Chapitre 24

Coyote au pays de l’arnaque

Coyote avait longtemps séjourné dans le Monde des Esprits où il était connu comme le loup blanc. Personne n’aurait osé parié avec lui. Maintenant qu’il était à pied d’œuvre dans la cité de l’arnaque, il comptait bien rattraper le temps perdu. Il attendit que Sam s’endorme avant de lui dérober son portefeuille et redescendit aux salles de jeu par l’ascenseur.

Coyote découvrit des centaines de machines toutes plus rutilantes et clinquantes les unes que les autres. Des avalanches de grosses pièces finissaient leur course dans des bols métalliques. Il y avait ces tables recouvertes de tapis verts où des gens troquaient leur argent contre des jetons de toutes les couleurs. Prisonnière d’une cage de verre, une femme échangeait les jetons contre de l’argent. Le plus curieux semblait être cette roue au centre de laquelle tournait et tournait encore une petite boule. Lorsque la boule s’arrêtait un type ramassait tous les jetons. Le truc, se dit Coyote, c’est de ramasser ses jetons juste avant que la boule ne s’arrête.

À une autre table verte, un homme-médecine armé d’une sorte de râteau psalmodiait toujours les mêmes phrases pendant que les joueurs jetaient des petits os carrés. Chaque lancer déclenchait des approbations ou des réprobations de la part des joueurs. Le shaman, lui, leur confisquait leurs jetons. Ça, c’est vraiment un jeu magique, pensa Coyote. Je suis sûr que je vais exceller à ce truc-là. Mais avant, il faudrait que je trouve la combine de Sam pour utiliser cette machine.

Coyote retourna vers le distributeur de billets, là où Sam avait par deux fois réussi – et du premier coup ! –, à trouver la combinaison secrète. Dans le portefeuille de Sam, il prit au hasard l’une des nombreuses cartes de crédit qu’il glissa dans la fente. Puis il pianota le même numéro que Sam avait composé. Il y eut un bip et la machine régurgita le rectangle de plastique.

— Bordel de merde ! pesta Coyote. J’ai perdu.

De rage il boxa la machine. Il se recula de quelques pas et choisit une autre carte de crédit au hasard dans le portefeuille de Sam. Il la glissa dans la fente et composa le code secret. Mais la carte fut rejetée.

— La chiotte ! dit-il. Sa combine, c’est de la merde !

Derrière Coyote arriva une femme bien en chair, boudinée dans des pantalons en nylon extensible. Elle s’éclaircit la voix pour montrer son impatience. Coyote se retourna.

— Allez vous trouver une autre machine. Celle-ci, c’est la mienne.

La femme fixa Coyote et marqua son énervement en tapotant du pied.

— Casse-toi ! lui répéta Coyote en joignant le geste à la parole. Y a plein d’autres machines où tu peux aller t’amuser. Et d’abord j’étais là le premier. Alors tire-toi !

Il inséra une troisième carte dans la machine et se pencha au-dessus du clavier afin que la femme ne puisse voir le numéro secret. Il lui jeta un œil par-dessus son épaule. Elle essayait de voir ce qu’il manigançait.

— Mais tu vas pas foutre le camp ? Ma combine ne te sera d’aucune utilité. De toute façon, même si tu gagnais tu resterais toujours aussi moche, alors…

La femme assura la bandoulière de son sac autour de son poignet et commença à faire des moulinets en se rapprochant de Coyote. Coyote pensa se transformer en puce pour disparaître dans la moquette mais il pensa au portefeuille de Sam.

Coyote se baissa et se couvrit la tête avec les mains dans l’attente d’un coup de sac. Mais il entendit un bruit mat au-dessus de lui. Une gigantesque main noire venait de bloquer le sac dans les airs. La femme pendait à l’autre bout de la bandoulière. Coyote se redressa et reconnut le propriétaire de la main noire : le géant au visage de suie éclairé d’un croissant de lune immaculée.

— Vous avez un problème ? demanda le croissant de lune de la plus suave et de la plus grave de toutes les voix.

Le géant relâcha la femme qui, stupéfaite, fixait ce qui aurait pu passer pour l’ombre d’une soirée affublée d’une paire de lunettes de soleil. Le géant avait l’habitude de surprendre les gens. Plus souvent les Blancs que les Noirs d’ailleurs. Deux mètres zéro cinq d’ébène, en dehors d’un terrain de basket, ça en asseyait plus d’un. Le géant agrippa gentiment l’épaule de la femme grassouillette :

— Tout va bien, M’dame ? la réconforta-t-il avant de sourire à nouveau.

— Oui, oui, tout va bien, répondit-elle.

Toujours sous le choc de sa surprise, elle s’éloigna à petits pas retrouver son cher et tendre et lui jurer que : « L’an prochain, quoi qu’il arrive, on ira à Hawaï, parce que là-bas, au moins, les géants et les autochtones font partie des attractions pour touristes. »

Puis le géant se tourna vers Coyote :

— Et pour vous, qu’est-ce que je puis faire, Monsieur ?

— Vous ressemblez à mon ami Corbeau, dit Coyote. Vous n’enlevez jamais vos lunettes de soleil ?

— Jamais ! dit le géant en se fendant d’une légère courbette.

Il montra de l’index la plaque de cuivre qu’il portait sur sa poche de veston.

— Je m’appelle M. F., du service clientèle. Pour vous servir.

— M. F. c’est les initiales de quoi ?

— De rien. C’est juste M. F. Je suis le cadet d’une fratrie de neuf. Je suppose que ma mère était trop fatiguée pour me donner un nom normal.

Ce qui n’était pas exactement la vérité, mais pas totalement faux non plus. La mise au monde de son dernier enfant avait en effet beaucoup fatigué la maman du géant. Enfant, elle avait développé pour l’hygiène bucco-dentaire la plus extraordinaire des obsessions après qu’elle eut été choisie pour participer aux tests du nouveau dentifrice Colgate. Cette expérience avait constitué son unique moment de gloire, son quart d’heure de popularité. Plus tard elle avait épousé un type de la Navy du nom de Nathan Fresher. Il lui avait donné neuf enfants qu’elle avait tous baptisés d’un prénom ayant un rapport avec sa période de gloire au royaume de l’émail immaculé. Le premier, un garçon, s’appelait Fluorine. Puis avaient suivi trois autres garçons : Tartrarin, Plack et Canine. Les deux filles suivantes s’appelaient Gingivite et Sagesse. Après les deux naissances sans problème de ses fils Bifluor et Prémolo, la pauvre femme avait connu l’enfer pour mettre au monde le dernier et aussi le plus impressionnant de ses enfants. Menthol. Plus tard, Maman Fresher jura que si son fils avait tardé une minute de plus pour venir respirer l’air du dehors elle l’eût certainement appelé Cary, ce qui, avouez-le, aurait eu nettement moins de gueule que Fresher Menthol.

— Mais y a pas des gens qui pensent que vous vous appelez Modulation de Fréquence ? demanda Coyote.

— Non, répondit Menthol. Ça m’est jamais arrivé qu’on me dise ça.

— Dites, fit Coyote, vous pourriez pas me réparer cette machine ? Quand je compose la combinaison gagnante tout ce qu’elle sait faire, c’est bip.

Menthol Fresher examina le distributeur dont un message clignotait sur l’écran : « instructions d’utilisation en anglais, espagnol ou japonais. Faites votre choix ».

— Faut d’abord choisir une langue, Monsieur.

Il appuya sur « anglais » et dit :

— Ça devrait marcher à présent.

Coyote inséra une nouvelle carte et appuya sur deux touches. Il regarda Menthol.

— C’est mon chiffre secret porte-bonheur.

— Oui, oui, je vois, répondit le géant. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, faites-moi appeler. Personnellement.

Et il s’éloigna.

Coyote termina la combinaison secrète. Quand la machine lui demanda la somme d’argent désirée, Coyote pianota 9999 dollars et 99 cents, le maximum possible avec six chiffres. La machine lui sortit cinq billets de cent dollars et afficha un message qui précisait qu’il s’agissait là du maximum autorisé avec cette carte. Coyote recommença l’opération et obtint à nouveau cinq billets de cent. La fois suivante, la machine refusa de délivrer de l’argent. Alors Coyote tenta sa chance avec une autre carte. Après avoir essayé toutes les cartes de Sam jusqu’à la limite de leur possibilité, il quitta le distributeur avec vingt mille dollars en liquide !

Coyote gagna la table de roulette. Il tendit à la croupière, une Orientale vêtue d’un tailleur de soie rouge et mauve et du nom de Lady Lihn, la pile de billets qui frôlait les quinze centimètres d’épaisseur.

— Tout est sur le tapis, dit la croupière.

Elle fit comprendre à Coyote qu’il pouvait changer son argent et d’un signe de tête appela l’un des responsables de salle. Un maigrelet de type italien, au visage en lame de couteau et qui portait un costume en synthétique et une Rolex à dix mille dollars, vint se poster à ses côtés. Il la surveilla pendant qu’elle comptait les billets.

— Le change pour vingt mille, fit Lady Lihn. En jetons de combien voulez-vous ça, Monsieur ?

— Je veux des jetons rouges, répondit Coyote.

L’Italien leva un sourcil et eut un sourire narquois.

Lady Lihn n’apprécia pas ce qu’elle prit pour une plaisanterie.

— Mais les rouges sont des jetons à cinq dollars. La table ne sera jamais assez grande !

L’Italien mit son grain de sel :

— Monsieur, peut-être accepterez-vous de changer deux cents en jetons de cinq et tout le reste en jetons de cent ?

— Les jetons de cent, y sont de quelle couleur ?

— Noirs, répondit Lady Lihn.

— Je veux des jaunes, répliqua Coyote.

— Mais c’est pas possible. Monsieur, les jaunes, c’est des jetons à deux dollars !

— Ah, ben, dans ce cas, c’est vous qui choisissez.

Lady Lihn compta des piles de jetons qu’elle poussa de son râteau face à Coyote. L’Italien appela une serveuse de cocktails qui, lorsqu’elle aperçut la montagne de jetons, comprit qu’elle devait amener à boire à un aussi généreux client. Les serveuses apportaient des boissons fortes jusqu’à ce que le client soit fin soûl, ensuite des sirops quand le client commençait à être très fatigué et enfin du café, et disparaissaient avant que la caféine ne redonne du tonus au joueur.

— Désirez-vous un verre ?

Coyote regarda la serveuse, plongea dans son décolleté et répondit :

— Bien volontiers.

La serveuse brandit son crayon :

— Oui ? Que puis-je vous apporter ?

Coyote regarda sa voisine de table qui buvait un mai tai, décoré de parasols miniatures et agrémenté de morceaux de fruits exotiques piqués sur des épées. Il rafla le verre, en siffla une bonne moitié tout en manquant de se crever l’œil avec une épée.

— Apportez-moi un truc comme ça, dit-il.

Il reposa le verre face à sa voisine qui n’y avait vu que du feu. Prise dans l’étau d’alcool et de caféine, elle semblait totalement accaparée par le jeu, devant à tout prix regagner l’argent de la scolarité de ses enfants qu’elle avait joué et perdu.

« Faites vos jeux » annonça Lady Lihn. Coyote ne déposa qu’un misérable jeton rouge sur le noir. La boule commença sa ronde sur l’extérieur de la roue. Dès qu’elle commença à ralentir et à tomber sur les numéros, Coyote chercha à reprendre son jeton.

— On ne touche plus les paris ! s’exclama Lady Lihn.

En moins d’une seconde, le responsable, la serveuse et deux bouffons de la sécurité entourèrent Coyote. Il retira sa main. Ça va pas être du gâteau de rouler ces gens-là, pensa Coyote. On dirait des loups. Z’ont les mêmes tics, y bougent pareil et puent la même odeur.

La boule s’arrêta dans une case rouge et Lady Lihn fit glisser un autre jeton devant Coyote. « Putain ! Je gagne, je gagne, je gagne », psalmodia-t-il. Et il entonna un chant de guerre et dansa une gigue autour de la table.

Au-dessus du casino, au sein du dôme de miroirs, une caméra vidéo épiait Coyote en train de danser autour de la table. Cette image atterrit sur trois écrans de contrôle. Chacun des trois types assis devant les postes regarda ses deux collègues. L’un d’eux appuya sur un bouton et prit le téléphone.

— M. F., dit-il, c’est Dieu le Père en régie. Va voir ce qui se passe à la table cinquante-neuf. L’Indien que tu nous as signalé, va voir ce qu’il fabrique.

— J’y vais, répondit Fresher Menthol.

Il se tourna vers la fille qui travaillait derrière l’ordinateur et lui signala que Dieu le Père souhaitait le voir près des tables de jeu.

La fille fit un signe de tête. Comme Menthol passait près d’elle, elle lui fredonna : « Il est partout. Il sait quand tu roupilles, il sait quand tu ne dors pas… »

Menthol sourit. Il se moquait d’être épié ou filmé. À cause de sa taille, c’était devenu comme une deuxième nature d’être sans cesse regardé. Depuis tout petit, il n’était jamais passé inaperçu sur une photo, avait toujours été le centre d’intérêt, où qu’il se trouvât, et avait toujours été infoutu de surprendre qui que ce soit par-derrière. Il avait rencontré autant de personnes qui lui avaient demandé « quel temps il fait là-haut ? » que de femmes (en majorité des épouses de nabots) soucieuses de vérifier l’idée reçue qui veut que la longueur du pénis soit véritablement proportionnelle à la taille du sujet.

Menthol repéra Coyote à la table de roulette. Les deux bouffons se tenaient à quelques mètres, prêts à intervenir. Ainsi que le responsable de salle. Lorsque Menthol arriva à la table, tous se firent un signe de tête et déguerpirent. Le croupier, qui était une croupière, regarda d’abord Menthol, puis à nouveau les enjeux. Fresher Menthol vint se poster à ses côtés et l’écarta. Ce n’était pas la taille du géant qui l’impressionnait mais le fait que personne, dans tout le casino, ne sache vraiment quel était son rôle. Il intervenait à chaque fois qu’un problème surgissait et savait s’y prendre pour contrôler les dérapages éventuels.

Lady Lihn lâcha la boule dans la roue. La boule roula, puis s’immobilisa sur un numéro et la croupière râtissa toutes les mises de la table. Coyote poussa un juron suivi d’un hurlement. La joueuse qui était à côté de lui se recula et quitta la table, la tête pleine des images de ses enfants coiffés de chapeaux en papier et qui disaient : « Je devais aller à la fac, mais ma mère, à la place, est allée à Vegas. Et avec ça, je vous mets une portion des frites ? Grande ? Moyenne ? Petite ? »

Coyote regarda Menthol.

— Elle porte malheur. À cause d’elle, j’ai perdu la moitié de mes jetons.

— Changez de table, répondit le géant. Si vous le désirez on peut même vous ouvrir une table privée.

Coyote lui décocha son plus beau sourire.

— Vous avez une table où vous pouvez me baiser ? C’est ça, hein ?

— Non, Monsieur. Nous n’avons pas de table spécialement conçue à cet effet.

— Mais y a pas de mal à baiser les gens, répondit Coyote. Y en a des tas qui payent pour se faire baiser.

— Pour nous, le jeu est une activité plutôt ludique.

— Ah oui ! ricana Coyote. Comme le cinoche et la prestidigitation ? Je vous assure, les gens aiment se faire avoir. Mais vous savez déjà tout ça, n’est-ce pas ?

Il ramassa ses jetons et fila vers la table de crap.

Menthol fit une pause et se concentra sur ce curieux Indien. Lui qui se targuait de pouvoir résoudre toute sorte de problèmes par le sang-froid se sentait déstabilisé face à Coyote. À quoi cela tenait-il ? À quelque chose d’indéfinissable dans le regard ? Menthol finit par suivre Coyote qui balançait ses jetons sur la table de crap.

— Vous ne pouvez plus parier tant que le point précédent n’a pas été joué, Monsieur, dit le croupier, un type tout maigre et chauve qui flirtait avec la quarantaine avancée.

Il repoussa les jetons face à leur propriétaire et jeta un regard vers Menthol avant de pousser les dés face au lanceur. « Faites vos jeux ! » annonça-t-il. Les joueurs, situés à chaque extrémité de la table placèrent leurs jetons sur le feutre. « Nouveau lanceur » dit le croupier.

Une blonde en tailleur du meilleur goût, et impeccablement maquillée, prit les dés au creux de sa main et souffla dessus.

— Allez, pria-t-elle, faites-moi un petit sept. Mon gamin a besoin de godasses neuves.

Coyote se tordit le cou pour regarder Menthol.

— Ça aide vraiment de causer aux dés ? demanda-t-il.

La femme lança les dés qui firent un deux.

— Deux ! Les yeux du serpent, annonça le croupier.

— La queue du lézard ! ne put s’empêcher d’ajouter Coyote.

La femme jura comme un charretier et quitta la table. Le croupier regarda Menthol et dit :

— Deux. Craps, pair et passe. Faites vos jeux. Nouveau lanceur.

Il plaça les dés face à Coyote, qui les ramassa, après avoir lancé une poignée de jetons noirs sur la table.

— Vous êtes tout petits, et je suis votre copain, murmura Coyote aux dés. Vous êtes couverts de jolis points noirs, vous savez ?

Coyote farfouilla dans le sac de cuir à amulettes qu’il portait à la ceinture, y prit une pincée de poudre dont il saupoudra les dés.

— Il est formellement interdit de faire ça. Monsieur, dit le croupier.

Gentiment, mais sûrement, Menthol prit les dés des mains de Coyote et les rendit à l’assistant du croupier qui se tenait de l’autre côté de la table face à la banque du jeu. L’assistant examina les dés, les remit au croupier qui les déposa dans son plateau avant de tendre une paire de dés tout neufs à Coyote.

— Qu’est-ce que c’est que ce merdier, Colgate ? s’étonna Coyote. Le sorcier, là, juste en face, a le droit d’utiliser son râteau magique mais moi j’ai pas le droit de mettre un peu de poudre à tricher sur mes dés ?

— Je crains que non, que vous n’en ayez pas le droit, Monsieur.

Coyote s’empara des dés tout neufs et les lança sur le feutre jusqu’à l’autre bout de la table.

— Huit ! À suivre ! fit le croupier.

— J’ai gagné ? demanda Coyote à Menthol.

— Non. Maintenant il vous faut faire un autre huit, avant de faire sept ou onze.

Coyote relança. Les dés sortirent une paire de quatre.

— Huit ! Gagné par défaut, annonça le croupier.

— Ha ! Ha ! Ha ! s’écria Coyote. Tu vois, je suis bon à ce jeu-là.

— En effet, Monsieur, sourit Menthol. Allez-y, relancez.

Coyote plaça tout son stock de jetons sur la table. Les employés du casino se regardèrent tous les uns les autres avant de hocher la tête d’un signe entendu. L’un d’eux compta les jetons de Coyote et les déposa sur la case « Passe ».

— Vingt et un mille dollars sur la table, annonça-t-il.

Coyote lança encore.

— Deux ! dit le croupier avant de ratisser tous les jetons et de les faire glisser vers son collègue de la banque.

— J’ai paumé ? questionna Coyote, l’air ahuri.

— Hélas oui, répondit Menthol. Mais vous avez le droit de rejouer.

— Bougez pas. Je vais revenir, dit Coyote.

Il s’éloigna, suivi de Menthol. Une fois dehors, Coyote remit le ticket de parking de la Mercedes à un écuyer du nom de Jeff. Puis il dit à Menthol.

— Je vais revenir avec d’autre argent.

— Nous vous gardons une place, Monsieur, répondit Menthol soulagé de voir l’Indien s’en aller.

— Ce coup-là, c’était juste pour voir comment fonctionnait votre jeu. Faut pas croire, vous ne m’avez pas eu.

— Bien sûr que non, Monsieur.

Jeff l’écuyer revint au volant de la Mercedes. Il s’en extirpa et tendit la main. Coyote s’apprêtait à monter dans la voiture quand il regarda le valet. Il prit de la poudre dans son sac magique qu’il déposa dans la main du gamin. Puis il s’éloigna. Quand la Mercedes passa le pont-levis, Menthol se sentit balayé par un vent de soulagement. Jeff, la main toujours tendue, lui demanda :

— Et qu’est-ce que j’en fais de sa poudre ?

— Tu peux toujours la sniffer.

Ce que fit aussitôt Jeff l’écuyer. Puis il se frotta les mains.

— L’espèce d’enculé d’Indien ! dit-il avant de dévisager Menthol de la tête aux pieds et de lui demander :

— Tu bosses ici, toi ?

Menthol hocha la tête :

— Et toi, tu joues à quelle place dans l’équipe de foot ?