Chapitre 45

Gomez décroche alors qu’il est au volant.

— C’est moi, annonce Maillard d’une voix sèche. Amène-toi, faut que je te voie.

— Je comptais justement passer, révèle Alexandre. Mais j’ai un truc à faire avant…

— Tout de suite ! exige le commissaire. Tu viens immédiatement, c’est compris ?

Alexandre regarde l’heure sur le tableau de bord. La psychiatre de Laura ne consulte que le matin, il ne voudrait pas la rater. À peine 9 h 45, c’est jouable. Et ce n’est pas le moment de contrarier Maillard qui a déjà l’air de s’être levé du pied gauche.

— OK, j’arrive.

Le divisionnaire raccroche sans autre forme de politesse, Gomez place le gyrophare sur le toit et exécute un demi-tour au beau milieu d’un boulevard.

Qu’est-ce qu’il me veut, alors que je suis en vacances ?

Soit l’IGS a pris une décision, soit Maillard a eu vent de l’enquête qu’il mène en douce. Quoi qu’il en soit, l’entrevue risque d’être explosive.

Une quinzaine de minutes plus tard, Alexandre gare sa voiture devant l’hôtel de police et grimpe directement jusqu’au bureau du patron.

— Salut, dit-il.

Le commissaire fixe son subordonné avec une colère évidente. Mais Alexandre a l’habitude.

— Qu’est-ce qui se passe ? demande-t-il en se posant sur une chaise.

— Tu es bien en congé ? attaque Maillard. Je ne me trompe pas ?

Alexandre soupire et sort son paquet de cigarettes de la poche de sa chemise.

— C’est toi qui m’as foutu en congé, je ne vois pas pourquoi tu me poses la question.

— Alors tu peux m’expliquer ce que tu fabriques avec cette fille ?

— Quelle fille ?

— Me prends pas pour un con, Alex ! enrage le divisionnaire.

— Tu parles de Cloé Beauchamp ?

— Oui, je parle de Cloé Beauchamp, confirme Maillard. Je parle d’une cinglée qui…

— Elle n’est pas cinglée, l’interrompt Alexandre d’une voix calme. Et elle a besoin de nous parce qu’elle est en danger.

Le directeur ouvre un dossier sur son bureau.

— C’est d’un psy dont elle a besoin. Et tu n’es pas psy, Alex. Psychopathe, peut-être, mais psychiatre, sûrement pas !

— Merci du compliment.

— Tu devais te tenir tranquille, tu devais te reposer, te mettre au vert… Te faire oublier !

— Si personne ne la prend au sérieux, elle va mourir. C’est ce que tu veux ?

Maillard semble ébranlé par l’assurance de son ami.

— Qu’est-ce qui te permet d’affirmer ça ?

— Lorsque j’ai appris pourquoi elle était venue nous voir, j’ai tout de suite fait le rapprochement avec une autre affaire dont j’avais entendu parler. Une nana, dans le 95, ayant porté plainte à plusieurs reprises pour le même type de problème.

— Et alors ? Des agitées du bocal, il doit y en avoir pas mal qui traînent chez nous comme dans le 95 !

Et alors ? réplique Alexandre en le fixant droit dans les yeux. Alors, l’autre agitée du bocal est morte.

Le commissaire reste silencieux un instant. Alex sait qu’il a fait mouche.

— Morte comment ?

— Officiellement, c’est un suicide. Le saut de l’ange.

Sur les lèvres du divisionnaire se profile un sourire narquois. Mauvais présage.

— Un suicide, hein ?

— Peut-être bien qu’on l’a poussée dans le vide, ajoute le commandant.

— Plein de gens sautent par la fenêtre. Ça arrive tous les jours. Et c’est assez rare qu’on ait besoin de les aider.

— Pourquoi tu ne me fais pas confiance ?

— Je t’ai toujours fait confiance, Alex. Mais tu n’as pas le droit d’enquêter sur cette affaire.

— Eh bien dans ce cas, mets quelqu’un d’autre dessus.

— Hors de question.

— Mais pourquoi ?

— Parce qu’il n’y a pas d’affaire ! J’ai lu les mains courantes et la plainte déposée samedi soir. J’ai appelé le toubib qui a examiné cette fille. Il n’y a rien, Alex. C’est vide. Complètement vide ! Vu la charge de boulot, je ne vais pas mobiliser quelqu’un simplement parce qu’un flic en congé a un vague pressentiment !

— Arrête de hurler, prie Alexandre. Je ne suis pas n’importe quel flic et j’ai des éléments qui ne sont pas seulement un vague pressentiment. Le dossier est vide parce que ce salopard est malin.

— Non, Alex. Je ne marche pas. Cette fille nous mène en bateau, elle a des problèmes à résoudre et n’a qu’à aller voir un spécialiste. Quant à toi, depuis que… depuis que Sophie n’est plus là, tu ne fais que des conneries.

Gomez accuse le coup. Il s’y attendait.

— Tu ne crois plus en mon instinct ?

— Pas en ce moment, assène Maillard. De toute façon, le parquet a classé la plainte de samedi. Alors, on ne peut pas enquêter.

Ce n’est pas une grosse surprise, mais Alexandre gardait un espoir.

— Cette fille est barge, répète son directeur. Alors éloigne-toi d’elle, OK ?

— Elle est menacée, je le sais !

— Elle se croit menacée, nuance.

Gomez garde le silence, Maillard hausse le ton.

— Ne m’oblige pas à prendre des sanctions envers toi ! Je n’en ai pas envie.

Alexandre fixe son ami quelques secondes jusqu’à l’obliger à baisser les yeux puis claque la porte sans ajouter un mot. En passant devant son bureau, il s’arrête un instant. Bizarrement, il a l’impression de n’être plus ici chez lui.

Un étranger, que même les murs rejettent.

Cloé ouvre sa messagerie tout en terminant son expresso. Nathalie progresse, son café devient buvable.

Un mail de Pardieu ayant pour objet URGENT attire son attention. Elle clique dessus, constate qu’il a été envoyé le matin même à 8 h 15 à l’ensemble des cadres de l’entreprise.

Tous convoqués à une réunion surprise, en début d’après-midi.

Une bouffée brûlante enflamme sa poitrine. Le grand jour est arrivé. Il va l’annoncer à tous.

Cloé sourit et ferme les yeux. Aujourd’hui, jour du sacre. Aujourd’hui, elle tiendra sa victoire.

Il faut qu’elle partage ça avec quelqu’un, qu’elle le crie sur les toits. Elle attrape son portable, ouvre son répertoire. Mais qui appeler ?

Naturellement, elle compose le numéro d’Alexandre. Il décroche quasi instantanément.

— C’est moi, Cloé. Je te dérange ?

— Je conduis, mais ça va… Qu’est-ce qui se passe ?

— Le Vieux nous convoque tous pour une réunion surprise cet après-midi. Il va annoncer qui sera son successeur… Ça y est, je vais enfin être officiellement désignée !

— Tant mieux, répond Alexandre.

— Ça n’a pas l’air de te faire plaisir !

Elle réalise soudain qu’elle connaît à peine cet homme. Pourtant, c’est à lui qu’elle a eu envie de se confier.

— C’est pas ça, réplique Gomez. J’ai quelques soucis, je t’en parlerai ce soir. J’ai un rendez-vous, là…

— D’accord. Je t’embrasse.

— Moi aussi.

Il raccroche, Cloé relit le mail de Pardieu. Sa main se crispe sur la souris.

Bizarre que le Vieux ne lui en ait pas parlé avant de l’envoyer.

Mais pourquoi lui en aurait-il parlé, après tout ? Il lui a déjà annoncé la bonne nouvelle il y a des semaines. Et puis, elle se remémore qu’il lui a fait des sourires appuyés ce matin, quand elle est passée le saluer. Ils ont conversé un long moment, elle s’est à nouveau excusée de son retard de vendredi avant de lui parler d’un gros contrat qu’elle s’apprête à décrocher. Une manne, pour l’Agence. Et Papy a eu l’air particulièrement satisfait.

Alors non, aucun doute ne doit venir la ronger.

Elle se laisse aller en arrière sur son fauteuil, savoure l’instant. L’impression d’être une princesse à la veille de son couronnement. Bientôt, elle sera maîtresse en ces lieux.

Des années de travail acharné, des sacrifices astronomiques. Et enfin, la récompense.

Elle aurait aimé l’annoncer à Bertrand. Elle a passé la nuit avec un autre homme, pense encore à lui. Il devrait être là, à ses côtés. Il est si loin, pourtant. La blessure, toujours ouverte, semble refuser de cicatriser.

Après la joie, les larmes.

Je n’aurais jamais couché avec ce flic si tu ne m’avais pas abandonnée !

Soudain, alors qu’elle imagine les yeux fermés le visage de Bertrand, quelque chose la percute de plein fouet. Quelque chose qui manque de la faire tomber.

Une évidence.

Chaque fois que ce monstre s’est manifesté, Bertrand n’était pas là.

J’ai déjà aperçu l’Ombre dans la rue, alors que j’étais avec Carole. Mais jamais lorsque j’étais en compagnie de Bertrand. Pourquoi ?

La première fois que ce malade m’a suivie dans la rue, c’était après une soirée où Bertrand ne m’avait pas accompagnée.

Tant de coïncidences troublantes… Son esprit se met à tourner à un rythme effréné, l’épisode du garage lui revient en mémoire.

Bertrand a très bien pu couper l’électricité lui-même, me tendre ensuite ce piège. Qu’est-ce qui me prouve qu’il a réellement été le témoin de cet accident de voiture ?

Le soir où j’ai vu l’Ombre dans le jardin… Quelques minutes plus tard, Bertrand sonnait à ma porte.

L’accident de mon père… Je lui avais donné l’adresse de mes parents et raconté au téléphone que papa faisait sa balade chaque matin.

Les incidents défilent en accéléré dans sa tête, elle peine à respirer.

Non, c’est impossible !

Pourtant, on dirait qu’un voile vient de se déchirer. Le ciel s’éclaircit, elle voit nettement. Distingue le contour de chaque chose.

L’Ombre et Bertrand ne sont qu’une seule et même personne.

— Il faut prendre rendez-vous, monsieur.

Gomez exhibe sa carte de flic, avec l’impression de brandir un faux.

— Je dois voir le médecin très vite. J’ai laissé un message, samedi.

— Oui, je l’ai eu en arrivant, répond la secrétaire. Mais le docteur Murat est en consultation toute la matinée.

Alexandre lui adresse un petit sourire qu’il espère charmeur.

— Je me faufilerai entre deux patients. C’est très important, vous savez… J’ai vraiment besoin de la rencontrer. Et je ne lui volerai pas trop de son temps, c’est promis.

— Je lui en parle dès qu’elle sort de son cabinet, assure la secrétaire. En attendant, patientez dans la petite salle, là…

— D’accord. Merci, madame.

Il va sagement s’asseoir dans la pièce où attend déjà un homme d’une cinquantaine d’années qui n’a pas l’air dans son assiette. La plante verte semble plus en forme que lui.

Il transpire à grosses gouttes et se ronge méthodiquement les ongles. Le flic espère qu’il sera mieux en sortant du cabinet qu’en y entrant.

— Ça fait longtemps que vous venez ? demande le patient d’une voix mal assurée. Elle est vraiment très compétente, vous verrez. Moi, ça fait cinq ans que je la vois chaque semaine.

— Ah… Et ça vous fait du bien ?

— Oui. Avant, vous voyez, je n’aurais jamais osé vous parler.

— J’ai l’air si effrayant que ça ? s’inquiète Alexandre.

— Non, c’est pas ça ! C’est moi… J’ai des phobies. Je n’arrive pas à parler aux autres. Enfin, je n’y arrivais pas. Maintenant, ça va mieux. Et vous ? Ça vous gêne, peut-être… de dire pourquoi vous êtes là. Je suis indiscret !

— Non, ça ne me gêne pas, réplique Gomez. Je viens lui parler d’un suicide.

Le patient écarquille les yeux, visiblement catastrophé. Gomez aurait mieux fait de se taire.

— Il ne faut pas ! Il ne faut pas, je vous assure ! Le suicide n’est pas la solution !

— Je suis commandant de police et j’ai besoin d’un conseil dans l’une de mes enquêtes, corrige bien vite Alexandre.

— Oh, pardon ! Je croyais que…

— Y a pas de mal.

La porte du cabinet s’ouvre à point nommé ; la psychiatre raccompagne une jeune femme puis s’entretient quelques secondes avec sa secrétaire avant de se présenter à la porte de la salle d’attente. Elle salue son habitué et toise Gomez.

— Commandant ? Je vais vous recevoir tout de suite. À condition que ce soit rapide.

Alexandre lui serre la main, adresse un clin d’œil à l’homme assis à côté de la plante verte puis suit la psychiatre jusqu’à son spacieux cabinet.

— Pardonnez-moi de ne pas avoir pris rendez-vous, mais j’ai eu votre nom samedi et c’est assez urgent.

— Asseyez-vous, propose le docteur Murat.

Gomez s’installe sur l’unique chaise qui trône devant le bureau. La psychiatre est une femme d’une quarantaine d’années, au physique plutôt ingrat mais au regard intimidant.

— Je viens vous parler de Laura Paoli. Une de vos anciennes patientes.

— Laura Paoli… Oui, je m’en souviens, acquiesce la toubib. Que devient-elle ?

— Elle est morte, révèle le flic.

La psychiatre n’a pas de vraie réaction.

— J’aurais dû m’en douter. Sinon, vous ne seriez pas là… Que lui est-il arrivé ?

— Elle s’est suicidée en se jetant par la fenêtre. Il y a environ six mois.

Murat s’accorde un instant pour digérer la mauvaise nouvelle. L’échec.

— Le fait qu’elle ne vienne plus vous consulter ne vous a pas alarmée ? demande le flic.

— Non. Ça arrive très souvent, vous savez… Les patients interrompent leur suivi quand bon leur semble. Et puis, je n’ai pas vu Laura très longtemps. Quatre séances, tout au plus. Mais je me rappelle de cette jeune femme parce que ce n’est pas un cas qu’on rencontre tous les jours.

— Ça m’arrange, sourit Gomez. Comme ça, vous allez pouvoir me parler d’elle, de ses problèmes. Racontez-moi d’abord comment était Laura lorsqu’elle est venue vous voir. Pourquoi elle avait besoin de vous…

La psychiatre s’installe plus confortablement dans son fauteuil et croise les jambes.

— Je me souviens qu’elle fixait le divan comme s’il lui faisait peur. Alors qu’elle était déjà assise sur la chaise. Il paraît que je suis folle, docteur, a-t-elle dit d’entrée. J’ai été surprise, évidemment. Je lui ai demandé qui prétendait qu’elle était folle et elle m’a dit : Tout le monde. Mes amis, ma famille… Ensuite, elle m’a raconté son histoire. Une présence, invisible, qui transformait sa vie en cauchemar… Des fenêtres qui s’ouvraient pendant son absence, des objets qui changeaient de place sur les étagères. Des photos qui disparaissaient dans les albums. Des bruits, la nuit… Au départ, je me suis dit qu’elle était vraiment harcelée, mais j’ai vite compris qu’elle souffrait d’un délire paranoïaque.

— Pourquoi ? interroge Gomez.

— Eh bien parce qu’elle me racontait des histoires à dormir debout ! Pourquoi diable quelqu’un rentrerait chez elle – et comment rentrerait-il chez elle sans effraction, alors qu’elle a fait changer les serrures ? – pour déplacer simplement des bibelots sur les étagères ?

— Pourquoi pas ? assène le commandant.

— Parce que ça n’a aucun sens ! se défend la psychiatre.

— Sauf s’il désire justement que tout le monde la croie folle. Il fait des choses complètement improbables aux yeux de tous, voire aux yeux de sa propre victime, de façon à ce que personne ne puisse songer un instant qu’il existe vraiment ailleurs que dans la tête de cette pauvre femme…

— Vous insinuez que Laura était réellement harcelée ? Vous avez des éléments qui permettent de le penser ?

— Oui.

Il a l’impression que Murat vient de recevoir un coup de gourdin sur le crâne.

— Nous aurions alors affaire à un individu particulièrement pervers…

— Tout juste, confirme Alexandre. Un de mes collègues m’avait parlé de Laura Paoli et il se trouve qu’une femme est venue dans le commissariat où je travaille pour se plaindre de faits quasiment identiques. Alors, forcément, j’ai fait le rapprochement.

— Vous êtes en train de me dire qu’il a recommencé ?

— Malheureusement, docteur.

La psychiatre enlève ses lunettes, comme pour ne pas voir l’évidence.

— Mais ce n’est pas un peu gros, non ? demande-t-elle. Je veux dire… que vous ayez entendu parler de Laura et que vous soyez tombé sur la seconde victime ?

— Ce type vit dans le coin, il chasse dans les parages. Je ne connais que deux de ses victimes, mais si ça se trouve, il y en a beaucoup plus. Et forcément, vu ses méthodes et le temps qu’elles prennent, il est obligé d’agir sur un territoire restreint. Un psychopathe peut sillonner la France lorsqu’il viole ou qu’il tue sa victime et rentre ensuite tranquillement chez lui. Ici, nous avons affaire à un type qui les harcèle pendant des mois. Alors, il ne peut pas s’éloigner de chez lui, de son travail s’il en a un… Donc, ses victimes sont toutes regroupées dans le même secteur géographique.

— Je n’arrive pas à y croire, avoue la toubib. Et quel serait son but, selon vous ?

— Les rendre folles. Et les tuer ensuite. Laura s’est officiellement jetée par la fenêtre mais je pense qu’il l’a un peu aidée.

Murat secoue la tête. Elle refuse visiblement d’y croire, même si ses certitudes viennent d’en prendre un coup.

— Pourquoi les rendre folles, comme vous dites, avant de les tuer ?

Gomez hausse les épaules.

— Ne me demandez pas de comprendre les motivations profondes d’un psychopathe. Moi, c’est plutôt les dealers, les braqueurs, les proxos…

— Je vois, sourit la psy. Vous savez, j’ai décelé chez Laura un délire paranoïaque. Et je cherchais les raisons qui auraient pu la faire basculer dans ce genre de pathologie. Mais elle ne m’a malheureusement pas laissé le temps de comprendre. Elle n’est venue que trois ou quatre fois, comme je vous l’ai indiqué… Sans doute n’ai-je pas dit ce qu’elle voulait entendre, alors elle n’est pas revenue.

— En effet, ce n’est pas le suicide qui a interrompu les séances, confirme Alexandre. Elle s’est donné la mort environ deux mois après avoir cessé de venir ici.

— Dites-moi, cette femme dont vous me parlez, celle qui serait la seconde victime

Elle a une drôle de façon de dire victime. Gomez comprend qu’il ne l’a pas convaincue.

— Je songe à quelque chose… Ne pourrait-elle pas avoir entendu parler de Laura ?

— Elles ne se connaissaient pas, affirme Gomez.

— Vous êtes certain qu’elles n’avaient pas d’amis en commun ? Que cette femme n’a pas pu, d’une manière ou d’une autre, avoir connaissance de l’histoire de Laura ?

— Pourquoi ?

— Si cette seconde victime

— Elle s’appelle Cloé, précise Alexandre.

— Si Cloé a entendu parler de cette histoire, si cela lui a fait peur, elle a très bien pu par la suite développer le même genre de symptômes. Si elle avait le terrain, bien sûr.

Gomez lui adresse un regard interrogateur.

— Je vais être plus claire…

— Je veux bien ! ironise Alexandre.

— Imaginons un instant que Cloé ait ces fameuses prédispositions. Autrement dit, qu’elle ait une personnalité paranoïaque. Imaginons ensuite qu’elle entende parler de ce que vit Laura. Elle se persuade que cette femme est réellement harcelée. Ça l’effraie, elle se dit que c’est un cauchemar qu’elle n’aimerait pas endurer. Elle se dit même qu’un malade mental rôde dans le secteur. Qu’il pourrait très bien s’en prendre à elle… Il suffit ensuite d’un déclencheur pour qu’elle suive le même chemin que Laura.

— Un déclencheur ?

— Un homme qui la suit dans la rue, par exemple. Ça arrive tous les jours, vous savez.

— C’est comme ça que ça a commencé, avoue Gomez. Un type qui l’a suivie alors qu’elle rejoignait sa voiture.

— Cloé a-t-elle des antécédents psychiatriques ? Une personnalité paranoïaque ?

— Je n’en sais rien, avoue le flic.

— Il faudrait vérifier, commandant. Il faudrait interroger ses proches, ses amis… Bien sûr, ce n’est pas forcément facile à déceler pour des non-spécialistes, mais je crois que votre priorité est de savoir si, oui ou non, Cloé a pu entendre parler de Laura. Et si la réponse est oui, soyez sûr qu’elle souffre du même syndrome.

— Je ne crois pas, mais je vais vérifier.

— Il faut que je vous laisse, maintenant. Je ne peux pas faire attendre mon patient plus longtemps.

Juste Une Ombre
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