Pareil à la connaissance que l’on a de son être, le sietch constitue une base ferme à partir de laquelle on se déplace dans le monde et dans l’univers.
Enseignement Fremen

Pardot Kynes était à tel point fasciné par les Fremen, leur société, leur religion et leur vie quotidienne qu’il n’avait absolument pas conscience des discussions qui faisaient rage dans le sietch, autour de lui. Heinar lui avait dit qu’il pouvait s’adresser à son peuple et expliquer ses idées – il profitait donc de la moindre occasion de leur parler.

Un cycle de lunes s’écoula : les Fremen chuchotaient dans les grottes et les alcôves de pierre, ou bien s’invectivaient lors des réunions avec les anciens. Certains s’étaient ouverts aux propositions de ce hors-monde bizarre.

Pour l’heure, on n’avait pas décidé de son destin, ce qui ne l’avait en rien ralenti. Des guides lui faisaient visiter le sietch, lui montraient toutes les choses qui pouvaient l’intéresser, mais Kynes s’arrêtait aussi fréquemment pour interroger les femmes qui travaillaient dans les ateliers de distilles, les vieux qui avaient la responsabilité de l’eau et les grands-mères momifiées qui veillaient sur les fours solaires ou limaient le métal grossier.

Cette activité frénétique l’étonnait : ici, on faisait fermenter l’épice, là on foulait le moût de l’épice pour en extraire du carburant. Dans les tissanderies, on fabriquait des étoffes avec des cheveux, de la fourrure de rat mutant à long poil, des touffes de coton des sables et même des lanières de peau d’animaux sauvages. Et dans les écoles, bien sûr, on enseignait aux jeunes Fremen la survie dans le désert et les techniques de combat.

Kynes venait de se réveiller, parfaitement reposé après une nuit sur une natte posée à même le sol nu. Durant la plus grande partie de sa vie, il avait dormi à la belle étoile. Il était capable d’être à l’aise dans toutes les conditions. Il déjeuna de quelques gâteaux et fruits secs. Un chaume blond comme le sable couvrait maintenant son menton et ses joues.

Une jeune femme du nom de Frieth lui servit du café d’épice dans un pot ornementé. Pendant le rituel, comme chaque matin, elle garda ses yeux bleus baissés. Il n’avait guère prêté attention à ses gestes prévenants et calmes avant qu’on lui murmure à l’oreille : « C’est la sœur de Stilgar dont tu as sauvé la vie face aux chiens Harkonnens. Elle n’est pas mariée. »

Frieth avait un joli visage, à la peau hâlée et lisse. Si elle avait enlevé ses anneaux d’eau, songea Kynes, ses longs cheveux lui seraient tombés jusqu’aux hanches. Elle était discrète, mais semblait tout savoir, comme tous les Fremen. Elle allait au-devant de ses moindres désirs et il se dit qu’il aurait dû remarquer sa joliesse bien avant, mais tant d’autres choses le captivaient dans cette nouvelle vie.

Après avoir dégusté son café parfumé de cardamome jusqu’à la dernière goutte, il jeta quelques notes sur son bloc électronique. Un bruit léger lui fit dresser la tête et il découvrit la silhouette noueuse du jeune Turok sur le seuil.

— Je suis prêt à te conduire où tu le veux, Planétologiste, pour autant que tu ne quittes pas le sietch.

Kynes acquiesça en souriant : peu lui importait d’être captif ici. Il ne souffrait pas de cette contrainte et il avait tacitement accepté de ne pas quitter le sietch avant que les Fremen ne l’aient admis dans leur communauté et lui fassent confiance. Quand ce serait fait, ils n’auraient plus de secrets. D’un autre côté, s’ils décidaient finalement de l’exécuter, ils n’avaient pas à cacher leurs secrets à un mort en sursis.

Kynes avait déjà visité les tunnels, les entrepôts, les citernes gardées nuit et jour, et même les Huani, les distillateurs des morts. Fasciné, il avait vu ces rudes hommes du désert, dont certains avaient plusieurs épouses, prier Shai-Hulud. Dans son esprit, le schéma mental des liens familiaux, culturels et sociaux du sietch commençait à s’esquisser. Mais il savait qu’il lui faudrait des années pour comprendre les subtilités de leurs rapports, toutes les obligations léguées par les générations précédentes.

— J’aimerais grimper jusqu’au sommet de la falaise, dit-il en se souvenant des devoirs d’un Planétologiste Impérial. Si nous parvenons à récupérer quelques pièces de mon véhicule – je suppose que vous l’avez mis en sûreté ? – je voudrais construire une station météo. Il est essentiel de collecter des données climatiques – variations de température, humidité atmosphérique, régime des vents – et je vais avoir besoin d’un grand nombre de points isolés.

Turok le fixait, surpris et incrédule. Il haussa enfin les épaules.

— Comme tu voudras, Planétologiste.

Turok connaissait bien le caractère conservateur des anciens du sietch, et il était pessimiste quant à l’avenir de cet homme plus enthousiaste que brillant. C’était tellement futile de poursuivre sa tâche avec une pareille énergie. Mais, au moins, ses derniers jours auraient été heureux…

— Viens. Mets ton distille.

— Oh, mais nous ne sortirons que quelques minutes.

Le regard de Turok se fit plus sévère, plus adulte.

— Un seul souffle est un gaspillage d’eau. Nous ne sommes pas assez riches pour nous le permettre.

Kynes enfila docilement son distille froissé et referma maladroitement mais soigneusement toutes les brides d’étanchéité. Turok vint à son aide en soupirant et lui expliqua comment mieux l’ajuster.

— C’est un bon distille, remarqua-t-il. Il est de fabrication Fremen. Là, au moins, tu as fait le bon choix.

Kynes le suivit jusqu’à l’entrepôt où l’on avait rangé son monoplace. Les Fremen l’avaient dépouillé de ses accessoires et le matériel de Kynes était réparti dans des boîtes. Tout avait été inspecté et catalogué. À l’évidence, les habitants du sietch avaient cherché à trouver un usage pour chaque pièce.

Ils envisagent encore de me tuer. Ils n’ont donc rien compris de ce que je leur ai dit ? Bizarrement, cette perspective ne le déprimait pas plus qu’elle ne l’effrayait. C’était comme un défi. Il devait absolument se faire comprendre.

Il récupéra ses instruments de mesure dans le fouillis et les prit sous son bras sans commentaire. Il savait que les Fremen avaient une mentalité communautaire : tout ce qui appartenait à un individu appartenait à tous les autres. Lui qui avait passé seul la plus grande partie de sa vie en ne dépendant que de lui-même et de ses capacités avait du mal à assimiler cet état d’esprit.

Turok ne se proposa pas pour porter le matériel, mais le précéda sur les marches abruptes taillées dans la roche. Kynes ne tarda pas à haleter sans se plaindre. Ils passaient des barrières, des portes scellées, des chicanes d’humidité. Turok regardait fréquemment par-dessus son épaule pour s’assurer qu’il le suivait bien avant de repartir en pressant le pas.

Ils émergèrent enfin d’une faille au sommet des pics encombrés de moellons. Le jeune Fremen resta dans l’ombre pour préserver un peu de fraîcheur tandis que Kynes s’avançait en plein soleil. Tout autour de lui, il vit que la pierre portait les traces de cuivre de lichens décolorés. Un bon signe, se dit-il. Les premières empreintes de systèmes biologiques.

Il promena son regard sur le Grand Bassin, les dunes ocre et gris de sable décomposé, et les franges jaunes de sable oxydé plus ancien.

Les vers géants tout autant que le plancton qui proliférait dans les couches les plus riches témoignaient que Dune possédait déjà la base d’un écosystème complexe. Il était certain qu’il suffirait de quelques coups de pouce précis dans la bonne direction pour que ce monde encore endormi s’épanouisse.

Les Fremen pouvaient y arriver.

Turok fit un pas vers lui et demanda :

— Homme de l’Empire, que peux-tu voir quand tu regardes ainsi le désert ?

Kynes ne se retourna pas.

— Je vois des possibilités illimitées.


Dans une salle étanche, au plus profond du sietch, le vieux Heinar présidait le Conseil des Aînés, assis au bout de la table de pierre, son œil unique brillant et attentif. Les autres s’invectivaient, mais lui, le Naib, attendait

— Nous savons à qui va la loyauté de cet homme, dit le vieux Jerath. Il travaille pour l’Imperium. Vous avez vu son dossier. Il est l’hôte des Harkonnens sur Dune.

Jerath avait un anneau d’argent à l’oreille gauche, souvenir d’un contrebandier qu’il avait tué en duel.

— Ça ne veut rien dire, rétorqua Aliid. Nous, les Fremen, est-ce que nous ne portons pas les vêtements des autres, les masques des autres comme s’ils nous appartenaient ? C’est un moyen de survie qu’exigent les circonstances. Toi plus que tout autre, tu devrais savoir qu’on ne juge pas quelqu’un uniquement sur les apparences.

Garnah, un ancien aux longs cheveux, à l’air fatigué, posa son menton entre ses mains jointes.

— Je suis très courroucé à l’égard de ces trois jeunes idiots pour la façon dont ils se sont comportés après que le Planétologiste les eut aidés à décimer la racaille Harkonnen. N’importe quel adulte de bon sens l’aurait envoyé rejoindre les six autres vermines sur le sable… Avec quelque regret, bien sûr, mais il aurait dû en être ainsi. Ils n’ont pas d’expérience et ont été mal éduqués. Jamais on n’aurait dû leur permettre d’aller seuls dans le désert.

Heinar se redressa.

— Tu ne peux critiquer leur jugement, Garnah. Ils avaient une obligation morale : Pardot Kynes leur avait sauvé la vie. Même ces jeunes écervelés ont compris qu’ils devraient porter le fardeau de l’eau.

— Mais que fais-tu de leurs obligations vis-à-vis du sietch et de notre peuple ? Une dette envers un simple serviteur de l’Empereur serait-elle plus importante que la loyauté qu’ils nous doivent ?

— Nous ne sommes pas là pour discuter de ces garçons, l’interrompit Aliid. Ommun, Turok et Stilgar ont fait ce qu’ils pensaient être bien. Il nous faut décider du sort de ce Planétologiste.

— C’est un fou, fit Jerath. Vous l’avez entendu ? Il veut des arbres, de l’eau libre, une irrigation, des cultures… Il envisage de créer une planète verdoyante à partir du désert. Oui, il est fou, je vous le dis.

Il effleura l’anneau d’argent à son oreille.

Aliid avait pris un air sceptique.

— Après les milliers d’années d’errance que notre peuple a vécues et qui nous ont amenés ici et ont fait de nous ce que nous sommes, comment peux-tu mépriser le rêve paradisiaque d’un homme ?

Jerath se renfrogna mais ne riposta pas.

— Kynes est peut-être fou, intervint Garnah, mais juste assez pour être saint. Assez pour entendre les paroles de Dieu alors que nous ne le pouvons pas.

— Ça, c’est une question dont nous ne pouvons débattre entre nous, trancha Heinar sur le ton impérieux du Naib afin qu’ils reviennent tous au sujet du jour. Nous n’avons pas à discuter de la parole de Dieu mais de la survie de notre sietch. Pardot Kynes nous a vus vivre, il a vécu dans notre refuge caché. Selon les instructions impériales, il doit envoyer des rapports à Kaitain dès qu’il découvre une cité. Considérez le risque que nous courons.

— Mais tout son discours à propos du paradis sur Dune ? risqua Aliid, essayant toujours de défendre l’étranger. De l’eau en surface, de l’herbe pour maintenir les dunes, des palmeraies avec de grands dattiers, des qanats coulant dans le bled.

— Délire de fou, rien de plus ! grommela Jerath. Cet homme en sait trop – sur nous, sur les Fremen, sur Dune. On ne peut lui permettre de détenir pareils secrets.

Aliid insista.

— Mais il a tué des Harkonnens. Est-ce que notre sietch n’a pas une dette d’eau envers lui ? Il a sauvé trois membres de notre tribu.

— Depuis quand devrions-nous quoi que ce soit à l’Empire ?

— N’importe qui peut tuer des Harkonnens, ajouta Garnah avec un haussement d’épaules. Je l’ai fait.

Heinar se pencha vers les conseillers.

— D’accord, Aliid – qu’as-tu à dire de cette histoire d’épanouissement d’Arrakis ? Où est l’eau nécessaire ? Est-il possible que ce Planétologiste puisse accomplir ce qu’il dit ?

— Mais tu ne l’as pas entendu ? ricana Garnah. Il dit que l’eau est ici, qu’il y en a bien plus que nos réserves misérables.

Jerath grinça.

— Ah oui ? Cet homme est sur notre monde depuis un ou deux mois standard et il sait déjà où trouver le trésor qu’aucun Fremen n’a découvert depuis des générations ? Il connaît peut-être une oasis à l’équateur, qui sait ?…

— Il a sauvé trois des nôtres, s’entêta Aliid.

— Trois idiots qui se sont jetés dans la gueule des Harkonnens, grommela Garnah. Je ne me sens aucune obligation envers lui pour les avoir sauvés. Et songez-y : il a vu leurs krys. Vous connaissez notre loi : qui voit le couteau doit être purifié ou sacrifié…

— Il en est ainsi que tu le dis.

— Kynes est bien connu pour voyager seul dans des régions inhospitalières, fit Heinar. S’il disparaît, il disparaît. Les Harkonnens ou les fonctionnaires impériaux ne sont pas assez malins pour y regarder de plus près.

— Oui, ce sera sans doute interprété comme un accident, fit Garnah. Notre monde n’est pas accueillant.

Jerath sourit.

— Si ce que l’on dit est vrai, les Harkonnens seront ravis d’être débarrassés de ce gêneur. Nous ne courrons aucun risque.

Le silence régna un moment dans l’air poussiéreux, puis Heinar se leva.

— Ce qui doit être doit être. Nous le savons tous. Il n’existe pas d’autre réponse, nous ne pouvons dévier. Il nous faut avant tout protéger le sietch, à tout prix, quel que soit le fardeau qui doit peser en nos cœurs. (Il croisa les bras.) C’est décidé. Kynes doit mourir.

La Maison des Atréides
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