Chapitre 31

Il n’y a pas d’orphelins chez les Crows

Il y avait cinq heures de route de Sturgis jusqu’à la réserve crow. Coyote, qui avait remis ses habits de cuir noir, conduisit de bout en bout. Sam était assis à ses côtés, anéanti, absent, ne voyant plus rien autour de lui. Il tenait Tortor dans ses bras et luttait pour ne pas regarder vers l’arrière où gisait le corps sans vie de Calliope. Son esprit s’était mis en retrait de tout. Sam ne pensait plus, ne s’accrochait à aucun souvenir.

C’est quand ils arrivèrent en ville qu’au fond de la conscience de Sam se raviva une petite flamme qui lui fit dire : « Mais qu’est-ce que je fous là ? Je devrais pas être là, avec mes montagnes d’emmerdements. »

— Mais fallait bien revenir un jour, dit Coyote.

— T’as raison.

Sam aurait aimé étayer sa réponse mais l’énergie lui manquait.

— Quand on sera rendus, Coyote, pas de conne-ries, hein ? Tu promets ? Pour une fois, comporte-toi en adulte.

— C’est bien pour te faire plaisir…

A deux kilomètres après la sortie de la ville, Coyote

gara la Datsun dans l’allée boueuse de la maison des Chasseurs Solitaires.

— Attends-moi là, ordonna Coyote.

Coyote sortit de la voiture et escalada les marches de ciment brut qui menaient à la porte de la maison. Pendant ce temps Sam fit un tour d’horizon complet. L’aspect extérieur des choses était demeuré le même. Les maisons avaient bien été repeintes une ou deux fois. Un appalousa et un alezan paissaient dans le champ contigu à la maison. Près de la hutte à sudation une vieille caravane Airstream finissait de rouiller. Plus loin, plusieurs carcasses de voitures s’activaient à la même occupation.

Sam semblait accablé par un sentiment d’échec douloureux. Il avait couru tant de dangers pour se retrouver à la case départ, scotché à son éternel lot d’embrouilles. Aujourd’hui, avec un cadavre sur la banquette arrière, il se sentait bien plus vulnérable que le jeune gars de quinze ans qui avait fui précipitamment ces mêmes lieux. Ça sentait la fin.

Coyote frappa à la porte et attendit. Une femme, une Indienne, dans la trentaine, vêtue d’un sweat-shirt et de blue-jeans, apparut dans l’entrebâillement, un gamin dans les bras.

— Oui ? dit-elle.

— Je ramène ton cousin. On a besoin d’aide.

— Entre, répondit la femme.

Coyote pénétra dans la maison et en ressortit quelques minutes plus tard. Quand il ouvrit la porte de la Datsun Sam sursauta.

— On peut y aller. J’ai tout raconté à la femme.

Sam, comme engourdi, Tortor au creux des bras, suivit Coyote, passa devant la femme pour enfin se retrouver au milieu de la salle de séjour.

— Je peux la monter ici ? questionna Coyote.

La femme parut horrifiée à l’idée d’avoir à supporter une morte dans son salon.

— Non, pas dans la maison, dit Sam.

Coyote hésita. La femme n’était guère à l’aise. Elle dit enfin :

— Vous pouvez la transporter dans la caravane qu’est derrière la maison.

Coyote ressortit. L’Indienne vint vers Sam et dégagea la couverture qui masquait le visage de Tortor.

— Il a mangé ?

— Je sais pas. Heu, non, enfin… pas depuis un certain temps.

— Il a besoin d’être changé. Allez, donne-le-moi, j’vais m’en occuper.

Elle posa son propre enfant dans son berceau et prit Tortor des bras de Sam. Elle allongea le bébé sur une petite table basse.

— Je te connais, tu sais. J’ai entendu parler de toi. Je m’appelle Cindy. Je suis la femme de Festus.

Sam ne fit aucun commentaire. La femme dégrafa la couche de Tortor et la posa à l’écart.

— Festus est au boulot à cette heure-ci. Il bosse avec son père. Z’ont leur propre boutique à Hardin. Harry travaille avec eux aussi.

— Et Grand-Mère ?

La femme leva les yeux vers Sam et secoua la tête.

— Y a longtemps. C’était avant que je rencontre Festus.

Puis son visage se modifia et elle changea de sujet.

— On a trois autres mômes en plus de celui-là.

Deux garçons et une fille.’Sont à l’école. Le petit dernier, là, s’appelle Démarre-en-tête.

Le regard de Sam s’arrêta sur des bois d’élan auxquels étaient accrochés des casquettes de base-bail, un vieux Stetson et une parure cérémoniale de chef. On y trouvait aussi une antique Winchester, une lance à pointe d’obsidienne et un calendrier offert par un magazine sportif.

— Il est costaud, dis donc, fit Cindy en suspendant Tortor par les poignets.

— Et Pokey ? questionna Sam. Comment il va ?

Dans l’attente de la réponse Sam fixa d’abord le sol.

Une vague de profonde tristesse lui balaya le visage. Il marcha jusqu’à la porte de la cuisine et regarda le plafond. Les premières larmes lui envahirent les yeux.

— Pokey va bien, répondit Cindy. Il est à la clinique depuis la semaine dernière. Il a failli… Enfin, il est passé très près. Ils voulaient l’expédier à l’hôpital de Billings mais Harlan les en a empêchés.

Cindy termina de rhabiller Tortor. Elle le posa près de Démarre-en-tête.

— J’vais lui faire chauffer un biberon.

Elle passa devant Sam pour se rendre dans la cuisine. Il s’écarta de son chemin.

— T’as peut-être faim ? Tu veux pas du café ?

Sam se tourna vers la jeune femme et dit :

— Tu sais, elle avait jamais fait de mal à quiconque de toute sa vie. Elle voulait juste récupérer son enfant.

Il se cacha le visage. Cindy vint vers lui et l’entoura de ses bras.

C’est alors que Coyote revint.

— Sam. Faut y aller.

Sam prit Cindy par les épaules et la repoussa gentiment. Il se tourna vers Tortor qui gazouillait dans son berceau.

— T’en fais pas pour lui. On va s’en occuper.

— Allez Sam, fit Coyote, allons voir Pokey.

*

Sur le chemin de la clinique Sam nota le nouvel immeuble très moderne du Conseil Tribal et le stade tout neuf situé juste derrière. Immuable, de l’autre côté de l’autoroute se trouvait toujours la station-service-restaurant du père Wiley. Une poignée de mômes glandaient devant la baraque à hamburgers et deux vieux se partageaient une bouteille devant le bureau de tabac. À la sortie de l’épicerie une mère houspillait ses rejetons chargés comme des mulets.

— Je ne devrais pas être ici, dit Sam tout haut.

Coyote fit celui qui n’avait rien entendu et continua à avancer.

La clinique, une vétusté bâtisse à deux étages, n’avait pas bougé de place. On la trouvait toujours à l’extrémité du village. Devant, des gens, surtout des femmes et des enfants, faisaient la queue. Coyote stoppa dans un bourbier, près d’une Buick que la rouille empêchait de tomber en poussière. Ils descendirent de la Datsun et gagnèrent la porte de la clinique. En voyant passer Coyote, quelques gamins ne purent se dispenser de faires des commentaires désobligeants. Un vieillard qui poussait son appareil respiratoire lui dit :

— Hé, dis donc, toi, la grande fête estivale c’est qu’dans huit mois. Qu’est-ce qui t’prend de te balader fringué comme pour aller à un pow wow ?

— Laisse tomber, conseilla Sam à Coyote. Va pas lui foutre la trouille.

Coyote se renfrogna et suivit Sam jusqu’au bureau des admissions, pièce minuscule recouverte d’un lino à damier, peinte en vert cuisine et partiellement tapissée de formulaires de santé. Une bonne vingtaine de personnes poireautaient, assises dans des chaises pliantes. Certaines feuilletaient des magazines périmés, d’autres, absentes, fixaient le bout de leurs chaussures. Sam s’approcha d’une femme, une Crow, qui remplissait des fiches individuelles tout en ignorant délibérément ceux qui attendaient.

— ’scusez-moi, M’dame, dit Sam.

La femme ne daigna pas lever les yeux. Elle répondit sèchement :

— Remplissez ça.

Elle tendit un formulaire et un stylo par-dessus le comptoir.

— Quand vous me le rendrez, sans oublier le crayon, je vous donnerai un numéro d’appel.

— Mais je viens pas pour me faire soigner !

La femme, enfin, leva le nez de ses papiers.

— Je suis venu voir M. Pokey.

La femme sembla légèrement embarrassée.

— Un instant, dit-elle.

Elle se leva et disparut à l’arrière du bureau. Puis une porte s’ouvrit dans la salle d’attente. Chacun regarda dans cette direction. Un jeune toubib, un Blanc, passa la tête, repéra Sam et Coyote et leur fit signe de le rejoindre. Chacun retourna à son magazine ou à la contemplation de ses chaussures.

Le médecin regarda les visiteurs, Sam dans son coupe-vent crotté et Coyote vêtu de cuir noir.

— Vous êtes de la famille ?

— C’est mon oncle clanique, répondit Sam.

— Et vous ? Qui êtes-vous ? fit le toubib en s’adressant au Roublard.

— C’est un ami, coupa Sam.

— Alors faudra attendre dehors.

Sam rappela à Coyote de se tenir tranquille.

— Qu’est-ce que je t’ai promis ? répondit ce dernier.

— Vous savez, il devrait être à l’hôpital plutôt qu’ici, fit le toubib. Il est déjà mort deux fois, cliniquement parlant. On l’a ramené à la vie grâce au défibrillateur. Il est dans un état stationnaire mais nous ne disposons ici, ni de l’équipement, ni du personnel nécessaires à ce genre de pathologie.

Sam n’avait rien écouté.

— Je peux le voir ? osa-t-il.

— Suivez-moi.

Ils suivirent un long couloir puis escaladèrent un étage.

— Il était totalement déshydraté, poursuivit le médecin, et souffrait d’hypothermie. Je crois qu’avant d’entamer son jeûne il avait beaucoup bu. Il avait épuisé tous les fluides de son organisme. Il a le foie très atteint et le cœur en sale état.

Le docteur s’arrêta et poussa une porte.

— Je vous le laisse seulement pour quelques minutes. Il est vraiment très affaibli.

Le docteur entra avec Sam. Pokey était immobile sur le lit, le corps relié à des machines et à des bonbonnes par des tuyaux et des cathéters. Pokey avait un teint terreux, à mi-chemin entre le marron et le gris.

— M’sieur Pokey, fit le toubib, vous avez de la visite.

Pokey ouvrit tout grands les yeux.

— Samson ! dit-il avant de sourire.

Sam nota que son oncle ne s’était toujours pas fait poser de dentier.

— Salut Pokey.

— ’tain ! T’as grandi.

— Ben oui.

De revoir Pokey sortit Sam de son brouillard affectif mais raviva par là même de vieilles douleurs.

— T’as l’air bien misérable, fit Pokey.

— Tu t’es vu ?

— Ça doit être héréditaire. Dis donc, t’aurais pas une clope ?

Sam hocha la tête.

— Si, mais je crois pas que c’est une bonne idée de cloper. Je me suis laissé dire que tu picolais toujours.

— On t’a pas menti. Je suis allé à beaucoup de cérémonies, tu sais. Tous disaient que je devais atteindre de plus hauts niveaux d’initiation pour laisser tomber la bouteille. Mais je leur disais que c’était grâce à la picole que j’avais déjà pu atteindre mon niveau actuel.

— Tu sais qu’il est dans la salle d’attente ?

Pokey fit oui de la tête et ferma les yeux.

— J’ai eu des visions. Je vous ai vus, lui et toi, vous rencontrer. Il s’est tenu pénard pendant des années, et puis d’un coup il est réapparu. Je t’ai longtemps cru mort… jusqu’à ce que j’aie à nouveau des visions.

— Je pouvais pas rentrer à la maison. J’aurais pas dû…

Pokey balaya la pensée d’un geste de la main qui en dit long sur son état de faiblesse.

— Non, fallait que tu t’en ailles. Enos t’aurait fait la peau. Il nous a emmerdés pendant des années après cette histoire. Il fouillait dans notre boîte à lettres, espionnait la maison. Il est devenu complètement fou. Il a seulement renoncé à la mort de Grand-Mère quand il a vu que t’étais pas là pour l’enterrement.

Sam avait écouté cette partie de l’histoire à moitié assis sur le lit, épaule contre épaule avec son vieil oncle. Il n’avait pu empêcher ses genoux de trembler à l’annonce qu’Enos était toujours en vie. Il resta immobile à fixer la porte.

— Je ressens plus rien du tout, dit-il.

— Ça va aller ? demanda Pokey en essayant de prendre son neveu par le cou.

— Je n’éprouve rien. Même pas de la peur.

— Pourquoi t’aurais peur ?

Sam regarda Pokey par-dessus son épaule.

— Je croyais l’avoir tué.

— S’en est fallu de peu, tu sais. En tombant le long du barrage il s’est cassé un bras et les deux jambes.’1 a même pas été foutu de mourir noyé proprement, ce tas de saindoux.

— J’ai fui pour rien…

— Tu serais resté, jamais je n’aurais pu te faire rencontrer Coyote.

Mais Pokey avait déjà trop parlé. Sa respiration devenait haletante. Il ajouta :

— Si je m’étais tenu à l’écart de toutes ces conneries, ça m’aurait évité de devenir cinglé.

Sam caressa le bras de Pokey.

— T’as pas eu le choix.

Pokey, malgré ses difficultés respiratoires, dit encore :

— J’ai vu une ombre… qui m’a dit que tu allais côtoyer la Mort. Comme je ne savais pas où te trouver… j’en ai parlé à Vieux Bonhomme Coyote… qui m’a dit qu’il savait où tu étais.

Pokey agrippa le bras de Sam.

— Il a dit qu’il savait, Samson. Mais maintenant, faut que tu prennes tes distances par rapport à lui.

— Allez, repose-toi maintenant, Pokey.

Sam se leva et posa les mains sur les épaules de son oncle.

— Mais ce n’était pas de ma mort qu’il s’agissait. Tu veux que j’appelle le toubib ?

Pokey acquiesça. Sa respiration reprit un meilleur rythme. Sam lui versa de l’eau dans un gobelet de papier et aida Pokey à se tenir assis le temps de boire. Puis le vieil homme se laissa choir sur l’oreiller.

— Qui c’est qu’est mort ? demanda le vieux.

Sam reposa le gobelet et dit :

— Une fille.

— Et tu l’aimais bien sûr ?

Sam fit oui. Son regard partit vers un au-delà invisible.

— Elle avait un bébé. C’est Cindy qui en a hérité pour le moment.

— C’est arrivé quand ?

— Ce matin.

— Et Vieux Bonhomme Coyote était là quand ça s’est passé ?

— Oui.

— Alors demande-lui de ramener cette fille à la vie. Il te doit bien ça.

— Mais elle est morte, Pokey. Morte ! Tu comprends pas ?

— Moi qui te cause je suis mort deux fois en deux jours et je suis toujours là, pas vrai ?

— Elle a été abattue. Une balle. Dans la colonne.

— R’garde-moi, Samson, fit Pokey se levant sur un coude pour être face à son neveu. Il te doit bien ça. On raconte que Vieux Bonhomme Coyote a inventé la Mort pour que l’on ne soit pas trop nombreux. On raconte aussi que sa femme fut tuée et qu’il est allé la récupérer au royaume des Disparus. Il a rencontré une ombre là-bas, une ombre qui lui a rendu sa femme à condition que Coyote ne la regarde pas avant d’être de retour chez les vivants. Mais il n’a pas pu s’empêcher de regarder sa femme, c’est pour ça qu’aujourd’hui personne ne peut y aller et en revenir.

— Pokey, je suis pas d’humeur à écouter ces salades.

— Mais il t’a pris ta vie, merde !

Sam hocha violemment la tête.

— Ça m’est arrivé, c’est tout. J’ai rien fait pour que tout cela arrive, mais c’est arrivé.

— Alors débrouille-toi pour réparer, cria Pokey aussi fort qu’il le pouvait. Puis il enchaîna :

— Au temps où les bisons paissaient par millions, on raconte qu’un guerrier qui avait compté le coup et qui disposait d’un carquois garni de flèches pouvait aller et revenir du royaume des Disparus. C’est là qu’il se cachait de ses ennemis. Allez, vas-y Samson. Vieux Bonhomme Coyote peut t’aider.

— Mais tu comprends pas qu’elle est vraiment morte et que le royaume des Disparus n’est qu’une superstition ?

— Tu veux dire, comme des bondieuseries ?

— Oui.

— Des salades ?

— Exactement.

— Comme la magie de Coyote ?

— Non.

— Alors ?

Sam ne pouvait plus rien dire. Il grinça des dents tout en fixant son oncle dans les yeux.

Le vieux poursuivit :

— Tu ne supportes toujours pas que je parle des croyances d’autrefois. Mais ça te coûterait quoi d’essayer ? Qu’as-tu à perdre ?

— Rien. Rien du tout.

C’est alors que le toubib revint et dit :

— Ça suffit maintenant, il faut le laisser se reposer.

— Toi, le visage pâle, répondit Pokey, tu fermes ta gueule, t’as compris ?

Sam dit :

— Rien qu’une minute et je m’en vais.

— O. K., une minute, répondit le toubib en quittant la chambre le majeur levé.

Sam regarda à nouveau Pokey.

— Visage pâle… rigola-t-il.

Elle était bien bonne.

— Sois sympa, Accroupi-derrière-le-Buisson, je suis vraiment malade.

Sam sentit l’espoir renaître en lui. Il sourit à Pokey et dit :

— Dis-moi, vieux fou, avant de crever une troisième fois… tu sais où je peux trouver un carquois rempli de flèches ?

Sam se dirigea vers la sortie de la clinique. Il empoigna Coyote par l’épaule alors que celui-ci, assis au milieu d’un groupe de gamins, leur racontait les pires mensonges. Sam eut conscience que son chagrin paralysant se transformait en une formidable énergie. Il se sentit incroyablement vivant.

— Tirons-nous, dit-il à Coyote. File-moi les clés.

— Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi tant de hâte ? Le vieux est mort ?

Sam grimpa dans la Datsun et démarra.

— Faut que je trouve un téléphone. Et des fringues aussi.

— Mais vas-tu me dire ce qui s’est passé à la clinique ?

— Tu savais que Calliope allait se faire flinguer, hein ? Tu le savais ?

— Je savais seulement que quelqu’un allait mourir.

— Pokey m’a dit que tu savais comment aller et revenir du royaume des Disparus, c’est vrai ?

— Le royaume des Disparus ? Il a dit ça ? Ben… oui, je peux y aller. Mais c’est pas que j’aime ça…

— Alors, on y va. Maintenant !

— C’est pas terrible comme endroit. Tu vas pas aimer.

— Pokey est persuadé que tu peux ramener Calliope.

— J’ai essayé une fois. Ça n’a pas marché. Ça dépend pas que de moi, tu sais.

— Alors on va aller dire deux mots à celui dont ça dépend.

— T’as pas peur ?

— J’ai dépassé ce sentiment.

— Pourquoi as-tu besoin de vêtements ?

— Parce qu’il faut qu’on se rende à Billings. Chercher quelque chose.

— Je voudrais pas me répéter, mais le royaume des Disparus, c’est pas terrible comme endroit, tu vas sûrement pas aimer. Il y a cette immense falaise, comme celle du haut desquelles nos anciens poussaient les bisons pour les tuer. Mais notre peuple n’a jamais utilisé cette falaise-là. Les bisons allaient souvent jusqu’au bord et disaient « Tiens ! Voilà Billings » et ils sautaient au-dessus du vide. Non, non, je suis sûr que tu veux pas aller à Billings.

Sam gara la Datsun dans l’allée de la maison de son clan. Après avoir coupé le contact il se tourna vers Coyote et lui demanda :

— Mais qu’est-ce qu’il y a au royaume des Disparus qui te fout tant la trouille ?