CHAPITRE XIV

Il entendit un bruit feutré derrière lui et se retourna. C’était Jobig, il le reconnut malgré la triple épaisseur de tuniques qu’il portait et la couverture qui coiffait sa tête et ses épaules. Une silhouette informe, et il se mit à rire de bon cœur.

— Tu n’es pas plus élégant toi-même, fit le Scientiste avec difficulté car il ne pouvait empêcher ses dents de claquer.

Puis, parce que c’était ce qu’il y avait de mieux à faire, il se mit à rire lui aussi, un rire vite interrompu par une quinte de toux.

C’était vrai. Jamais il n’avait eu aussi froid, même pas sur la banquise, même pas lorsqu’il se trouvait à bord de l’épave avec Myriam. Il repensa alors un instant à la chaleur de son corps, mais chassa cette image de son esprit, malgré le plaisir d’un vague rêve qu’elle lui rappelait soudain.

Il avait lui aussi enfilé trois tuniques et s’était coiffé d’un bonnet de laine. Il accrochait à la rambarde de la passerelle deux mains informes, emmitouflées dans des lanières de laine, des mains qui, malgré ces précautions, devenaient insensibles au bout de quelques minutes d’inaction.

Ils n’en étaient qu’à la troisième nuit, la troisième vraie nuit, qui succédait à deux jours qui n’en méritaient pas le titre. Le soleil avait été visible, comme un mince croissant vers le zénith et pendant quelques heures seulement. Et les jours avaient commencé à décroître brutalement en luminosité et en chaleur près d’une hebdomade plus tôt.

Au début, ils avaient seulement songé à l’absence de lumière, sans penser tout de suite à la disparition de la chaleur nourricière. La planète avait constaté les faits bien avant qu’ils n’en découvrent la cruelle réalité. La Dévoreuse avait commencé à se couvrir de quartiers de glace qui ne s’étaient pas totalement figés seulement parce que les flots continuaient à manifester leur furie. Mais les quartiers avaient tendance à se souder les uns aux autres, pour former des blocs de plus en plus massifs.

En même temps, les vents continuaient à souffler avec sauvagerie, et les foyers restaient interdits, plus par le bon sens que par les ordres, à bord de l’Extase. Les familles se calfeutraient dans les cabines, les enfants serrés entre les parents, et Carvil, lors d’une tournée d’inspection, s’était fait la réflexion que sans le poids, le navire aurait pu charger deux fois plus de gens sans que personne ne s’en plaigne.

Il avait réussi à ne pas céder à la tentation d’interroger Jobig chaque jour, car le Scientiste n’avait, hélas, pas de réponse précise quant à la durée de cette très longue nuit. Les Scientistes étaient presque novices dans l’observation du ciel et Jobig lui-même n’y avait pas attaché grand intérêt au cours de ses années de collège ou de son apprentissage à bord de la plate-forme : le mouvement des astres était affaire de Navigateurs. Mais il y en avait peu à bord, cette guilde attirant peu les femmes, fait qui n’avait guère frappé Carvil auparavant. Les assistantes qui avaient dû, par force, prendre la place des titulaires enlevés par les pirates étaient suffisamment compétentes pour situer l’Extase par rapport aux Terres, et c’était l’essentiel. Ou plutôt, cela l’avait été… tant qu’il y avait eu des Terres.

*
*   *

Carvil secoua ces pensées moroses : il y avait des Terres, ou il y en aurait de nouvelles. Le vol chaotique de la plate-forme, au gré des vents déchaînés, lui avait fait survoler de sombres plateaux émergés et des pics rougeoyants de lave encore chaude. Il ne doutait pas qu’une fois le calme revenu, on puisse retrouver quelques pans de roc émergé de-ci, de-là, et il pensait avec optimisme (un optimisme vaguement de commande, tout de même) aux théories qui annonçaient de plus grandes terres après le passage d’Octa qu’avant. Il fallait y croire, car il avait beau être un aérien, qui ne vivait que pour être sur l’air, il se rendait compte que les Terres, non seulement avaient du bon, mais étaient indispensables au maintien d’une certaine civilisation.

Mais, pour l’instant, il s’agissait seulement de survivre au passage d’Octa…

— Navire en vue !

La Vigie avait hurlé, mais sa voix cassée à force d’efforts pour dominer les vents depuis de trop nombreuses heures avait seulement murmuré. Elle dut répéter deux fois le gisement sous lequel elle avait cru apercevoir une plate-forme, et dans la pénombre, il fallut encore plusieurs minutes avant que Carvil et d’autres ne discernent une vague masse sombre, au ras des flots.

Carvil fit allumer les fanaux, qu’on avait éteints autant par souci de sécurité que d’économie depuis qu’ils avaient perdu de vue le reste de la flotte. C’était un bien faible éclairage sur la passerelle de barre, et il donnait aux visages un aspect encore plus hâve et malsain que d’habitude. Carvil voyait ses hommes comme ils étaient réellement, comme il devait être lui-même : épuisés par le manque de sommeil, affamés et surtout ravagés par l’inquiétude.

Mais leurs yeux brillaient dans cette semi-obscurité.

L’air était calme. Il fit tourner les hélices pour se rapprocher de l’autre vaisseau.

Là en dessous, on avait fini par les apercevoir aussi, et il vit une lanterne s’allumer, puis une seconde. Ce n’étaient que des flammes blanches, sans code d’identification.

Carvil consulta le ciel d’un regard. Il s’éclairait légèrement à l’est, signe que le faux jour allait se lever. Il n’y aurait qu’une faible luminosité, mais ce serait tout de même mieux que maintenant. Les hélices, parfaitement contrôlées, tournaient régulièrement et une torsion suffit à les amener presque sur l’autre navire.

Téric, qu’on avait appelé, s’occupa de larguer deux ancres flottantes pour maintenir autant que possible l’Extase en point fixe. Ils ne distinguaient toujours presque rien de l’autre navire, sinon qu’il était fort bas et que sa coque devait racler la surface de la Dévoreuse. Une situation à faire frémir en temps normal – et même maintenant – mais dont le danger était noyé par tant d’autres que cela devenait supportable. Et les monstres des océans devaient avoir souffert eux aussi de cette longue tempête. Peut-être étaient-ils trop mal en point pour constituer un véritable danger durant les heures à venir…

Ce fut enfin l’aube blême, qui se distinguait à peine de la vraie nuit.

— C’est la Superbe… ou l’Extravagante, fit Téric.

Sans signaux et par cette faible lumière, il était difficile d’être plus précis. Mais ils virent alors que le navire n’avait plus son assiette. Une partie de ses ballonnets avaient disparu sur tribord et il accusait une gîte de plus de quinze degrés, traînant en partie dans les flots.

On remonta les ancres et on relança les hélices – dont les élastiques avaient été retordus – pour arriver au plus près du vaisseau en difficulté, mais Carvil conserva une prudente distance en altitude. Il ne voulait pas risquer le moindre choc, ni surtout voir l’Extase brutalement envahie par une foule de naufragés fous de panique. Mais il ne dit cela à personne, laissant chacun libre de ses pensées.

« C’est la Superbe. Du moins, elle l’était. Maintenant… » Le navire avait bien plus souffert de la tourmente que l’Extase. Outre les ballonnets disparus ou crevés, il y avait des dégâts plus importants sur le flanc bâbord qu’ils apercevaient : la cabine de barre avait disparu et le bastingage entourant la superstructure avait été arraché en plusieurs endroits, tandis que la coque et le flanc étaient percés de deux grandes brèches de plusieurs mètres de long qu’on avait obstruées tant bien que mal en y tendant des pièces de toile.

Un Signaleur monta vers le bastingage en ruine et dut d’abord s’y arrimer en passant sa ceinture autour d’un montant afin d’avoir les mains libres pour manipuler ses drapelets.

Il y eut un long échange, l’Extase posant un certain nombre de questions.

La Superbe avait vu plusieurs de ses ballonnets crevés par une averse de cailloux volcaniques incandescents et avait failli basculer, car c’était presque exclusivement le flanc bâbord des deux couronnes supérieures qui avait été touché. Plusieurs nautes étaient tombés par-dessus bord… Il avait fallu descendre en catastrophe pour éviter que le navire ne chavire complètement et tout le lest avait été largué. Cela avait suffi pour écarter une catastrophe instantanée, mais pas pour éviter de plonger jusqu’aux flots.

Lorsqu’ils avaient atteint la surface océanique, c’était la tempête, avec des vagues de plusieurs dizaines de mètres de creux. Mais le pire avait été les glaces, quand la Dévoreuse s’était calmée et que le reflux quotidien avait commencé. Il faisait si froid que l’eau, une fois immobile, se figeait rapidement. C’était cela qui avait causé les brèches.

Alors que la Superbe s’abattait, le Noë, mettant la survie immédiate avant le long terme, avait fait larguer presque tout ce que contenaient les soutes, mais cela n’avait pas empêché le navire de s’immerger en partie sous les flots. Depuis deux vraies nuits et une fausse, ils dérivaient ainsi, ayant perdu une douzaine de nautes de plus, tombés à l’eau en repoussant trois fois l’approche d’un monstre tentaculaire qui semblait chercher un point fixe où s’accrocher dans cette mer en folie. Et ils n’avaient pratiquement plus de vivres, et de l’eau potable pour deux jours au plus.

Carvil consulta Sornia :

— Disposons-nous d’assez de négativité pour les aider à retrouver leur assiette ? As-tu quelques ballonnets à leur transférer ?

Elle avait dû se poser ces questions en découvrant progressivement la situation de l’autre navire, car elle répondit immédiatement :

— Nous pouvons essayer, mais je ne garantis rien, car ce ne sera que cinq ou six tonnes de traction, guère plus. Quant aux ballonnets, nous pourrions leur en prêter trois… mais nous n’en garderions qu’un seul de réserve.

Il y avait dans sa voix un avertissement très clair, bien qu’informulé : un seul ballon de réserve, ce n’était pas assez pour garantir une sécurité normale au navire et elle désapprouvait instinctivement le prêt. Mais elle ne s’y opposerait pas. Elle n’était pas encore devenue une bête fauve qui ne pense qu’à sa propre survie – ou à celle de son navire – sans se préoccuper des autres.

— Vois ce qu’en pense leur Premier Maintenancier.

À la grimace qu’elle fit en déchiffrant le message, il comprit que ce serait pas aussi « facile » qu’il l’avait espéré.

— Avec ce froid, l’eau a gelé dans la partie submergée de la coque, un lest mal équilibré et qui est de trop pour les ballonnets qui leur restent. Ou pour nous. Le poids sera bien trop élevé. Cinq ou six fois ce que nous pourrions soulever.

— Combien sont-ils à bord ?

La réponse mit un temps à venir. Comme s’il l’on se comptait et recomptait là en dessous.

— Deux cent quarante-huit. (Elle fit une rapide estimation.) Quinze tonnes au moins. C’est plus que nous ne pouvons soulever, Carvil ! Il n’en est pas question !

Elle s’insurgeait contre une décision qu’il n’avait pas encore prise, avec tout son bon sens de Première Maintenancière, qui se doit d’abord à son navire avant tous les autres, avant même l’obéissance à son Noë.

Il avait fait le même compte. Deux cent quarante-huit ! C’était plus que ce que portait l’Extase déjà surchargée pour l’instant. Il sourit, pour l’apaiser.

— Je sais, et je cherche une solution… Plus que nous ne pouvons soulever, as-tu dit ?

— Oui. Même en ajoutant deux ballonnets. Et je ne vois pas bien où les accrocher…

Son regard erra le long des trois couronnes, comme pour chercher une discontinuité et des points d’ancrage. Mais ils savaient tous deux que c’était impossible : ils étaient déjà surchargés et les couronnes étaient garnies au point que parfois deux ballonnets frottaient dangereusement l’un contre l’autre, au risque d’user prématurément les filets de retenue.

— Plus que nous ne pouvons soulever, hein ? (Ce n’était pas vraiment une question. D’ailleurs, il poursuivait :) Mais pas que nous ne pouvons porter !

Elle le regarda, sans comprendre. Puis ses yeux s’agrandirent, sa bouche s’ouvrit, mais pas un son n’en sortit.

— C’est toi qui m’en a donné l’idée, se défendit-il avant de formuler sa pensée. Toi et tes modifications… Tes quilles lestées, une fois plongées dans la Dévoreuse, nous donnent bien des tonnes de négativité en plus.

À ce moment, le vent se leva, comme pour leur rappeler le danger. Les câbles des ancres flottantes se tendirent et l’Extase, poussée par la brise encore modérée, fit mine de s’écarter de la Superbe engluée dans la Dévoreuse qui la retenait en place.

— Les ancres flottantes ne suffisent pas à nous retenir, constata Sornia avec une sorte de soulagement dans la voix.

S’ils s’éloignaient de l’autre navire, Carvil n’aurait pas l’occasion de mettre en pratique sa folle idée.

— C’est vrai. Ces ancres flottantes sont trop petites pour faire autre chose que nous freiner. Mais nous en avons une bien plus grande à notre disposition…

Il n’eut pas besoin de préciser. Sornia avait compris : elle tendait le bras et sa main désignait la Superbe.

*
*   *

Ce n’est qu’à la fin du premier faux jour qu’ils avaient pris le risque de faire passer une partie de l’équipage de la Superbe sur l’Extase. Des enfants surtout, des blessés, des malades et les femmes dont les métiers étaient inutiles pour tenter de remettre le navire sur l’air. Un peu plus d’une centaine de personnes, ce qui réduisait la négativité de l’Extase à quelques centaines de kilos seulement et soulageait quelque peu l’autre navire. C’était tout ce qu’on pouvait faire sur le moment même.

La nuit fut calme, même si une brise modérée ne cessa de souffler, faisant gémir les câbles qui reliaient l’Extase à son « ancre ». Sornia ne cessait de courir d’un bout à l’autre du pont, grimpant sur les passerelles, craignant que la traction ne soit trop forte pour les points d’amarrage. D’autant plus qu’avec le reflux, la Superbe n’était plus une ancre flottante, avec la souplesse que cela implique, mais un point véritablement fixe. Sornia n’avait pas caché à Carvil qu’au premier signe de faiblesse, elle ferait rompre les amarres… et tant pis pour la Superbe, mais l’Extase devait passer avant.

Le lendemain, les Maintenanciers de la Superbe purent fixer deux ballonnets – Sornia avait refusé un troisième, vu la surcharge de son propre navire – à la couronne inférieure bâbord et la plate-forme perdit quelques degrés de gîte, mais elle continuait à traîner dans la Dévoreuse. Les Maintenanciers se lancèrent à l’assaut de la glace, devant parfois descendre dans l’eau qui était tout près du point de congélation, pour la briser éclat par éclat. À la fin de la journée, alors que le froid qui avait quelque peu reculé revenait à la charge, on pouvait à peine percevoir de l’extérieur les quelques progrès qu’ils avaient faits.

Ils continuèrent durant la nuit, profitant du fait que le navire reposait au sec, sans prendre plus de quelques instants de repos, et certains volontaires quittèrent l’Extase pour leur venir en renfort.

Carvil rageait de se sentir impuissant. Il aurait bien rejoint les briseurs de glace, mais son handicap le lui interdisait tout autant que sa responsabilité à l’égard de son propre navire.

Il s’abattit sur sa couchette et s’endormit en maudissant la glace, parmi tout ce qu’il aurait pu maudire : Octa, les vents, le destin…

Il était couché sur la glace et sentait le froid l’envahir, monter autour de lui, venant de cette eau dure et du vent qui soufflait. La glace était partout, elle montait le long de son corps, le dépassait, voulait presque l’empêcher de respirer. Il s’efforçait de la repousser, incapable de bouger. Il ne pouvait que souffler l’air qui brûlait ses poumons pour repousser l’invasion lente et créer un petit dôme libre autour de ses lèvres.

Curieusement, le froid diminuait. L’angoisse s’empara de lui : le froid diminuait parce qu’il ne le sentait plus, parce que ses pieds et ses mains commençaient à geler. Il se débattit vainement pour échapper à l’emprisonnement. Et ses pieds et ses mains bougeaient, ils étaient douloureux à force de frapper la glace qui ne les immobilisait pas tout à fait

Il pouvait sentir te froid, mais c’était celui-ci qui était moins vif ! Il prit conscience du vent. Ou plutôt de son absence. Il ne soufflait plus à ses oreilles, ne lui lançait plus mille aiguilles brûlantes de froid au visage. Il fit l’effort d’ouvrir les yeux, de regarder autour de lui. Peine perdue, c’était encore et toujours la nuit, comme depuis près d’une hebdomade.

La nuit et le froid.

Il faillit hurler en sentant un souffle d’air chaud. Chaud ? En était-il sûr ? Le froid produisait presque le même effet. Et pourtant… une goutte d’eau tomba sur son front, le faisant tressaillir. Il sentit le réveil venir et le rêve s’échapper. Il s’y accrocha tant qu’il put, car ce rêve était important. Il ne savait pas comment, mais il avait l’impression qu’une réponse à une question fondamentale pour lui, mais aussi pour l’Extase tout entière s’y trouvait cachée

Ce n’était pas un rêve. Du moins la goutte qui lui était tombée sur le front. C’était Myriam, un bol de soupe fumante à la main. Une secousse lui avait fait gaspiller quelques gouttes de ce miracle.

— Sornia a autorisé pour un moment un foyer chez les Scientistes. C’est l’endroit le mieux protégé. Il est éteint maintenant, mais la soupe est chaude.

— Je sais, fit-il en grimaçant et en essuyant son front d’une main qui lui parut glacée en comparaison.

Elle attendit qu’il se soit assis pour lui tendre la soupe qu’il se mit à goûter par petites gorgées. Sa bouche avait presque oublié la saveur des aliments chauds et elle voulait tout avaler goulûment au risque de vraiment se brûler.

Il leva les yeux et perçut sur le visage de Myriam une expression indéfinissable.

— Merci d’avoir pensé à moi, fit-il. Les autres en ont eu ?

— Évidemment. Et nous avons pu en faire passer à bord de la Superbe. Elle commence à se redresser.

Carvil continua à boire, mâchant avec patience les quelques morceaux de viande qu’il y avait au fond, puis renversant le bol pour ne pas perdre une seule goutte. Elle lui reprit le bol vide et ses doigts s’attardèrent un instant sur les siens, du moins lui sembla-t-il.

Il se leva. La réaction à la chaleur de ce repas sommaire avait amolli sa bonne jambe et il faillit perdre l’équilibre, mais Myriam le soutint un instant… qu’il aurait voulu prolonger, qu’il aurait prolongé, rien que pour savoir, en d’autres circonstances. Mais le navire l’appelait de tous ses crissements, de ses craquements, et aussi des cris qu’il entendait sur le pont.