CHAPITRE IX
Sicile – 12 mars 1994
Don Caravelli, capo dei tutti capi de la Mafia, se leva lorsque ses invités lui furent amenés dans la grande salle de banquet. C'était un geste de respect de la part du plus grand chef criminel du monde, et les quatre visiteurs échangèrent des sourires de satisfaction. Il leur avait fallu des mois pour arranger cette rencontre, et cette légère démonstration indiquait qu'ils n'avaient pas fait le voyage en vain.
« Messieurs, » dit leur hôte, un colosse dépassant largement le mètre quatre-vingt et dont les larges épaules tendaient à se rompre sa veste impeccablement coupée, « soyez les bienvenus chez moi. »
Il fit un signe de main en direction des quatre chaises vides autour de l'immense table. « Mon chef est en train de préparer un plat spécial à votre intention ce soir. » Caravelli eut un sourire carnassier, découvrant des dents blanches en contraste avec son teint mat. « Vous me pardonnerez, bien entendu, de ne pas me joindre à vous. »
Les quatre hommes ne dirent rien. Ils savaient tous que Caravelli était un vampire. Cela ne signifiait rien pour eux. Ils s'intéressaient uniquement à son empire criminel. Ses goûts en matière de nourriture ne les concernaient pas. Ils se considéraient comme des hommes d'affaires, s'accommodant des dures réalités du monde. Au besoin, ils auraient pactisé avec le diable si ç'avait été bon pour les affaires.
« Je m'excuse de ne pas vous avoir accueillis à l'aéroport, » poursuivit le Don, en regagnant sa chaise. Deux vampires, plus massifs encore que le gigantesque chef de la Mafia, prirent position à ses côtés. Deux autres montaient la garde à la porte. « Mais ma plus redoutable ennemie est actuellement introuvable. Mes conseillers insistent pour que je reste dans cette forteresse jusqu'à ce qu'on sache où elle est passée. Je ne suis pas un lâche, mais j'ai réchappé de justesse à trois tentatives de meurtre par cette garce. Je préfère éviter de lui offrir une quatrième chance. »
« S'agit-il de cette cinglée de Giovanni ? » demanda Tony « La Tuna » Blanchard. Chef de la branche côte est du Syndicat, il avait déjà rendu visite à Don Caravelli à plusieurs reprises dans le passé et n'était pas aussi intimidé que ses collègues par le chef de la Mafia. C'était Tony qui avait organisé cette rencontre dans l'espoir de renforcer les liens entre le cartel du crime américain et les créatures de Caravelli. « Elle est toujours après votre tête ? »
Caravelli acquiesça, souriant légèrement devant le choix des mots. Il fit signe à l'un des hommes à la porte. « Du vin pour mes invités. Ils doivent être assoiffés après ce long vol depuis l'Amérique. »
Le garde hocha la tête et sortit de la pièce. « Je fais vraiment un hôte déplorable. Je vous en prie, détendez-vous. Nous discuterons de votre proposition après le dîner. Pour le moment, vous êtes mes invités. »
Une bouteille d'excellent vin rouge s'attira des murmures d'appréciation de la part des quatre patrons du Syndicat. Don Caravelli, bien qu'il ne bût pas, possédait l'une des plus remarquables caves d'Europe. Une deuxième bouteille fut apportée et vidée à son tour.
« Je ne comprends pas très bien votre problème, Don Caravelli », dit George Kross, le représentant du Midwest du cartel. Grand costaud au visage rougeaud et aux petits yeux en vrille, il s'exprimait avec l'accent nasillard caractéristique de l'Indiana. « Une espèce de cinglée cherche à vous faire la peau ? Pourquoi ne pas la liquider ? Merde, vous êtes le patron des patrons. Vous pourriez faire assassiner le putain de Président des USA rien qu'en levant le petit doigt. »
« Malheureusement, votre dirigeant en chef est beaucoup plus facile à atteindre qu'un membre de haut rang du clan Giovanni, » dit doucement Don Caravelli. Il croisa ses énormes mains, posant ses coudes sur la table. « Par ailleurs, Madeleine Giovanni s'est révélée une adversaire de taille pour mes meilleurs agents. Au cours des soixante dernières années, six de mes plus précieux assassins ont essayé de l'éliminer. Inutile de préciser qu'aucun d'eux n'est revenu de sa mission. »
« Une femme qui liquide six tueurs de la Mafia ? » fit Harvey Taylor, chef du Syndicat de la côte ouest. « Elle m'a tout l'air d'un sacré morceau. »
« Ne peut-on l'acheter ? » demanda Kross. « Tout le monde a un prix en ce bas-monde. Tout le monde. Humain ou vampire. »
Don Caravelli acquiesça. « C'est également mon sentiment. Malheureusement, les Giovanni sont une bande de gêneurs étroitement soudés. Ils désirent ardemment le pouvoir que je détiens. Et, » fit le Don en haussant les épaules avec un air faussement contrit, « j'ai commis la funeste erreur d'exécuter son père de nombreuses années auparavant. Madeleine ne va ni oublier ni pardonner. »
« Ouais, » dit Taylor. « Les femmes sont comme ça. Quand même, vous autres vampires avez tout un ensemble de règles de conduite et tout ça. Ne pourriez-vous pas convaincre les anciens de son clan de lui demander de laisser tomber ? »
« Si j'avais affaire à n'importe quel autre clan que les Giovanni, » répondit Don Caravelli, « cette solution pourrait fonctionner. Mais avec ces sangsues, il n'y a pas de compromis possible. »
Don Caravelli se leva de sa chaise. « Permettez-moi de vous raconter un fragment d'histoire de la Famille que peu d'humains connaissent. La situation à laquelle je dois faire face deviendra beaucoup plus claire pour vous. »
Le chef de la Mafia s'avança près de la cheminée. Il retira un tisonnier en fer du râtelier. Tenant la barre de métal d'une main, il se mit à battre la mesure dans son autre paume tout en parlant.
« Comme vous le savez tous, nous autres vampires vivons de sang humain. Il nous procure toute la nourriture dont nous avons besoin. Le vitæ, comme nous l'appelons, est pour nous un élixir de vie. Toutefois, si le sang des mortels est notre vin, le sang vampirique est notre meilleur brandy. Nous l'appelons la boisson ténébreuse. »
Caravelli sourit, soulignant chaque mot d'un mouvement de tisonnier. « Quand l'occasion se présente, mes amis, nous autres vampires devenons tous des cannibales. La Sixième Tradition de Caïn interdit aux vampires de boire le sang de leurs congénères, mais elle est largement ignorée. Les forts n'obéissent qu'à leurs propres lois. »
Lentement, le chef de la Mafia fit le tour de la table, s'arrêtant brièvement derrière chaque patron du Syndicat. Aucun des quatre ne parut très à l'aise avec Caravelli debout dans son dos.
« La diablerie consiste pour un vampire à en vider un autre de son sang. Le plaisir qui découle d'un tel cannibalisme dépasse toute description. Plus important, toutefois, est le résultat lorsqu'il implique un vampire de n'importe quelle génération qui boit le vitæ d'un vampire de génération inférieure. Souvenez-vous que, au sein de ma race, plus basse est la génération, plus grand est le pouvoir ! »
Les yeux de Don Caravelli semblèrent briller tandis qu'il parlait. « Le fluide vital absorbé est une boisson si puissante qu'il transmet à l'assaillant tous les pouvoirs de sa victime ! C'est comme si un enfant devenait brusquement l'égal de son père, avec toute la vitalité d'un adulte. En d'autres termes, un vampire de la sixième génération qui pratiquerait la diablerie sur un vampire de la cinquième génération deviendrait lui-même un vampire de la cinquième génération. Et gagnerait les pouvoirs et la force supplémentaires de ce niveau.
« Pour abaisser encore sa génération, il lui faudrait boire le sang d'un Mathusalem, un des vampires de la quatrième génération. S'il y parvenait, il connaîtrait un nouvel accroissement de son énergie et de ses aptitudes. Pour progresser au-delà, il devrait découvrir et assassiner l'un des membres de la troisième génération, un Antédiluvien.
« J'ai pigé, » dit Sol Cohen, patron du Syndicat du sud qui était jusque-là resté silencieux. « C'est comme gravir les échelons dans une entreprise. Ou grimper dans notre organisation. Pour atteindre un niveau supérieur de richesse et de pouvoir, vous devez faire la peau du type placé immédiatement au-dessus de vous. C'est la seule manière de progresser dans ce boulot. »
« C'est résumer crûment mais efficacement, » dit Don Caravelli. Il regagna son siège, sans lâcher le tisonnier. Il sourit aux quatre hommes, mais ses yeux étaient froids, d'un froid glacial. « Je suis un Brujah de la cinquième génération. Madeleine est une Giovanni de la sixième génération. Les clans ne signifient rien en matière de diablerie. Non seulement cette garce veut me tuer, mais elle veut me vider de mon sang. Ce qui la transformerait en Giovanni de la cinquième génération, multipliant encore ses formidables capacités. »
« Oh, putain, » dit George Kross. « Pas étonnant que vous autres vampires soyez tellement paranoïaques. Non seulement vous avez deux sectes en guerre, treize clans distincts luttant pour le pouvoir, mais chaque vampire du quartier doit guetter la moindre occasion de se faire son patron, de boire son sang et de prendre sa place. »
« Correct dans les grandes lignes, » dit Don Caravelli. « Votre mention des treize clans est tout à fait appropriée. Car, comme vous le savez déjà, treize vampires de la troisième génération, les Antédiluviens, sont les fondateurs de ces lignées distinctes. Mais certains des treize ne sont pas aussi vieux que les autres. »
« Comment ça ? » demanda Sol Cohen. « Vous êtes en train de dire que certains vampires sont allés commettre ce truc de diablerie sur quelques-uns des honchos en chef ? »
Caravelli éclata de rire, un rire de gorge, profond, qui résonna à travers la pièce. « Honchos ! Vous autres Américains avez de ces termes merveilleux. Il faudra que je me souvienne de celui-là. Il a une certaine sonorité qui me plaît bien. »
Le chef de la Mafia rejeta le tisonnier sur le côté. Les quatre patrons du Syndicat poussèrent un soupir de soulagement. Tous étaient bien conscients du fait qu'ils se trouvaient au cœur d'une forteresse imprenable où la parole de Don Caravelli faisait loi. Bien que leur hôte fît montre d'une correction irréprochable, aucun des membres du quatuor ne se sentait parfaitement à son aise.
« La troisième génération originelle se composait de treize vampires Étreints voici plusieurs milliers d'années. Cependant, tous ne survécurent pas au passage des siècles. Bien qu'ils fussent maîtres de pouvoirs incroyables, ils pouvaient être tués. Ceux qui accomplirent ces meurtres étaient des vampires de la quatrième génération qui, une fois leur forfait accompli, burent le sang de leurs victimes et furent ainsi transformés en vampires de la troisième génération. Ceci s'est déroulé à plusieurs reprises au cours de notre histoire. »
Le Don marqua une pause. « Vous devez avoir faim. Je vais ordonner qu'on prépare le dîner. » Il fit un signe à l'un de ses lieutenants. « Le temps que je finisse mon récit, on nous l'apportera ici. »
« Sauf votre respect, Don Caravelli, » dit George Kross, « j'ai l'estomac qui fait des nœuds depuis quelques minutes. Le mélange du vin et de ces histoires de cannibalisme. Permettez que je fasse un saut aux toilettes ? »
« Naturellement, » dit le vampire. « Nicko, en vous rendant à la cuisine, montrez le chemin à monsieur Kross. »
Kross sortit de la pièce d'un pas vacillant, le teint verdâtre. « George n'a jamais pu supporter le vin, » remarqua Sol Cohen en riant. « C'est un buveur de bière depuis très, très longtemps. »
« Ça n'a pas l'air bien méchant, » dit Don Caravelli.
« Pour en revenir à notre histoire, ma propre lignée, celle des Brujahs, descend en réalité d'un vampire de la quatrième génération du nom de Troïle qui assassina son sire dans les temps anciens. En vérité, notre clan devrait s'appeler Troïle et non Brujah. »
« Et les autres infants de Brujah ? » demanda Tony Blanchard. Il en connaissait beaucoup plus au sujet de la Famille que ses compagnons. « N'y avait-il pas d'autres vampires de la quatrième génération dans les parages en dehors de Troïle ? Que sont-ils devenus ? »
« Il en existait quelques-uns, » admit le Don, affichant une expression légèrement contrariée. « Leur sire mort, ils furent effectivement privés de clan. On raconte que certains d'entre eux partirent en Extrême-Orient. Mais c'est sans aucune certitude. Ni le moindre intérêt. »
« Je parie que les Giovanni ne faisaient pas partie des treize d'origine, » dit Harvey Taylor. « Je doute qu'il y ait eu quelqu'un avec un nom comme ça avant le Moyen Age. »
« Les clans Giovanni et Tremere sont relativement récents, » confirma Don Caravelli. « Leurs chefs, hommes totalement dépourvus de scrupules dans la vie, devinrent des vampires tout aussi impitoyables dans la mort. Giovanni et Tremere abaissèrent leur génération en commettant diablerie sur diablerie. Jusqu'au jour où, ayant atteint la quatrième génération, ils se mirent chacun en quête d'un Antédiluvien dont ils burent le sang. Ils obtinrent ainsi la pleine puissance d'un vampire de la troisième génération pour leur clan. Et par conséquent, selon la loi de la Famille, se posèrent en fondateurs de deux lignées à part entière. »
« Si ces événements ont eu lieu au Moyen Âge, » dit Tony Blanchard, « un paquet de vampires qui étaient les infants des deux Antédiluviens assassinés ont dû subitement se trouver privés de clan. Et salement en rogne. »
« Les Giovanni et les Tremeres firent preuve d'une certaine sauvagerie, » dit Don Caravelli, avec un geste négligent de la main. « Ils exterminèrent méthodiquement tous les membres des clans originaux qu'ils purent trouver. La manière la plus aisée de prévenir toute revanche de leurs ennemis consistait à les balayer de la surface de la Terre. Le temps que la Camarilla leur ordonne de cesser, seule une poignée de ces vampires traqués survécurent. Ils devinrent des hors-caste, des Caitiffs. Membres d'une lignée éteinte, ils étaient dépourvus de clan et donc quantité négligeable. »
« Ce qui nous amène à quoi ? » demanda Harvey Taylor. « Je sais qu'il y a une morale à cette histoire, mais je ne vois pas bien laquelle. »
« La leçon en est très simple, monsieur Taylor, » dit Don Caravelli. « Des treize clans, ces trois sont les seuls qui ne descendent pas de vampires âgés de huit ou neuf millénaires. Même l'immortalité devient ennuyeuse après six mille ans. Les clans Brujah, Giovanni et Tremere sont plus jeunes, plus forts et plus dynamiques que les dix autres. Bien que nos anciens ne soient pas aussi vieux, ils possèdent des pouvoirs identiques à ceux des chefs de n'importe quel autre clan. Nous ne sommes pas aussi fatigués de la mort. Nous sommes moins nombreux à nous retirer dans l'éternelle torpeur. Ou à abandonner tout espoir et à contempler le lever du soleil.
« Les anciens de ces trois clans savent que l'une de nos lignées est destinée à régner un jour sur la totalité de la Famille. Bien qu'il nous arrive de conclure des alliances fragiles, voire même de poursuivre des buts communs, nous sommes parfaitement conscients que les deux autres clans sont nos véritables rivaux parmi les Caïnites. C'est pourquoi, même si je souhaiterais voir Madeleine Giovanni mettre un terme à ses poursuites incessantes, je sais qu'elle n'en fera rien. Les Brujahs, les Tremeres et les Giovanni sont engagés dans une lutte secrète jusqu'à la mort. C'est une guerre de sang. Et, dans un pareil conflit, il n'y a pas de compromis. »
« George est parti depuis bien longtemps, » dit Tony Blanchard. Il gloussa. « J'espère qu'il n'est pas tombé dans le trou. »
« Je suis certain que monsieur Kross nous rejoindra d'un moment à l'autre, » dit Don Caravelli. Il se leva de sa chaise. « Ah, voilà le dîner qui arrive. »
Trois grands vampires entrèrent dans la pièce en poussant devant eux une gigantesque table de service roulante. Sur la table se trouvaient trois énormes plats en argent recouverts chacun d'un immense couvercle. Les serveurs soulevèrent les plats et en déposèrent un devant chacun des trois patrons du Syndicat.
« Eh, » dit Sol Cohen. « Et George ? Il devrait être ici. »
Don Caravelli sourit et hocha la tête à l'adresse de ses hommes. Ces derniers soulevèrent les couvercles des plats. Les hurlements horrifiés des trois gangsters résonnèrent entre les murs de la pièce pendant un long moment. George Kross était revenu, mais en plusieurs morceaux. L'expression choquée de son visage, braquant des yeux grands ouverts depuis le plat posé devant Tony Blanchard, indiquait que sa mort n'avait pas dû être agréable.
« Pendant que je vous récitais ma petite histoire pour distraire votre attention, » dit Don Caravelli, « l'un de mes hommes, expert à lire dans les pensées, sondait vos esprits. Il ne lui a pas été difficile de voir que monsieur Kross avait préparé son petit subterfuge depuis des mois. Il comptait s'infiltrer dans ma forteresse pour en apprendre les secrets. Il pensait ensuite revendre ses informations au plus offrant. Le pauvre fou. Il m'a pris pour un imbécile. »
Le capo de la Mafia eut un sourire carnassier. Son visage n'avait plus rien d'humain. Ses yeux clairs brillaient d'un éclat rouge sang.
« Son escapade aux toilettes était le résultat d'une suggestion irrésistible implantée dans son esprit par mon agent. J'ai jugé préférable de m'occuper de monsieur Kross à l'extérieur. Il n'aurait pas été très courtois de le dépecer pendant notre discussion. »
Le chef de la Mafia fit un geste et les couvercles furent rabattus sur les plats. « Vous êtes, pour votre part, venus marchander de bonne foi. J'apprécie cela. Notez, s'il vous plaît, que j'attends des négociations qu'elles se déroulent sans anicroche. Je pense que vous trouverez mes conditions pour votre organisation très généreuses. » Il n'était pas nécessaire pour le Don de les menacer davantage avec le corps de George Kross reposant devant eux sur la table.
« En tout cas, vous en savez beaucoup trop au sujet de la Famille pour repartir d'ici inchangés, » déclara-t-il lorsque la table fut débarrassée. « Mon lieutenant, Don Lazzari, vous fera bientôt boire un peu de son sang. La transformation d'humain en goule est indolore. Elle garantira votre silence sur ce que je vous ai dit ce soir. Ainsi que votre loyauté totale et absolue. »
Don Caravelli hocha la tête à l'adresse de ses invités encore tremblants. « Peut-être comprenez-vous maintenant pourquoi Madeleine Giovanni et moi ne pouvons parvenir à un accord. Aucun de nous, » et il rit tant et plus, « n'est très doué pour le pardon. »