— Ils nous attendaient, Maître Halcyon. Mon estimation des pertes tourne autour des six cents hommes. Tués, blessés ou portés disparus. Parmi eux se trouve le commando que j’ai envoyé pour éclaircir le terrain. Aucun d’entre eux n’est revenu.

— Nos pertes à nous s’élèvent à environ mille hommes ; nous ignorons la proportion de tués et de disparus, répondit Halcyon. Nous voilà de retour à la case départ.

— C’était un bon plan d’attaque, intervint Slayke. Bien coordonné, bien conçu et bien exécuté. Personne ne porte le blâme pour ce qui s’est passé. Notre adversaire nous attendait, il n’y a rien à ajouter. Nous aurons plus de chance la prochaine fois.

Il revenait tout juste d’une tournée d’inspection dans les lignes arrière qu’il avait établies le long du lit asséché. Il posa sa main sur l’épaule d’Anakin.

— Vous et vos clones vous êtes battus courageusement, Anakin. Je suis heureux que vous vous en soyez tiré sain et sauf. Mais il y a au moins une bonne nouvelle : cela fait maintenant plusieurs heures que nous avons sonné la retraite, et nous n’avons pas subi de contre-attaque. Je pense qu’il n’a pas suffisamment de ressources pour en organiser une.

— On va quand même devoir le déloger, dit Halcyon. Mais plus d’attaque frontale.

— Celui qui les commande sait ce qu’il fait, observa Slayke. Mais peu importe qu’il soit bon ou pas, il n’est pas meilleur que nous trois réunis. Je suggère qu’on fasse intervenir notre flotte et qu’on brûle la mesa.

Tous ceux qui écoutaient la conversation cessèrent leur activité pour mieux tendre l’oreille. Tous pensaient la même chose.

— Mais… protesta Halcyon.

Slayke secoua la tête.

— Je sais ce que vous allez dire : nous devons préserver le Centre de Communication Intergalactique et la vie des techniciens qui y travaillent. Ils sont retenus en otage, c’est évident. Mais il est aussi évident que la République ne traite pas avec les criminels. Si nous voulons chasser les Séparatistes de cette planète, il faut frapper fort. Le Centre, les techniciens, Reija Momen… Des dommages collatéraux, c’est tout.

— J’ai déjà expérimenté le tir ami, et maintenant j’entends parler de dommages collatéraux, grogna Anakin en finissant son verre d’eau.

Il se passa une main fatiguée sur le visage.

— Je commence à être un expert en tous ces beaux euphémismes qui parlent de mort et de destruction. Mais après ce que mes clones et moi avons vécu, je pense que le capitaine Slayke a raison. C’est juste que…

Il se tassa sur lui-même en se rappelant l’image de Reija Momen.

— Bon, il a raison, finit-il par dire en désignant Slayke du menton, son oser regarder Halcyon dans les yeux.

Au début, Halcyon contempla Anakin comme si le jeune Jedi venait de proférer un effroyable juron. Il voulut lui demander Mais qu’est-ce qui t’arrive ? mais se reprit à temps. Anakin avait vécu l’enfer et restait un Jedi.

— Nos pertes ont été terribles, j’en ai conscience, dit-il doucement. Capitaine Slayke, vous avez souffert bien plus que nous, et je comprends parfaitement votre envie d’en finir avec ce bain de sang aussi vite que possible. Anakin, tu as toi aussi joué le rôle de la chair à canon. Vous êtes tous les deux des commandants courageux et efficaces, et j’ai beaucoup de chance de vous avoir. Mais vous devez comprendre ceci : en aucun cas nous ne sacrifierons des vies innocentes pour obtenir une victoire à la Pyrrhus.

Ses yeux étincelèrent.

— Rappelez-vous que notre mission est de sauver les personnes et les installations.

Il soupira.

— Maintenant, reprit-il, au travail. Trouvez-moi un autre plan.

— Heu, excusez-moi, monsieur, dit le caporal Raders du fond de la salle. On se demandait juste quand est-ce que vous nous donnerez quelque chose à faire…

— Pourquoi ne pas leur proposer de nous rejoindre ? suggéra Slayke en souriant. Il y a bien pire que de demander l’avis des hommes de troupes. C’est comme cet officier là-bas, avec le bandage sur le bras. Je les connais, ceux-là, ils connaissent le terrain bien mieux que nous.

— Pourquoi pas ? répondit Halcyon. Approchez, tous, et ouvrez grand vos oreilles.

— C’est vous qui avez abattu Grudo, dit Anakin alors qu’Odie s’avançait.

Ça n’était pas une question.

— Oui monsieur, c’était une erreur, je… Je…

— Tir ami. Pas de votre faute. Ça arrive tout le temps.

Anakin n’y croyait pas vraiment. Il se tourna vers Halcyon.

— Quand on repartira au feu, je les veux avec moi.

Il désigna les deux gardes.

— Pourquoi ? lui demanda Halcyon.

Anakin haussa les épaules.

— Je sais que je peux compter sur eux. Ils vous ont couvert quand vous avez repoussé l’assaut à bord du Ranger. Et j’ai besoin de quelqu’un pour me couvrir moi aussi maintenant que mes commandos se sont fait laminer.

Halcyon ne lui répondit pas directement. Quelque chose avait changé en Anakin : il était maintenant habité par une dureté, une raideur qui n’était pas là avant.

— Oui, Anakin, nous allons retourner au feu, c’est certain. Et nous n’allons pas rester ici à lécher nos plaies.

Il se tourna vers un officier exécutif.

— Amenez-moi tout le monde et mettons-nous au travail.

 

Mess Boulanger se dressa de toute sa (petite) taille, lissa ses moustaches et répliqua :

— Commandant, j’estime qu’il faut à peu près deux mille mètres cubes de matériel et de ravitaillement pour maintenir l’armée opérationnelle au même niveau d’alerte qu’aujourd’hui. J’en ai stocké bien plus sur notre aire de débarquement, mais comme l’ennemi a la maîtrise des airs, je n’ai pas réussi à en faire passer plus de mille tonnes par jour, et c’est sans compter un quota de pertes tout à fait inacceptable, vous pouvez me croire. Il nous reste de quoi planifier un autre assaut général, mais pas plus.

Assis autour de la table, les officiers considérèrent silencieusement ces informations.

— On ne peut pas attendre le ravitaillement, déclara Anakin. Quant aux renforts ennemis, ils sont peut-être déjà en route. Si c’est le cas, l’équilibre sera rompu et ils auront l’avantage sur nous.

— Je suis d’accord, ajouta Slayke. Il faut attaquer immédiatement et en finir avec ce siège. Qu’en pense le commandant de notre flotte ?

Il se tourna vers l’amiral Hupsquoch, commandant de la flotte en orbite.

— Nous gardons un œil sur le cordon Séparatiste en orbite autour de Sluis Van, répondit Hupsquoch. Pour l’instant, ils n’ont fait aucune tentative pour nous gêner, mais s’ils s’y mettent, nous avons largement de quoi les recevoir. Mes inquiétudes rejoignent les vôtres, commandant Skywalker. Si leurs renforts sont en route, notre situation risque d’être intenable sous peu.

Halcyon hocha la tête.

— Il est extrêmement improbable que les Séparatistes aient monté toute cette opération sans prévoir de renforts. Qu’avez-vous envisagé pour contrer ce genre de surprise, amiral ?

— Je dispose de nombreuses corvettes rapides et de croiseurs éparpillés sur un rayon de mille kilomètres dans toutes les directions. Leurs équipages sont en alerte rouge. Les postes de combat sont opérationnels vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

— Et vous ? demanda Halcyon à l’officier des renseignements.

— Monsieur, je suis constamment en contact avec Coruscant depuis que nous avons détruit la plate-forme de brouillage. Tous les services de renseignement disponibles sont opérationnels dans toute la galaxie. Aucun n’a eu vent d’une flotte importante à destination de Praesitlyn. Bien entendu, ça ne veut pas dire que les Séparatistes n’ont rien prévu, c’est juste que nous n’avons encore rien découvert. J’ajoute que notre réseau de communication est de nouveau intégralement sécurisé. Il n’y aura plus d’incidents comme ce matin, monsieur.

Halcyon hocha de nouveau la tête. Il désigna une carte tridimensionnelle qui montrait le terrain sur une centaine de kilomètres.

— Regardez ça, dit-il, nos éclaireurs confirment que les positions ennemies sont assez faibles juste ici. Ils les ont raccourcies pour renforcer leur périmètre de défense sur trois cent soixante degrés. Ils les ont également rapprochées du Centre parce qu’ils ont parfaitement conscience de la valeur qu’il a pour nous. Et je ne parle même pas des otages. C’est pourquoi j’ai interdit à la flotte d’utiliser ses armes. Cela signifierait la destruction totale de toute la zone.

— Quoi qu’il en soit, constata Anakin, nos assauts les ont affaiblis, et plus particulièrement ceux que le capitaine Slayke a mené avant notre arrivée. Et rappelez-vous de ce que nous a annoncé le sergent L’Loxx : leur maintenance laisse à désirer. Ça pourrait jouer en notre faveur.

— Ils ne pourront rien réparer d’un coup, ajouta Mess Boulanger.

— C’est exact, continua Anakin. Et dans ce genre de climat, la maintenance est fondamentale pour une troupe de combat. J’ai eu pas moins de seize transporteurs en panne lors de mon attaque de ce matin, tout ça pour des problèmes de maintenance. Mais les mécaniciens ont déjà réparé. Je ne pense pas que l’ennemi puisse aller aussi vite. Pendant notre retraite…

— Il n’y a pas eu de retraite, Anakin, nous avons effectué un mouvement rétrograde.

Slayke sourit et plusieurs officiers éclatèrent de rire.

— D’accord, répliqua Anakin, disons que c’était une attaque inversée. Quoi qu’il en soit, nous avons trouvé une douzaine de droïdes tanks abandonnés. Ils étaient juste tombés en panne. Malgré les pertes, notre motivation est intacte. Bien plus que celle des Séparatistes, j’en suis persuadé.

— Résumons, dit Halcyon. On ne peut pas les encercler ; leurs lignes sont trop serrées pour qu’on les infiltre ; nous n’allons pas risquer d’autres pertes en tentant un assaut frontal ; et il n’est pas non plus possible d’utiliser la flotte en orbite pour déloger les droïdes.

— Et eux, tout ce qu’ils ont à faire, c’est de rester assis à attendre les renforts, ajouta Slayke.

— Alors qu’est-ce qu’on fait ? demanda Halcyon en regardant les hommes autour de la table.

— Moi, je sais quoi faire, répondit Anakin dans un murmure.

Personne ne dit rien. Après quelques instants, Halcyon fit un geste de la tête pour inciter Anakin à poursuivre.

Le jeune Jedi se leva et regarda autour de lui. Son visage et ses mains portaient encore les stigmates de l’assaut qu’il avait mené au matin ; ses vêtements étaient sales et déchirés. Il avait de profondes rides crasseuses sur le visage et de larges cernes sous les yeux, mais sa voix était ferme et toute sa gestuelle confirmait qu’il était prêt pour un deuxième round. Malgré la fatigue, il faudrait compter avec lui.

— Donnez-moi quinze clones et un petit vaisseau de transport. Couvrez-moi autant que vous le pourrez et je conduirai ce vaisseau jusqu’à la mesa. Je n’irai pas tout droit. Grâce à vos tirs d’artillerie, j’atteindrai l’aire d’envol et je prendrai cette direction.

Il désigna un point, sur l’écran tridi.

— Je vole vers le nord sur une distance d’environ cent kilomètres, jusque-là. Ensuite, je fais demi-tour pour aller dans cette direction. Second demi-tour, je prends par là. Et j’arrive par-derrière. Je serai rapide et je volerai en rase-mottes. J’atterris grâce à vos tirs de couverture, je pénètre dans le Centre et je libère les otages. Dès que c’est fait, on décroche et je laisse la flotte s’occuper du reste…

Il s’assit.

— Laissez-moi résumer, monsieur, intervint un colonel, l’officier exécutif d’Halcyon. Vous comptez attaquer avec quinze clones pour…

— Dix-sept, en fait. Je prends les deux gardes avec moi.

— Dix-sept, oui monsieur. Et avec ces dix-sept soldats, vous comptez vous infiltrer dans le Centre, libérer les otages et les évacuer ?

— C’est exact, colonel.

— C’est faisable, déclara Slayke, en frappant la table du poing. C’est même excellent ! Vous allez probablement vous faire tuer, mais c’est quand même excellent.

Il sourit à Anakin.

— Vous ne savez même pas où les otages sont enfermés, remarqua l’officier exécutif.

— Mais si, rétorqua Anakin.

— Comment, monsieur ?

Anakin sourit.

— Faites-moi confiance, colonel, je suis un Jedi.

Il n’en dit pas plus. Le visage du colonel était rouge.

— Tu vas avoir besoin de quelqu’un qui connaît le Centre, remarqua Halcyon.

— Moi, je connais le chemin, monsieur, intervint Odie. J’y suis allée bon nombre de fois.

Tous les officiers se tournèrent vers elle.

— Qu’est-ce que tu y faisais ? lui demanda Erk.

— Eh bien, euh…

Elle jeta un œil inquiet à tous les officiers.

— Je connaissais quelqu’un sur place et… On y déjeunait et, heu…

Elle haussa les épaules.

— Enfin bref, j’ai appris à me repérer dans le Centre.

— Prends-la avec toi, dit Halcyon à Anakin.

— Monsieur, ajouta Erk. Prenez deux vaisseaux. Il vous faut une couverture.

— Et si on avait un droïde de nettoyage sous la main, ricana un officier, on pourrait aussi lui demander son avis pendant qu’on y est ?

— Excusez-moi, monsieur, mais c’est une procédure standard. Si vous la suivez, je me porte volontaire pour piloter la deuxième navette.

Erk posa la main sur l’épaule d’Odie.

— Et si ma coéquipière vous accompagne, moi aussi. J’insiste.

— Les lieutenants n’insistent pas, répondit Anakin, ils suivent les ordres.

— J’insiste, monsieur. Je vous connais. Je connais votre réputation. Je suis pilote, l’un des meilleurs, et j’en ai marre de rester coincé ici.

Anakin regarda Erk avec intensité l’espace d’une minute, puis hocha la tête.

Erk lui sourit.

— J’ai reçu un ordre, on dirait.

— Mais vous êtes blessé, lieutenant, protesta Halcyon.

— Je vais beaucoup mieux, monsieur. Par ailleurs, je pourrais piloter avec mes pieds, s’il le fallait.

— Je le crois, dit Anakin. Je le prends avec moi. L’éclaireur, et deux vaisseaux.

— Très bien.

Halcyon haussa les épaules.

— Au moins, ça fera de la place ici. Quand seras-tu prêt ?

— Dès que je me serai changé et que j’aurai étudié les plans de Centre.

— Parfait.

Halcyon se tourna vers ses officiers.

— Nous allons tirer avec tout ce que nous avons sous la main. Je veux que l’infanterie se déploie comme si nous préparions un assaut général. Dès que l’ennemi nous accordera toute son attention, Anakin se lancera. Dès qu’il aura délivré les otages et qu’il nous confirmera que tout va bien, ce sera à vous de jouer, amiral. Dirigez vos canons sur la mesa. Utilisez toute votre puissance de feu. Retournez-moi la zone. Nous pourrons toujours reconstruire le Centre. Commandant Skywalker, ce plan est très risqué, mais je crois qu’il a de bonnes chances de réussir. Leur commandant ne le verra jamais venir.

Il leva une main.

— Que la Force soit avec toi, Anakin, dit-il avant de leur serrer la main à tous les quatre.

— Bon, lâcha Anakin, allons-y.

Les deux gardes se frottèrent les mains.