Le premier
personnage, ici, c’est Venise – une Venise d’hiver, plus souvent brumeuse qu’ensoleillée,
la Venise labyrinthique des rues éloignées, quasi désertes.
Le deuxième
personnage – elle – est une princesse romaine résidant dans un hôtel de luxe, fréquentant
les milieux snobs et cosmopolites, et venue là pour une salle des ventes, à la
recherche d’œuvres d’art.
Le troisième
personnage – lui – est le guide d’un groupe de touristes minables traîné à l’économie
de monument en monument. Guide dont l’érudition et la distinction contrastent !
étrangement avec une valise râpée et un imperméable constellé de taches.
Ce qui résultera de
leur imprévisible rencontre, et pourquoi celle-ci prendra sans cesse des
allures d’énigme, c’est l’objet de ce roman. Où l’ironie et le sens du détail
vrai, qui sont propres à Fruttero et Lucentini, se doublent de tendresse, de
nostalgie-de profondeur.
Rarement écriture à quatre mains aura été aussi réussie que
celle à laquelle Carlo Fruttero (né à Turin en septembre 1926) et Franco
Lucentini (Rome, 1922-2002) ont attaché leur nom et leur travail. Traducteurs (plus
de vingt langues à eux deux), directeurs de collection – on leur doit deux des
meilleurs anthologies de science-fiction parues en Italie –, journalistes et
chroniqueurs – ils ont signé des milliers d’articles et tribunes dans les plus
prestigieux journaux de la Péninsule, dont certains ont été réunis et traduits
sous le titre La Prédominance du crétin (1988) –, romanciers enfin et
surtout, Fruttero et Lucentini ont connu un succès mondial avec une série de romans
policiers où les préoccupations « métaphysiques » laissent toujours
une large place à l’humour. Ils publieront notamment : La Femme du
dimanche (1973), adaptée au cinéma par Luigi Comencini avec Marcello
Mastroianni, La Nuit du grand boss (1980), premier « polar »
mêlant démons et merveilles de l’informatique, L’Amant sans domicile fixe
(1988), unanimement considéré comme leur plus grande réussite, ou encore Place
de Sienne, côté ombre (1985), La Couleur du destin (1989), L’Affaire
D ou le Crime du faux vagabond (1991), enquête-roman sur Le Mystère d’Edwin
Drood, de Charles Dickens, et Ce qu’a vu le vent d’ouest (1993). Pendant
près de quarante ans, le duo littéraire aura ainsi brossé un magistral tableau
de l’Italie du dernier quart du XXe siècle.
Remarque
La relecture a été effectuée par agachod qu'elle en soit remerciée, le reste par mes soins.
Lien Livre : http://www.mediafire.com/?t8ctuxcns4vl7ns