CHAPITRE II
Il était difficile de reconnaître dans la ville, le Gossaily que tous connaissaient pour y avoir fait escale et séjourné plusieurs années par tranches de quelques semaines ou quelques mois.
Le changement était partout. En surface d’abord, avec cette fumée qui obscurcissait parfois le ciel et retombait en poussière noire, parfois teintée du rouge de la roche torréfiée. Elle couvrait les toits, les ruelles, les rebords des fenêtres et des portes qu’on tenait soigneusement fermées, alors qu’en cette saison encore douce, les gens avaient l’habitude de se donner un peu d’air frais en se contentant d’une tenture pour conserver une nécessaire intimité à leurs logements. Elle pénétrait pourtant les failles les plus infimes et finissait par se déposer sur les meubles, par imprégner les vêtements dans les armoires, la nourriture si celle-ci n’était pas enfermée dans des récipients hermétiques. Et cela durait depuis six jours. « Ne durait que depuis six jours », murmurait-on en pensant que le volcan pouvait continuer à cracher son venin des semaines et des mois durant. Certaines légendes du passé ne disaient-elles pas qu’il avait été en éruption plusieurs cycles d’affilée lorsqu’il avait créé Terre-de-Feu ?
Pourtant, ce n’était pas ce changement-là qui frappait le plus Carvil tandis qu’il se rendait au siège du Conseil. Il était accompagné de Jobig et de Sornia. Le Premier Navigateur, qui ne voulait pas risquer d’affronter celui dont il usurpait involontairement le titre, était resté à bord pour ordonnancer les diverses opérations de ravitaillement à effectuer. Elles n’étaient pas prévues ni vraiment indispensables, mais autant profiter de cette escale inopinée.
Le changement était dans l’attitude. Les gens des Terres avaient toujours eu un mode de vie différent des gens de l’Air. À bord des plates-formes, on pouvait passer des semaines à naviguer à la recherche d’un tapis, sans que les guildes soient très occupées, sauf celles qui participaient à la navigation. Puis, une fois le tapis découvert, il fallait l’exploiter, et rapidement, avant que la végétation ne pourrisse, sauf si c’était l’effet recherché. Mais cela n’était plus fréquent. La mission première des plates-formes appartenait au passé maintenant que les Terres produisaient elles-mêmes assez d’humus.
À terre, le travail se répartissait presque également de jour en jour, et se pratiquait en bonne partie dans des ateliers situés en dehors des quelques petites villes. Ceci donnait à ces dernières un aspect de tranquillité, voire d’oisiveté pour l’aérien qui débarquait.
Et c’était quelque chose, défaut ou charme des Terres, qui semblait avoir disparu de Gossaily. Les ruelles étaient encombrées de passants poussant des brouettes chargées de tout un bric-à-brac, de porteurs qui, seuls ou par groupes, emmenaient des pièces (que Carvil et ses compagnons reconnaissaient comme des morceaux de membrures) vers l’arsenal. Il y avait aussi les Coursiers, souvent des adolescents agiles, qu’on reconnaissait à leur sacoche de fibres tressées, se hâtant d’un bout à l’autre de la ville pour transmettre une instruction urgente, pour amener une portion de plan vers l’arsenal ou apporter une commande détaillée aux ateliers extérieurs. Gossaily, ce jour-là, ressemblait fort au pont de l’Extase dans les jours suivant la découverte d’un tapis, tant la ville débordait d’activité. Et nul ne semblait échapper à la hâte débordante. Si l’on voyait peu d’hommes dans la force de l’âge, probablement occupés à l’arsenal ou dans les ateliers, toutes les tranches de la population participaient au mouvement incessant au point d’en être affolant : femmes, fillettes, gamins et vieillards mélangés semblaient courir sans cesse, agités par une activité sans répit.
Carvil ne s’était rendu qu’à deux ou trois reprises dans le bâtiment du Conseil de la Navigation. C’était quand il était Pilote, avant l’accident, pour assister à l’une ou l’autre cérémonie, et cela remontait maintenant à plus de huit cycles. Le Conseil employait fort peu de personnel. C’était une institution qui s’était créée au fil du temps, pour arbitrer occasionnellement l’un ou l’autre conflit entre deux vaisseaux et édicter progressivement quelques règles, somme toute assez vagues, régissant la discipline aérienne. Les membres du Conseil étant les Noës et les Premiers de chaque guilde, il n’y avait jamais d’assemblée générale. C’était impossible, les plates-formes se trouvant bien plus souvent sur l’air qu’accostées à l’un des ports. Simplement, lorsqu’un conflit majeur, ou la nécessité d’une nouvelle ordonnance apparaissait, on réunissait les dignitaires présents, ce qui formait un quorum suffisant, à condition qu’ils proviennent de deux vaisseaux au moins. Ils édictaient la règle, ou tranchaient le conflit, et leur décision était transmise aux autres Terres par l’une des navettes qui faisaient régulièrement ces traversées. Ensuite, durant tout un cycle, chaque navire accostant l’une des Terres était appelé à se prononcer. À ce moment, l’édit devenait définitif.
Carvil se souvenait d’un bâtiment lourd et austère, de grandes pièces presque vides ornées de quelques reproductions de plates-formes jugées parmi les plus réussies ou d’une signification historique particulière. Et de la décoration tout en bois, qui rappelait la passerelle ou les coursives d’un navire.
Là aussi, dès la porte franchie, le changement était frappant. Les deux ou trois Scribes qu’on trouvait en général occupés à classer ou à recopier divers documents avaient fait place à des dizaines de personnes, dont une majorité de femmes, qui établissaient des listes, des ordres de travail, et hélaient des Coursiers pour les envoyer porter un message.
Les modèles réduits des plates-formes étaient toujours là, mais on les avait repoussés dans les coins pour qu’ils ne gênent pas le passage, et le décor de boiseries avait disparu. Le bois était trop rare pour le gaspiller en décors frivoles en ces temps où la survie de l’humanité dépendait du nombre de plates-formes qu’on pourrait lancer sur l’air au cours des prochains mois.
Un instant désorienté, il traversa la première pièce, pénétra dans la seconde, qui bourdonnait de la même activité.
— Le Conseil ? demanda-t-il à une jeune femme rousse qui passait, les bras chargés de rouleaux de papier.
— En haut, le bureau du fond, fit-elle appuyant sa réponse d’un mouvement du menton indiquant l’escalier en colimaçon qui prenait naissance dans un coin de la pièce.
Il entreprit la montée, qui était toujours pénible à cause du pilon, et s’aperçut à ce moment que Jobig n’était plus avec eux. Le Scientiste n’était pas un élément indispensable pour rencontrer les représentants du Conseil, mais il ressentit un pincement de cœur devant la défection inexpliquée de l’associé qui lui avait permis de réaliser tant de choses.
Dans deux des pièces de l’étage – la première servant d’antichambre –, on avait tenté de recréer l’ambiance austère du Conseil, mais les va-et-vient continuels sur le palier et dans les couloirs ne pouvaient que perturber la sérénité des lieux et donner un aspect quelque peu irréel à ce qui s’y déroulait. Carvil aperçut plusieurs Premiers qu’il connaissait de vue discutant dans un coin, tandis que deux autres sortaient de la salle du Conseil proprement dite. Il fallait attendre que son tour vienne, et il se trouvait bien seul. Il se tourna vers Sornia, qui avait surtout observé l’activité incessante des lieux. C’était une femme d’un peu plus de vingt-cinq cycles qui était entrée dans la Maintenance en épousant un technicien. Elle avait eu deux enfants et son mari devait se trouver quelque part sur la banquise avec les autres… s’il était encore en vie.
— Tu es prête à faire un rapport complet sur l’état de l’Extase ?
— Bien sûr, et ce sera facile.
Elle se mit immédiatement à lui citer la surface de toile à ballonnets disponible à bord, le métrage de cordage de réserve, le cubage d’hélium qu’on pouvait insuffler dans les ballonnets, et bien d’autres données qui prouvaient que le navire était en parfait état de voyager. C’était normal, ils venaient de passer quelques semaines sur Grande Terre et la plate-forme était aussi bien parée que le jour de son lancement, plus de quinze cycles plus tôt.
Il l’interrompit, en essayant de ne pas montrer le léger agacement qu’il ressentait.
— Et ton avis sur notre équipage ? Si on te le demandait ?
— Notre équipage est un bon équipage. Nous n’avons pas le nombre réglementaire, bien sûr. Et nous avons une bien plus grande proportion de femmes à bord que sur les autres plates-formes. C’est normal, si… (elle s’interrompit pour se corriger) quand nous retrouverons les nôtres sur la banquise, il faut bien que nous ayons de la place pour eux. Je serais quand même plus tranquille si nous avions quelque renfort. L’un ou l’autre Pilote expérimenté, ou quelques Gabiers bien costauds…
Il la fixa. Il y avait comme une vague lueur égrillarde dans son regard. Elle dut s’en rendre compte, car elle poursuivit :
— Les filles qui montent sur les passerelles peuvent tout faire, mais elles manquent parfois de force pour retendre les cordages.
Il y eut un mouvement derrière eux. Carvil se retourna vers l’escalier. Le Noë de l’Extase, le véritable Noë, arrivait en compagnie de quelques hommes que le Pilote ne connaissait pas. L’ennui de choisir quelle attitude avoir envers celui qui était officiellement son chef, mais ne le commandait plus depuis des mois, fut évité à Carvil par l’ouverture de la salle du Conseil. Un Appariteur s’avança.
— Ponik, Noë de l’Extase, Vahalk, Premier Scientiste et Carvil, Apponteur, sont attendus par le Conseil de la Navigation.
Carvil laissa passer Ponik qui lui jeta à peine un coup d’ail et le suivit en compagnie de Sornia, tout en cherchant Vahalk, mais la silhouette bedonnante et légèrement voûtée du Premier Scientiste n’était nulle part en vue.
Le Conseil, ce jour-là, était représenté par trois Noës et quatre Premiers, qui siégeaient derrière trois tables recouvertes d’un long drap vert. La salle étant fort exiguë, il n’y avait pas de sièges pour les autres participants, sauf, devant une petite table située à l’écart pour le Scribe qui prendrait des minutes de la réunion.
Comme c’était de coutume, les membres du Conseil commencèrent par se présenter, pour que le Scribe note la composition de l’assemblée. Ensuite, l’un des Noës prit la parole :
— Apponteur Carvil, veuillez justifier les dégâts infligés à la plate-forme Vindicte, qui portait votre Noë et votre Premier Scientiste, le onzième jour de Torrembre de ce cycle. Ensuite, vous nous direz pourquoi vous n’avez pas mis tout en œuvre pour sauver vos officiers qui se trouvaient à bord d’un navire en perdition.
Carvil était abasourdi. Il resta un instant sans réaction. Ce fut Sornia qui répondit la première :
— Et où sont les officiers de cette Vindicte, qui a voulu nous voler un tapis, qui a enlevé nos officiers, et nous a attaqués ensuite ? Si Carvil n’avait pas agi comme il l’a fait, je ne serais pas ici, lui non plus, et nous aurions tous servi de pâture aux monstres de la Dévoreuse !
Il y eut quelques regards choqués, mais Carvil discerna aussi quelques sourires vite réprimés parmi les Noës et les Premiers. Il calma Sornia d’un geste de la main, et entreprit de raconter les événements. Il lui semblait que ceux-ci devaient être connus. Il avait fait un rapport détaillé en atteignant Grande Terre deux mois plus tôt, et celui-ci avait eu largement le temps de parvenir jusqu’à Terre-de-Feu.
Il finit par comprendre aux questions qu’on lui posait, que le Conseil en face de lui se divisait en deux tendances : l’une l’approuvait et ne trouvait même rien à lui reprocher, mais elle n’était représentée que par un Premier Navigateur et un Noë, l’autre – surtout deux Premiers Scientistes et un Noë – le prenait comme bouc émissaire, considérant qu’il usurpait depuis plusieurs mois les fonctions de son Noë et qu’il n’était, somme toute, qu’un pirate au même titre que Rorik ou Skutner.
Il lui fallut quelques minutes de plus, au fil de son récit, pour appréhender l’attitude de Ponik. Celui-ci avait mentalement décidé que Carvil refuserait de lui rendre son navire et, poussé par quelque mauvais génie, ne voyait que cette mise en accusation pour que le commandement du navire lui soit restitué. Or, Carvil, lui, ne demandait que cela ou presque. Devoir jouer au Noë, arbitrer les multiples petits conflits qui se produisaient quotidiennement à bord ne l’enchantait absolument pas. La seule chose qui comptait pour lui était que son message d’avertissement soit entendu – ce qui semblait bien le cas à voir l’activité débordante qui régnait partout. Il y avait bien aussi le projet de retourner à la plate-forme de fer, mais c’était chose secondaire…
Quand le tribunal en eut fini avec les questions, on interrogea Ponik. Celui-ci raconta les même événements, mais d’une manière différente, et s’étendit longuement sur les ravages causés à bord de la Vindicte par l’explosion, puis la fuite du navire désemparé, et enfin l’arrivée sur Terre-de-Feu d’une plate-forme quasi réduite à l’état d’épave. Carvil comprit qu’il y avait eu une sorte d’accord entre Ponik et le Noë de l’autre navire pour effacer – ou tenter d’effacer – les méfaits commis par la Vindicte. Il se demanda tout à coup si l’accident qui avait déchiqueté des dizaines de ballonnets n’était pas dû à ce dernier navire. Assuré qu’il ne laisserait pas de témoins, à l’exception des deux officiers, le Noë de la Vindicte avait dû être fort surpris en atteignant Gossaily, d’apprendre ce qui était arrivé à l’Extase. La condamnation de Carvil était devenue sa seule sauvegarde.
Pendant quelques instants les membres du Conseil se concertèrent à voix basse.
— L’affaire semble claire, maintenant que nous avons eu tous les témoignages pertinents…, commença le Noë le plus âgé, qui s’était montré particulièrement neutre depuis le début, mais devait tenir compte de l’avis de ses assesseurs.
Carvil eut envie de dire que tout l’équipage de l’Extase pouvait confirmer son témoignage, puis haussa mentalement les épaules. Il était condamné d’office, il s’en rendait compte.
Avant que le président ne continue sa phrase, on frappa à la porte.
— Le Premier Scientiste Vahalk demande à entrer, fit l’Appariteur.
— Qu’il entre, dit le président. Je ne sais si son témoignage nous apportera quelque chose de nouveau, fit-il d’une voix où le ton, encore plus que les mots, prouvait ses doutes, mais il était cité lui aussi, et je ne comprends d’ailleurs pas son retard.
Vahalk entra. Il fit quelques pas, sans jeter un regard ni à Carvil, ni à Ponik. On lui résuma rapidement les faits que le tribunal avait retenus.
— Ces faits sont exacts, fit-il en regardant fixement devant lui. M’est-il permis d’exprimer un souhait ?
— Le Conseil t’écoute, Vahalk.
— Je souhaite que l’Apponteur Carvil soit condamné à rester à bord de l’Extase, avec ceux qui voudront partager son sort. C’est un vieux navire, en piètre état, sans équipage qualifié…
Carvil parvint juste à temps à réprimer la réaction de Sornia. Les déclarations de Vahalk commençaient à l’intéresser.
— Je souhaite aussi, continua le Scientiste, que l’on confie à notre Noë le commandement d’une nouvelle plate-forme moderne, l’une de celles qui vont être lancées dans les prochains jours par l’arsenal de Terre-de-Feu. Ce serait reconnaître le mérite de Ponik d’une éclatante manière…
Carvil perçut le geste de révolte de ce dernier et vit comme tout le monde la main de Vahalk qui imposait le silence à son Noë. Il y eut aussi un échange de regards intenses entre le Scientiste et les deux Premiers Scientistes du tribunal.
Les témoins avaient été renvoyés à l’antichambre, et avaient pris place aussi loin que possible les uns des autres. Tout à coup, Jobig fit son apparition. Il n’adressa qu’un bref salut à Carvil et prit Sornia à part. Le Pilote ne s’en offusqua pas. Il en était encore à essayer de comprendre ce qui venait de se passer et de savoir ce qui en découlerait.
Jobig s’approcha de Vahalk et le salua. C’était son ancien Premier et il lui devait en principe obéissance, même si, chez les Scientistes, la hiérarchie était moins marquée que dans les autres guildes. Il y eut un conciliabule de quelques minutes entre eux, à l’écart de Ponik lui-même, qui sembla tout à coup très isolé.
Les deux Scientistes se dirigèrent ensemble vers la salle du Conseil et s’adressèrent à l’Appariteur. Celui-ci, après un instant d’hésitation, les fit entrer. Ponik fit deux pas pour les suivre, puis s’interrompit. La porte s’était refermée devant son nez, et il n’osait pas perturber les débats. Carvil, tout en sentant que les choses tournaient de plus en plus à son avantage, sans vouloir encore y croire vraiment, fut partagé entre l’envie de rire en voyant la mine dépitée du Noë et une certaine pitié.
Quelques instants plus tard, l’Appariteur leur faisait signe d’entrer.
Jobig et Vahalk étaient toujours là, dans un coin de la pièce, et les membres du tribunal étaient debout, ce qui signifiait que le temps n’était plus à la discussion parce qu’ils avaient pris une décision.
— Écoutez la décision du Conseil de la Navigation, section de Terre-de-Feu, prise en ce seizième de Givrembre…, commença le Scribe en lisant ses notes. Exceptionnellement, et compte tenu des temps troublés que nous vivons, elles ne pourront être remises en question par aucune des deux parties concernées, et ne sont donc pas soumises à un quorum des autres sections…
Il s’interrompit un instant et fixa Carvil d’abord, puis Ponik ensuite, pour vérifier que tous deux acceptaient de se soumettre sans appel à la décision. Carvil avait déjà pris sa décision, Vahalk fit un signe d’approbation à l’attention de Ponik. Celui-ci referma une bouche qui s’apprêtait à protester.
— L’Apponteur Carvil restera à bord de la plate-forme Extase en compagnie de tous ceux qui veulent le suivre, reprit le Scribe. Ce navire aura pour mission première de prendre en charge les familles du village de Viaiville, ravagé par la lave et qui n’ont donc plus d’abri sur Terre-de-Feu.
Suivait une liste détaillée de ce que les terriens évacués pourraient ou devraient emporter à bord, mais Carvil n’écoutait que d’une oreille distraite. Le jugement ne le désignait pas comme Noë de l’Extase, mais n’en mentionnait pas d’autre jusqu’à présent. Cela signifiait-il qu’il restait en fait le maître du navire ? Quant à cette charge supplémentaire, elle allait certainement handicaper l’Extase dans ses prochains vols, mais il fallait s’y attendre : c’était lui qui avait proposé que les plates-formes chargent tous les terriens menacés par le cataclysme. Il avait seulement espéré y échapper durant quelques mois encore pour le périlleux trajet vers le grand nord.
— Le Noë Ponik prendra le commandement de la plate-forme Jumelle Un dès qu’elle sera en état de voler. Son équipage sera constitué pour moitié de nautes aguerris de la Vindicte et il le complétera de terriens de Terre-de-Feu.
Carvil réprima un sourire. La vie à bord de la nouvelle plate-forme ne serait pas facile, car Ponik n’oublierait quand même pas facilement que la moitié la plus valable de ses matelots était à la source de ses ennuis…
— Enfin, reprenait le Scribe, six nautes de la Vindicte viendront renforcer l’équipage de l’Extase pour contribuer à assurer la sécurité des terriens évacués.
Un coup à gauche, un coup à droite. Lui non plus, Carvil, n’aurait pas la vie facile !