CRIER
Le panaris est une souffrance atroce. Mais ce qui me faisait souffrir le plus, c’était que je ne pouvais crier. Car j’étais à l’hôtel. La nuit venait de tomber et ma chambre était prise entre deux autres où l’on dormait.
Alors, je me mis à sortir de mon crâne des grosses caisses, des cuivres, et un instrument qui résonnait plus que des orgues. Et profitant de la force prodigieuse que me donnait la fièvre, j’en fis un orchestre assourdissant. Tout tremblait de vibrations.
Alors, enfin assuré que dans ce tumulte ma voix ne serait pas entendue, je me mis à hurler, à hurler pendant des heures, et parvins à me soulager petit à petit.