Les dames du soir.

 

DeDe et D'or dînaient ce soir-là dans un tout petit restaurant français sur Guerrero Street.

- Quel adorable petit trou !... s'exclama D'orothea. DeDe, qui se remettait du rouge à lèvres, leva les yeux, d'un air faussement scandalisé.

- Je t'en prie !

- Je parle du restaurant, expliqua D'orothea. Il s'appelle comme ça : Le Trou. Ne sois pas misogyniste.

- Misogyne, rectifia DeDe. C'est bien ce que tu veux dire ? D'accord : traite-moi de misogyne si tu veux m'accuser de quelque chose. Mais je ne vois pas bien ce que...

- Ça te gênait, que je parle de trous ! se défendit D'orothea. Tu ne trouves pas que ça fait un peu gouine planquée ?

- Écoute, laisse-moi tranquille : c'est encore toi qui as remis ça sur le tapis. C'est énervant : tu passes ton temps à parler de chattes quand ça n'est pas de trous.

D'orothea attaqua sa tarte aux fraises avec une moue.

- Nous y voilà : une "chatte", c'est gentil; un "trou", ça ne l'est pas.

Une femme assise à la table d'à côté les regarda de travers.

- Crie-le sur les toits, tant que tu y es, murmura DeDe. Encore mieux, publie-le : "Pour DeDe, une chatte, c'est gentil. Un trou, ça ne l'est pas."

- Arrêtons, fit D'or.

- Tu es furieuse contre moi uniquement parce que je ne veux pas aller à Wimminwood.

- Eh bien... Je pense que cela révèle aussi un problème autrement plus important chez toi.

- Un problème autrement plus important chez moi ?

- La résistance totale dont tu fais preuve face à tout ce que tu ne...

- Je te l'ai déjà expliqué, reprit DeDe. J'ai invité Mary Ann et Brian à venir prendre un brunch dimanche.

D'or fit la grimace :

- C'est juste un prétexte. En vérité... tu te sens menacée.

- Oh, très bien ! riposta DeDe. Par quoi ?

- Par le fait qu'il n'y ait que des femmes.

DeDe ronchonna :

- J'ai fait partie de la Junior League, non ?

D'or se rembrunit.

- Ne te moque pas de Wimminwood. Je ne le tolérerai pas. Ça représente beaucoup pour moi.

- Tu n'y es jamais allée.

- Je suis allée au camp du Michigan. Je sais comment c'est, OK ? C'est une partie de moi, et c'est... quelque chose de spécial que je veux partager avec toi.

DeDe repoussa son dessert.

- C'est ce que tu m'as dit quand on est parties au Guyana.

Son amie lui jeta un regard incendiaire :

- Ça, c'est un coup bas.

Se sentant coupable, DeDe regarda ailleurs.

- Tu deviens comme ta mère, ajouta D'or sur un ton lugubre. Est-ce vraiment ce que tu veux ?

- Tu pouvais parler de coup bas ! ironisa DeDe.

D'or haussa les épaules :

- C'est la vérité : tu deviens comme ta mère.

- C'est complètement faux. Je ne lui ressemble pas du tout.

- D'accord, tu ne consommes pas jusqu'à l'overdose.

Cette phrase même relevait du pur jargon lesbien, synthétisant tout ce que DeDe détestait dans le renouveau gauchiste de son amie.

- Bon, écoute, D'or. Contente-toi de traiter ma mère d'ivrogne et restons-en là.

C'était un peu méchant, DeDe en était consciente. Veuve depuis neuf ans, sa mère avait lutté vaillamment pour se tenir à l'écart de la bouteille, sans jamais vraiment capituler, jusqu'à son remariage en 1984.

Aussi loin que remontât sa mémoire, le beau-père de DeDe avait été leur voisin le plus proche à Hillsborough. (En fait, ses courts de tennis touchaient la pommeraie d'Halcyon Hill.) Sa mère l'avait épousé neuf mois après la mort de sa première femme et avait emménagé dans son ranch de l'après-guerre, plein de coins et de recoins.

Les seuls habitants de l'édifice pseudo-Tudor d'Halcyon Hill étaient désormais DeDe, D'orothea et les enfants. L'arrangement satisfaisait tout le monde, étant donné que D'or et sa mère ne s'entendaient guère et que le nouveau mari de sa mère n'avait aucune intention de vivre sous le même toit que sa belle-fille lesbienne et ses jumeaux eurasiens âgés de huit ans.

 

 

Par consentement mutuel et tacite, DeDe et D'or se remontèrent le moral en buvant du vin blanc au Bay-brick Inn.

Quand le spectacle commença, une strip-teaseuse musclée, travestie en policier, se dirigea tout droit vers leur table en se déhanchant. DeDe ne put s'empêcher de rire sottement quand la femme-flic commença à manier sa matraque de façon obscène.

- C'est toi qui es à l'origine de ce coup monté ? demanda-t-elle à son amie.

Les yeux de D'or étaient remplis de malice.

- Moi ?

- Je t'aurai. Je te le jure.

- Elle attend. Donne-lui quelque chose.

La strip-teaseuse commença à se frotter contre le dossier de la chaise de DeDe, encouragée par les cris d'une centaine de femmes.

- De l'argent, tu veux dire ?

- Bien sûr que oui !

La femme-flic ôta son casque et le présenta à DeDe, qui fouilla dans son sac comme une folle. La foule s'excitait de plus en plus.

- D'or... combien ?

- Le billet de vingt dollars.

- Ce n'est pas un peu trop ?...

- C'est pour le sida. Donne-le-lui.

Elle déposa le billet dans le casque, sous des applaudissements frénétiques. Pour montrer sa reconnaissance, la flic se pencha et fourra sa langue dans l'oreille de DeDe.

 

 

- Tu avais l'air complètement désespérée, déclara D'or, plus tard, tandis qu'elles rentraient à Hillsborough à toute vitesse dans leur grande Buick break. Si seulement je t'avais prise en photo à ce moment-là !...

DeDe rit avec elle :

- Heureusement que non !

Quand les lumières de la ville disparurent et que la route se transforma en un ruban sombre qui serpentait au milieu des collines, elles restèrent toutes les deux silencieuses. DeDe jeta quelques regards furtifs à la femme fantasque et pétillante de vie qui conduisait.

- D'or ? demanda-t-elle enfin.

- Ouais ?

- Est-ce qu'on pourrait emmener les enfants ?

- Où ça?

- À Wimminwood.

D'or tourna la tête et lui sourit d'un air endormi.

- Je pense.

- Bon... Peut-être que tu as raison, alors. Ça pourrait nous faire du bien.

- Tu en es sûre ?

- Oui. Enfin, je veux dire que... je suis prête à tenter l'expérience.

D'or tendit un bras pour lui pincer la cuisse.

- Je le savais, que cette strip-teaseuse était ce qu'il fallait pour te convaincre !

Leur baby-sitter était une jeune fille aux longues jambes, étudiante en première année au collège de Foothill. Quand elles arrivèrent à la maison, elle était en train de regarder la cassette de Love Letters au magnétoscope. Étant donné que D'or et elle s'étaient procuré ce film dans l'unique intention de reluquer la nudité de Jamie Lee Curtis, DeDe ne put s'empêcher de penser que leur intimité était en quelque sorte violée.

La baby-sitter, cependant, ne semblait guère sensible à l'érotisme latent dégagé par l'écran.

- C'est tellement vieux jeu ! dit-elle sans se lever.

D'or adressa un sourire malicieux à DeDe qui déclara :

- Eh bien, vous pouvez parler finances toutes les deux. Je vais voir les enfants.

Ceux-ci dormaient profondément, couchés en travers dans leurs lits comme des poupées de chiffon. Leurs visages, avec leurs yeux en amande, paraissaient plus lisses et arrondis que jamais et la lumière vive du clair de lune estival leur donnait un reflet ivoire.

Un peu d'exercice dans les bois leur profiterait, pensa-t-elle. Il y aurait d'autres enfants, à Wimminwood, de petits camarades vivant dans le même contexte familial que le leur. Que pouvait-elle trouver de mieux pour eux ?

Elle borda Edgar, puis se pencha pour l'embrasser sur le front. Il ouvrit ses grands yeux d'un seul coup.

- Tu ne dormais pas... chuchota-t-elle.

- Tu t'es bien amusée ? demanda-t-il.

- Oui, chéri.

Elle s'assit sur le bord du lit et dégagea les cheveux qui tombaient sur le front de son fils.

- Et toi ?

- Cette baby-sitter est une attardée, dit-il.

- Pourquoi ?

- Elle aime bien David Lee Roth.

- Tu ne lui en as pas fait voir de toutes les couleurs, n'est-ce pas ?

Il secoua négativement la tête.

- Endors-toi, alors. Demain matin, je te parlerai d'un super voyage que l'on va faire au bord de la Russian River.

- D'or m'en a déjà parlé, avoua-t-il.

- Ah bon ? Quand ça ?

- Il y a longtemps.

Elle n'était pas surprise. D'or avait pour habitude de rassembler ses troupes avant de lancer l'attaque.

- Mais je ne peux pas y aller, ajouta Edgar. Parce que j'suis un garçon.

- Qui t'a raconté ça ?

- D'or.

- Eh bien, elle devait plaisanter, chéri.

- Je ne pense pas.

- Tu l'as mal comprise, alors. On ira tous là-bas. On n'irait jamais nulle part sans toi.

Elle remonta la couverture jusqu'à son menton.

- Endors-toi, maintenant. Avant que tu ne réveilles Anna.

Elle descendit l'escalier qui menait à l'entrée de la maison, le visage brûlant de colère. Elle entendit la voiture de la baby-sitter s'éloigner dans l'allée de gravier quand elle coinça D'or dans la cuisine.

- Est-ce que tu as vraiment dit à Edgar qu'il ne pourrait pas venir à Wimminwood avec nous ?

D'or ouvrit le réfrigérateur et prit une bouteille de lait.

- Non. Bien sûr que non, répondit-elle.

- Il prétend que si.

- Mais non, bon sang ! Je lui ai précisément dit le contraire, que nous pourrions tous y aller cette année, justement, parce qu'il n'a pas encore dix ans.

D'or posa une casserole sur la cuisinière et la remplit de lait.

- Et ? insista DeDe.

- Et... les petits garçons ne sont plus admis une fois qu'ils ont dépassé dix ans. C'est le règlement, DeDe. Je voulais être franche. Les enfants comprennent toujours les règlements.

- Je déteste ça, tu le sais. C'est exactement ce que je déteste.

- Oh, allez !

- Cette connerie d'esprit doctrinaire ! Ces... Ces...

- Tu veux un chocolat ?

- Tu as blessé Edgar, D'or. Un petit garçon ne comprend pas ce qu'il y a de si menaçant à avoir un pénis.

- Je lui parlerai, d'accord ?

- Quand ?

D'or ouvrit le placard, prit une boîte de cacao et la passa à DeDe.

- Prépare-nous du chocolat, lui suggéra-t-elle, et apporte-le dans la chambre. J'arrive dans un petit moment.

DeDe était toujours furieuse quand D'or la rejoignit dans leur lit.

- Est-ce qu'il va bien ? demanda-t-elle.

- Ça va, fit D'or.

- Qu'est-ce que tu lui as raconté ?

- Je lui ai dit que ce règlement à propos des petits garçons avait été créé parce que les garçons de dix ans sont presque des hommes, et que les hommes sont tous des violeurs au fond d'eux-mêmes.

- D'or, bon sang !

- Très bien ! Merde... ne me frappe pas !

- Alors répète-moi ce que tu lui as vraiment raconté.

- J'ai reconnu que j'avais expliqué les choses n'importe comment.

- C'est tout ?

- Non. Je lui ai dit que cela ne serait pas drôle s'il n'était pas là avec nous, et que je l'aime autant que toi. Et puis Anna s'est réveillée et m'a demandé ce que "chaude-pisse" voulait dire.

- Quoi ?

- C'est le petit Atkins qui lui a appris ce mot aujourd'hui.

DeDe grogna :

- Ce gosse est le plus ignoble...

Le téléphone sonna avant qu'elle ait pu finir sa tirade. D'or attrapa le combiné, y marmonna un salut et le passa à DeDe.

- C'est ta mère, annonça-t-elle avec une grimace. Demande-lui ce que "chaude-pisse" signifie.

DeDe la foudroya du regard, puis parla dans le combiné :

- Bonsoir, maman.

- Ne me parle pas sur ce ton.

- Quel ton ? Je t'ai juste dit bonsoir.

- Je m'en rends compte quand tu es désagréable, chérie.

- Il est minuit passé, maman.

- Eh bien, je t'aurais volontiers appelée plus tôt, mais j'étais prise.

Elle avait prononcé "pise" au lieu de "prise".

- Vas-y, je t'écoute, déclara DeDe.

- Vous dormiez ?

- Non, mais nous sommes au lit.

- Pas d'indécence, s'il te plaît.

- Maman...

- Très bien, très bien ! J'appelais pour savoir si vous aimeriez venir déjeuner dimanche, D'orothea et toi. Avec les enfants, bien sûr.

- C'est adorable, maman, mais on a déjà des projets. J'avais moi-même prévu d'inviter des amis à déjeuner, mais je vais annuler.

D'or sourit victorieusement, puis se pencha pour caresser la cuisse de DeDe.

Sa mère ne renoncerait pas, elle le savait.

- Oh, chérie, s'il te plaît, dis oui. Je vais me retrouver toute seule.

- Pourquoi ? demanda DeDe. Où va Booter ?

- Au Grove, grogna sa mère avec amertume.

- Oh ! J'avais oublié que ça tombait à ce moment de l'année.

- Tu te rends compte ? se plaignit sa mère. Combien de fois aurai-je été une veuve Grove ? J'ai calculé : trente-deux fois. Ce n'est pas juste.

DeDe avait entendu ce genre de jérémiades toute sa vie. Les "veuves Grove", comme on les appelait, étaient les épouses que les membres du Bohemian Club laissaient derrière eux lorsqu'ils partaient passer deux semaines dans leur campement du Bohemian Grove. C'était une sorte de colonie de vacances pour aristocrates grisonnants, une enclave réservée aux hommes dont les rituels secrets et fraternels au beau milieu des séquoias se perpétuaient depuis presque cent ans.

Le père de DeDe était autrefois un Bohemian fervent, ce qui avait plongé sa mère dans des crises de dépression aiguë pendant le supplice qu'avait constitué pour elle, à chaque fois, cette séparation annuelle. Comme son nouveau mari faisait aussi partie du Bohemian, le supplice recommençait.

- Tu aurais dû épouser un roturier, lança DeDe.

- Je ne trouve pas ça drôle du tout.

- Bon. Qu'est-ce que tu veux que je dise, alors ?

- Je veux que tu viennes déjeuner avec moi.

- Maman... on s'en va.

- Où ça ?

- Juste... au nord. On met les enfants dans le break et on part.

Wimminwood, en fait, se trouvait à seulement deux ou trois kilomètres en aval du Grove, mais le dire à sa mère, jugea DeDe, n'aurait fait que raviver le sentiment d'abandon familial dont elle souffrait.

- Je m'inquiète pour Frannie, confia-t-elle à D'or plus tard. Je ne peux pas m'en empêcher.

D'or ajusta son masque de sommeil.

- Quel est le problème, cette fois ?

- Oh... le départ de Booter pour le Grove.

- Oh merde ! soupira D'or. Les problèmes des riches !...

- Je sais.

- C'est tous les ans pareil. Pourquoi n'organise-t-elle pas quelque chose ?

- C'est justement ce qu'elle essaie de faire. Elle veut nous inviter à déjeuner.

DeDe tendit le bras pour éteindre la lumière.

- Et maintenant tu te sens affreusement coupable, je me trompe ?

- Non.

D'or marqua un temps d'arrêt, puis proposa :

- Bien sûr, on pourrait toujours l'emmener avec nous...

DeDe ralluma la lumière.

- Quoi ?

- Pourquoi pas ? Se défoncer en musique avec ses soeurs, les seins à l'air, elle aimerait ça !

DeDe éteignit à nouveau la lumière.

D'or continua :

- Des groupes de travail pour apprendre à gaver une oie, des débats sur le sadomasochisme...

- Tu vas la fermer, D'or ?

Son amie partit d'un rire guttural et se rapprocha pour se réchauffer, entourant d'une jambe celles de DeDe.

- Ça va être génial, mon petit chou. Je suis vraiment impatiente.

- On n'est pas obligées de se promener les seins nus, j'espère ? demanda DeDe.

D'or pouffa une deuxième fois.

- Ne ris pas, se fâcha DeDe. Je pense qu'on devrait en discuter.

- D'accord, concéda D'or. Allons-y.

- Eh bien... Quoi qu'on décide, soyons cohérentes.

- Ça veut dire ?

- Soit on le fait toutes les deux, ou... Tu sais bien : soit on s'abstient l'une et l'autre.

- Peut-être que si on ne se dénudait qu'un seul sein toutes les deux... commença D'or.

- Ha ha ! l'interrompit DeDe sur un ton ironique.

- Ça va, fiche-moi la paix.

DeDe resta silencieuse un instant, puis déclara :

- Je pense juste que ça troublerait les enfants, c'est tout.

- Qu'est-ce que tu racontes ? Les enfants nous ont déjà vues toutes nues des tas de fois.

- Je sais, mais... si l'une de nous enlève le haut et que l'autre le garde...

- Ce que tu veux dire, c'est que... tu as l'intention de garder ton chemisier et tu veux que j'en fasse autant.

- C'est ça, affirma DeDe. Oui.

- Pourquoi ?

DeDe hésita :

- Nous n'avons pas... Eh bien, nous n'avons pas besoin de prouver quoi que ce soit, c'est tout.

- Mais qui veut prouver quoi ? s'insurgea D'or. C'est agréable ! Pourquoi en fais-tu toute une histoire ? Tu te promenais partout les seins nus, à Cabo, l'été dernier.

- C'était différent. C'était dans un endroit retiré.

- Celui-là aussi est retiré.

- Avec des centaines de personnes dedans, D'or. Ce n'est pas ce que j'appelle un endroit retiré.

- Ce sont toutes des femmes, nom de Dieu !

- Précisément, lui opposa DeDe.

- Mais enfin, de quoi es-tu en train de parler ? demanda D'or.

DeDe parlait de jalousie, bien sûr, sans parvenir à prononcer le mot.

 

 

 

D'Un Bord à L'Autre
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