La porte métallique battait doucement contre le chambranle. Comme elle n’avait pas de poignée, Franx glissa les doigts entre la tranche et les pierres taillées pour l’entrouvrir. Le vent la prit en travers et la claqua violemment contre le mur. Elle ressemblait comme une jumelle à la porte qui lui était apparue dans ses visions quelques instants plus tôt. Elle donnait sur un escalier dont il n’entrevoyait que les premières marches. Il les descendit prudemment et s’engagea dans un passage imprégné d’une forte odeur de moisissures. Après que ses yeux se furent accoutumés à l’obscurité, il distingua une voûte grise au-dessus de sa tête, identique, là encore, à celle qu’il avait entrevue dans sa vision.
« Surya ? »
Sa voix mourut en échos décroissants dans le silence. Il n’avait pas retrouvé la fillette dans la cour intérieure. Elle n’avait pu s’échapper que par cette porte. Il déverrouilla le cran de sûreté du fusil et, l’arme pointée devant lui, pénétra dans le passage en pente descendante. Le froid reculait au fur et à mesure qu’il s’enfonçait dans les entrailles de la Terre. Il lui sembla entendre des bruits dans le lointain, accéléra le pas, faillit buter sur une énorme pierre dont l’affaissement avait provoqué un début d’éboulement. Il tira une lampe torche de la poche de son manteau. Il évitait autant que possible de l’utiliser, afin d’épargner les piles, mais, à l’intérieur de cette galerie plongée dans les ténèbres, il risquait à tout moment de tomber dans une crevasse ou de heurter un obstacle. Le rayon dévoila des parois suintantes, des objets disséminés sur le sol de terre battue, des bouteilles fracassées, des cageots débordants de légumes ou de fruits secs recouverts d’une mousse cryptogamique blanche et bouffante. Des grattements retentirent à quelques mètres de là. Il braqua le faisceau lumineux sur la source du bruit, entrevit un mouvement furtif, un éclair grisâtre qui disparut dans un amoncellement de cartons, de journaux, de vêtements, de fils électriques, de caisses. Il dévala, un peu plus loin, un deuxième escalier droit aux marches creusées. Le sang s’était remis à circuler dans ses mains et ses pieds, réveillant des douleurs aiguës. Le faisceau débusqua des formes grouillantes dans les recoins d’obscurité, des rats gris aux yeux brillants, poussant des couinements agressifs. Il espéra que, si Surya était passée par là, ils ne l’avaient pas déchiquetée. La faim pouvait les rendre audacieux, impitoyables. Ils ne reculèrent pas face à la lumière, certains hérissèrent le poil et montrèrent les dents. Ils nettoyaient de ses derniers lambeaux de chair la dépouille d’un lapin ou d’un chat. Il les abandonna à leur sinistre besogne et parvint, à l’extrémité d’une galerie plus étroite, devant une deuxième porte métallique. Quelqu’un l’avait entrouverte et n’avait pas pris soin de la refermer. Des rayons obliques de lumière s’en échappaient et éclairaient le sol légèrement bombé et les poutres vermoulues du chambranle. Il l’ouvrit prudemment et, le fusil toujours levé, s’introduisit dans une immense cave d’une hauteur de quatre ou cinq mètres. L’odeur suffocante l’informa qu’il venait de pénétrer dans une ancienne champignonnière. Un rectangle de lumière éclairait, sur un côté de la pièce, un pan de paroi et une dizaine de silhouettes assises en demi-cercle. Un écran de télévision ou d’ordinateur. Des pensées d’espérance dansèrent une folle sarabande dans l’esprit de Franx : certains endroits du monde étaient donc toujours connectés entre eux, tous les continents n’avaient pas été touchés, l’Europe serait bientôt secourue, la vie reprendrait son cours.
« C’est elle que vous cherchez ? »
Il sursauta et pivota sur lui-même, le fusil pointé sur l’homme qui avançait dans sa direction, tenant Surya par la main.
« Hé, mec, cool avec ton flingue ! Personne ne te veut de mal. »
Surya lâcha la main de l’homme et vint se placer contre la jambe droite de Franx.
« C’est ta fille ? »
L’homme, d’une trentaine d’années, portait une casquette de base-ball, une barbe blonde de plusieurs jours, des baskets blanches, une veste d’un cuir épais et usé. Ses yeux se posaient comme deux oiseaux effarouchés sur le canon du fusil. Franx retira ses lunettes, son foulard et son bonnet, puis il dégagea la tête de la fillette. Elle lui adressa l’un de ces merveilleux sourires qui avaient le don de désamorcer instantanément les humeurs et les colères les plus noires.
« Il ne faut plus me faire des peurs comme ça ! » murmura-t-il d’une voix plus douce qu’il ne l’aurait voulu.
Des larmes perlèrent à ces cils. Il garda la tête baissée en attendant que cette stupide envie de pleurer soit passée.
« Vous venez d’où ? demanda l’homme.
— De Paris », répondit Franx.
Des lueurs vives enflammèrent les yeux bruns de son vis-à-vis.
« Comment c’est, là-bas ? »
Lançant un bref regard autour de lui, Franx se rendit compte que d’autres hommes et d’autres femmes s’étaient approchés d’eux, jeunes pour la plupart, les visages creusés par l’angoisse.
« Il ne reste pratiquement plus un seul immeuble debout », finit-il par dire d’un ton las.
Ils se pressèrent autour de lui et l’abrutirent de questions. Ils avaient eux aussi ressenti les secousses, mais ils n’y avaient pas vraiment prêté attention jusqu’à ce qu’ils essaient de remonter à la surface et que le froid et l’obscurité les obligent à revenir dans l’ancienne champignonnière où ils tournaient un film. Deux membres de l’équipe, le réalisateur et le chef opérateur, avaient décidé de partir en reconnaissance. Le réalisateur était revenu quelques heures plus tard dans un sale état. Il avait eu le temps de leur dire, avant de mourir, que le froid avait eu raison de son compagnon. Depuis, ils montaient régulièrement à la surface pour voir comment évoluaient les choses. Ils disposaient de réserves de nourriture qu’ils cuisinaient à l’aide des trois réchauds à gaz alloués par la production. Par chance, cette dernière avait prévu large, à la fois en vivres, en eau et en bouteilles de gaz. De même ils pouvaient se servir d’un petit générateur prévu pour alimenter les batteries, les moniteurs et les projecteurs. Il leur restait environ la moitié de l’essence répartie en plusieurs jerrycans. Franx leur demanda pourquoi ils gaspillaient le précieux carburant pour simplement allumer des écrans. Le premier assistant, le type à la casquette de base-ball qui l’avait accueilli à son arrivée, lui répondit qu’ils avançaient dans leur travail en visionnant les rushes, en effectuant un boulot de prémontage. Coupés du monde, ils n’avaient pas mesuré l’ampleur du cataclysme. Franx leur expliqua que la ville de Paris était entièrement détruite par les tremblements de terre, que le monde connaissait un tel bouleversement qu’il mettrait probablement des siècles à s’en remettre, que leur film ne serait diffusé par aucun réseau ni hertzien ni satellite, qu’ils devaient donc garder précieusement leur énergie pour les fonctions essentielles, manger, se chauffer, dormir, jusqu’à ce que la planète ait achevé sa mue. Ils auraient été bien inspirés par exemple, pendant qu’ils en avaient encore la force et la lucidité, de traquer et de manger les rats avant que ceux-ci, affamés, ne se jettent sur eux et ne les taillent en pièces. Dans un environnement où les ressources se raréfiaient, la lutte pour la survie serait implacable. Il fallait donc se débarrasser des habitudes comme de frusques usées, revenir à l’essentiel, s’organiser sans perdre un instant pour surmonter les épreuves qui les attendaient. Ses paroles soulevèrent de l’effroi et de la colère chez ses interlocuteurs.
« Je crois que vous exagérez. »
La femme blonde qui venait de parler d’une voix forte émergea de la pénombre et s’avança vers Franx. Il la reconnut instantanément bien qu’il ne regardât pratiquement jamais la télévision et n’allât plus au cinéma depuis des lustres : Charline Sibony, ex-étoile du grand écran, promue vedette de télévision à l’aube de la quarantaine après une éclipse d’une dizaine d’années, égérie de quelques causes humanitaires et de nombreuses marques, blondeur et beauté intactes, l’une des personnalités préférées des Français malgré ses frasques et l’interminable liste de ses amants. Vêtue d’un manteau blanc noué à la taille, le visage en partie enfoui dans le col remonté, elle s’approcha et planta ces célèbres yeux myosotis dans ceux de Franx.
« Manger du rat ? dit-elle avec une moue. Vous êtes complètement dingue, mon vieux ! Nous avons de quoi tenir quelques jours. Le temps que cette saleté de tempête fiche le camp ! »
Il éprouva les pires difficultés à se soustraire à l’attraction magnétique de son regard, à l’enchantement de sa beauté.
« Je ne parle pas de tempête, répliqua-t-il aussi calmement que possible. Mais de cataclysme planétaire. La Terre a bougé, il n’y a plus ou pratiquement plus de protection magnétique, des régions entières ont sans doute disparu sous les eaux, les anciens volcans se sont réveillés un peu partout, de nouveaux sont apparus. Leurs éruptions simultanées forment une brume de particules en suspension qui bloque la lumière du soleil et mettra à mon avis six ou sept ans à se disperser. Six ou sept ans d’obscurité et de froid glaciaire, une peccadille sur le plan géologique, une éternité pour les êtres vivants. Il vous faut maintenant économiser votre carburant, votre nourriture, votre eau, votre énergie, et je vous répète que, si vous ne chassez pas ou ne mangez pas les rats, ce sont les rats qui vous mangeront. »
L’actrice le dévisagea avec un mélange d’incrédulité, de dédain et de frayeur.
« Impossible ! Impossible ! On ne nous a pas abandonnés, on viendra bientôt nous chercher.
— Comment les secours arriveraient-ils jusqu’à vous ? Les avions ne volent plus, les voitures, les trains ne roulent plus, l’électricité est coupée, les systèmes téléphoniques et informatiques ne fonctionnent plus. À pied, si vous n’êtes pas équipés, vous ne ferez pas plus d’un kilomètre. Comme ces deux hommes de votre équipe qui sont partis en reconnaissance.
— D’où tenez-vous vos informations ? » Plus une seule trace d’ironie dans la voix grave de Charline Sibony. « Selon vos propres paroles, il n’y a plus de télé, plus de radio, plus de journaux. Comment pouvez-vous affirmer que nous allons être bloqués là pendant six ou sept ans ? Vous vous êtes trompé, je suis sûre et certaine que vous vous êtes trompé. »
Franx remit le fusil en bandoulière et, machinalement, posa la main sur l’épaule de Surya.
« Les calculs des anciens et de certains modernes se rejoignaient pour annoncer un cataclysme à l’échelle planétaire. Je les ai étudiés. Le grand bouleversement est seulement arrivé quelque temps avant le moment prévu. La Terre éprouve régulièrement le besoin de se secouer, de se régénérer. C’est ce que les Mayas appelaient la Croix cosmique, ou l’Arbre sacré, un cycle d’environ cinq mille ans. Faites ce que vous voulez. Je ne vous oblige pas à me croire. »
Les dialogues criards des rushes qui se déroulaient sur l’écran dominaient par instants le ronronnement discret du générateur électrique. Plus personne ne s’intéressait désormais au film, la vingtaine de membres de l’équipe étaient suspendus aux paroles de Charline Sibony et de Franx.
« Qu’est-ce que vous foutez dehors avec cette gamine ? Si vous pensez vraiment ce que vous affirmez, vous seriez resté tranquillement chez vous en attendant le retour du soleil, non ? »
La voix puissante de l’actrice se ficha dans son plexus avec la violence et la précision d’une lame. Il n’avait pas cru à ses propres intuitions ni à ses calculs, miné par le découragement et l’hostilité des autres membres de l’arche. S’il s’était cramponné à ses convictions, il n’aurait jamais entrepris le voyage à Paris, il serait resté dans le Feu de Dieu en compagnie d’Alice et des enfants, il aurait attendu le cataclysme, il aurait pu les protéger de la rapacité de Jim le parasite. Il était loin d’eux parce qu’il n’avait pas su coller à sa réalité, qu’il s’était renié, séparé de lui-même.
« Un concours de circonstances m’a éloigné de chez moi. Je cherche maintenant à rentrer à la maison. La petite et moi, on a juste besoin de prendre un peu de repos à l’abri du froid et des cendres.
— C’est loin, chez vous ? demanda une femme.
— Périgord noir. Où sommes-nous, ici ?
— À Buc, entre Vélizy et Guyancourt, dans les Yvelines.
— Il me reste encore presque cinq cents bornes. Une faille m’a obligé à faire un énorme détour. C’est comme si je repartais du début.
— Vous venez tout juste de dire qu’on ne peut pas faire plus d’un kilomètre dans ce froid ! objecta Charline Sibony.
— Je n’ai pas le choix. Et puis je suis à peu près équipé.
— Votre fille ne tiendra pas le coup.
— Vous admettez donc que les choses ne s’amélioreront pas d’ici quelques jours ? »
L’actrice lui décocha un regard hostile, presque haineux, avant de tourner les talons et de s’évanouir dans la pénombre.
Boris, le premier assistant, offrit à Franx un matelas de polyester qui servait normalement à amortir les chutes des comédiens. Les scènes tournées dans la champignonnière racontaient la confrontation du personnage joué par Charline Sibony et du ravisseur de sa fille, une rencontre musclée qui finissait en bagarre, d’où la présence des matelas amortisseurs.
« On ne croit pas une seule seconde qu’une nana de la carrure de Charline puisse casser la gueule à un mec de quatre-vingt-dix kilos, ni même qu’elle puisse être mère d’une fille de deux ou trois ans, mais elle l’a exigé dans le scénario et la production ne peut rien lui refuser. Elle nous en fait baver grave pendant le tournage, c’est moi qui vous le dis. »
Franx remercia l’assistant, s’allongea aux côtés de Surya et tira sur eux les deux couvertures de laine qu’il avait dénichées dans un recoin de la grande salle voûtée. Il s’endormit assez rapidement malgré les éclats de voix des membres de l’équipe de tournage qui discutaient sur la conduite à suivre, les uns persuadés qu’ils rentreraient tranquillement chez eux dans quelques jours, les autres, ébranlés par les arguments de Franx, se demandant s’ils ne devaient pas se préparer à un long enfermement et, donc, à la nécessité de capturer et de manger des rats.
Une sensation de mouvement réveilla Franx. Quelqu’un se glissait à ses côtés sous la couverture. Il saisit la torche qu’il avait posée sous le matelas au-dessus de sa tête. Le rayon accrocha une chevelure blonde, un regard myosotis, un visage blanc enfoui dans un col relevé.
« Éteignez votre fichue lampe. »
Charline Sibony s’allongea et se serra contre lui.
« Qu’est-ce que…
— J’avais besoin de vous parler en privé. Votre fille dort ?
— Je crois. Ce n’est pas ma fille au fait, mais une gosse que m’a confiée sa mère mourante. Elle est muette. Vous voulez quoi, au juste ? »
Elle se rapprocha encore, il sentit sur sa joue son haleine tiède, troublante, et, au travers des étoffes, la chaleur de son corps.
« J’ai repensé à ce que vous avez dit tout à l’heure, chuchota-t-elle. J’ai lu un tas de bouquins sur les prédictions apocalyptiques. Je n’y ai jamais cru, mais, parfois, la vie vous paraît si… insignifiante que vous en arrivez à souhaiter un changement radical, un cataclysme. Ce que vous êtes incapable de faire, vous espérez que la nature s’en chargera. »
Franx entreprit de se reculer, mais le corps de Surya, allongé quelques centimètres plus loin, le contraignit à demeurer dans l’attraction de Charline Sibony. Les trois quarts des mâles français auraient aimé être à sa place en ce moment. Du temps de sa splendeur, considérée comme l’une des plus belles femmes du monde, elle avait posé pour un nombre invraisemblable de magazines et de calendriers, parfois habillée, souvent nue, et ses posters avaient orné les murs d’innombrables chambres de célibataires ou les cloisons des cabines de routiers. Il avait lui-même fantasmé sur elle pendant son adolescence. Il se souvenait d’une photo double page, où allongée sur un sofa de velours rouge, elle posait négligemment sur son entrejambe une main qui ne cachait pas grand-chose de son intimité. Il se demandait s’il ne rêvait pas, si c’était bien Charline Sibony qui était allongée contre lui, la déesse tombée de l’Olympe pour partager avec les hommes un peu de sa gloire éclatante, l’actrice qui avait tourné avec les plus prestigieux metteurs en scène avant de connaître une éclipse soudaine et de revenir en grâce, dix ans plus tard, humiliée, humanisée, dans la petite lucarne.
« Vous pensez certainement que je suis mal venue de me plaindre, moi qui ai vécu tout ce dont peut rêver une femme, moi qui ai à peu près tout connu sur cette terre, mais plus je m’approchais de la lumière, et plus le vide grandissait en moi, yin et yang, vous connaissez ? J’ai tout tenté pour le combler, amants, alcool, cocaïne, je suis devenue une loque, incapable de mémoriser deux lignes de texte, d’ânonner trois mots, j’ai fait six cures de désintoxication, et puis j’ai réussi à décrocher et à revenir dans le circuit, mais le vide est toujours là, au fond de mon ventre, le gouffre continue de se creuser, je sais maintenant ce qui aurait pu le combler, mais il est trop tard, j’ai passé la cinquantaine, je resterai une branche morte, je m’effacerai de la surface de cette Terre sans laisser de trace.
— Il restera vos films… »
Le petit rire enroué de Charline vibra sur les lèvres de Franx.
« Si vous avez raison, plus personne ne regardera mes films. Et puis, même si quelques salles restent debout, ils se comptent sur les doigts de la main, les films honorables auxquels j’ai participé. Aucun chef-d’œuvre dans le… »
Un bruit de pas l’interrompit. Un homme et une femme passèrent tout près et s’éloignèrent dans l’obscurité en semant derrière eux des murmures étouffés.
« … dans le tas, reprit Charline. Les réalisateurs s’arrangeaient surtout pour montrer mes fesses. Eh oui, il fut un temps où mes seules fesses garantissaient un financement confortable et un million d’entrées en salles. Un peu court comme argument artistique, non ? »
Elle lâcha un nouveau rire aux accents désespérés.
« Pourquoi me racontez-vous tout ça ? » demanda Franx.
La main de Charline se posa sur son avant-bras.
« Comment vous appelez-vous ?
— François-Xavier. Tout le monde m’appelle Franx.
— Eh bien, Franx, même si ce que vous affirmez est terrifiant, je crois au plus profond de moi que vous avez raison. Que la vie ne sera plus jamais comme avant. Que nous devons nous adapter. Je… je suis venue vous proposer un pacte. »
Elle glissa le bras autour de la taille de Franx et l’attira contre elle. Il ne lui opposa aucune résistance.
« Tu as réussi à faire le chemin de Paris jusqu’ici », reprit-elle. Ses lèvres effleuraient, ensorcelaient le cou de Franx. « Aucun de nous n’est préparé, contrairement à toi. Nous disposons d’un abri relativement sûr, de quelques réserves, mais ça ne suffira pas, nous avons besoin de quelqu’un comme toi pour réussir à passer ces temps difficiles.
— Vous pensez que… »
Charline prit la main de Franx et la plongea dans l’encolure de son manteau. Elle était nue en dessous et sa peau, brûlante.