COMPAGNONS
Et la vigueur de l’homme est dans les bras,
Et les bras du nageur sont dans le fleuve.
Et le fleuve boit, et le nageur boit et le noyé a beaucoup bu.
On le repêche, et on le met à sécher,
Mais il est mort, et mort pour quelque temps… (coutume ! Coutume !)
Ah ! écrire, écrire sans jamais rien accrocher…
Femmes aux cheveux bionds qui depuis si longtemps fûtes mes compagnes de rêves, de nuages et de secousse,
Arbres dans les vallées et vallées à l’automne,
Fleurs avec vos pétales et avec vos sépales,
Mouchoirs au fond d’une poche trouée, en suspension près de la jambe,
Mouchoirs qui serrez le nez avec ostentation,
Mouchoirs qui prenez le parfum comme une quille bien heurtée se rend à la pesanteur,
Doigts nombreux au point d’être dix et de cinq modèles différents,
Compagnons, tous mes compagnons, fantômes aux corps de verre.
Fantômes tremblants parcourus de coliques,
C’est vous qui êtes mes hommes, c’est Vous.