Ce que nous devons faire sur Arrakis n’a jamais été fait pour une planète tout entière. Nous devons utiliser l’homme en tant que force écologique constructrice – insérer une vie terraformée adaptée : une plante par-ci, un animal par-là, un homme. Ceci afin de transformer le cycle de l’eau et de construire un paysage.
Rapport du Planétologiste Impérial Pardot Kynes à l’Empereur Padishah Elrood IX (non expédié).

Lorsque les jeunes Fremen englués de sang et de sable avaient demandé à Pardot Kynes de les accompagner, il ignorait s’il était leur hôte ou leur prisonnier. Mais cette perspective l’intriguait, et enfin il allait avoir une chance unique de découvrir leur mystérieuse société.

Un des deux jeunes gens encore valides emporta rapidement son compagnon blessé jusqu’au monoplace de Kynes. L’autre fouilla dans le coffre arrière et jeta autour de lui tous les échantillons minéraux que Kynes avait eu tant de peine à ramasser. Il était trop subjugué pour s’y opposer. Il avait tellement envie d’en apprendre plus sur eux.

En quelques instants, les Fremen eurent empilé les cadavres des soldats Harkonnens dans le compartiment de stockage. Pour des raisons qui leur étaient propres, se dit Kynes. Peut-être un rituel de profanation de leurs ennemis.

Il doutait qu’ils aient l’intention d’enterrer les morts. Ou bien les cachent-ils de crainte des représailles ? Mais non, cette hypothèse ne tenait pas non plus. À moins qu’ils ne soutirent leur essence de vie ? Qu’ils récupèrent l’eau de leurs cellules ?

Sans une question, sans un geste ni le moindre commentaire, le premier des jeunes Fremen, le plus austère, s’installa dans le monoplace avec le blessé et les cadavres, et démarra dans un jaillissement de sable. Kynes le regarda s’éloigner. Il emportait son nécessaire de survie, ses cartes, et tous ses relevés personnels.

Il se retrouvait seul avec le troisième Fremen – un garde ou un ami ? Si les hommes du désert avaient l’intention de l’abandonner sans ressource, il ne tarderait pas à mourir. À moins qu’il ne retrouve ses repères et parvienne à regagner le hameau de Sac-à-Vent, mais il ne s’était guère préoccupé de la situation précise des sites d’habitation dans ses récents périples. Une fin peu honorable pour un Planétologiste Impérial, songea-t-il.

Mais il se pouvait aussi que les jeunes Fremen aient attendu autre chose de lui. Il était évident qu’ils constituaient un secret précieux qui avait échappé à l’Empereur. Quand il leur ferait part de ses rêves, de ses idées, ils seraient certainement enthousiastes.

Le Fremen qui était resté avec lui sortit une trousse et répara une entaille au bas de son distille en silence, avant de déclarer :

— Viens avec moi. (Il se tourna vers une falaise de pierre.) Sinon, tu vas mourir ici. Ou bien penses-tu que les Harkonnens tarderont à venger leurs morts ?

Il y avait une lueur moqueuse dans ses yeux indigo et un sourire malicieux effleura ses lèvres.

— Attendez ! Vous ne m’avez même pas dit votre nom !

Le Fremen eut un regard étrange. Sa peau tannée et burinée le faisait paraître plus vieux qu’il ne l’était sans doute.

— Échanger nos noms ? Cela vaut-il la peine ? Les Fremen savent déjà qui tu es.

— Mais je viens de vous sauver, toi et tes compagnons. Est-ce que ça ne compte pas chez les vôtres ? Comme dans toutes les sociétés ?

L’autre parut d’abord surpris, puis résigné.

— Tu as raison. Tu as noué un lien d’eau entre nous. Je m’appelle Turok. Maintenant, il faut que nous partions.

Un lien d’eau ? Kynes décida de se taire et le suivit.

Dans son distille râpé, Turok marchait vers la falaise. Kynes marchait entre les éboulis, glissant parfois sur des talus de gravier. En approchant, il découvrit une discontinuité dans les strates, une fissure qui courait depuis le haut de la falaise, camouflée par la poussière et la mosaïque de couleurs estompées de la roche.

Le Fremen s’insinua dans l’ombre, vif comme un lézard des sables. Curieux mais craignant aussi qu’il l’abandonne, Kynes le suivit sans hésiter. Il n’avait qu’un espoir : Turok le conduisait jusqu’aux Fremen et il allait bientôt en savoir plus sur eux. Pas une seconde il ne soupçonna un piège.

Turok s’était arrêté dans l’ombre fraîche pour lui laisser le temps de le rejoindre. Il désigna divers points dans la muraille.

— Là, là, et là…

Sans attendre, il se lança dans l’escalade en utilisant les prises qu’il venait d’indiquer. Kynes l’imita de son mieux avec l’impression que le jeune Fremen jouait à une sorte de jeu pour mesurer ses capacités.

Mais il parvint à le surprendre. Il n’avait rien d’un fonctionnaire gonflé d’eau et ce genre de performance ne lui était pas étranger. Il avait connu d’autres épreuves sur certains mondes hostiles de l’Imperium et il était en bonne forme physique.

Turok venait de s’accroupir sur un surplomb étroit et il le rejoignit en se retenant de haleter.

— Respire avec ton nez et pas ta bouche, dit Turok. Comme ça, tes filtres sont plus efficaces. (Il hocha la tête, discrètement admiratif.) Je pense que tu tiendras jusqu’au sietch.

— C’est quoi un sietch ?

Kynes reconnaissait vaguement l’ancien langage Chakobsa, mais il n’avait pas étudié l’archéologie, encore moins la phonétique qu’il avait considérées comme étant sans rapport avec son domaine.

— Un refuge secret – c’est là que vivent les miens.

— Vous voulez dire que c’est votre maison ?

— C’est le désert notre maison.

— J’ai très envie de parler à votre peuple, fit Kynes, incapable de contenir son enthousiasme. Je me suis fait une opinion à propos de ce monde et j’ai échafaudé un plan qui pourrait vous intéresser, ainsi que tous les habitants d’Arrakis.

— Dune. Seuls les Impériaux et les Harkonnens l’appellent Arrakis. Dune !

— Bien, acquiesça Kynes. D’accord pour Dune.


Au plus profond des rochers, encore loin, les attendait un vieux Fremen parcheminé. Il était borgne et, à la place de son œil gauche, il n’y avait plus qu’une boule de vieux cils ratatinés. Heinar, Naib du sietch, avait également perdu deux doigts dans un duel au krys dans sa jeunesse. Il avait survécu. Pas les autres.

Heinar s’était révélé un chef sévère mais compétent. Au fil des ans, le sietch avait prospéré, sa population n’avait pas diminué et les réserves d’eau devenaient plus importantes à chaque cycle des lunes.

Dans la grotte-infirmerie, deux vieilles femmes soignaient Stilgar, le jeune Fremen qui avait été ramené plus tôt. Elles avaient examiné le premier pansement de l’étranger et y avaient ajouté leur médication à elles. Elles conférèrent un instant avant d’incliner la tête à l’adresse du Naib.

— Stilgar vivra, Heinar. Cette plaie aurait pu être mortelle si elle n’avait pas été traitée immédiatement. L’étranger l’a sauvé.

— L’étranger a sauvé un stupide garçon imprudent, déclara le Naib en observant le jeune Fremen.

Depuis des semaines déjà, il avait entendu des rapports sur cet étranger curieux. Et voilà qu’il était parmi eux, qu’il avait rallié le sietch à travers la montagne. Son comportement était déroutant : un serviteur impérial qui tuait des Harkonnens ?

Ommun, celui qui s’était emparé du véhicule des sables pour ramener Stilgar, attendait sur le seuil, inquiet. Heinar le fixa de son œil unique.

— Comment se fait-il que Turok ait conduit un étranger jusqu’à notre sietch ?

— Que devions-nous faire, Heinar ? J’avais besoin de son engin pour ramener Stilgar.

— Tu aurais pu le prendre ainsi que tous ses biens, et donner son eau à notre tribu, rétorqua le Naib d’un ton grave.

— C’est encore possible ! glapit l’une des vieilles. Dès qu’il arrivera ici avec Turok.

— Mais l’étranger s’est battu avec nous et a massacré les Harkonnens ! Nous serions morts tous trois s’il n’avait pas été là ! insista Ommun. Ne dit-on pas que l’ennemi de mon ennemi est un ami ?

— Je ne peux me fier à la loyauté de celui-là, ni la comprendre, fit Heinar en croisant ses bras noueux sur son torse. Bien sûr, nous savons qui il est. Il vient de l’Imperium – c’est un Planétologiste, à ce que l’on dit. Il est présent sur notre monde parce que les Harkonnens ont été contraints de le laisser faire son travail. Mais ce Kynes ne reçoit d’ordres que de l’Empereur en personne… Et il soulève bien des questions sans réponse.

Avec des mouvements las, le Naib s’assit sur un banc de pierre devant la tenture de fibres multicolores qui isolait la grotte. Les habitants du sietch apprenaient très tôt que la vie privée était dans l’esprit et non dans l’environnement.

— Je parlerai à ce Kynes pour savoir ce qu’il attend de nous, et pourquoi il a défendu trois jeunes aussi stupides qu’inconscients contre un ennemi qui n’était pas le sien. Ensuite, nous porterons cette question devant le Conseil des Aînés qui décidera ce qui vaut mieux pour le sietch.

Ommun avait la gorge nouée en se rappelant avec quelle vaillance Kynes avait lutté contre les brutes Harkonnens. Mais du bout des doigts, il toucha dans sa poche ses précieux anneaux d’eau – les jetons de métal qui correspondaient à ses économies.

Si les aînés décidaient de tuer le Planétologiste, après tout, Turok, Stilgar et lui se partageraient son eau en même temps que la prime qui leur revenait sur les six Harkonnens.


Quand Turok le précéda entre les gardes et qu’ils franchirent la porte étanche du sietch, Kynes découvrit une caverne emplie de merveilles infinies. Les arômes étaient denses, riches, humains : les relents de la vie d’une population confinée… les odeurs de l’artisanat, de la cuisine, des lieux d’hygiène soigneusement dissimulés… et du traitement chimique des morts : la distillation des corps. Il accepta avec détachement cette confirmation de ses soupçons : les jeunes Fremen n’avaient pas récupéré les cadavres pour quelque mutilation religieuse mais pour l’eau de leurs cellules. Sinon, quel gaspillage !

Il avait toujours supposé que les refuges cachés des Fremen étaient primitifs, inconfortables, pitoyables. Et il découvrait une vaste garenne avec cette caverne, ses caves, ses boyaux de lave et ses tunnels. Ici, les gens du désert semblaient vivre une existence austère mais confortable. L’élégance des lieux aurait pu rendre jaloux les fonctionnaires Harkonnens de la cité de Carthag. Et elle était tellement plus naturelle.

Chaque image, chaque scène captait son regard extasié. De somptueux tapis étaient disposés sur le sol de pierre. Dans des alcôves, il vit des coussins doux empilés autour de tables basses harmonieuses, en métal ou en pierre polie. Quelques meubles rares en bois précieux venus d’autres mondes, apparemment antiques. Un ver des sables sculpté et un échiquier bizarre et inconnu, avec des pièces incrustées en ivoire ou en os.

Des machines hors d’âge recyclaient l’air du sietch, interdisant la fuite de la moindre trace d’humidité. Le parfum de cannelle de l’épice était lourd comme de l’encens, mais il masquait à peine l’aigreur des odeurs corporelles.

Il entendit des voix de femmes et d’enfants, les pleurs d’un bébé. Mais tout cela était étouffé, comme les paroles qu’échangeaient les Fremen sur son passage en le dévisageant avec méfiance. Les plus vieux lui décochaient des regards mauvais qui l’inquiétaient quelque peu. Leur peau avait un aspect tanné, rude, desséché. Et tous avaient les mêmes yeux bleus, totalement bleus : l’iris comme la cornée.

Enfin, Turok leva la main, la paume ouverte, indiquant à Kynes de s’arrêter. Ils se trouvaient dans une grande salle, un caveau naturel au cœur de la montagne qui pouvait contenir des centaines de personnes. Des bancs et des balcons s’étageaient en zigzag sur les parois. Ils sont combien à vivre ici ? s’interrogea-t-il en levant les yeux vers une chaire taillée haut dans la roche.

Un vieil homme à la stature orgueilleuse fit son apparition et toisa Kynes avec dédain. Il était borgne et Kynes se dit que ce devait être un chef.

— C’est Heinar, lui souffla Turok au creux de l’oreille, le Naib de notre sietch.

Kynes décida de lever la main en déclarant :

— Je suis heureux de rencontrer le chef de cette merveilleuse cité Fremen.

— Que voulez-vous de nous, homme de l’Empire ? fit Heinar d’un ton brusque et impérieux.

Kynes prit son souffle. Il attendait cette occasion depuis des jours. Pourquoi perdre du temps ? Plus longtemps persistaient les rêves, plus il était difficile de les traduire en une réalité.

— Je m’appelle Perdot Kynes. Je suis Planétologiste au service de l’Empereur. Il m’est venu une vision, monsieur – un rêve à propos de vous et de votre peuple. Un rêve que je désire partager avec tous, si seulement vous consentez à m’écouter.

— Mieux vaut écouter le vent dans un buisson de mesquite que de gaspiller son temps avec les paroles d’un idiot, rétorqua le Naib d’un ton mesuré, comme s’il citait une maxime ancienne de son peuple.

Kynes le dévisagea brièvement avant de riposter par une autre platitude.

— Et celui qui refuse d’écouter des paroles de vérité et d’espoir n’est-il pas le plus idiot ?

Le jeune Turok étouffa une exclamation. Kynes surprit les regards effarés des Fremen dans les allées.

Heinar s’assombrit plus encore. Il lui vint l’image de cet étranger insolent gisant sur le sol de la salle, et il porta la main à son krys.

— Mettez-vous en doute mon rang ?

Il leva sa lame courbe, foudroyant Kynes du regard.

Mais le Planétologiste ne cilla pas.

— Non, monsieur : j’en appelle à votre imagination. Êtes-vous suffisamment brave pour affronter ce devoir, ou trop effrayé pour écouter ce que j’ai à vous dire ?

Le Naib gardait une attitude tendue, la main crispée sur son arme étrange à la lame laiteuse. Et Kynes eut un sourire ouvert et tranquille avant d’ajouter :

— Il est difficile de vous parler à cette distance.

Heinar eut un rire apaisé en regardant son couteau.

— Un krys, une fois sorti de son fourreau, doit goûter le sang.

Il passa la lame sur son avant-bras, presque furtivement, traçant une fine ligne rouge. Le sang se coagula en quelques secondes.

Dans la lueur des brilleurs, les yeux de Kynes avaient maintenant un éclat excité.

— Très bien, Planétologiste : vous pouvez parler jusqu’à en perdre le souffle. Nous n’avons pas décidé de votre destin, et vous demeurerez ici, dans le sietch, jusqu’à ce que le Conseil des Aînés ait délibéré.

— Mais vous allez d’abord m’écouter, fit Kynes avec une confiance absolue.

Heinar s’éloigna de la chaire de pierre.

— Vous êtes un être bien étrange, Pardot Kynes. Serviteur de l’Empire et hôte des Harkonnens – par définition, vous êtes notre ennemi. Mais vous avez également tué des Harkonnens. Vous nous posez un problème embarrassant.

Avec des gestes vifs, le Naib ordonna qu’on prépare une chambre petite mais confortable pour ce visiteur aussi curieux que grand qui serait tout autant leur prisonnier que leur hôte.

En s’éloignant, le Fremen pensa :

Tout homme qui parle d’espoir aux Fremen après que nous avons vécu des générations d’errance et de souffrance est troublé dans son esprit… ou bien très brave assurément.

La Maison des Atréides
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