CHAPITRE XXV

La fumée, la poussière et le feu formaient un voile épais que les instruments à infrarouges du transporteur ne pouvaient pénétrer. Le radar embarqué n’était guère plus efficace : les véhicules explosaient dans un grand maelström de destruction, projetant fragments et débris en tout sens. Il était désormais presque impossible de savoir sur qui on tirait. Ami ou ennemi.

— Sortez-nous de là ! ordonna Anakin à son pilote. Il faut que je vois ce qui se passe pour faire avancer nos lignes. Mes soldats sont tout seuls, sans l’infanterie pour les soutenir. Allez ! Allez !

Soudain, le véhicule d’Anakin fut percuté à l’arrière et ils furent projetés en avant, mais aussitôt retenus par les harnais de sécurité. Au même moment, un tir de laser perça le flanc du véhicule immobilisé et le retourna d’un seul coup. Le compartiment passager prit immédiatement feu.

Sans avoir le temps de réfléchir, Anakin se leva et tira son pilote en arrière. De l’autre main, il utilisa la Force pour ouvrir en grand le cockpit. Le pilote se libéra de son harnais et se hissa de toutes ses forces alors qu’Anakin le tirait vers l’extérieur. Ils sautèrent au sol au moment où le transporteur commençait à cracher des volutes graisseuses de fumée noire, avant de produire une immense gerbe de flammes d’une bonne dizaine de mètres de haut. Personne d’autre ne réussit à sortir à temps.

Tout en traînant le pilote, Anakin se mit péniblement à couvert. Il avait à peine fait plus de quelques mètres, qu’un autre véhicule manqua de les écraser en les frôlant dans un tourbillon de poussière. Anakin et le pilote se jetèrent dans la première dépression rocheuse qu’ils trouvèrent. Tout autour d’eux, des véhicules rugissaient et grondaient, leurs canons faisant feu sans discontinuer. Le vacarme était assourdissant. Une masse sombre se précipita vers eux en ligne droite, c’était un transporteur. Ils s’enfoncèrent dans la boue juste au moment où le véhicule bondissait au-dessus d’eux sans les aplatir. Ils furent à moitié étouffés par l’avalanche de boue qui manqua de les ensevelir. Leur abri se résumait désormais à un simple trou.

— Il faut qu’on dégage d’ici, dit Anakin en s’extirpant de la boue.

— Mais pour aller où ? répliqua le pilote.

Il avait raison. Anakin réalisa d’un coup qu’il n’avait aucune idée de la direction à prendre pour rejoindre le front. Il regarda autour de lui et localisa les transporteurs.

— Par là, ordonna-t-il.

Le pilote le suivit.

Ils atteignirent un véhicule qui avait stoppé et tirait de manière quasi continue sur une cible qu’ils ne pouvaient voir. Anakin reconnut le marquage décoloré qui s’étalait sur le blindage frontal. C’était l’un des leurs ! Il alluma son micro de col.

— Aurek Trill Niner Slant Cresh, ici unité six. Ouvrez la porte, je vous réquisitionne comme véhicule de commandement.

Aucune réponse.

Il toucha la petite plaque qui abritait le récepteur-transmetteur du système de communication, quand le transporteur bondit en avant, coinçant les pans de son manteau dans les chenilles arrière. Anakin fut projeté à terre et traîné sur plusieurs mètres. Il allait passer sous les roues de l’engin, mais son compagnon se précipita pour libérer son manteau d’un coup de vibrolame.

— Merci, c’était moins une ! haleta Anakin alors que le pilote l’aidait à se remettre sur pied.

Il se débarrassa de son manteau et en jeta les restes au sol. Il utilisa ensuite le système de communication de son casque pour tenter de joindre le transporteur.

Mais il n’entendit rien d’autre que des parasites.

— Allez, il faut qu’on rejoigne nos véhicules à pied. Courage, ils ne sont pas très loin. Suivez-moi.

Ils coururent. Anakin dut se contenir : le pilote était en bonne forme et bien entraîné, mais malgré son excellente condition, il ne pouvait rivaliser avec un Jedi lancé à pleine vitesse. Le sang battait aux tempes d’Anakin alors qu’il se freinait mentalement pour réduire son allure quand tout autour de lui ne lui criait qu’une seule chose : cours !

Après quelques secondes qui lui parurent une éternité, il finit par retrouver le gros de la troupe. Les transporteurs étaient là. Il courut jusqu’au premier. Le cockpit était ouvert et son commandant en était à moitié sorti. D’un seul mouvement ample, Anakin bondit sur le dos du véhicule et surprit le clone commandant qui leva son arme en pensant avoir affaire à un soldat ennemi. Anakin lui saisit le bras.

— Je suis le commandant Skywalker ! dit-il rapidement. Montez, je vous réquisitionne comme véhicule de commandement.

Le clone obéit. Anakin redescendit et tira son ex-pilote à l’intérieur.

Pors Tonith contemplait le champ de bataille tout en sirotant une gorgée de thé. Excellent ! L’attaque ennemie se déroulait exactement comme il l’avait prévu. Les assauts sur son flanc droit et son centre baissaient d’intensité ; quant à leur tentative de conquête des collines, elle était ralentie par ses droïdes tanks. Ils auraient la surprise de leur vie dès qu’ils y poseraient le pied.

— Êtes-vous prêts ? demanda-t-il à un technicien.

— Oui monsieur, nous avons piraté leur réseau de communication. Nous avons la signature d’appel de leur commandant, son empreinte vocale et son code d’authentification. Nous pouvons donner des ordres à l’ensemble de ses troupes.

— Très bien, attendez.

Tonith pouvait désormais donner aux troupes d’Halcyon tous les ordres qu’il voulait, aussi saugrenus soient-ils. Avancez, reculez, ne bougez plus, attaquez… Mais il voulait quelques chose de plus spectaculaire, et il était déterminé à l’obtenir.

Il sourit.

 

— Passez-moi votre micro, demanda Anakin au chef d’unité en arrachant le sien et en le balançant par la fenêtre.

— Ici unité six. Je suis dans le transporteur de tête. Suivez-moi, tous.

Il grimpa dans la partie supérieure du cockpit et sortit la tête à l’extérieur.

— Foncez aussi vite que possible. Écoutez-moi bien, c’est moi qui vous indiquerai la direction.

Il ajouta au micro :

— À toutes les unités, suivez ma lumière !

Sur ce, il tira son sabre laser de sa ceinture, l’activa et le tint haut vers le ciel. Il lança son bras en avant. Le véhicule bondit sur une petite colline et fonça droit sur la plaine, suivi par une longue colonne de transporteurs.

— À gauche toute, ordonna-t-il.

Le véhicule fit un écart sur la gauche et évita un blindé qui arrivait à contresens.

— Plus vite. Tout droit. À droite. À gauche. Ouvrez-moi ce truc.

Des tirs de laser lacérèrent l’air autour d’eux. Anakin les dévia sans effort. Derrière lui, quelques véhicules furent touchés et ralentirent, mais ceux qui le suivaient les dépassèrent pour resserer le cordon sans perdre de vue le sabre laser d’Anakin.

C’était la seule chose qu’on pouvait apercevoir avec ce nuage de poussière et de débris qui englobait la plaine. Fort heureusement, les troupes d’Halcyon avaient fait du bon travail et les machines ennemies étaient soit en déroute, soit détruites.

En quelques secondes, ils atteignirent le pied des collines qui formaient leur principal objectif.

— Débarquez. Formez vos bataillons et suivez-moi !

Anakin sauta au sol. La manœuvre de débarquement avait été répétée à la perfection un nombre incalculable de fois. Les unités, les escadrons et les bataillons s’organisèrent rapidement en positions préétablies. Les soldats serrèrent les rangs pour combler les trous correspondants aux transporteurs touchés pendant l’assaut initial. Les véhicules restants décrochèrent rapidement en arrosant au canon laser le sommet de la colline.

— Couvrez-nous, ordonna Anakin au COA.

— Bien reçu, répondit une voix dans l’oreillette d’Anakin. Cinq secondes avant acquisition de cible.

Anakin compta mille un, mille deux, mille trois, mille quatre, mille cinq et des tirs de mortiers commencèrent à pilonner le sommet. C’était une vision extrêmement satisfaisante. Il laissa le tir de barrage se déployer et alla prendre place à la tête de l’unité de commandement.

— Ça devrait les calmer. Personne ne peut survivre sous un tel déluge.

— Je n’en suis pas aussi sûr, monsieur, répondit le commandant de bataillon.

Anakin le regarda avec incrédulité, puis haussa les épaules.

— Je vous conseille de rester ici jusqu’à ce que nous ayons sécurisé la colline, ajouta le clone.

Anakin n’hésita qu’un bref instant avant de prendre sa décision. Il était prêt à en découdre. Chaque fibre de son corps lui hurlait de charger droit devant et d’utiliser son sabre laser. Mais il était commandant, désormais, et son travail consistait à donner des ordres, pas à se battre directement.

— Colonel, prenez-moi cette colline.

Il désigna la colline qui s’élevait au-dessus des éboulis rocheux.

Le bataillon s’ébranla, compagnie après compagnie. Le commandant et son état-major intégrèrent la seconde compagnie. Les éboulis forcèrent l’armée à se diviser pour que tout le monde puisse grimper la pente, et la nervosité augmenta.

— Plus vite ! Plus vite ! ordonna le commandant à ses troupes, sans quitter des yeux le sommet qui demeurait étrangement silencieux.

Qu’est-ce qu’ils attendaient ?

Droit devant, des tirs de laser crépitèrent soudain.

— Quelques droïdes, déclara le chef de la première compagnie sur le réseau radio. On nettoie.

Le commandant n’entendit qu’un affreux Crack quand la mine explosa et lui fit sauter les deux tympans. Il se sentit soulevé et projeté en arrière dans un nuage de fumée, de poussière, de morceaux d’armures et de corps mutilés. Il s’écrasa contre un rocher et termina sa chute à même le sol. Il ne ressentit aucune douleur, juste un engourdissement dans ses jambes et son dos. Il secoua la tête pour s’éclaircir les idées, sans succès. Bien décidé à se remettre sur pied, il constata l’évidence : ses deux jambes étaient sectionnées juste au-dessous des genoux. Il s’en rendit compte en se hissant sur un coude. Il tenta de s’asseoir pour faire cesser les saignements, mais son dos brisé l’en empêcha. Quelqu’un l’attrapa par les aisselles et le traîna en arrière. Il perdit conscience. Beaucoup plus tard, quelqu’un d’autre, une femme, lui donna de l’eau.

 

Alignés en rangs serrés, les droïdes de guerre se tenaient immobiles dans leur bunker. Leurs systèmes de contrôle étaient actifs, leurs armes chargées, et ils n’attendaient plus que l’ordre d’attaquer. Quelques instants auparavant, on leur avait ordonné de s’abriter dans le complexe souterrain pour échapper au déluge de mortier qui pilonnait des positions inoccupées. Des droïdes ouvriers avaient renforcé et amélioré les bunkers la nuit précédente et ils étaient maintenant parfaitement protégés contre les tirs d’artillerie ennemis qui explosaient en d’immenses gerbes de flammes à même la colline. À peine trente minutes avant, des clones avaient tenté de pénétrer leur périmètre, mais les droïdes les attendaient de pied ferme. Maintenant, ils étaient en sécurité dans leur bunker et se contentaient d’attendre. Les quelques créatures organiques qui les accompagnaient, les coordinateurs de terrain, courbaient les épaules en craignant l’obus qui finirait fatalement par tomber droit sur le complexe pour l’anéantir. Mais les droïdes ouvriers avaient fait du bon travail, et malgré le vacarme des explosions d’obus qui dépassaient souvent les mille kilos, ils étaient bien à l’abri dans leur trou. Tous attendaient que le bombardement cesse.

L’infanterie ennemie approchait rapidement, exactement comme l’avait prévu l’amiral. Quelques droïdes faisaient diversion en tirant sur les premières lignes. D’ici quelques secondes, la gigantesque mine enterrée sous les ruines d’Izable serait activée, et les droïdes recevraient l’ordre d’attaquer pour achever les survivants.

Un contrôleur était assis, le détonateur entre ses mains, sans quitter un écran des yeux. Dès que les clones seraient tous au beau milieu des éboulis rocheux, il ferait sauter la mine. Soudain, l’écran s’éteignit sans prévenir. Pas grave ; il savait parfaitement où se situait l’infanterie. Il compta un, deux, trois et enfonça le bouton du détonateur. Les vibrations dues à l’explosion se firent sentir jusqu’au plus profond des bunkers, les faisant trembler sur leurs fondations. Tout ce qui n’était pas fermement arrimé fut projeté au sol. Le contrôleur sourit. Et maintenant, dès que les tirs de mortiers cesseraient…

 

L’explosion jeta Anakin au sol. Plus haut, là où la première compagnie s’était enfoncée parmi les rochers, il n’y avait plus qu’un immense nuage de fumée. L’air était saturé de poussières et de fragments rocheux arrachés au sol par le choc. Anakin bondit en avant. Ce qu’il vit sortait tout droit d’un cauchemar. Presque tous les clones de la première compagnie avaient été tués ou blessés par l’explosion. Les soldats encore debout titubaient dans la boue, l’armure recouverte de sang. Nombre d’entre eux avaient des membres arrachés. Le sol était jonché de morceaux humains et de corps torturés. Tous ceux qui n’étaient pas directement blessés erraient seuls, sans arme, désorientés, manifestement en état de choc.

— Deuxième compagnie, en route ! ordonna Anakin sur le réseau général. Deuxième et troisième bataillons, en position ! Suivez-moi !

Il traversa le carnage jusqu’au début de la pente et activa son sabre laser avant de le lever au-dessus de sa tête.

— Suivez-moi ! J’ouvre la voie.

Les deux dernières compagnies du premier bataillon se reprirent rapidement et avancèrent vers les rochers où Anakin les attendait. Le reste des transporteurs avait fini de débarquer les dernières troupes.

— Envoyez-les-moi maintenant ! ordonna Anakin.

Le commandant de brigade organisa immédiatement ses régiments.

Il ne se passait toujours rien au sommet. Bien. L’artillerie les avait tous décimés. Des milliers de clones se dispersèrent le long de la pente avant de s’arrêter pour attendre les ordres.

À cet instant précis, l’artillerie cessa de pilonner la colline.

 

— Ajustez le tir à cent mètres sur l’arrière, déclara le colonel Gris Manks d’une voix neutre. Retraite immédiate. Faites passer l’ordre à toutes les unités. L’assaut est annulé, il faut maintenant qu’on couvre la retraite.

— Monsieur, s’écria l’un des opérateurs, je crois bien que les troupes chargées du flanc droit sont en train de gravir la colline. Si on ajuste nos tirs cent mètres en arrière, on va leur tirer dessus…

— Vos informations sont erronées. Ajustez le tir comme prévu. J’en ai reçu l’ordre directement du commandant Halcyon. Un ordre dûment authentifié. Ordre à toutes les batteries de viser la plaine selon nos calculs préenregistrés pour couvrir la retraite et empêcher une contre-attaque.

Les opérateurs du COA exécutèrent consciencieusement les ordres et les canons ajustèrent aussitôt leurs tirs.

Erk et Odie se levèrent d’un bond.

— Ordre dûment authentifié, commenta le droïde. Procédure standard. Cela signifie que le commandant en chef a donné un ordre et que cet ordre doit impérativement être exécuté. Je le sais parce que je suis un…

 

Pour Anakin, les tirs de lasers furent comme une masse solide de lumière, si vaste qu’il était presque impossible de discerner les tireurs individuels. Une vague de destruction déferla sur les soldats rassemblés autour de lui. Sans même y penser, il utilisa son sabre laser pour parer plusieurs tirs qui lui étaient directement destinés. Les clones à ses côtés n’eurent pas autant de chance et furent taillés en pièces.

— À l’assaut ! hurla Anakin en grimpant la pente.

Les compagnies, bataillons, et régiments se ruèrent derrière lui toutes armes dehors, mais la ligne trembla devant le feu dévastateur qui venait du sommet, avant de stopper à mesure que les morts s’amoncelaient et que les survivants se jetaient à terre pour se mettre à couvert.

— Artillerie, pilonnez-moi cette colline, lâcha Anakin sur le réseau radio, trop excité pour suivre la procédure standard de commandement.

— Ici le commandant Skywalker. Couvrez-nous avec l’artillerie ! Vos obus tombent droit sur nos transporteurs de troupes. Réajustez votre tir ! C’est un massacre, ici. Nous somment coincés ! Je répète, nous sommes coincés !

Pensant qu’il s’agissait d’un piège – l’ordre de changement de tir venait directement du COA, et donc du commandant en chef de l’expédition – les chefs de batteries chargés de couvrir l’avancée d’Anakin hésitèrent quelques secondes et demandèrent confirmation au COA. Les obus continuèrent à pleuvoir sur les blindés.

Les tirs des droïdes s’intensifièrent. Rares étaient les clones suffisamment bien placés pour leur rendre la pareille. Frustré, Anakin passa sur la fréquence directe d’Halcyon.

— Général Halcyon, ici Anakin, que se passe-t-il ? Je suis coincé ici, ma propre artillerie pilonne mon arrière et l’ennemi nous massacre devant !

Halcyon se pétrifia quand il entendit la voix d’Anakin jaillir des haut-parleurs et tout le monde retint son souffle.

— Anakin, un instant.

Il se tourna vers son officier de liaison.

— Passez-moi le colonel Manks.

— C’est vous qui m’en avez donné l’ordre il y a quelques minutes, rétorqua Manks après qu’Halcyon lui ait demandé ce qu’il en était. Ajustez le tir à cent mètres sur l’arrière…

— Notre réseau a été piraté, souffla un officier, vous n’avez jamais donné un tel ordre !

Il regarda Halcyon.

— Colonel, couvrez la retraite de toutes les unités, mais tirez immédiatement sur le sommet de cette fichue colline. Anakin, dès que les obus commenceront à pleuvoir là-haut, tu rentres. L’assaut est annulé.

Quand l’artillerie recommença à viser le sommet, il était trop tard pour faire des ravages parmi les droïdes : ils s’étaient déjà mis à l’abri dans leurs bunkers.

 

Odie se prit la tête dans les mains.

— Nous massacrons nos propres hommes, murmura-t-elle.

— C’est ce qu’on appelle le tir ami, déclara le droïde, ça arrive tout le temps.

— Je sais parfaitement ce que ça veut dire, répliqua amèrement Odie. Et j’espère ne plus jamais avoir à l’entendre.

 

— Au rapport, Tonith.

C’était encore ce détestable commandant Ventress. Pors Tonith reposa sa tasse de thé.

— Vous me dérangez au mauvais moment, siffla-t-il. Je suis sur le point d’écraser une attaque majeure.

— Oui, vous m’avez l’air extrêmement occupé, comme toujours. Avez-vous accompli votre mission ?

— Absolument, répondit Tonith d’un ton suffisant en portant sa tasse à ses lèvres.

— Pertes ?

— Les nôtres ? Légères. Les leurs ? Je ne les ai pas comptées. Mais lourdes, quoi qu’il en soit, très lourdes. Voyez-vous, j’ai parfaitement réussi à anticiper leurs mouvements…

— Le comte Dooku sera satisfait, l’interrompit Ventress d’une voix neutre.

— Je suis sûr que cela confirmera la confiance qu’il m’a témoignée en me nommant à la tête de cette expédition, dit-il en s’avançant tout sourire vers l’image holographique qui se trouvait en face de lui.

— Vos renforts ne vont pas tarder. La flotte est en route.

Tonith se contenta de hocher la tête.

— Je n’en aurai peut-être pas besoin. J’ai bien l’impression de faire face à des crétins finis. Attaque frontale pour faire diversion. Assauts latéraux. Des Jedi qui courent comme des poulets avec leurs sabres laser, pouah ! C’est la stratégie et la puissance de feu qui comptent, pas l’héroïsme ou la pose.

— J’en informerai le comte Dooku, répliqua-t-elle. Autre chose, Tonith. Quand tout ceci sera terminé, nous nous rencontrerons. Et je vous tuerai.

L’image disparut.

Tonith resta pétrifié quelques secondes. Puis il haussa les épaules, vida sa tasse et s’en servit une autre.

— J’aimerais bien voir ça, ricana-t-il.

Mais il savait parfaitement qu’elle était sérieuse.