LA PARPUE
La Parpue est un animal cravaté de lourds fanons, les yeux semblent mous et de la couleur de l’asperge cuite, striés de sang, mais davantage sur les bords.
La pupille n’est pas nue. C’est un réseau de canaux noirs qui se disposent assez généralement en trois régions, trois triangles.
La pupille de cet animal varie pour chaque personne qui l’observe et devant toute nouvelle circonstance. Mais contrairement aux félins, la lumière est ce qui lui importe le moins ; ce sont ses impressions plutôt qui changent ses yeux et ceux-ci sont larges comme la main.
Les hommes Banto passent, selon Astrose, contemporain d’Euclide et le seul homme de ce temps qui ait voyagé, pour avoir apprivoisé la parpue. Les Banto prétendaient que le e et le i se trouvant dans la langue de tous les peuples connus alors étaient une preuve de la faiblesse de ces peuples.
Mais eux-mêmes ayant épousé des femmes Iroi perdirent leurs vertus guerrières et leur idiome singulier.
La parpue est douce. Ils l’ont travaillée, exercée. Certaines parpues peuvent pendant des heures ainsi modifier leurs yeux. On ne se fatigue pas de les contempler, « des étangs qui vivraient », dit Astrose. Ce sont de grandes actrices. Après une séance d’une heure, elles se mettent à trembler, on les enroule dans la laine, car sous leurs longs poils, la transpiration s’est faite grosse et c’est dangereux pour elles.