CHAPITRE XIII

Quand Obi-Wan se réveilla le lendemain matin, il était seul. La plupart des Jeunes étaient déjà remontés à la surface. Cerasi n’avait probablement pas voulu le réveiller. À l’aube, lorsqu’il était retourné dans la chambre, il était sûr qu’elle était déjà réveillée.

Elle lui avait laissé un plat de fruits et un gâteau au muja en guise de petit déjeuner. Il avala le tout en se demandant quand il aurait à nouveau l’occasion de manger un morceau. Il avait tant à faire !

Soudain. Roenni fit irruption dans la caverne. Il ne l’avait pas beaucoup vue ces derniers temps. Elle restait dans son coin.

— Obi-Wan, ils ont besoin de toi, fit-elle, hors d’haleine.

— Qui ça ? demanda-t-il en se levant.

— Tout le monde.

Ses yeux s’emplirent de larmes.

— Roenni, commence par le commencement.

— Nield a convaincu Mawat de passer outre le vote du Conseil et d’aller démolir le Parc du Souvenir de la rue de la Gloire, expliqua la jeune fille. Il a rassemblé son équipe et quelques Jeunes des campagnes.

Obi-Wan soupira. En effet, il ne pouvait les laisser faire.

— Ils ont des armes, ajouta Roenni.

— Où les ont-ils trouvées ?

— Je ne sais pas. Mais Wehutti et les Anciens sont de la partie, et eux aussi sont armés.

Une main glacée enserra le cœur d’Obi-Wan. C’était ce que Cerasi et lui redoutaient le plus, ce qu’ils voulaient éviter à tout prix. Une fois de plus, les rues de Zehava étaient le théâtre d’un conflit armé.

Il se demanda s’il devait chercher Cerasi. Il pouvait l’appeler sur son comlink. Mais il n’avait pas beaucoup de temps devant lui, et il valait mieux qu’elle apprenne toute l’histoire une fois le conflit réglé. Voir Wehutti et Nield s’affronter comme des ennemis jurés lui briserait le cœur.

Il préféra donner l’alarme à sa propre équipe et l’envoyer sur les lieux. Pourvu qu’ils arrivent à temps ! Il ne voulait pas se retrouver seul face à Nield. Il ne pourrait jamais le calmer. Et pourtant, il devait essayer.

Il s’empara de sa vibrolame, puis partit vers la surface.

En arrivant rue de la Gloire, il constata que ses pires craintes étaient devenues réalité. Nield et ses hommes – tous munis de blasters, de vibrolames et de boucliers transparents – se trouvaient d’un côté de la plazza. Face à eux, Wehutti et les Anciens, lourdement armés et revêtus d’armures en plastoïde, bloquaient l’entrée du Parc du Souvenir. Seule la grande fontaine centrale, désormais asséchée, séparait les deux factions. D’un instant à l’autre, ce serait l’explosion.

Obi-Wan courut vers les deux groupes.

— Au nom du gouvernement de Melida/Daan, je vous ordonne de déposer les armes ! lança-t-il.

Des membres de son équipe se précipitèrent, blasters au poing. Obi-Wan leur fit signe de les ranger. S’ils ouvraient le feu, les deux camps en feraient autant.

— Tu ne représentes pas le gouvernement ! cria Nield.

Les hommes d’Obi-Wan se rassemblèrent autour de lui. Ils regardaient tour à tour Nield et Obi-Wan, ne sachant plus que penser. Apparemment, Nield avait ébranlé certains d’entre eux en traitant Obi-Wan d’étranger. Même Deila paraissait douter.

Obi-Wan ignora leurs hésitations et envoya la moitié de son équipe encercler le périmètre. Au moins, si la bataille éclatait, elle ne s’étendrait pas au reste de la ville. De plus, il fallait les empêcher de recevoir des renforts. Cette querelle ne devait pas dégénérer en guerre.

Il se dirigea vers les deux factions d’un pas lent. Il pouvait sentir la tension qui vibrait dans l’air comme une charge électrique. Il ne faudrait pas grand-chose pour que tout le monde se mette à tirer.

— Écarte-toi. Wehutti, dit Nield. Nous avons gagné la guerre. Laisse-nous faire notre travail.

— Pas question d’autoriser une bande de sales gosses à profaner la mémoire de nos ancêtres ! tonna Wehutti.

— Nous refusons de considérer une bande de meurtriers comme des héros ! rétorqua Nield. Laisse-nous passer !

Et il leva son blaster…

Soudain, la grille de la fontaine asséchée s’ouvrit, et Cerasi se hissa à la surface. Elle se mit à courir pour s’interposer entre les deux groupes.

— Arrêtez ! cria-t-elle. Vous ne pouvez pas faire ça !

— Cerasi !

Obi-Wan s’élança dans sa direction. Au même moment, des coups de feu éclatèrent en salve, sans qu’Obi-Wan pût dire d’où ils provenaient.

Mais ils atteignirent leur cible. Cerasi ouvrit de grands yeux lorsque les décharges lui lacérèrent la poitrine. Elle tomba lentement à genoux. Obi-Wan arriva juste à temps pour la recevoir dans ses bras.

— Cerasi ! cria-t-il.

Ses yeux verts étaient déjà voilés.

— Tiens bon ! balbutia-t-il frénétiquement. Tu m’entends ? Cerasi !

Il tendit sa paume. Elle tenta vainement de lever la main ; celle-ci retomba. Ses yeux devinrent vitreux.

— Non ! hurla Obi-Wan.

De ses doigts tremblants, il chercha son pouls. Mais son cœur avait cessé de battre.

La douleur l’anéantit. Obi-Wan regarda Nield et Wehutti. Il ne parvint même pas à articuler un son, comme brusquement privé de la parole.

Les larmes jaillirent de ses yeux, alors que la souffrance paralysait son corps et son esprit. C’était plus qu’il n’en pouvait supporter. Mais au fond de lui, il savait que ce n’était que le début.