CHAPITRE XXII

Grâce aux dons de négociateur de Qui-Gon et à l’aval de Nield et Wehutti, un traité de paix durable assura la tranquillité de Melida/Daan. Nield accepta de partager le pouvoir avec les Melida et les Anciens Daan. La cité ne serait plus jamais divisée, que ce soit par tribus ou par tranches d’âge.

Mawat et quelques-uns de ses partisans s’en allèrent loin de la ville. Il avait eu tort, et l’avait reconnu devant Nield et les Jeunes. Même lui, Cerasi l’avait changé.

— Peut-être pourra-t-il trouver le pardon dans l’exil, dit Nield à Obi-Wan.

Tous deux se tenaient alors devant cette même fontaine où s’était déroulée la bataille. C’était le jour du départ d’Obi-Wan. Il comptait retourner au Temple afin de demander au Conseil l’autorisation de regagner l’ordre Jedi. Qui-Gon avait accepté de l’accompagner.

Nield passa son bras autour du cou d’Obi-Wan.

— Je t’en ai fait voir, mon ami. Je suis heureux que tu aies le cœur de nous pardonner.

— La douleur peut nous égarer, répondit Obi-Wan.

Nield jeta un regard pensif à la fontaine.

— Ce n’est que maintenant que je réalise que j’ai bien failli déclencher un bain de sang. Une de ces guerres que je détestais tant. À dire vrai, Obi-Wan, j’avais peur.

Obi-Wan fit un pas en arrière pour mieux le regarder.

— Peur ? Toi ?

— Je me sentais très seul, répondit simplement Nield. J’avais entrepris une tâche qui me dépassait. J’avais besoin d’un guide, et n’avais personne vers qui me tourner. La Génération Intermédiaire tout comme les Anciens me semblaient à cours d’idées. Aujourd’hui, je sais que ce n’était qu’un prétexte. J’écoutais celui qui parlait le plus fort, c’est tout. Maintenant, je découvre que bien d’autres gens partagent notre désir de paix.

— Tu as créé un nouveau monde, lui dit Obi-Wan.

— Nous l’avons créé, corrigea Nield. Maintenant, je n’ai plus qu’un seul regret.

— Que Cerasi ne soit pas là pour le voir, finit Obi-Wan avec tristesse.

Quelques instants plus tard, Qui-Gon et Obi-Wan se dirigeaient vers leur chasseur stellaire. Obi-Wan commençait à trouver le silence pesant. Pourquoi était-il si mal à l’aise ? Il y avait encore trop de ressentiment entre eux, probablement. Et d’autres émotions qui ne pouvaient être partagées.

Il devait rompre ce silence. Il devait poser la question qui lui déchirait le cœur. Il redoutait sa réponse, mais il fallait qu’il sache.

— Qui-Gon, accepterez-vous un jour de me reprendre ?

Ses mots restèrent comme suspendus dans l’air glacial. Qui-Gon continua de marcher, sans répondre.

— Je suis fait pour être un Jedi, je le sais, ajouta Obi-Wan. Et je n’en douterai plus jamais.

— Je le sais aussi, renchérit Qui-Gon en pesant ses mots. Par contre, je ne sais pas si tu es vraiment destiné à être mon Padawan.

Le cœur d’Obi-Wan se serra. Il était inutile de discuter avec Qui-Gon ou de tenter de le faire changer d’avis. Le désespoir l’envahit.

Être un Jedi n’était pas suffisant : Obi-Wan voulait redevenir le Padawan de Qui-Gon. Il fallait qu’il lui donne une seconde chance. Ce n’était pas l’orgueil qui le motivait. Au plus profond de son cœur, il savait que c’était son destin.

Et pourtant, Qui-Gon n’en était pas convaincu. Obi-Wan devrait se contenter d’être un Jedi.

Soudain, le comlink de Qui-Gon émit un bip. Qui-Gon lut le message. Il pâlit et ralentit son allure.

— Qu’y a-t-il ? demanda Obi-Wan.

— C’est un message du Temple, répondit Qui-Gon. Un message d’une extrême gravité. Le Temple est assiégé. On a tenté d’assassiner Yoda !