11
Le bouc de Killorglin

img13.jpg

 

Je ne me rappelle presque rien du voyage, qui se fit sans doute avec des chevaux, car j’entendais, comme venu de très loin, un martèlement de sabots, et je ressentais des secousses dans tout le corps. J’ignore si on m’avait déposé dans une charrette ou ficelé sur le dos d’un poney. Peut-être les deux en alternance.

Mon souvenir le plus net est de m’être retrouvé assis sur un tas de paille sale, dans un grenier poussiéreux. Il était encombré de vieux meubles, et d’épaisses toiles d’araignée parsemées de cadavres de mouches desséchés y pendaient tels des rideaux. Une unique lucarne laissait passer la lumière du jour.

J’étais seul, les mains liées derrière le dos, mais les jambes libres.

Bien que vacillant, je réussis à me relever à la seconde tentative. J’entendais les mouettes criardes marcher sur le toit. D’autres bruits me parvenaient : d’occasionnels claquements de sabots et les appels traditionnels des commerçants sur un marché. Sans doute étais-je à Killorglin. Je pesai sur la poignée de la porte ; elle était verrouillée. Je fis donc le tour du grenier, à l’affût de n’importe quoi qui me permettrait de m’évader. Quelque chose de tranchant pour couper mes liens, par exemple...

J’avais à peine entamé mes recherches que l’obscurité emplit la pièce. Un nuage cachait-il le soleil ? Les bruits de la rue s’atténuèrent peu à peu, jusqu’à se taire tout à fait. J’étais enveloppé dans un cocon de silence.

Soudain, la température baissa brusquement, annonçant l’approche d’un être venu de l’obscur. Je m’assis dans un coin, dos au mur, de sorte qu’on ne puisse m’attaquer par-derrière. Je n’avais rien pour me défendre. Si seulement j’avais eu les mains libres !

Un murmure s’éleva contre mon oreille. Je pensai d’abord qu’il s’agissait d’un jaboteur, et la peur me fit frissonner. Puis je compris que c’était un autre genre d’esprit. Les mots mal prononcés étaient inintelligibles, mais ils possédaient une intensité maléfique.

Quelques instants plus tard, d’autres voix se joignirent à la première. Combien ? Je n’aurais su le dire. Ces entités étaient toutes proches, et des éclairs de lumière pourpre se mirent à décrire des cercles de plus en plus étroits. Des doigts me tirèrent les oreilles, des mains me saisirent à la gorge, serrant de plus en plus. C’était un fantôme étrangleur, et j’étais sans défense.

Le septième fils d’un septième fils jouit d’une certaine invulnérabilité face à ce type d’esprit. Mais je n’en avais jamais rencontré d’aussi fort. Je commençais à suffoquer sous la pression des doigts Invisibles. J’essayais désespérément de me rappeler un détail de mon entraînement qui aurait pu m’aider. Je hoquetais, près de perdre connaissance.

Enfin, la pression se relâcha, les insupportables chuchotements se turent. Malheureusement, une voix terrifiante les remplaça, celle du Malin.

— Ta petite amie Alice est ici avec moi, me nargua-t-il. Veux-tu l’entendre ?

Avant d’avoir pu répondre, j’entendis des sanglots. Ils semblaient provenir de très loin, mais c’était bien une fille qui pleurait. Était-ce vraiment Alice ou le Malin me jouait-il un tour ? Ce n’est pas pour rien qu’on l’appelle le Père du Mensonge !

— Elle a peur et elle souffre, Tom. En douterais-tu ? Tu la rejoindras bientôt. Je peux déjà presque te toucher. Tu es tout près, si près...

C’était vrai. Je ne le voyais pas, mais je sentais son souffle chaud, fétide, sur mon visage, et la proximité de quelque chose d’énorme et de terrifiant. Le Malin, penché sur moi, tentait de me saisir.

— Aimerais-tu parler à ton amie, Tom ? Entendre ta voix apaiserait peut-être un peu ses tourments, railla-t-il.

Contre tout bon sens, je l’appelai. Je ne supportais pas le son de ces pleurs dans le noir.

— Alice ! Alice ! C’est moi, Tom ! Tiens bon ! Sois forte ! Je te tirerai de là ! Je te ramènerai à la maison !

— Menteur ! me cria-t-elle. Menteur ! Tu n’es pas Tom. Je ne te crois pas, tu m’as trompée trop souvent.

— C’est moi, Alice ! Je te le jure.

— Monstre ! Démon ! Laisse-moi tranquille !

Comment la convaincre ? Avant que j’aie pu trouver une idée, elle se mit à gémir comme si elle souffrait affreusement :

— Arrête ! Je t’en supplie, arrête de me faire du mal ! Arrête ! Arrête ! Je n’en peux plus. Oh, s’il te plaît, arrête !

Elle cessa d’implorer, mais continua d’émettre des plaintes déchirantes.

En as-tu assez entendu, Tom ? ricana le Malin. Tu partageras ses tourments. Et ils sont bien pires que ceux que l’on fait subir à une femme accusée de sorcellerie ! Imagine la piqûre d’aiguilles acérées, le poids de lourds rochers t’écrasant la poitrine, la brûlure des flammes approchant du poteau où tu es attaché. Ta chair se boursoufle, ton sang bouillonne. La souffrance est telle que la mort serait une délivrance. Pour Alice, cependant, il n’y a pas de répit. Elle est prisonnière de l’obscur pour d’éternelles tortures. Eternelles ! Bientôt, je reviendrai te chercher. Bientôt, la fiole de sang aura perdu ses pouvoirs.

Je sentis que le Malin s’éloignait. Les plaintes d’Alice s’atténuèrent, et le silence m’environna. Je tremblais de tout mon corps. Je ne pouvais rien faire pour mon amie, et cette idée m’était insupportable.

Peu à peu, les choses reprirent leur cours normal. La lumière revint, les cris des marchands s’élevèrent de nouveau au-dehors. Je me remis difficilement sur mes pieds, si éprouvé par ce que je venais de vivre que je tanguai d’un mur à l’autre. Je finis par m’écrouler et sombrai encore une fois dans l’inconscience.

Quand je repris connaissance, Shaun le Mince me secouait. Je m’assis, le dos appuyé au mur. Près de moi, sur le plancher, il y avait un bol empli d’un liquide sombre et fumant. Shaun y plongea une cuillère, qu’il porta à ma bouche. Je voulus détourner la tête ; il me bloqua le crâne de sa main libre et poussa rudement la cuillère contre mes lèvres. Une partie du liquide se répandit, mais je ne reconnus pas le goût épicé du gruau drogué. On aurait plutôt dit du bouillon de bœuf.

— Il n’y a rien de mauvais, là-dedans, m’assura Shaun avec un sourire torve. Il faut que tu manges, pour rester en vie un peu plus longtemps.

Devais-je le croire ou pas ? Quoi qu’il en soit, j’étais trop affaibli pour résister, et je le laissai me donner la becquée jusqu’à ce que le bol soit vide.

Shaun ouvrit la porte et me sortit du grenier, me jetant de nouveau sur son épaule comme un sac de farine. La nuit était tombée, le marché désert. Seul un groupe de silhouettes encapuchonnées se tenait près d’une haute structure en bois, au centre de la place triangulaire. Ils avaient rebâti la tour. J’aperçus à côté un large bloc de pierre bizarrement incurvé au sommet. J’en avais vu un semblable dans le village de Topley, près de la ferme où je suis né. Il n’avait pas été utilisé depuis plus de cent ans, mais personne n’avait oublié à quoi il servait. C’était un billot. Le condamné plaçait la tête sur la pierre, et le bourreau la lui tranchait à la hache.

Shaun le Mince me posa par terre, et je vacillai. Une main ferme me retint par le bras, et je croisai le regard de la sorcière.

— Dis bonjour à ton nouvel ami, railla-t-elle. Vous allez avoir l’un et l’autre une vilaine surprise.

De l’autre main, elle tenait par le collier un énorme bouc. Une couronne de bronze était attachée à ses cornes avec du fil de fer barbelé, tout imprégné du sang de la pauvre bête.

— Je te présente le roi Puck, reprit Scarabek. Vous aurez l’honneur de partager la plate-forme, ainsi que la douleur et la folie qui vont avec ! Avant la fin de la nuit, nous invoquerons Pan, et il viendra.

Le bouc fut amené sur les planches de bois ; on lui entrava les pattes arrière avec des chaînes d’argent fixées à des anneaux de fer. On m’obligea à m’agenouiller près de l’animal. Puis on me banda les yeux. La plate-forme se mit à grincer et à craquer, tandis qu’avec un système de cordes et de poulies, quatre hommes nous hissaient vers le sommet de la tour. Enfin, notre ascension se termina, et je supposai qu’ils avaient fixé les cordes à des taquets.

Le bouc se débattait, bêlait, mais il ne pouvait se libérer. Je m’assis et, en tordant le cou et en soulevant les épaules, je réussis à déloger mon bandeau. Je pus prendre ainsi la mesure de ma situation. Aussi loin que portait mon regard, je ne vis aucun garde chargé de me surveiller. J’observai la place du marché et les toits environnants, notai l’emplacement du pont enjambant la rivière, en contrebas. L’épouvanteur, en moi, supputait ses chances d’évasion.

La nuit tombait vite. En dehors des mages et de leurs partisans, la ville semblait déserte. Les habitants, prudents, restaient à l’abri derrière leurs portes verrouillées. Venue d’en bas, une psalmodie s’éleva, et un frisson me courut le long du dos : le rituel commençait, les mages invoquaient Pan.

Les premiers chants n’eurent aucun effet. Je remarquai seulement que le vent s’était calmé, et que l’air immobile était inhabituellement chaud, comme par une belle soirée d’été.

Les mages allumèrent alors des chandelles placées en cercle sur les pavés, au pied de la tour. J’en comptai treize. Puis ils se mirent en file et entreprirent de tourner lentement autour, chantant de plus en plus fort. Le bouc, qui avait jusqu’alors secoué ses chaînes avec des bêlements déchirants, se tenait à présent aussi raide qu’une statue. Soudain, tout son corps se mit à trembler. Les voix des mages montèrent, montèrent, jusqu’à produire un cri strident, sorti de leurs treize gorges.

Au même instant, le bouc eut un spasme et ses boyaux se vidèrent. La puanteur me souleva l’estomac, et je m’écartai jusqu’à l’extrême bord de la plate-forme pour échapper à la nauséabonde inondation.

Regardant vers le bas, je vis que les mages se retiraient. Je ne réussirais jamais à redescendre de la tour avec les mains liées dans le dos. Il ne me restait qu’une chose à faire : tâcher de conserver toute mon énergie. Je m’adossai à un pilier de bois, relevai les genoux et tentai de dormir. Impossible. Pendant deux jours, le gruau drogué m’avait maintenu la plupart du temps dans l’inconscience. Maintenant, J’étais parfaitement lucide.

C’est ainsi que je passai une longue et pénible nuit à côté du bouc, cherchant en vain un moyen de m’échapper. J’avais du mal à me concentrer, car mon esprit revenait sans cesse aux mêmes questions : qu’était-il arrivé à mon maître après notre fuite ? Avait-il réussi à s’échapper ? Et la douleur d’avoir perdu Alice dominait le tout. Etrangement, une  seule émotion ne me concernait plus : alors que ma mort n’était plus qu’une question de jours, je n’éprouvais pas la moindre peur.

Elle me reprit juste avant l’aube, dans la faible clarté de la lune pâlissante. Je remarquai soudain que le bouc me fixait avec intensité. Nos yeux ne rencontrèrent, et le monde autour de moi se mit à tourner. La tête de l’animal se transformait, s’allongeait, se tordait de manière grotesque. Pan s’emparait-il du corps de la bête ? J’avais à demi espéré que le rituel échouerait. Je constatais avec horreur que les mages pouvaient bien avoir réussi ! J’allais bientôt partager cet espace étroit avec un ancien dieu réputé pour plonger dans la terreur et la folie ceux qui s’approchaient trop de lui. Oui, là, j’avais peur !

Puis le bouc bêla longuement, et mon effroi disparut. Un vent froid s’était levé, soufflant du nord-est. Je frissonnai.

Les mages regagnèrent la place au lever du jour et firent redescendre la plate-forme. On me tira sur le pavé tandis qu’un serviteur nettoyait les excréments. On me délia les mains, on me présenta un bol de soupe et deux épaisses tranches de pain.

— Il ne faudrait pas que tu meures trop tôt ! plaisanta l’un des mages.

Je dévorai mon repas pendant que le bouc était lui aussi nourri et abreuvé. Surveillé par des dizaines de paires d’yeux, je n’avais aucune chance de m’échapper. Quand on m’eut retiré des mains le bol vide, un costaud au crâne rasé vint se placer devant moi. Je le reconnus aussitôt.

— On s’incline devant Maître Doolan, gamin ! me siffla une voix à l’oreille.

Comme je n’obéissais pas assez vite, une main me saisit brutalement la nuque et m’obligea à me courber.

Dès que je pus relever la tête, je dévisageai le plus puissant des mages caprins, celui qu’on surnommait le Boucher de Bantry. Son regard était celui d’un fanatique, d’un homme à l’âme inflexible, qui ne reculerait devant rien pour défendre ses intérêts.

— Tu es ici pour souffrir, me dit-il à voix forte, afin de se faire entendre des mages assemblés. Tes souffrances seront une offrande pour Scarabek, en remerciement du don qu’elle fait de sa vie au service de notre cause. Le sang d’un apprenti épouvanteur sera un précieux complément à nos sacrifices. Ta mort servira aussi de leçon à tous ceux qui osent s’opposer à nous.

Désignant le billot, il eut un sourire sinistre. Puis on me lia les mains avant de me hisser de nouveau en haut de la tour.

Dans l’heure qui suivit, la place triangulaire s’emplit d’étals. Plus la journée avançait, plus l’endroit était animé. On menait du bétail vers des enclos. Les gens s’asseyaient sur le seuil des portes ou s’appuyaient aux murs, des chopes de bière à la main. C’était la première matinée de ces trois jours de foire, et les habitants de Killorglin, mêlés aux visiteurs venus de miles à la ronde, profitaient joyeusement des festivités.

Quand le soleil disparut derrière les toits, la place se vida. Encore une fois, on abaissa la plate-forme pour me tirer sur les pavés. Maître Doolan attendait, ganté de cuir, tenant son énorme hache à deux tranchants. Il avait revêtu la tenue noire des bourreaux ainsi qu’un long tablier de boucher. Des lanières de cuir accrochées en travers de son torse retenaient des couteaux et d’autres instruments métalliques, Cela me rappela Grimalkin, la tueuse, qui portait se armes de la même manière. Il m’estima du regard, comme pour évaluer la taille du cercueil qu’on devrait me préparer, avant de m’adresser un sourire malveillant.

Pendant quelques secondes terrifiantes, je crus que j’allais être exécuté sur-le-champ. Je me trompais. La sorcière ne se montrait pas, mais près de Doolan se tenait Cormac, le mage que nous avions interrogé. L’heure de sa mort, semblait-il, avait sonné. Les chandelles furent allumées, et les mages se rassemblèrent autour du billot.

Cormac s’agenouilla, plaça sa tête dans le creux de la pierre. En dessous, un seau attendait. On amena le bouc. Je fus surpris de le voir lécher à trois reprises les joues du mage, avant de bêler doucement. Les autres mages approuvèrent de la tête en souriant, puis se congratulèrent mutuellement. Le rituel se déroulait de manière satisfaisante.

Doolan ouvrit le col de chemise de Cormac pour lui dénuder le cou. Puis il leva sa hache. L’un des assistants se mit à souffler dans un petit instrument fait de cinq fins cylindres de métal attachés côte à côte. Il en sortit un son semblable à celui du pipeau.

C’était un air mélancolique évoquant le bruissement du vent dans les roseaux, un air de deuil et de tristesse devant l’inéluctabilité de la mort.

Les mages entamèrent un chant à l’unisson, une sorte de lamentation. Au même instant, la flûte et les voix se turent, la hache décrivit un arc de cercle. Je fermai les yeux. J’entendis la lame de métal frapper la pierre ; quelque chose tomba bruyamment dans le seau. Quand je rouvris les yeux, Doolan soulevait la tête de Cormac par les cheveux et la secouait au-dessus du bouc, l’aspergeant de gouttes sanglantes. Alors l’animal, sans doute sous l’influence de quelque sortilège, se mit à laper avec avidité le contenu du seau.

Quelques minutes plus tard, les mages étaient prêts à relever la plate-forme. On ne prit pas le soin de m’alimenter, cette fois. De toute façon, le spectacle auquel je venais d’assister m’avait coupé l’appétit. On me présenta cependant une tasse d’eau, et je réussis à avaler quelques gorgées.

De nouveau en haut de la tour de bois, je vis les mages réitérer le même cérémonial que le soir précédent, évoluant en file autour des chandelles allumées, dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Cette fois, quand leur psalmodie s’acheva dans un cri suraigu, le bouc tourna la tête pour me regarder.

Un bouc peut-il sourire ? Celui-ci affichait un air de se moquer de moi qui me fit frissonner. Assurément, le rituel fonctionnait. Pan s’emparerait d’un instant à l’autre du corps de l’animal, et je me trouverais tout près de lui, condamné à la terreur et à la folie.

La nuit paraissait interminable. Les mages étaient partis, et le vent hurlait entre les toits, me jetant au visage des paquets de pluie glacée. Je m’installai dos aux bourrasques, secouai la tête d’avant en arrière jusqu’à ce que mon capuchon retombât sur mon crâne. Puis je me recroquevillai sur moi-même pour m’abriter de mon mieux. Néanmoins, je fus vite trempé jusqu’aux os. Le bouc bêlait de plus en plus fort. Au bout d’un moment, je crus l’entendre m’appeler par mon nom, puis émettre un rire dément. Et mes mains liées ne me permettaient même pas de me boucher les oreilles.

Enfin, le ciel pâlit. Au bout de quelques heures, le marché battait son plein.

Le soir tombait de nouveau et la pluie avait cessé quand la plate-forme fut redescendue et que je retrouvai le contact des pavés, grelottant de froid et mourant de faim. Dès qu’on m’eut libéré les mains, j’acceptai avec reconnaissance l’assiettée de mouton et de pain rassis qu’on me donna et n’en fis qu’une bouchée.

Mon intuition me disait que quelque chose se préparait. Était-ce au tour de la sorcière d’être sacrifiée ? À cette idée, mon estomac faisait des nœuds. Avant de mourir, elle voudrait certainement assouvir an vengeance. Mais, si je devais être exécuté d’un moment à l’autre, pourquoi m’aurait-on nourri ? Les minutes s’écoulaient. Les mages étaient de plus en plus nerveux. Puis Doolan arriva, sa hache sur l’épaule.

— Scarabek a disparu, gronda-t-il. Je n’arrive pas à croire qu’elle ait pu nous manquer de parole.

— Et le gardien des tumulus ? demanda l’un des mages.

— Aucune trace de lui non plus. On ne peut pourtant pas échouer maintenant, alors que deux sacrifices ont déjà été accomplis.

Il fixa sur moi un regard cruel :

— Exécutons le garçon ; ce sera le troisième ! Cela apaisera Pan et nous donnera un peu de temps jusqu’au retour de Scarabek.

Une rumeur approbative salua ces paroles, et Doolan commença à enfiler ses gants. Des poignes brutales me saisirent pour me traîner vers le billot.