CONSEILS AUX MALADES
Ce que le malade doit éviter, c’est d’être seul, et pourtant si l’on vient le voir et qu’on lui parle et qu’il soit un de ces hommes qui donnent plutôt qu’ils ne reçoivent, il se trouve bientôt tellement affaibli que quand le médecin ensuite se présente avec sa trousse pour inciser son panaris, il ne sait plus où prendre un peu de force pour résister à la souffrance, il se sent atrocement victime et délaissé.
Il vaut donc mieux qu’il crée lui-même sa compagnie qui reste là à sa disposition (même quand le médecin est là) et qui, en tout, est plus souple.
C’est dans les tentures qu’il peut loger le plus d’êtres.
Les grosses espèces il les réduira facilement, c’est la forme et la structure surtout qui importe.
Le premier jour, je plantai des pâquerettes. Tous les rideaux en étaient pleins.
« Fleurs aux petites paumes, leur disais-je, m-pouvez-vous rien pour moi ? » Mais elles-mêmes étaient tellement tremblantes que je dus les renvoyer.
Je les remplaçai par des éléphants (de petite taille), ils montaient et descendaient comme des hippocampes puis, s’accrochant à un pli par leur trompe, me regardaient de leurs petits yeux qui comprennent.
Mais moi, promptement lassé – et puis je suis si paresseux – je détournais les yeux en leur disant : « Eh bien, maintenant, voulez-vous, parlez-moi de trompes. » Ils ne parlaient pas, mais tout de même réconforté par leur présence – cela vous garde, un éléphant – je m’endormais plus facilement.