MAUDIT
Dans six mois au plus tard, peut-être demain, je serai aveugle. C’est ma triste, triste vie qui continue.
Ceux qui m’ont mis au monde, ils le paieront, me disais-je autrefois. Jusqu’à présent ils n’ont pas encore payé. Moi, cependant, il faut maintenant que j’y aille de mes deux yeux. Leur perte définitive me libérera de souffrances atroces, c’est tout ce qu’on peut dire. Un matin, il y aura du pus plein mes paupières. Le temps de faire inutilement quelques essais du terrible nitrate d’argent, et c’en sera fini d’eux. Il y a neuf ans, mère me dit : « Je préférerais que tu ne fusses pas né. »