CHAPITRE XX

Obi-Wan se rendit au Lac Weir, là où Nield avait vécu une enfance heureuse. Puis au bâtiment du Congrès Unifié. Puis il continua d’errer jusqu’à ce que, soudain, il s’arrête net. Il savait avec certitude où se terrait Nield.

Il était aux côtés de Cerasi.

Obi-Wan traversa les rues, étrangement désertes. Les citoyens de Zehava avaient-ils eu vent de la bataille toute proche ? Mais il n’avait pas le temps de s’en soucier.

Obi-Wan atteignit le Parc du Souvenir. L’entrée était ravagée par les tirs des blasters et les marques des marteaux-piqueurs. Il ouvrit la porte et s’avança dans le noir. Il attendit que son regard s’accoutume à l’obscurité, puis se dirigea vers la stèle de Cerasi.

Nield était bien là. Il gisait à terre, un bras passé autour de la pierre tombale. La gorge d’Obi-Wan se serra. Sa colère se dissipa immédiatement. Il se souvenait de l’enfance de Nield telle que Cerasi la lui avait racontée. Tous ceux qu’il aimait avaient été tués les uns après les autres : son père, sa mère, ses frères et la cousine qui l’avait élevé par la suite. Lorsqu’il avait rencontré Cerasi, il n’était plus qu’un orphelin sans abri qui n’osait plus faire confiance à personne. Quelle que soit la douleur qu’Obi-Wan ressentait, celle de Nield était, sans aucun doute, bien plus forte.

Dès qu’il vit approcher Obi-Wan, Nield sauta sur ses pieds.

— Comment oses-tu te présenter ici ? fit-il d’une voix tremblante.

— Je devais te retrouver, répondit-il. Tu dois savoir ce que j’ai découvert.

— Rien que je ne sache déjà, certainement, rétorqua Nield, méprisant.

— Tu n’as pas tué Cerasi, dit rapidement Obi-Wan.

— En effet ! puisque c’est toi !

— Nield, fit Obi-Wan d’une voix douce, tu sais qu’elle me manque, à moi aussi. Jadis, nous étions amis. Que s’est-il passé ? Pourquoi me hais-tu à ce point ?

— Parce qu’elle est morte ! hurla Nield.

Soudain, il se précipita sur Obi-Wan et abattit un déluge de coups de poing sur sa tête et ses épaules. Nield était fort et sec, mais Obi-Wan était plus carré, plus puissant, et surtout plus entraîné. Il n’eut aucun mal à passer derrière Nield, lui tordre un bras et le lui ramener dans le dos. Nield tenta de se dégager, en vain.

— Si tu ne te débats pas, je ne te ferai aucun mal, assura Obi-Wan.

Mais Nield continua de se débattre.

— Écoute-moi, Nield. C’est Mawat qui a réarmé les Anciens.

Nield cessa de bouger.

— Il veut que la guerre reprenne, continua Obi-Wan. Si les Jeunes la perdent, tu seras jugé responsable. Je le soupçonne d’être de mèche avec les Anciens. Il veut être le maître de Melida/Daan, et pour cela, il est prêt à s’allier à n’importe qui.

— Mawat ne me trahirait pas comme ça, dit Nield.

Obi-Wan ignora ses protestations :

— Mawat voulait que le massacre commence le jour même de la mort de Cerasi. Il a installé des tireurs d’élite sur les toits. Ils avaient ordre d’ouvrir le feu si jamais Wehutti ou toi battiez en retraite. Et c’est ce qu’ils ont fait. Et Cerasi a été tuée. Ce n’était pas ta faute, ni celle de Wehutti.

Obi-Wan lâcha le bras de Nield, qui se retourna pour lui faire face.

— C’est Mawat qui m’a poussé à rappeler mes troupes, fit Nield à contrecœur. Tout d’abord, j’ai suivi ses conseils. Mais après que Cerasi… J’étais incapable de penser. Je pouvais à peine respirer. C’est alors que je me tenais là, à côté de Cerasi, que je suis revenu à la raison. J’ai compris que je me trompais. Comment ai-je pu fomenter une nouvelle guerre ? Maintenant, je comprends pourquoi Mawat m’y poussait.

Obi-Wan entendit des bruits devant le Parc. Nield et lui échangèrent un regard surpris. Comme il n’y avait pas de fenêtre, ils se précipitèrent vers l’entrée. Ils jetèrent un œil par les trous forés par les marteaux-piqueurs.

Mawat et un groupe de Jeunes des campagnes déposaient des paquets contre les murs.

— Ils placent des charges explosives, dit Obi-Wan. Ils vont tout faire sauter. Voilà qui va rendre furieux les Anciens. Et Mawat va rejeter la responsabilité sur toi, Nield. Tout le monde le croira. Après tout, c’est toi qui voulais absolument détruire les Parcs.

— Nous devons les en empêcher, dit Nield.

Obi-Wan remarqua le « nous » qu’il avait employé sans y faire attention. Il dégaina et activa son sabre laser. En le voyant briller de sa lumière bleue, une énergie nouvelle courut dans ses veines.

— Ensemble, nous sommes de taille à les arrêter, dit-il.

Nield acquiesça et prit sa vibrolame.

— Bonne chance, fit Obi-Wan.

Nield eut un sourire.

— Ce n’est pas de chance que nous avons besoin.

— Tout le monde en a besoin.

— Pas nous.

Nield posa la main sur l’épaule d’Obi-Wan. Leur amitié venait de renaître de ses cendres. Le danger était là, mais ils l’affronteraient ensemble.

Ils brandirent leurs armes et foncèrent défier Mawat et ses hommes.