Wren en chair et en os.

 

Réveillée tard dans la suite qu'elle occupait au Fairmont Hotel, Wren Douglas commanda un petit déjeuner copieux, puis entra tranquillement dans la salle de bains pour faire l'inventaire des nombreux échantillons de shampooings et de crèmes qui l'attendaient inévitablement.

Les chambres d'hôtel, c'était vraiment le bon côté d'une tournée promotionnelle pour un livre, avec ces échantillons que l'on pouvait emporter, les grands lits avec leurs draps rabattus et les bonbons à la menthe sur l'oreiller, les serviettes parfumées et moelleuses, les toilettes aux chasses d'eau silencieuses et les postes de télévision cachés dans des armoires, prêts à offrir le réconfort transcontinental de Mary Tyler Moore.

C'était sa seizième ville en trois semaines. Son petit topo sur les gros lui donnait l'impression d'être devenue un vieux disque rayé, plus qu'usé. Elle ne supportait plus le son de sa voix et encore moins ces présentateurs télé style Ken et Barbie qui lui posaient habituellement les quatre mêmes questions.

Étiez-vous une enfant obèse ? ("Oui, j'étais déjà un gros foetus.")

Pensez-vous que les femmes américaines soient tyrannisées par cet engouement actuel pour la forme et la santé ? ("Pas nécessairement. Tout le monde devrait être au meilleur de sa forme, y compris les personnes fortes. La tyrannie commence à partir du moment où l'on nous dit que nous devrions tous avoir l'air semblable.")

Quelles sont vos mensurations ? ("Quatre-vingt-onze kilos... cent trente-deux, quatre-vingt-quatorze, cent quarante-cinq... un mètre soixante-douze.")

Selon vous, quelles sont les raisons pour lesquelles vous êtes devenue un sex-symbol international ? ("Ça me dépasse, mon chou. Certains mecs craquent pour les femmes aux formes plantureuses, c'est comme ça.")

Toutes ces reparties superficielles commençaient à lui rester en travers de la gorge comme autant de corn flakes secs. Elle comptait maintenant les jours et les villes ; il ne lui restait plus qu'à aller à Portland et à Seattle, jusqu'à ce que le dernier vol la ramène comme par magie à Chicago, dans son grenier, avec son chat et son bel amant cubain toujours en érection.

Non pas qu'elle eût été en manque de marques d'attention pendant la tournée. Il y avait eu ce cameraman culturiste à Miami, remarquablement musclé et si imprévisible. Et puis cet adorable jeunot à Washington, qui l'avait emmenée dîner, lui avait abandonné sa virginité et l'avait reconduite à l'aéroport le lendemain en sifflant tout le long du trajet. Horizontalement parlant, elle s'était bien débrouillée.

Dans la salle de bains, elle monta sur la balance. Elle avait presque peur de regarder les chiffres qui s'affichèrent.

Quatre-vingt-sept ! Ses pires craintes étaient confirmées ! Les rigueurs de la tournée lui faisaient perdre du poids très vite. Si elle ne retrouvait pas ses formes bientôt, la une des journaux cesserait de célébrer le sex-symbol de quatre-vingt-dix kilos et elle frémit, suffoquant à la seule pensée qu'elle ne serait plus dans le coup si son postérieur continuait à perdre du volume.

Elle savoura ce dilemme ridicule, puis se lava le visage avec un savon anglais à la violette.

Dans peu de temps, on lui servirait des crêpes aux myrtilles pour que tout rentre dans l'ordre.

Quarante-cinq minutes plus tard, elle attendait sa limousine devant le Fairmont. Elle était parée de sa tenue de scène préférée : une robe turquoise, décolletée et cintrée, ceinturée de cuir marron.

La ceinture et ses bottines, modèle à lacets de style victorien, lui donnaient l'allure, pensait-elle, d'une dominatrice facile à vivre. Elle se sentait de plus en plus nerveuse et devait retrouver toute son assurance pour affronter ses interviewers.

Le physique de son chauffeur fut une bonne surprise : jeune et brun, de type très nettement italien, avec des lèvres qu'elle aurait bien mâchées toute une nuit. Tandis qu'il descendait California Street à toute allure pour l'emmener à son rendez-vous aux studios, elle lui demanda ce qu'il savait à propos de l'émission.

- Pas grand-chose, répondit-il. Juste que... ça s'appelle Mary Ann le matin.

Elle laissa échapper un faible gémissement. Elle imaginait déjà la nénette.

- Ma p'tite femme la regarde, dit le conducteur. C'est vachement populaire. Mary Ann reçoit... enfin, vous savez bien : des stars comme vous... Lee Iacocca, Shirley MacLaine, le gosse de Pat Boone qui a cette maladie...

- Je vois.

- Je vous ai regardée dans l'émission de Carson, l'autre soir.

- Oh... vraiment ?

Elle détestait qu'on la laissât dans l'incertitude. Qu'était-elle donc supposée dire ?

- Vous étiez bien.

- Merci.

- Nous avons le même âge. J'ai remarqué ça tout de suite. Vous avez vingt-huit ans et j'ai vingt-huit ans.

- Sans blague...

Il rit et la regarda par-dessus son épaule.

- Ma p'tite femme est assez forte, aussi.

- Ouais ?

- Pas aussi forte que vous, j'veux dire. Pas aussi forte que j'aimerais.

- Je vous comprends.

- J'les aime vraiment grosses. Comme vous... si ça ne vous dérange pas que je parle comme ça.

Elle trouva son petit flacon d'Obsession, en vaporisa ses seins et fit baisser sa voix d'un octave.

- Pas du tout, le rassura-t-elle.

- J' veux pas avoir l'air d'un...

- Qu'est-ce qu'on a de prévu cet après-midi ?

- Vous voulez dire... après l'émission ?

- Ouais.

Il réfléchit un instant :

- Juste une apparition.

- Où ?

- Vous savez... un de ces magasins Pretty and Plump, sur la péninsule.

Elle laissa tomber l'atomiseur dans son sac.

- Et ensuite on est libres jusqu'à demain ?

- C'est ça.

- Donc... on a le temps.

Elle sentit le léger coup de volant qu'il donna, mais il retrouva ses esprits instantanément. Ses lèvres charnues et appétissantes s'ouvrirent en un sourire compréhensif.

- Bien sûr, acquiesça-t-il. On a le temps.

 

 

Dans les studios de télévision, tout alla comme sur des roulettes jusqu'à ce que le maquilleur essayât de camoufler son triple menton avec un maquillage plus foncé.

- Ces bébés, c'est mon gagne-pain, lui dit-elle gentiment. Que penseront les gens si j'essaie visiblement de les cacher ?

- Ça ne se verra pas, mon petit chou. Tu verras. C'est de l'Égyptien Léger, très subtil. Lena Home s'en met partout.

- Chéri, fit-elle patiemment, mes mentons et moi sommes de la même race. Si nous ne l'étions pas, je les appellerais quelque chose comme les Supremes, mais ce n'est pas le cas, OK ?

Il eut l'air blessé, c'est pourquoi elle ajouta :

- Belle Swatch ! C'est Keith Haring ?

Il jeta un coup d'oeil sur sa montre et répondit avec un "Ouais" assez morne.

- Écoute, reprit-elle, essayant une nouvelle tactique. Je te laisse carte blanche pour mes yeux. Que penses-tu de ça ? Or, turquoise, peu importe. Il doit bien y avoir quelque chose que tu as envie d'essayer depuis toujours.

Comme elle s'y attendait, cela marcha. Elle s'était offerte comme une palette, et il n'y avait aucune raison pour que l'artiste y résistât. Les yeux du garçon s'animèrent en fouillant les profondeurs de sa trousse de maquillage.

- Je crois qu'il y a un Or Aztèque là-dedans... ça sur les paupières, une petite touche au centre.

- Super, fit-elle.

- Et juste un peu de poudre violet pâle sous les yeux.

- Allons-y.

Il lui semblait parfois qu'elle pouvait manipuler tous les hommes de la terre.

Un assistant de production la conduisit dans la loge des artistes qui était cette fois-ci couleur pêche et crème, parée d'une affreuse déco années soixante-dix. Sur les murs, il y avait d'immenses photos encadrées de la légendaire Mary Ann : Mary Ann avec Raquel Welch, Mary Ann avec le Dr Ruth, Mary Ann avec Ed Koch, Mary Ann avec Michael Landon.

- Faites comme chez vous, dit l'assistant de production en reculant vers la porte. Il y a du café, là-bas, des petits gâteaux sucrés et d'autres trucs comme ça. Mary Ann passera vous dire bonjour dans un petit moment.

- Suis-je la seule invitée ? demanda-t-elle.

Il acquiesça :

- Excepté Ikey St Jacques. Il participe à la "Cuisine de Latchkey".

- Qu'est-ce que c'est ?

- Une de nos rubriques. Quinze minutes à la fin. Des enfants célèbres viennent et... vous savez bien, apprennent aux gamins dont les parents travaillent à se faire la cuisine quand ils sont seuls chez eux.

- Vous plaisantez ? s'exclama Wren.

- C'est très populaire.

Il semblait un peu sur la défensive.

- On nous a fait des propositions pour distribuer ce programme sous licence.

Wren essaya de se représenter la petite vedette noire de What It Is ! en train de cuisiner en vitesse un ragoût de thon facile et rapide à préparer.

- Ikey est tellement jeune ! s'étonna-t-elle. Il ne doit pas avoir, plus de sept ans.

- Euh... Écoutez... Je suis plutôt pressé, maintenant... J'espère que ça ne vous ennuie pas si je vous laisse toute seule un moment.

Quelque chose l'énervait, elle pouvait le voir.

- Ça ira, dit-elle. Vous rigolez, ou quoi ? Seule avec toute cette nourriture...

Avec un rire gêné, l'assistant de production sortit à reculons en fermant la porte. Elle essaya de comprendre son comportement pendant un moment, puis se dirigea tout droit vers les petits gâteaux sucrés, se rappelant qu'elle avait perdu du poids. Elle s'en envoya un et s'essuyait les lèvres avec une serviette lorsque la porte s'ouvrit à nouveau.

- Salut la compagnie !

C'était Ikey St Jacques, arborant un large sourire de citrouille d'Halloween et beau comme le diable dans son survêtement rouge et blanc. Ses mains étaient tendues, à la Jolson, et l'une d'elles tenait un cigare allumé.

Elle essaya de rester calme.

- Euh... salut. Tu es Ikey... n'est-ce pas ?

- Je le savais, se lamenta-t-il avec un petit rire rauque. Cet imbécile m'a menti.

- Qui ?

- Ce producteur à la con, là-bas, dehors. Il sait que j'aime les grosses dondons, et il m'a bel et bien menti, le salaud ! Je savais que t'étais ici.

Il tira une longue bouffée sur son cigare et la regarda des pieds à la tête. Il ne lui arrivait pas à la taille.

- Je t'ai vue à l'émission de Carson. J'ai dit à mon agent que je t'avais trouvée sexy.

Elle n'en croyait rien.

- Écoute, petit...

Elle battait l'air en direction du cigare.

- Ces trucs me rendent malade. Ton entrée était réussie, mais ça suffit comme ça.

Il l'observa d'un air lugubre pendant un instant, puis se dirigea vers la table et écrasa le cigare.

- Merci, fit-elle, tendant la main. Bien... Je suis Wren Douglas.

Il lui serra la main.

- Je m'excuse.

- Hé... C'est pas grave.

- J'y vais un peu fort de temps en temps. Je sais pas pourquoi.

Elle commençait à avoir envie de l'asticoter.

- Bon, c'était juste ce cigare. Tu ne devrais pas en fumer, même pour rire. Ça risque de...

- Retarder ma croissance ?

Il rit d'une voix rauque.

- J'ai dix-sept ans, madame !

- Attends une minute : qui pourrait croire ça ?

- T'as qu'à consulter mon acte de naissance. Et ma mère.

Elle se recula pour l'examiner.

- Non. Désolée. Je peux pas avaler ça.

- Tu penses que je mens ?

Elle fit porter son poids sur l'autre hanche et le jaugea sans la moindre gêne.

- Ouais. Je pense que tu mens.

Il lui lança un regard plein de défi et baissa son pantalon de survêt' jusqu'aux genoux.

Elle évalua les possibilités de l'article en démonstration et répondit aussi calmement que possible.

- D'accord... Bien... Ta maturité est établie.

L'enfant ne bougeait pas, les bras toujours croisés sur son torse.

- Dis que j'ai dix-sept ans !

Elle jeta un coup d'oeil angoissé à la porte.

- Remonte ton pantalon, Ikey.

- Dis que j'ai dix-sept ans.

- Ikey, si quelqu'un entre, nous pourrions être arrêtés pour... je ne sais pas quoi. D'accord, la belle affaire : tu as dix-sept ans. Je m'excuse. Je me suis trompée.

Sur le visage du gamin un sourire s'épanouit jusqu'aux oreilles tandis qu'il se rajustait.

Wren mit la main sur sa poitrine et poussa un léger hennissement de soulagement.

- Mon Dieu, marmonna-t-elle pour elle-même.

Ikey se dirigea vers la table et prit un gâteau sucré presque aussi gros que sa tête.

- Il me semble que tu pourrais trouver une façon plus subtile de préciser les choses aux gens, dit Wren, maintenant irritée par sa nonchalance.

Le gosse lécha le bord de la pâtisserie, puis haussa les épaules.

- Ça évite les longs discours.

- Ne me raconte pas de salades.

Il haussa les épaules encore une fois.

- Apparemment, tu aimes ça, te déculotter.

Il posa le gâteau et la fixa avec le même regard de cocker affectueux qu'il affichait à l'antenne.

- Ma petite, si tu passais toute ta putain de vie à avoir l'air d'un gamin de sept ans, de temps en temps tu baisserais aussi ta culotte.

Elle sourit, comprenant enfin quelle difficile condition était la sienne.

- Ouais, je pense que je le ferais.

- Je suis un de tes fans, ajouta-t-il. Je ne veux pas me disputer avec toi.

À présent, elle était gênée.

- Écoute... Tout va bien, Ikey.

- Isaac.

- Isaac, répéta-t-elle.

- Est-ce que je peux rallumer mon cigare, maintenant ?

- Pas question.

Elle atténua cet ultimatum en souriant à nouveau.

- Je ne le supporte vraiment pas, Isaac.

Il hocha la tête.

- Tu es furieuse contre moi parce que j'ai dit que tu étais sexy ?

- Pas le moins du monde. Je t'en suis reconnaissante.

- Eh bien, ça me botte, ce que tu fais pour... les gens qui ne sont pas coulés dans le même moule.

En une demi-douzaine de mots, il avait expliqué le lien qui les unissait ; elle en fut subitement émue.

- Et alors ? J'aime faire ça. Je veux dire, la plupart du temps. C'est la fin d'une tournée et il est normal que je sois un peu nerveuse, non ?

Elle voulait que ça ait l'air d'une confidence entre professionnels.

Il émit un petit rire d'adolescent.

- Je regarde ton émission à chaque fois, continua-t-elle.

Cela sembla lui faire plaisir.

- Vraiment ?

- Je pense que tu es d'une crédibilité extraordinaire. La plupart des gosses de la télé sont tellement écoeurants, tu sais... trop maniérés dans leur parler. De plus, j'aime tes textes.

Il apprécia d'un signe de tête sérieux.

- Je pense qu'ils s'améliorent.

Il hésita ensuite un moment :

- Dis-moi, est-ce que je peux te demander quelque chose ?

- Vas-y, l'encouragea-t-elle.

- Mais je ne veux pas que tu te remettes de mauvais poil.

Elle lui sourit.

- Je suis au-dessus de ça maintenant. Ne t'inquiète pas.

En fait, elle se sentait complètement à l'aise, près de lui. Il n'avait fait que lui dire la vérité.

- Vas-y, je t'écoute.

Après un autre silence significatif, il demanda :

- Puis-je mettre la main... là ?

Il montrait du doigt la vallée entre ses seins.

Elle fit la moue et examina attentivement son visage.

- Combien de temps ? demanda-t-elle.

Il haussa les épaules.

- Vingt secondes.

- Dix, opposa-t-elle.

- D'accord.

- Et pas de tripotages.

Elle se pencha pour lui permettre un accès plus facile.

- Dépêche-toi. Nous avons une émission à faire.

Isaac avait engouffré son bras jusqu'au coude quand la porte de la loge s'ouvrit. La femme sidérée qui était plantée là était celle dont l'image ornait les murs.

- Oh... excusez-moi. Je...

- Y a pas de mal, dit Wren.

Elle enleva le bras d'Isaac d'un seul geste et se redressa.

- J'ai perdu une boucle d'oreille.

Elle donna une petite tape au gosse sur son épaule.

- Merci quand même. Je la chercherai plus tard. La présentatrice de télévision resta de marbre, puis porta son regard froid du côté d'Isaac.

- Le réalisateur veut te voir sur le plateau cuisine, Ikey.

Le gosse lança un "OK" et se dirigea vers la porte à grands pas. Il leva haut la main pour faire un signe à Wren en partant.

- Bien, commença Wren, se retournant vers la présentatrice. Vous devez être Mary Ann.

La jeune femme ne se laisserait pas attendrir, elle le sentit.

- Vous devez être cinglée, dit effectivement celle-ci.

- Allons, attendez...

- J'ai fait des émissions sur les enfants victimes d'attentats à la pudeur, mais je n'aurais jamais pensé que je...

- Cet enfant, protesta Wren, à dix-sept ans !

- Et alors, je ne vois pas ce que... Qui vous a dit ça ?

- Lui.

Décontenancée, la présentatrice réfléchit un moment, puis déclara :

- Et j'imagine que cela résout le problème ?

- Non, répondit Wren sans sourciller. Cela ne vous regarde pas.

 

 

 

 

D'Un Bord à L'Autre
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