Chapitre 33

Cloé a l’impression de recevoir un coup de poing dans le ventre, elle suffoque.

Moment tant attendu, tant redouté.

Elle devine à peine son visage. Mais la faible lumière de la rue éclaire ses yeux. Terrifiants.

Règle numéro quatre : tirer à vue. Tirer pour tuer.

L’homme descend une marche, Cloé brandit le P38 devant elle.

Il se fige instantanément.

— Du calme !… Je m’appelle Alexandre Gomez, je suis officier de police. Lâchez immédiatement votre arme.

Tandis qu’il parle, il esquisse un simple mouvement du bras pour attraper quelque chose dans son blouson. Un flash aveuglant explose dans la tête de Cloé.

Tirer à vue. Tirer pour tuer.

Lui ou moi.

Elle appuie sur la détente. Mais rien ne se passe.

Gomez dévale les marches et, sans que Cloé ait le temps de comprendre comment, il s’empare du flingue.

— Vous êtes dingue ou quoi ?! hurle-t-il. Je vous dis que je suis de la police !

Il glisse le P38 dans la ceinture de son jean, lui colle sa carte professionnelle sous le nez. Cloé entrevoit les trois bandes.

Trois couleurs.

Bleu, blanc, rouge.

Trois mots.

Arrestation, jugement, prison.

Elle vient d’essayer de descendre un flic, va sûrement s’évanouir.

— Je vous attendais, ajoute Alexandre en rangeant sa carte dans la poche intérieure de son blouson. Et comme y a pas de portail, je me suis permis d’entrer.

Cloé demeure muette, complètement pétrifiée.

J’ai failli tuer un policier. J’ai sorti une arme devant lui, je suis foutue.

— J’aimerais vous parler, continue le commandant. On pourrait aller à l’intérieur ?

Comme elle n’a aucune réaction, il la saisit par le bras, l’escorte jusqu’à la porte d’entrée.

— Ouvrez, s’il vous plaît.

Il lui arrache les clefs des mains et se résout à la pousser à l’intérieur. Quand la porte claque dans son dos, Cloé sursaute. La poigne se referme à nouveau sur son bras, Gomez la conduit jusqu’au salon, tâtonne pour trouver l’interrupteur et l’assoit de force sur le canapé. Elle ressemble à une poupée de cire, sans réaction.

Sous le choc.

Alexandre essaie quelques portes avant de trouver la bonne ; celle du bar. Il prend un verre, y verse un doigt d’Otard 1795.

— Buvez, je crois que vous avez besoin d’un remontant !

Elle obéit, une vague de chaleur la submerge.

Gomez pose le P38 sur la table basse, s’installe dans le fauteuil en face d’elle.

— Ça va mieux ? Vous n’allez pas faire un malaise, au moins ?

— J’ai failli vous tuer, murmure Cloé.

— Aucun risque ! répond le flic avec un sourire moqueur. Il faut armer avant de tirer. Heureusement pour moi que vous ne savez pas vous servir d’un calibre.

Son sourire s’efface aussi vite qu’il est apparu. Il se penche légèrement vers l’avant, comme pour lui enfoncer chaque mot profondément dans le crâne.

— Sinon, j’étais mort.

— Je sais qu’il faut armer. J’ai juste oublié, j’ai paniqué… Vous allez m’arrêter ?

Il hausse les épaules, détaille le décor qui l’entoure.

— Ça se pourrait bien, répond-il de manière désinvolte. J’ai de quoi vous envoyer en taule pour un bout de temps.

Cloé a de nouveau l’impression de défaillir. Rien qu’à l’idée de finir en prison.

— Je croyais que c’était… lui.

— Je m’en doute. Et c’est justement de lui que je suis venu vous parler.

Il la fixe à nouveau de ses yeux de dément. Qui ressemblent à des mâchoires puissantes prêtes à la déchiqueter.

— Désolé de vous avoir effrayée, mademoiselle. Ce n’était pas mon intention.

Avec des gestes rapides et précis, il décharge le P38, enfourne les munitions dans sa poche.

— Vous en avez d’autres ?… Des chargeurs, vous en avez d’autres ?

Cloé hésite une seconde.

— Non, prétend-elle. Cette arme est ancienne, il n’y avait qu’un seul chargeur.

Il insiste, ne la quitte pas des yeux.

— Je peux fouiller la maison, vous savez. Alors, il vaudrait mieux me dire la vérité.

Sa voix regorge de menaces, les flammes continuent de brûler Cloé de l’intérieur. Pourtant, elle persiste et signe. Au point où elle en est… Tentative de meurtre sur un flic.

— Je vous dis la vérité.

— OK, admet Alexandre en se calant au fond du fauteuil. Racontez-moi tout, depuis le début. J’ai lu les deux mains courantes, mais je veux les détails.

— Vous vous intéressez à mon affaire ? s’étonne-t-elle.

— Pourquoi croyez-vous que je suis ici ? rétorque Gomez avec un autre de ses sourires sardoniques. Pour prendre l’apéro ?

— Mais le flic… policier…

— Vous pouvez dire flic, ce n’est pas une insulte, s’amuse Alexandre.

— Le policier qui m’a reçue m’a dit qu’il ne pouvait pas ouvrir d’enquête.

— C’est à moi d’en décider. Alors racontez-moi, d’accord ?

Cloé hoche la tête, avale une gorgée de cognac supplémentaire pour se donner du courage. Ce type l’impressionne. Son regard est tellement dérangeant qu’elle ne parvient pas à le fixer. Alors, elle baisse les yeux. Les mots peinent à venir, son interlocuteur reste de marbre. Aucun signe d’impatience de sa part.

— Comment ça a commencé ? À quel moment ? demande-t-il pour l’encourager.

— Il m’a suivie dans la rue, un soir…

Elle repart en arrière pour un éprouvant flash-back. Ne s’arrête alors plus de parler. Elle lève la tête de temps en temps, la rebaisse aussitôt.

Des semaines d’angoisse, la peur au ventre. Elle n’omet aucun détail, pas même sa rupture avec Bertrand. Pas même sa tentative de suicide.

On dirait qu’elle soliloque face à un rempart. Pourtant, elle sent qu’il l’écoute. Même s’il ne prend aucune note, il enregistre chaque mot, chaque geste.

Enfin, sa longue confession se termine. Le silence qui suit dure plusieurs minutes. À en devenir gênant.

— Vous êtes folle ? interroge soudain Gomez.

Cloé redresse la tête.

— Pardon ?

— Je vous demande si vous êtes folle, répète calmement Alexandre.

Il voit le visage de la jeune femme se transformer pour devenir d’une incroyable dureté. Elle reprend des forces à une vitesse prodigieuse.

— Vous ne me croyez pas, c’est ça ? Vous pensez juste que je suis dingue ?

— Pas de digression. Contentez-vous de répondre à ma question, je vous prie.

Elle est sur le point d’exploser. De le sortir manu militari de chez elle.

— Non, je ne suis pas folle ! s’écrie-t-elle en bondissant du canapé.

Elle marche de long en large, sentant les yeux qui collent à sa peau. À son âme.

— Je ne suis pas cinglée, merde ! Ce type existe vraiment ! Et je commence à en avoir marre de perdre mon temps avec des flics qui ne sont pas capables de comprendre que je suis en danger !

Elle attend une réplique qui ne vient pas, Gomez demeurant impassible.

— Ce type veut ma peau, vous m’entendez ? martèle Cloé. Il veut me tuer, ou pire !

Toujours rien en face. Alors Cloé bascule définitivement dans la colère.

— Vous n’êtes qu’une bande d’incapables !… Sortez d’ici !

Il ne bouge pas d’un millimètre, continue simplement à détailler chacun de ses gestes.

La colère de Cloé retombe d’elle-même, elle se rassoit en face de lui.

— J’en sais rien, murmure-t-elle. Peut-être bien que je suis cinglée après tout…

Nouveau sourire de Gomez. Mais sans ironie, cette fois. Un sourire, un vrai.

— Je vous crois, dit-il. Je pense que ce type existe et qu’il vous veut du mal.

Elle le considère avec stupeur, cherchant à quel jeu il joue.

— Pourquoi m’avoir demandé si j’étais folle, alors ?

— Pour savoir si vous l’étiez. Mais le fait que vous envisagiez la possibilité d’avoir tout imaginé prouve que vous êtes saine d’esprit. Autant qu’on peut l’être, en tout cas.

En signe d’agacement, elle a un léger mouvement de tête que Gomez trouve terriblement sexy.

— Vous avez de drôles de méthodes !

— Bon, j’ai quelques questions à vous poser.

— Allons-y… Vous voulez un verre ?

— Volontiers, répond Alexandre.

Cloé se dirige vers le bar, il la suit des yeux encore et toujours. Comme s’il la sondait en profondeur. Elle ressemble étrangement à Sophie, tout en étant très différente d’elle.

— Qu’est-ce qui vous ferait plaisir ?

— Whisky. Sans glace.

— Je croyais que les flics ne buvaient jamais pendant le service.

— Et que les poules avaient des dents ?

Tandis qu’elle le sert, il allume une clope sans même demander la permission. Cloé pose devant lui un cendrier en cristal et le single malt.

— Merci, mademoiselle Beauchamp.

Elle se réinstalle en face de lui, tente de supporter son regard. Incroyable qu’il soit si difficile à soutenir.

— Qui possède les clefs de chez vous depuis que vous avez changé les serrures ?

— Fabienne, ma femme de ménage. Et Bertrand, mon ex.

— Vous offrez vos clefs comme cadeau d’anniversaire ou quoi ?

Piquée au vif, Cloé répond du tac au tac.

— Ma femme de ménage, ça me paraît logique.

— Admettons. Et votre ex ?

— C’était pour lui faire comprendre qu’il était ici chez lui.

— Vous ne les lui avez pas reprises lorsqu’il vous a larguée ? s’étonne Alexandre.

Larguée… Un mot blessant. Ce type n’a aucune délicatesse. Pourtant, Cloé a compris qu’il a de la finesse.

— Non, avoue-t-elle. Je pensais qu’on se remettrait ensemble.

— Hum… Curieux qu’il ne vous les ait pas rendues.

— Il n’a rien à voir là-dedans.

— Vraiment ? Comment pouvez-vous en être aussi sûre ?

Elle ne trouve pas de réponse acceptable pour un flic.

— Je le sais, c’est tout.

— Vous savez que dalle, Cloé. Mais vous êtes du genre à croire que vous savez tout.

Il ne va pas tarder à la faire sortir de ses gonds à nouveau. Elle se contient, tant bien que mal. Partagée entre l’envie de mordre et celle de se réfugier dans ses bras.

Ce type sera son sauveur, elle le sait.

— Je dois récupérer les clefs, c’est ça ?

— Trop tard. Il a eu le temps de faire un double. Ce qu’il faut, c’est changer les serrures une nouvelle fois et ne plus distribuer vos clefs à tort et à travers… Autrement dit, ne plus les donner à qui que ce soit.

— La femme de ménage, il faut bien…

— À personne, c’est compris ? Démerdez-vous autrement.

— D’accord, concède Cloé en envisageant exactement le contraire.

Comment faire comprendre à ce flic buté que Fabienne n’a pas le don de passer au travers des portes et qu’il est hors de question qu’elle officie le soir ou le week-end ?

— Je vais aller questionner les voisins, reprend Alexandre.

— C’est obligatoire ? l’interrompt la jeune femme.

— Il faut que je sache s’ils ont vu quelqu’un entrer chez vous pendant votre absence.

— Et vous allez relever les empreintes digitales ? Il a dû toucher des tas de trucs, ici.

— Ce type m’a l’air d’être tout sauf un idiot. Alors ça m’étonnerait qu’il ait laissé sa carte de visite.

— Mais…

— Les gants, c’est pas fait pour les chiens, tranche le commandant. Inutile de perdre notre temps.

Gomez allume une nouvelle cigarette. Cloé se retient d’aller ouvrir la fenêtre.

— Donnez-moi le reçu de carte bleue, celui des courses.

— Je ne l’ai plus. Je l’ai sorti de mon sac quand j’étais chez Bertrand, pour le lui montrer. Et je l’ai oublié là-bas.

— Demandez-lui de vous le rapporter, ça pourrait m’être utile… Et maintenant, parlez-moi un peu de votre ex. Votre ex-mari, je veux dire.

Il sent que la simple évocation de cet homme la met profondément mal à l’aise. Ce n’est pas pour lui déplaire. Il a envie de la bousculer pour la faire chuter de son piédestal.

— On est restés ensemble pendant sept ans, mariés pendant cinq ans. Il… Nous…

— Prenez votre temps, dit Gomez.

Elle inspire profondément.

— Au début, c’était merveilleux. Mais ça s’est dégradé. Il… il a dû affronter des problèmes au niveau du boulot et… il est devenu alcoolique.

Elle fait une pause, avale une nouvelle gorgée de cognac.

— J’ai du mal à en parler, avoue-t-elle.

— Je vais vous aider, propose Alexandre. Il s’est mis à picoler et a commencé à devenir brutal quand il avait trop bu. Des gestes incontrôlés, des paroles menaçantes… Jusqu’à la gifle. Vous avez pardonné, plusieurs fois… Peut-être même qu’il s’est excusé, qu’il vous a juré qu’il ne recommencerait jamais. Sauf qu’il a recommencé, plusieurs fois. De plus en plus violemment. Jusqu’à ce que vous finissiez à l’hôpital.

— Comment vous savez tout ça ? Vous avez retrouvé ma plainte ?

Il sourit à nouveau, content de son effet.

— Non. Mais je connais l’histoire par cœur. Un grand classique ! Combien de jours d’hosto ?

— Un mois. J’avais des fractures. Il a été condamné, a fait deux mois de prison.

— Vous l’avez revu ?… N’ayez pas honte de me le dire si c’est le cas. Est-ce que vous avez à nouveau couché avec lui après ça ?

— Non, jamais ! Mon avocat s’est occupé de tout pour le divorce. Je me suis arrangée pour ne plus voir son visage.

— Sinon, vous auriez replongé, c’est ça ? suppose Gomez.

Elle s’agite un peu sur le canapé, ses doigts malaxent un coussin.

— Je ne crois pas, non.

— Vous pensez que ça peut être lui, votre mystérieux agresseur ?

— Je l’ai cru, au début. Mais… Je n’en sais rien.

— Je vais me renseigner sur lui, voir où il crèche désormais… Dites-moi, Cloé, vous l’aimez toujours ?

Elle serre les mâchoires.

— Non.

— Vous mentez très mal. Et ce Bertrand, vous l’aimez ?

— Pourquoi ces questions ? Je ne vois pas le rapport avec…

— J’ai besoin de savoir certaines choses pour cerner la situation, vous cerner vous.

Il se tait un instant, s’amuse avec son paquet de Marlboro.

— Vous avez quelque chose à cacher, Cloé ?

Elle est de plus en plus mal à l’aise, essuie la paume de ses mains sur sa jupe. Puis elle plonge ses yeux dans les siens.

— J’ai tué ma sœur.

Gomez encaisse la nouvelle sans broncher.

— Elle avait 8 ans, j’en avais 11. Je devais la surveiller, je l’ai entraînée avec moi pour jouer à des jeux dangereux. Elle… Elle a fait une chute, s’est brisé la colonne et s’est ouvert le crâne. C’est un légume, maintenant.

Gomez réfléchit avant de poursuivre sur ce terrain glissant.

— Comment gérez-vous votre culpabilité ?

Cloé ne répond pas. À quoi bon ?

— Peut-être est-ce pour vous punir de ça que vous avez accepté de servir de punching-ball à votre ex-mari, non ?

— Vous êtes flic ou psychiatre ? Psychiatre du dimanche, précise Cloé d’un ton cinglant.

Il se contente de sourire. Quand elle est cynique, elle est plus charmante encore. Ça fait étinceler ses yeux ambrés.

— Ma femme est partie il y a quelques semaines, balance soudain Alexandre.

— Je suis désolée. Mais pourquoi me dites-vous cela ?

— Vous lui ressemblez. C’est pour ça que j’ai décidé de m’intéresser à votre affaire.

Cloé devient livide.

— Je me souviens de vous… Je vous ai croisé au commissariat, non ?

— Exact.

Il se lève, Cloé l’imite.

— Moi, j’ai tué un de mes lieutenants, il y a moins d’une semaine. Et je gère très mal ma culpabilité.

Un drôle de type, ce flic.

— À cause de mon inconscience, il est entre la vie et la mort. Ils lui ont coupé une jambe, il a pas mal de fractures et sans doute des lésions au cerveau… Il a 25 ans.

Cloé ne sait quoi lui dire. Elle le regarde se diriger vers la porte d’entrée sans réagir. Puis, soudain, elle s’élance à sa poursuite.

— Commissaire ! Ne me laissez pas seule. J’ai peur.

Gomez se retourne, lui sourit.

— Je suis seulement commandant. Fermez votre porte et calez le dossier d’une chaise sous la poignée. Ou allez à l’hôtel si vous préférez… Je suis un simple flic, rappelez-vous. Ni psy, ni garde du corps.

Il lui tend néanmoins une carte de visite.

— À la moindre alerte, n’hésitez pas. Mon portable est toujours allumé.

Elle prend la carte, la détaille longuement. Elle est étonnée d’y lire ses coordonnées complètes. Adresse, fixe et mobile.

— Merci, commandant Gomez.

— Je m’appelle Alexandre.

— Et… votre femme, vous êtes resté longtemps avec elle ?

— Dix-huit ans… Bonne nuit, Cloé.

Elle le regarde descendre les marches du perron puis tourne le verrou. Elle reste un moment adossée à la porte, un sourire triste s’éternisant sur ses lèvres.

Enfin, elle n’est plus seule.

Juste Une Ombre
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