Chapitre 56

Elle a l’impression que cet après-midi sera sans fin, comme une perpétuelle punition.

Cloé consulte discrètement sa montre, pour la énième fois. Mais les aiguilles prennent un malin plaisir à faire du surplace.

Assis en face d’elle, les clients n’ont pas l’air de vouloir presser le mouvement. Peut-être se sentent-ils bien dans son bureau ? Il est vrai qu’elle a ouvert les stores et qu’une agréable lumière baigne l’atmosphère.

Tandis que les deux hommes, le patron d’une chaîne de restauration rapide et son conseiller en communication, décortiquent l’avant-projet sous tous ses angles, Cloé pense à Alexandre.

Un agréable frisson la traverse, un sourire trahit son désir.

Là, juste sous sa peau.

Elle réécouterait volontiers le message qu’il lui a laissé en fin de matinée. Sa façon de lui dire Je t’embrasse fort… Comme s’il voulait lui dire Je t’aime sans se dévoiler.

Elle aussi a eu envie de le lui avouer ce matin. Mais il faudrait déjà qu’elle se l’avoue à elle-même.

Un jour, peut-être. Bientôt, peut-être.

Baisser les armes, enfin. Ôter cette armure, enfin.

L’envie se fait plus forte, seconde après seconde. Sa peau est brûlante, maintenant.

Envie de le toucher, de se lover dans ses bras. Envie de lui.

Il n’y a qu’en sa présence qu’elle se sent bien, ces derniers temps. Alors, penser à lui, savoir qu’elle le retrouvera dans quelques heures, l’apaise un peu.

Car elle a une Cocotte-Minute logée au beau milieu de ses entrailles, une dose de TNT dans chaque main, un animal enragé à la place du cœur.

Chaque jour, ça empire. Surtout en milieu d’après-midi.

Envie de hurler, de tout casser.

Ses nerfs en fusion semblent prêts à se rompre. Ses muscles se tétanisent à intervalles réguliers comme si elle avait les doigts dans la prise. Une migraine atroce transforme son crâne en casserole où mijote un breuvage diabolique.

Elle a porté un stylo à sa bouche, le déchiquette méthodiquement entre ses dents, sans même s’en rendre compte. Le conseiller en communication lève ses yeux fadasses au-dessus de ses demi-lunes, Cloé éloigne précipitamment le stylo de ses lèvres.

Ce rendez-vous est le cinquième de la journée. Depuis que Martins a été sacré futur président, Cloé se tape les corvées. Comme si elle était son larbin.

D’ailleurs, c’est ce qu’elle est devenue.

Ces clients-là ont déjà demandé trois fois la refonte du projet. La routine.

Pourtant, lorsqu’ils remettent le couvert, Cloé rêve de leur enfoncer ce qu’il reste de son Bic dans la gorge. Elle se contrôle, tant bien que mal, essaie même de leur sourire.

Sauf que ça ressemble à une menace de mort.

Le Nous comptons sur vous pour nous adresser un nouveau projet dans les meilleurs délais lui fait l’effet d’une piqûre de frelon.

Elle devrait répondre qu’ils peuvent effectivement compter sur elle, mais garde le silence.

La main du conseiller en communication est moite, Cloé réprime une grimace de dégoût. Il quitte enfin le bureau, mais son patron s’attarde.

Qu’est-ce qu’il veut, encore ?

M’inviter à dîner. Manquait plus que ça !

Pourquoi pas dans un de ses restaurants pourris, pendant qu’il y est !

Cloé refuse, oubliant d’y mettre les formes ; l’homme est surpris mais ne s’avoue pas vaincu. Il aime sans doute qu’on lui résiste un peu. Après tout, il s’apprête à verser plusieurs dizaines de milliers d’euros à l’Agence, pense qu’il est naturel d’obtenir un bonus. La petite douceur offerte avec le café.

Cadeau de la maison.

Lui n’a pas les mains moites. Juste baladeuses.

Il s’imagine peut-être qu’il vient d’enflammer une charmante jeune femme. Alors que ce qu’il vient d’allumer, c’est la mèche d’un bâton de dynamite. Qui va lui exploser en pleine gueule.

La gifle qu’il reçoit résonne dans tout l’étage. Tout juste si elle ne fait pas trembler les cloisons.

Il fixe Cloé dans les yeux, elle soutient son regard. Et, comme si une claque ne suffisait pas, elle porte l’estocade.

— Tu crois que tu peux te servir, connard ? Tu t’es regardé dans la glace en te rasant ce matin ? Tu me donnes envie de vomir…

Il aurait mieux valu lui asséner une deuxième baffe, ça lui aurait fait moins mal.

Le roi du sandwich bio reste interloqué trois petites secondes. Puis il contre-attaque.

— Tu vas le regretter, salope, prédit-il en tournant les talons.

Cloé, immobile près de la porte, se sent curieusement apaisée. Ce n’est pas la première fois qu’un tel incident se produit. Qu’un client se montre un peu entreprenant, voire grossier. Mais c’est bien la première fois que Cloé répond par une gifle et des insultes. D’habitude, elle aurait raccompagné l’homme jusqu’à l’ascenseur, s’en serait débarrassé d’un sourire complice et pourquoi pas d’un clin d’œil.

Là, elle vient de lui administrer une humiliation qui restera dans les annales.

Un camouflet historique.

Enfin, elle reprend ses esprits, jette un œil dans le couloir. Et quand elle voit l’homme bafoué sortir du bureau de Pardieu, elle comprend qu’elle vient de commettre le faux pas de trop.

Le Vieux tente de retenir son client, lui court après. Tout juste s’il ne se met pas à genoux. Son arthrose l’en empêche, sinon il ramperait devant lui ou s’accrocherait à ses chevilles.

— T’as qu’à lui faire une pipe, murmure Cloé. C’est ça qu’il veut ; sacrifie-toi, vieux débile !

Mais le client reste de marbre et envoie un tonitruant : Je vous ferai de la pub, comptez sur moi ! Sachant qu’il s’adresse au patron d’une agence de publicité, ça ne manque pas d’humour. Pourtant, dans les couloirs et les bureaux, personne ne songe à rire. Le silence est total.

Lorsqu’il repasse devant Cloé, l’homme ne la regarde même pas. Sans doute craint-il de recevoir une nouvelle paire de claques. À moins qu’il ait honte.

Pardieu lui fait signe de venir, Cloé soupire. Elle marche lentement jusqu’à l’antre du Vieux qui claque la porte dans son dos.

— Vous m’expliquez ?

— Il m’a collé une main au cul, je lui ai collé une gifle, résume Cloé. Normal, non ?

— Nous venons de perdre un gros client ! hurle Papy. Vous l’avez frappé et insulté alors qu’il vous proposait simplement un dîner !

Cloé ne peut s’empêcher de sourire.

— Un dîner ? Ben voyons ! Je vous rappelle, monsieur le président, que mon contrat ne prévoit pas que j’accepte de me faire sauter par les clients pour emporter un marché.

— Taisez-vous ! s’époumone Pardieu. Je ne supporte plus vos mensonges !

Qu’il s’énerve de la sorte est inédit. Cloé a envie de lui conseiller de se calmer, tant l’attaque cardiaque ou cérébrale menace. Mais s’il rendait l’âme sous ses yeux, ça ne serait pas pour lui déplaire. Peut-être même que, prise de panique, elle oublierait momentanément le numéro du SAMU.

— Vous êtes devenue complètement folle, ma parole ! Vous voulez couler l’Agence ?

Il tombe dans son fauteuil, apparemment épuisé. Puis il lève ses petits yeux sur Cloé.

— Débarrassez-moi le plancher. Je vous licencie pour faute lourde. Ne remettez plus jamais les pieds ici, c’est compris ?


Prostrée dans son bureau, Cloé ne réalise pas encore.

Elle tente d’appeler Alexandre, qui saura sans doute lui conseiller comment réagir. Mais elle est dirigée vers sa messagerie, envoie un coup de pied furieux dans la corbeille à papiers.

— Alex, c’est moi. Je suis dans la merde ! Rappelle-moi, s’il te plaît. Rappelle-moi vite !

Lorsqu’elle raccroche, Pardieu s’invite.

— Vous êtes encore là ?

— Écoutez, monsieur, je…

— Je ne veux rien entendre ! braille le Vieux. Prenez ce qui vous appartient et disparaissez !

Cloé s’approche de lui, il reste stoïque. Pourtant, elle est impressionnante.

— Ce type m’a mis la main au cul, rappelle-t-elle en contenant sa fureur.

— Et après !

— Je ne suis pas payée pour ça !

— Je me demande bien pourquoi je vous paye, alors… !

Comment ose-t-il ?

— J’ai rapporté plus de fric à cette boîte que n’importe qui d’autre, fulmine la jeune femme. Mais c’est vrai que j’ai déjà été largement récompensée pour mon travail !

— Vous pensiez vraiment que j’allais laisser mon agence entre les mains d’une hystérique ? ricane Pardieu.

— Enfoiré ! murmure Cloé.

— Foutez le camp.

Pardieu tient la porte comme s’il avait peur qu’elle ne tombe. Cloé récupère deux ou trois choses qu’elle fourre dans son sac, puis elle enfile sa veste.

Lorsqu’elle frôle le président, elle ralentit.

— Vous ne l’emporterez pas au paradis, votre agence.

— Bon vent, mademoiselle Beauchamp. Le Pôle emploi vous trouvera très certainement une place de catcheuse, je ne me fais aucun souci. Ou une place à l’asile.

— Et toi, c’est une place au cimetière qui t’attend !

Cloé lui tourne le dos et s’éloigne dans le couloir. Ils ont tous déserté leur poste pour assister à la scène. Il faut dire qu’un final comme celui-ci est plutôt rare.

Les spectateurs, silencieux, regardent passer Cloé, tête haute, regard fixe. Peut-être entendent-ils son cœur qui bat à tout rompre. Au bout de cette haie du déshonneur, Martins lui barre la route. Comme un dernier obstacle, l’ultime épreuve.

— Désolé, dit-il simplement. Mais ça devait arriver.

Il paraît sincère. Pourtant, Cloé ne voit rien d’autre qu’un homme lui ayant volé la place qui lui revenait de droit. Un homme ayant manigancé le pire pour arriver à ses fins.

Elle le fixe, intensément.

— Toi aussi, tu me le paieras.

Pourquoi tu ne me rappelles pas ? Pourquoi tu n’es pas là ?

Cloé pleure. Depuis des heures. Depuis qu’elle a quitté le parking souterrain de l’Agence.

Virée, pour faute lourde. Ni indemnités, ni allocations chômage.

Rien.

Que ses yeux pour pleurer. Encore et encore.

Ce client faisait, à coup sûr, partie de la machination orchestrée par Martins. La pousser à bout, la pousser à la faute.

Ce fumier a gagné. Il a le champ libre. Mais peut-être qu’il ne s’arrêtera pas là. Peut-être que ce qu’il désire, c’est la voir morte. Et qu’il va envoyer son soldat des ténèbres lui porter le coup de grâce.

Cloé a déjà avalé trois verres de bourbon et deux gélules pour le cœur. Elle voit arriver la nuit comme on guette un ennemi puissant. Un de ceux que rien ne peut arrêter, ni même ralentir.

Seul Alex pourrait. Mais il n’est pas là. L’a abandonnée, une fois encore.

La nuit, qu’elle redoute tellement, finit par taper aux carreaux des fenêtres.

Cloé vide un quatrième verre, un troisième paquet de Kleenex.

Où es-tu ? Qu’ai-je fait pour mériter ton absence ?

Elle est allée chez Alexandre, bien sûr. A trouvé porte close, alors que la 407 était garée non loin de l’immeuble.

Dans un sursaut, elle tente de se rassurer. Il était visiblement sur une piste. Peut-être que cette piste l’a conduit loin de Paris. Peut-être a-t-il pris le train, comme la dernière fois ? Son portable n’a plus de batterie, il est en route pour venir me rejoindre.

On se ment, surtout quand on a peur. Quand on a mal.

Tant d’années passées au sein de l’Agence. Sans compter ses heures ou ses efforts. Et la voilà jetée dehors comme une malpropre.

La sonnerie du téléphone est un électrochoc, elle se rue jusqu’au combiné accroché au mur.

— Alex ?

À l’autre bout du fil, des sanglots. Et une voix familière.

— C’est moi, Caro…

La déception est si forte que Cloé songe à raccrocher sans prononcer un mot de plus.

Encore des sanglots, le visage de Cloé se durcit.

— Qu’est-ce que tu veux ?

— Quentin m’a quittée ! pleurniche Carole.

Le cœur de Cloé reste froid.

— Qu’est-ce que tu veux que j’y fasse ?

Les pleurs de Carole redoublent d’intensité.

— Moi aussi, j’ai des problèmes. Et bien plus graves que de m’être fait larguer par un mec marié.

— Je pensais que toi, tu m’écouterais ! gémit Carole.

— Eh bien tu t’es trompée, assène Cloé. Il a dû rejoindre sa femme. Sans doute qu’il l’aimait encore. Alors tu l’oublies. Et tu m’oublies aussi, par la même occasion. Parce que j’ai autre chose à faire qu’écouter tes jérémiades. Pour info, un psychopathe cherche à me tuer et je viens de perdre mon boulot.

Carole renifle bruyamment, se mouche.

— Je ne savais pas, bredouille-t-elle. Tu veux que je vienne ?

Cloé sourit. Un sourire terrifiant.

— Parce que tu crois que tu peux m’être d’une quelconque utilité… ?

Elle raccroche violemment, se sert un autre verre de bourbon.

Puis elle se déshabille, abandonne ses fringues sur le parquet du salon et passe dans la salle de bains en titubant légèrement.

Le miroir lui joue des tours.

Ça ne peut pas être moi. Cette fille qui a les yeux rouges, gonflés, cernés. Dans le vague.

Cette fille qui a les lèvres gercées et le teint jaune. Les cheveux ternes et la peau brillante.

Cette fille, laide à pleurer. Et qui pleure.

Cloé entre dans la baignoire, ouvre le robinet et tire le rideau. Les deux mains appuyées contre le carrelage bleu, comme à son habitude, elle laisse l’eau chaude chasser l’humiliation, la peine, l’angoisse, la solitude.

Ce serait trop facile. Une simple douche ne sert à rien. Tout reste gravé dans la chair.

Après un long moment passé sous le jet brûlant, Cloé décide enfin de sortir. Un brouillard épais flotte dans la pièce surchauffée et saturée d’humidité. Elle s’enroule dans une serviette, se plante face au miroir. Ce traître.

C’est là qu’elle voit. Qu’elle voit enfin.

Le message, écrit avec un doigt dans la buée qui recouvre la glace.

Fini de jouer, mon ange.

— Il n’y a personne, ici, madame. On a tout vérifié.

— Il y avait quelqu’un ! gémit Cloé.

Le brigadier la considère avec un soupçon de lassitude.

— On a fait le tour de toutes les pièces. On a même regardé dans les placards et sous les lits. Et je peux vous assurer qu’il n’y a que vous et nous dans cette maison.

Son collègue a un sourire vaguement caustique. Il consulte sa montre.

— Il est venu ici ! martèle Cloé. Il est même entré dans la salle de bains pendant que je prenais ma douche !

— Oui, le message sur le miroir, je sais. Pourtant, la porte n’a pas été forcée…

— Et l’alcool donne des hallucinations, vous savez, ajoute son collègue en fixant la bouteille de bourbon sur la table basse. Alors, faut pas en abuser, madame.

— Vous voulez qu’on appelle un médecin ? propose le brigadier.

Foudroyée par la honte, Cloé baisse les yeux. De toute façon, ils ne sont pas de taille face à l’Ombre. C’est Alexandre qu’elle veut, personne d’autre.

— Merci d’être venus, murmure-t-elle.

— Fermez derrière nous et allez vous reposer, conseille le brigadier. Bonsoir, madame.

La porte claque, Cloé reste figée dans l’horreur.

Fini de jouer, mon ange


Lorsque minuit sonne à une lointaine église, Cloé ouvre une autre bouteille de whisky et avale un calmant. Elle a songé à quitter la maison, mais sait que c’est inutile. Il la retrouvera, où qu’elle aille.

Gomez ne l’a pas rappelée. Il n’est pas venu.

Il ne viendra plus.

Ne la verra pas ramper jusqu’à son lit, mettre le P38 sous l’oreiller.

Ne la verra pas non plus tomber à genoux pour inventer une prière.

Mon Dieu, faites qu’il ne vienne pas… Faites qu’il ne soit rien arrivé à Alexandre.

Il fait sombre. Il fait froid.

Cloé ne sait plus comment elle s’est retrouvée là. Elle se souvient juste d’avoir couru à en perdre haleine, tandis que l’Ombre la poursuivait sans relâche.

Un hangar, immense.

En levant la tête, elle aperçoit Lisa qui s’élance sur la poutre. Elle entend son rire cristallin emplir tout l’espace.

Et puis son hurlement tragique au moment où elle bascule dans le vide.

Le corps s’écrase à ses pieds. Bruit effroyable des os qui se brisent, des chairs qui éclatent.

Alors, Cloé se réfugie dans une pièce sans fenêtre, tout au fond de l’usine. Assise par terre, recroquevillée dans un angle, elle écoute. Mais la seule chose qu’elle entend, ce sont les coups de butoir dans sa poitrine.

Je voudrais venir à ton secours, ma Lisa. Mais je dois me cacher ! Toujours me cacher… Sinon, il me retrouvera.

Elle pleure, elle tremble. Jusqu’à ce qu’un bruit fige le sang dans ses veines.

La porte.

Quelqu’un essaie de l’ouvrir.

Le petit verrou explose, un affreux grincement annonce le pire. Une lumière jaunâtre éclaire soudain la scène. C’est alors que Cloé découvre le message écrit sur le mur : Fini de jouer, mon ange.

Une silhouette gigantesque se plante dans l’encadrement et Cloé se remet à respirer.

— Alex !

Il entre, laissant la porte ouverte, mais ne s’approche pas d’elle. Les bras croisés, il s’adosse au mur. Comme s’il attendait quelque chose.

— Viens ! supplie Cloé.

Il ne bouge pas, se contente de la fixer. Ses yeux brillent, on dirait qu’il est sur le point de pleurer.

C’est alors qu’une autre silhouette apparaît. Celle de la Bête.

L’Ombre s’avance, ignorant Alexandre qui ne fait rien pour l’arrêter. Pour l’empêcher.

Le monstre est près d’elle, maintenant. Il n’a pas de visage, porte des gants.

Il attrape ses poignets, la soulève du sol.

Cloé hurle, si fort qu’elle se réveille enfin.

Le souffle court, le front et le dos trempés d’une sueur glacée.

Elle s’assoit dans le lit, essaie de recouvrer une respiration normale.

Au bout de deux minutes, la crise est calmée. Les chiffres rouges du réveil lui annoncent qu’il est 4 h 28 du matin. Elle se rallonge, ferme les yeux.

Mais quelque chose l’empêche de repartir vers le monde des cauchemars. Une impression, une oppression.

Elle n’est pas seule dans la pièce.

Il est là.

Juste Une Ombre
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