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« Allô, bonjour Thomas, c’est papa à l’appareil. »
Un grand silence.
J’entends une respiration difficile très forte, puis la voix de la monitrice :
« Tu entends, Thomas ? C’est papa.
— Bonjour Thomas, tu me reconnais ? C’est papa, tu vas bien, Thomas ? »
Silence. Seulement la respiration difficile… Enfin, Thomas se met à parler. Depuis qu’il a mué, il a une grosse voix.
« Où on va, papa ? »
Il m’a reconnu. On peut continuer la conversation.
« Comment tu vas, Thomas ?
— Où on va, papa ?
— Tu as fait des beaux dessins, pour papa, pour maman, pour Marie ta sœur ? »
Silence. Seulement la respiration difficile.
« On va à la maison ?
— Tu fais des beaux dessins ?
— Martine.
— Elle va bien, Martine ?
— Des fites des fites des fites !
— Tu as mangé des frites, c’était bon ?… Tu veux manger des frites ? »
Silence…
« Tu fais un baiser à papa ? Tu dis au revoir à papa ? Tu fais un baiser ? »
Silence.
J’entends le combiné qui se balance dans le vide, des voix au loin. À nouveau la monitrice à l’appareil, elle me signale que Thomas a lâché le combiné, il est parti.
Je raccroche.
On s’était dit l’essentiel.