Geordie.

 

Installé sur une dune de sable à Point Reyes, Brian regarda le soleil disparaître lentement dans la brume océane, puis il retourna à la voiture en traînant les pieds, longeant la lagune secrète appelée Abbott's Lagoon. Il adorait cet endroit, l'avait adoré pendant des années, pour son aspect désert et dramatique, ses dunes régulières et son eau scintillante, une sorte de Sahara romanesque descendant vers la mer mythique.

Chez certaines personnes, l'approche de la mort provoquait apparemment des révélations de dernière minute, mais pas chez lui.

Cela signifiait-il quelque chose ?

Il retourna à la ville en empruntant la route vertigineuse de Stinson Beach, puis resta coincé dans les embouteillages sur le pont le temps qu'une Saab accidentée fût remorquée. La nuit était tombée quand il arriva finalement devant la porte du cottage de Geordie.

Elle le regarda par le judas, puis ouvrit la porte.

- Tu as oublié quelque chose ? demanda-t-elle sur un ton légèrement moqueur.

Elle avait l'air moins abattue qu'avant. Reposée, tout du moins.

- Excuse-moi, implora-t-il.

Elle haussa les épaules.

- Je n'aurais pas dû me sauver comme ça.

- C'était il y a une semaine, lui rappela-t-elle en souriant avec lassitude. J'avais déjà oublié.

- Je peux entrer ?

Elle haussa les épaules encore une fois, puis d'une manière désinvolte lui fit signe d'entrer. Il passa devant elle maladroitement et pénétra dans la pièce au plafond bas. Un plateau télé à moitié vide, encore fumant, se trouvait sur la table basse.

- Je te dérange en plein dîner.

- Quelles sont les dernières nouvelles ? Assieds-toi.

Elle enleva quelques journaux du canapé pour lui faire une place.

- Tu veux que je t'en réchauffe un plat ? C'est allégé.

- Non, refusa-t-il. Merci.

Elle devina à quoi il pensait, et sourit :

- Ce n'est pas un refus de la nourriture. Je ne fais pas de régime. C'est juste que depuis le diagnostic je n'ai pas fait de courses.

- Ça a l'air bon, concéda-t-il sans conviction.

- Tu as fait le test ?

- Oui.

- Quand auras-tu les résultats ?

- Dans cinq jours.

Elle coupa un morceau de dinde avec sa fourchette et le mastiqua énergiquement.

- Tout ira bien.

Il ne savait pas quoi dire. Cela semblait plutôt égoïste de souhaiter s'en tirer alors qu'elle-même était atteinte par le virus.

- Que dirais-tu d'une bière ? demanda-t-elle.

- Non, merci.

- Eh bien ! Tu as l'air de vouloir t'éclater ! ironisa-t-elle.

Il lui rendit son sourire, puis s'assit, muet, les mains pendant entre ses jambes.

- Comment va ton ami ? demanda-t-il finalement.

- Mal, avoua-t-elle. Il est sous perfusion... Enfin tout ça, quoi. Il ne me reconnaît plus.

- Je suis désolé.

Il baissa à nouveau la tête pour mettre de l'ordre dans ses pensées.

- Écoute... je pourrais aller te faire des courses, si tu veux. C'est ma spécialité.

- D'accord, se rembrunit-elle, ils m'ont trouvé une lésion. Mais je suis encore capable de me déplacer, Brian !

- Tu devrais mieux manger, lui recommanda-t-il. Des légumes. Des trucs sains. Des champignons japonais.

- Je déteste les champignons.

- Oui, mais ils sont excellents pour le système immunitaire. On les trouve en poudre. Tu en mets dans du jus de tomate et tu auras dans la bouche le même goût que celui d'une pizza.

Il se souvint de Jon, assis dans son lit avec un verre de cette mixture, se léchant les babines et plaisantant : "Quoi ? Il n'y a pas de pepperoni ?"

- C'est vraiment dégoûtant ! grogna Geordie.

- Ni plus ni moins que de la pizza liquide. Pour moi, ça marche, répliqua-t-il en riant.

- Non merci.

- Tu vas avoir besoin de quelqu'un...

Elle se tourna pour le regarder fixement.

- Et je suis très souvent libre, Geordie.

- Tu as une femme et un enfant.

- Oui, et une femme de ménage. Qui fait le plus gros du travail.

Elle examina son visage un peu plus longtemps, puis déclara :

- Ma soeur m'a dit qu'elle m'aiderait.

- Bien. Comme ça, on sera deux.

Elle découpa un autre morceau de dinde, puis lui demanda :

- Est-ce que ta femme saura où tu vas ?

 

Ce soir-là, avec surprise, il trouva une place de parking au pied même des marches de Barbary. Quand il arriva dans la cour, il leva la tête vers la fenêtre de Michael, une barre de lumière dorée enfouie dans le lierre sombre du premier étage. Voyant une ombre passer, il faillit l'appeler à haute voix, mais il changea d'avis, monta jusqu'à sa porte et appuya sur la sonnette.

Quand il ouvrit Michael avait l'air particulièrement en colère.

- Je suis en retard, reconnut Brian avec diplomatie. Et tu avais besoin de la voiture.

Le visage de Michael resta impassible.

- Thack voulait que je l'emmène à l'aéroport, expliqua-t-il.

C'était donc ça ! Il les avait privés d'adieux prolongés et sentimentaux.

- Excuse-moi, lui accorda-t-il d'un air contrit un peu forcé. Je ne savais pas qu'il partait ce soir.

- Ce n'est pas grave.

- Je pensais que tout le monde... se reposerait.

Michael lui adressa un petit sourire tordu.

- Il se repose dans un Boeing 747.

- Je peux entrer ?

- Bien sûr, répondit Michael.

Il fit un pas de côté, puis referma la porte derrière eux.

- Ce n'est pas ta faute. Je ne savais pas non plus qu'il partait ce soir.

Brian se dirigea vers le fauteuil et s'écroula dedans.

- Je crois que je lui ai foutu les boules, raconta Michael en s'asseyant sur le canapé.

- Pourquoi ?

Michael tapota un coussin.

- Parce que je suis séropositif.

- Tu le lui as dit?

- Oui.

- Quand ?

- Il y a deux jours. Avant de coucher avec.

Quelque chose, là-dedans, n'était pas logique.

- Dans ce cas-là, il aurait tiqué plus tôt, non ?

- Oh, il s'est montré cool là-dessus. Et on s'est protégés, tout ce qu'il faut, quoi. Sauf quand on s'est roulé des patins, mais selon moi ça ne compte pas.

- Alors pourquoi aurait-il tout à coup...?

- Je pense, en fait, que ça a eu pour effet dans son esprit d'exclure tout... projet à long terme.

- Ça ne l'aurait pas fait partir prématurément.

Michael promena sa main sur l'accoudoir du fauteuil.

- Je ne sais pas. Il se peut que j'aie trop montré que je recherche une relation à long terme, justement.

Il adressa un sourire mélancolique à Brian.

- Tu me connais !

Maintenant, Brian comprenait.

- Ce n'est pas sa faute, continua Michael. Quand on est séronégatif... Qui se ressemble s'assemble, tu sais bien !

Il se mordit la lèvre inférieure.

- Cela dit, Thack est un mec bien, je crois : il ne m'a pas exclu d'emblée.

Avant que Brian eût pu réagir, Michael ajouta :

- Tu as pris des couleurs.

- Tu trouves ?

- Où es-tu allé ?

Brian haussa les épaules.

- Sur la côte. À Point Reyes. Puis je suis allé voir Geordie.

- Qui ?

- Mon... amie.

- Ah. Comment va-t-elle ?

- Bien, je crois. Mieux qu'avant, en tout cas.

Michael hocha la tête.

- Je me demande d'ailleurs comment elle y arrive.

- À quoi ?

- À se comporter aussi normalement. Moi, je balancerais tout, je mettrais la maison sens dessus dessous...

- Il se peut qu'elle l'ait déjà fait.

- Eh bien, je continuerais à le faire ! Je serais fou !

Michael lui sourit faiblement.

- Tôt ou tard, il ne s'agit plus que de savoir comment tu veux organiser ton temps, tu sais !...

- Je suis désolé, dit Brian. Je trouve que tu abordes la chose de façon trop pratique...

Michael l'observa un moment, puis déclara :

- Ma mère m'a offert un nouveau carnet d'adresses, à Noël. Je n'ai encore rien écrit dedans, parce que je n'arrive pas à me résoudre à en exclure les gens qui sont morts. Je ne suis même pas capable de barrer leurs noms.

Brian acquiesça.

- Tu trouves ça "trop pratique" ? Il y en a un par page. Tous les H sont partis, à part toi.

Brian Hawkins eut l'impression d'avoir reçu un coup de poing au ventre :

- Merci de me le dire !

- Ah, pardon ! se corrigea Michael en levant les yeux au ciel avec impatience. Je voulais dire : tous les homosexuels, tous les Haïtiens, tous les hémophiles et tous les autres dont le nom commence par un H.

- Écoute, si tu vas...

- Brian ! C'est normal, d'avoir peur !

- Je sais.

- C'est aussi épuisant, et j'en ai assez. Donc ne recommence plus. C'est probablement ainsi, avec ton amie. Il n'y a rien là-dedans de particulièrement noble. Ça arrive, c'est tout.

- Alors c'est ça, le truc, hein ? "N'aie pas peur" : c'est tout ce que tu trouves à me conseiller ?

- Fais-en ce que tu veux, se résigna Michael.

Brian n'avait pas besoin d'entendre ça.

- Génial ! ironisa-t-il en se levant pour partir.

- Assieds-toi, lui ordonna Michael.

- Laisse tomber, mec.

- Assieds-toi, d'accord ? Excuse-moi. C'est à cause de Thack si je suis grincheux !

Brian s'assit mais évita de le regarder.

- Et j'en ai marre de parler de ça. Si tu veux un vrai conseil, discutes-en avec Mary Ann.

- Je sais que t'as raison.

- Ça se passera bien : je le devine. Pour l'instant, tu te sens coupable et ça ne fait qu'envenimer les choses.

- Peut-être.

- La culpabilité, c'est quatre-vingts pour cent du problème, Brian : je m'y connais.

- Et... tu te rappelles, quand j'ai transpiré la nuit ?

- Ça n'est arrivé qu'une fois.

- Deux.

- D'accord, deux fois. C'est peut-être seulement psychologique.

- Tu penses que c'est dans la tête ?

- Ça se pourrait bien.

- Je n'en suis pas si sûr...

- Tu n'as plus de migraines, non ?... Tu as retrouvé toute ton énergie ?

Brian dut admettre que c'était vrai.

- Tu n'as pas le droit de mourir maintenant, plaisanta Michael. Il faut que quelqu'un s'occupe de moi.

- Hé !

Brian fronça les sourcils.

- Dis pas de conneries, tu veux ?

- D'accord, d'accord... Personne ne va mourir.

Brian aperçut dans les yeux de Michael la petite lueur de lutin familière et lui rendit son sourire.

- Je t'aime, Michael... laissa-t-il échapper.

Celui-ci tapota à nouveau le coussin.

- Alors épouse-moi.

Cela fit rire Brian.

- Je suis sérieux... J'ai besoin d'un partenaire.

- Un partenaire ?

- À la jardinerie, espèce de godemiché ambulant !

- Depuis quand as-tu besoin d'un partenaire ?

Michael haussa les épaules.

- J'y pense depuis que Ned est parti.

- Tu en as parlé avec Wren ?

Michael broncha :

- Qu'est-ce que Wren a à voir avec ça ?

- Tout, j'en suis persuadé.

- Oh, ne sois pas aussi stupide ! J'y songe depuis au moins un an.

- Mais tu en as parlé à Wren...

- Eh bien, il se peut qu'elle m'ait parlé d'un intérêt que tu aurais exprimé pour... Écoute, si tu trouves que c'est une mauvaise idée...

- Je ne trouve pas du tout que cela soit une mauvaise idée.

- J'ai envie d'acheter le terrain voisin, d'agrandir la serre. J'ai besoin d'un investisseur, et le fait de ne plus avoir d'associé me gêne. Tu es suffisamment costaud, on s'entend bien : il n'y aura pas de mauvaises surprises.

Michael sourit.

- "Vous n'avez pas de mystères pour moi, Amanda."

Brian lui sourit à son tour.

- Vies privées.

- Gagné. Tu vois ?... Un hétéro qui connaît par coeur Noël Coward : que puis-je souhaiter de mieux ?

Brian hésita, puis :

- Ça pourrait marcher, effectivement...

- Marcher ? Tu verras : on ne se sera jamais autant amusés !

Michael lui évoqua un gamin qui à force d'enthousiasme réussirait à entraîner son meilleur copain dans une cabane construite en haut d'un arbre.

- Allez, dis oui !

- Je dois d'abord en parler a Mary Ann...

 

 

Rentrant à pied au Summit, et parcourant la colline éclairée par la lune, il évita de céder à l'appréhension de l'échange imminent avec Mary Ann.

Le portier, dans le hall, lui servit une blague idiote sur les incendies qui menaçaient toujours les montagnes de Santa Cruz. Il semblait que tout, alentour, eût brûlé, mais Brian n'y avait plus pensé depuis des jours.

Au vingt-troisième étage, Mary Ann l'accueillit vêtue d'un Levi's et d'un chemisier rose. Il y avait partout plus de bougies allumées que d'habitude, et il entendit en fond sonore la musique au synthétiseur qu'ils mettaient toujours pour faire l'amour. Il se demanda si en attendant son retour elle n'avait pas écouté cette cassette toute la soirée.

- Enfin ! soupira-t-elle doucement, une fois dans ses bras.

- Excuse-moi, dit-il.

- Je t'en prie...

- Je suis passé par Abbott's Lagoon. Et j'ai perdu la notion du temps.

- Tu as mangé ? demanda-t-elle en se dirigeant vers le salon.

- Je n'ai pas faim, répondit-il.

Il se rendit compte que ce n'était pas exactement vrai ; mais il n'avait pas prévu la nourriture dans son scénario.

- Il y a une très bonne salade de fruits, dans le frigo. Tout est frais.

- Non, merci.

Elle le prit par la taille.

- Tu as perdu du poids, constata-t-elle. Ça te va bien.

Il fuyait son regard.

- On voit tes pommettes, le taquina-t-elle en lui touchant le visage.

Il s'assit sur le canapé et enleva ses chaussures d'un coup de pied. Elle se pelotonna à côté de lui et déclara :

- J'ai enregistré Super Soirée. Ça n'a pas l'air mal.

- C'est ce que j'ai entendu dire, moi aussi.

- Qui t'en a parlé ?

- Euh... Mme Madrigal, en fait. Michael a discuté avec elle.

Il lui était difficile d'admettre qu'il avait appelé la logeuse alors que Mary Ann avait attendu en vain des nouvelles de lui.

- Je croyais que c'était toi qui lui avais parlé. En tout cas, c'est ce que prétend Shawna.

- Oh, eh bien... oui, cette fois-là, du moins. Mais je te parle d'une autre fois.

Pour changer de sujet, il sauta sur l'occasion qui se présentait de l'entretenir de leur fille.

- Comment va-t-elle ?

- Bien. Elle a aspergé le chat des Sorenson avec de la mousse ce matin.

Cela le fit sourire un peu.

- De la mousse à raser. Pas du chocolat.

Il pouffa, ce qui permit à Mary Ann de continuer :

- Tu lui as manqué.

- Vous m'avez manqué toutes les deux.

Elle le regarda tendrement, mais en biais, avec circonspection.

- Ça t'a aidé ?...

- Quoi?

- De t'éloigner.

Que pouvait-il répondre à ça ? Il l'enlaça et resserra son étreinte.

- Je n'essayais pas de m'éloigner de toi.

- Laisse tomber, murmura-t-elle, sa joue contre la sienne. Ça peut arriver, ça, d'en avoir un peu marre de l'autre.

Elle ricana et lui donna une petite tape.

- Moi aussi, j'en ai marre de toi, quelquefois ! Tu m'as seulement devancée cette fois-ci !

Cette remarque le blessa. Il n'en avait jamais vraiment eu marre de Mary Ann. Même quand il avait eu recours à Geordie, ça n'avait pas été pour cette raison.

Comme il se taisait, elle lui demanda :

- Qu'est-ce qu'il y a ?

Il faut qu'on parle, se débonda-t-il enfin.

C'était suffisamment brutal, exprimé sur un ton suffisamment urgent, pour qu'elle s'assît en clignant des yeux.

- D'accord, l'encouragea-t-elle avec douceur.

- Quelqu'un que j'aime bien a le sida, commença-t-il ainsi qu'il l'avait prévu.

Le front de Mary Ann se rida. Elle approcha ses doigts du menton de Brian et les y posa avec délicatesse, comme s'il se fût agi de papillons.

- Brian... Ne me dis pas que Michael...?

- Non ! s'exclama-t-il. Non, Michael va bien.

- Mon Dieu, tu m'as fait peur !

Elle posa une main sur sa poitrine en signe de soulagement.

- Qui est-ce ? Je le connais aussi ?

- Ce n'est pas un homme, Mary Ann. C'est une femme.

 

 

 

D'Un Bord à L'Autre
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