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L’assistante maternelle de la rue Marconi était chez elle. Elle fut mise en relation avec Winter, toujours dans le séjour de Jerner. Il ne pouvait décrire le garçonnet au téléphone. Elle ne bougerait pas, elle n’était pas vraiment réveillée, pour être exacte.

Winter roula suivant ses instructions en direction de son pavillon de Grimmered.

— Est-ce que je pourrai un jour récupérer ma bagnole ? lui avait demandé Ringmar alors qu’ils sortaient du bâtiment.

— J’espère bien, avait répondu Winter. Tu appelles Skövde ?

— C’est déjà fait. Ils filent chez le vieux.

Jerner de retour sur la plaine. C’était envisageable. Son père d’accueil ne lui fermerait pas la porte.

Mais Carlström ne pouvait pas savoir.

Winter se rappelait son numéro. Il lui téléphona de la voiture. Après six tonalités sans réponses, il raccrocha puis rappela sans plus de succès.

Mis à part trois taxis, il ne croisa aucun véhicule sur la voie rapide. À Kungsten, un bus en stationnement, noyé dans ses gaz d’échappement, n’attendait personne. Aucun passant dans les rues. Une fine couche de neige saupoudrait la ville ; elle serait vite balayée par le vent. Mais, pour l’instant, on ne sentait pas le moindre souffle d’air.

Trois voitures sérigraphiées débouchèrent du tunnel. Le mugissement de leurs sirènes s’était à peine évanoui qu’il aperçut une autre voiture blanche et bleue remonter d’Högsbohöjd.

La radio de service réitérait le message d’alerte concernant Jerner et l’enfant.

Winter obliqua dans la rue Grimmered et trouva sans peine la maison. Derrière la butte à laquelle elle s’adossait, le ciel se partageait entre jaune vif et bleu roi. Ç’allait être une belle journée de Noël. Il faisait froid. Il était plus de neuf heures.

Elle était habillée quand elle ouvrit. Un homme se tenait à son côté, les cheveux ébouriffés, les yeux rougis… la gueule de bois.

— Entrez, fit-elle. Le magnétoscope est par ici.

Il avança la bande jusqu’à la séquence avec le garçonnet. L’homme sentait l’alcool et parut se retenir de vomir en voyant la scène.

— C’est Mårten Wallner, déclara-t-elle.

— Où vit-il ?

— Ils habitent à… tout près d’ici… j’ai la liste d’adresses sur le frigo…

Winter appela de la cuisine.

— Mårten est un lève-tôt, répondit sa mère. Il est descendu sur le terrain de jeux.

— Seul ?

— Oui. De quoi s’agit-il ? fit-elle en raidissant le ton.

— Allez le chercher ! lança-t-il, avant de lâcher le combiné et de se précipiter vers l’entrée.

— J’ai entendu, fit l’assistante maternelle. Le terrain de jeux… si c’est le bon… se trouve de l’autre côté de la butte. C’est plus près d’ici.

Elle pointa du doigt la direction et il piqua un sprint. On ne pouvait jamais savoir, jamais. Il revoyait le visage d’Elsa dans l’enregistrement vidéo.

Des sapins couronnaient la butte. Le petit terrain de jeux se dessinait en contrebas. Un enfant encapuchonné s’en éloignait, la main dans celle d’un homme qui portait une grosse veste et un bonnet ou une casquette. Winter ne l’apercevait que de dos, il glissa soudain dans la pente et se griffa sur le gravier gelé. Il les appela et l’enfant se retourna, puis l’homme fit de même et s’arrêta.

— Ce n’est que nous.

Le garçonnet regarda Winter et leva ensuite les yeux sur son papa.

*

Ringmar préparait une omelette basque dans la cuisine. Winter lui avait donné la recette avant de s’installer au salon pour appeler Angela.

Il ne parlerait pas du film. Pas maintenant.

— Mon Dieu, fit-elle. Mais vous allez le retrouver, n’est-ce pas ?

Elle voulait parler du petit garçon.

C’était une question délicate. Ils savaient qui était le coupable, mais pas il était. Winter était habitué à la situation inverse : un cadavre de victime, mais pas de meurtrier. Parfois, il leur manquait les deux identités. Ou alors, des enfants disparaissaient et ne revenaient jamais à la maison. Personne ne savait, ne saurait jamais.

— Nous faisons tout notre possible.

— Depuis quand tu n’as pas dormi ?

— Je ne sais plus.

— Deux jours, non ?

— Mmm.

— Tu ne peux pas continuer comme ça, Erik.

— Merci, doc.

— Je parle sérieusement. Tu ne pourras pas tenir un jour de plus sur les cigares et le café.

— Les cigarillos.

— Il faut que tu manges. Mon Dieu, je parle comme si j’étais ta mère.

— Bertil nous cuisine une omelette. Je sens d’ici le poivron grillé.

— Carbonisé… Erik, tu dois te reposer un peu. Une heure au moins. Tu as des collègues.

— Oui, oui. Mais j’ai ça dans la tête. Et Bertil aussi.

— Comment va-t-il ?

— Il a eu sa femme au téléphone. Il ne veut pas me raconter. Mais il semble… plus calme.

— Où se trouve Martin ?

— Je ne sais pas. Je ne suis pas sûr que Bertil le sache, je ne lui ai pas encore demandé. Il m’en parlera quand il le voudra.

— Embrasse-le de ma part.

— Promis.

Ringmar l’appela de la cuisine.

— Allonge-toi deux ou trois heures, insista-t-elle.

— Oui.

— Qu’est-ce que tu vas faire, après ?

— J’en sais foutre rien, Angela. On y réfléchira en mangeant. Mais on cherche de tous les côtés.

— Tu as annulé ton vol ?

— Comment ça ? Pour demain ?

Son vol sur l’avion qui décollait pour Malaga en fin d’après-midi. Retour deux semaines plus tard. Le billet était sur la table de l’entrée, comme un aide-mémoire.

— C’est évident, excuse-moi…

— Non, fit-il. Je n’annule pas.

 

— Où peuvent-ils bien être ? grommela Ringmar par-dessus la table.

Ils avaient cherché d’éventuels amis de Jerner, des collègues, des parents… Jerner ne semblait pas avoir de connaissances.

Il était en arrêt-maladie ces derniers jours. Ce n’était pas de son travail qu’il sortait quand il s’était présenté dans le bureau de Winter. Il était rentré là-bas, s’était dit le commissaire en apprenant ces informations. Pour déguerpir aussitôt, probablement. Mais où ?

Winter leva les yeux de son assiette. Il avait ressenti un léger vertige en s’asseyant, mais à présent celui-ci s’était dissipé.

— On va chez le vieux ! décida-t-il.

— Chez Carlström ? Pourquoi donc ? Les collègues de Skövde sont déjà passés.

— Ce n’est pas ça… Il y a… quelque chose qui m’intrigue chez Carlström.

Ringmar ne répondit pas.

— Quelque chose d’autre, qui pourrait nous aider, continua Winter, en repoussant son assiette. Tu comprends ?

— Je ne suis pas sûr de comprendre.

— C’est quelque chose qu’il a dit. Ou pas dit. Mais c’est aussi quelque chose là-bas, chez lui, que j’ai vu. Je crois.

— OK, soupira Ringmar. Nous ne pouvons pas en faire beaucoup plus ici, en ville. Pourquoi pas ?

— Je conduis.

— Tu n’es pas trop fatigué ?

— Après ce repas revigorant ? Tu plaisantes ?

— On peut toujours demander un chauffeur.

— Non. On a besoin de tout le monde sur l’opération de porte-à-porte.

Le téléphone sonna.

— Conférence de presse dans une heure, annonça Birgersson.

— C’est toi qui t’en charges, Sture, déclara Winter.

 

Dans la rue, avant leur départ, Winter fuma un Corps. La nicotine le réveilla. Il évita de regarder les gros titres des journaux devant la boutique de quartier.

La ville paraissait désertée. Normal pour un jour de Noël, sur le point de se terminer. Où avait-il disparu, lui aussi ? Le crépuscule tombait sur la fabrique de margarine Pellerin.

— J’ai rappelé Skövde, dit Ringmar. Personne chez Carlström, pas de traces de pneus. Ils les auraient vues dans la neige fraîche. (Il régla la radio de service.) Quant au vieux Smedsberg, il n’ouvre pas la bouche dans sa cellule.

— Mmm.

— Et voilà qu’il recommence à neiger.

— Le temps clair n’a pas duré.

— Les traces vont de nouveau disparaître.

 

Ils avaient trouvé un raccourci pour rejoindre la ferme de Carlström sans passer devant celle de Smedsberg.

La neige était épaisse sur la plaine.

Winter n’avait pas annoncé leur visite, mais le vieillard parut la considérer comme évidente.

— Excusez-nous de vous déranger une nouvelle fois.

— Faut pas. Vous voulez une tasse de café ?

— Oui, merci.

Carlström se dirigea vers le poêle à bois qui rougeoyait très fort. Il faisait une chaleur infernale dans la petite cuisine. Sauf qu’en enfer Winter était persuadé qu’il faisait froid.

Dans ce four, il risquait de s’endormir au milieu d’une phrase.

— C’est une sombre histoire, déclara Carlström.

— Où Mats peut-il être maintenant ? demanda Winter.

— Je ne sais pas. Il n’est pas ici.

— Non, je comprends bien. Mais où a-t-il pu aller ?

D’une boîte couverte de rouille, Carlström déversa, ou déchargea, le café dans la cafetière.

— Il aimait la mer, finit-il par répondre.

— La mer ?

— Il aimait pas la campagne. Ça y ressemble, mais c’est pas la mer. (Carlström se retourna. Winter perçut une certaine tendresse dans son regard.) Il était capable de délirer sur le ciel, les étoiles, et puis la mer.

— La mer, répéta Winter en échangeant un regard avec son collègue. Connaissez-vous un endroit qu’il fréquentait ? Ou une personne ?

— Non, non.

Carlström apporta le café. Curieusement, sur la table étaient posées deux jolies tasses. Winter les contempla. Elles lui évoquaient quelque chose. En rapport avec ce qui l’avait fait venir ici.

Ringmar entreprit de raconter les faits qui concernaient Georg Smedsberg.

Carlström marmonna quelques mots qui leur échappèrent.

— Pardon ? fit Winter.

— C’est lui.

— Oui, acquiesça Ringmar.

— Attendez, intervint Winter, que voulez-vous dire par là ?

— C’est de sa faute, souffla Carlström en baissant les yeux vers la petite tasse dissimulée dans sa main, qui tremblait légèrement. C’est lui. Ça serait pas arrivé… sans ça…

C’était cela, Winter savait maintenant pourquoi ils étaient revenus ici. Il n’avait pas cessé d’y penser. Il se leva. Seigneur Dieu !

Si seulement il avait pu voir ça la seconde fois, ou déjà la première. Mais il n’avait pas réfléchi, pas compris.

— Excusez-moi, lança-t-il en sortant de la cuisine.

Dans le coin le plus reculé du vestibule s’enfonçait un placard. Le plafonnier éclairait d’une lumière grêle la tablette supérieure où s’alignait une petite collection de photos dans des cadres anciens qui renvoyaient des reflets vaguement dorés ou argentés. Winter n’y avait jeté qu’un œil rapide, mais il avait aperçu un visage, le deuxième sur la gauche, celui d’une jeune femme blonde aux yeux bleus. Et la raison pour laquelle il s’en souvenait, c’étaient ses traits qu’il avait reconnus plus tard, la veille ou Dieu sait quand, le soir de Noël, dans son bureau. Son visage lui était resté en mémoire, son regard d’une étrange acuité.

Winter se rapprocha. Elle avait un petit sourire qui s’était sans doute effacé aussitôt prise la photo. La ressemblance avec Mats Jerner était frappante, effrayante.

Il avait déjà vu ce visage auparavant. Le portrait encadré sur le buffet, dans la cuisine de Georg Smedsberg. Celui d’une femme d’âge mûr qui souriait timidement en noir et blanc. C’est ma femme, avait dit le vieux. La mère de Gustav. Elle nous a quittés.

Il entendit traîner des pieds jusqu’au seuil, les pantoufles de Carlström.

— Ouais.

Winter se retourna. Bertil se tenait derrière le vieillard.

— C’était y a bien des années.

— Que s’est-il passé ? fut la seule question que Winter parvint à formuler.

— Elle était très jeune, dit Carlström, avant de s’effondrer sur la chaise la plus proche.

Il regarda Winter droit dans les yeux.

— Non, non. Je suis pas le père de Mats. Elle était très jeune, comme je vous disais. Personne sait qui c’est. Elle a rien dit.

Carlström eut un geste vague.

— Ses parents étaient vieux et ils ont pas supporté. Je sais pas si ça les a tués, mais c’est allé vite. L’un après l’autre.

— Vous… vous êtes occupé d’elle ? s’enquit Winter.

— Oui, mais c’était après.

— Après quoi ?

— Après… le gamin. Elle l’avait déjà.

Winter hocha la tête et attendit la suite.

— Elle est revenue… sans lui. C’était mieux, qu’elle a dit. (Carlström remua sur sa chaise, comme sous la torture, tandis que Winter se sentait, lui, très alerte, tous les sens en éveil.) Ils restaient en contact, mais…

— Que s’est-il passé ensuite ?

— Après… ouais, vous savez. Après, elle l’a rencontré.

— Georg Smedsberg ?

Carlström ne répondit pas, comme pour taire le nom de cet homme.

— C’est lui qu’a fait ça, reprit-il en relevant la tête, des larmes dans les yeux. C’était… c’est lui. Il a déglingué le gamin. (Il jeta un regard sur Winter, puis sur Ringmar.) Le gosse était d’jà… amoché avant, mais il l’a complètement déglingué.

— Et Gerd… elle le savait ?

Carlström garda le silence.

— Que savait-elle ? insista Winter.

— Elle avait déjà l’deuxième, dit Carlström comme s’il n’avait pas entendu la question.

— Le deuxième garçon ? Gustav ?

— Elle était d’jà plus toute jeune, acquiesça Carlström. L’premier est venu tôt, l’deuxième tard. (Il remua sur la chaise qui craqua.) Et ensuite… ensuite… elle a disparu.

— Comment cela ?

— Y a un lac plus loin dans la commune d’à côté… Elle savait. Elle savait. Elle était pas… en bonne santé. Avant non plus.

Carlström baissa la tête, comme dans une prière, Notre Père, que ton règne vienne, sur la terre comme au ciel, puis il la releva. J’ai pris soin de lui, de Mats… quand elle pouvait plus. Il est venu vivre ici. (Carlström se leva lentement.) Mais ça, vous l’connaissez déjà.

Qu’est-ce que savaient les services sociaux ? s’interrogea Winter. On confiait rarement un enfant à un homme célibataire, il y avait déjà réfléchi auparavant. Mais Carlström avait paru… sûr. Était-ce le cas ?

— Je vous l’dirais, où il est Mats, si seulement je l’savais.

— Il y a encore un endroit, dit Ringmar.

 

Ils roulaient sans parler à travers la plaine. La distance leur parut plus courte cette fois. La maison de Smedsberg était cachée par la grange quand ils arrivaient de ce côté-là. Le crépuscule et l’averse de neige les empêchaient d’y voir clair. La route se confondait avec les champs qui disparaissaient à l’horizon. Winter se gara à vingt mètres de la bâtisse.

Une fenêtre était éclairée à l’étage.

Ringmar ouvrit l’une des portes de la grange, alluma et examina le sol couvert de copeaux de bois.

— Une bagnole est passée par ici, il n’y a pas longtemps, dit-il, en négligeant la Toyota de Smedsberg, toujours garée sur la droite.

Winter parvint à crocheter la porte d’entrée de l’habitation. La lumière provenant de l’étage se répandait jusque dans l’escalier et le vestibule.

— Les collègues de Skövde auraient-ils oublié d’éteindre ? s’étonna Ringmar.

— Je ne pense pas.

Une barquette de beurre était posée sur la paillasse de la cuisine, ainsi qu’un verre qui avait vraisemblablement contenu du lait.

— Juste un verre, constata Ringmar.

— Admettons que c’est le gamin qui a bu dedans.

— Ils sont venus aujourd’hui.

Winter ne répondit pas.

— Il a réussi à quitter la ville, continua Ringmar. On n’a pas fait surveiller la maison. Est-ce qu’on avait les hommes ?

— Il n’avait pas de raison de rester ici, raisonna Winter. C’était juste un refuge provisoire.

— Pourquoi pas chez Carlström ?

— Il se doutait que nous irions chez lui. (Il regarda autour de lui dans la cuisine qui sentait l’humidité et le froid.) Il comptait sur le fait que cet endroit serait abandonné et oublié.

— Comment pouvait-il en être sûr ? dit Ringmar qui se pétrifia aussitôt.

— Nom de Dieu ! cria Winter en sortant son mobile.

Il hurla l’adresse de Gustav Smedsberg au collègue du central : foyer étudiant de Chalmers, numéro de chambre, mais restez à l’extérieur, voitures banalisées, il y est peut-être ou il va y arriver, il pourrait être en route en ce moment. Ne le faites pas fuir, OK ? Ne le faites pas fuir ! On arrive !

 

Winter roulait en direction du sud. La nuit tombait vite.

— Le vieux Smedsberg a donc abusé sexuellement des deux garçons, résuma Winter.

— Et moi qui ai reconduit Gustav chez lui cette nuit ! J’étais con, mais con ! J’ai donné une cachette à Jerner ! Deux même ! Gustav a dû lui raconter que son père était sous les barreaux, que la maison était vide. (Ringmar secoua la tête.) Je lui ai donné du temps. Un temps d’avance sur nous.

— Nous ne sommes pas sûrs qu’il soit allé chez Gustav.

— Il y est allé. C’est son frère.

La vérité leur avait sauté au visage lorsque Natanael Carlström avait raconté… la vérité. Winter était convaincu que c’était la vérité. Gustav Smedsberg et Mats Jerner étaient frères, demi-frères. Ils n’avaient pas été élevés ensemble, mais ils avaient la même mère et le même homme avait détruit leur vie, en tout cas pour l’un d’entre eux.

Pourquoi Carlström n’avait-il pas dénoncé Georg Smedsberg depuis longtemps ? Depuis combien de temps était-il au courant ? Mats avait-il raconté les choses… plus tard ? Aussi tard qu’en cette nuit de Noël ? Était-ce la raison pour laquelle Carlström les avait appelés ? Il ne pouvait pas le dire au téléphone ? Ça lui ressemblait, après tout.

— Je me demande à quel moment ils ont appris qu’ils étaient frères, continua Ringmar.

— Nous allons poser la question à Gustav.

Ils dépassèrent la fabrique de margarine Pellerin. Le trafic était plus dense que tout à l’heure. Les gens marchaient dans les rues du centre-ville comme un samedi soir ordinaire. En plus grand nombre, même.

— Le soir du 25 est devenu le soir où l’on sort entre copains, constata Ringmar sur un ton monocorde.

Des taxis patientaient devant l’hôtel Panorama dont les murs de verre étaient parsemés d’étoiles.

Winter se gara devant le foyer étudiant où la plupart des fenêtres étaient aussi sombres que la façade.

Bergenhem et Börjesson se glissèrent sur la banquette arrière.

— Personne n’a franchi le porche ni pour entrer ni pour sortir, chuchota Bergenhem.

— Absolument personne ?

— Non.

— Alors on y va ! déclara Winter.