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Thomas parle à sa main, il l’appelle Martine. Il a avec Martine de longues conversations, elle doit lui répondre, mais il est le seul à l’entendre.
Il prend une petite voix pour lui dire des choses gentilles. Quelquefois le ton monte entre eux, il n’a pas l’air content du tout, Martine a dû dire quelque chose qui ne lui a pas plu, il prend alors une grosse voix et il l’engueule.
Peut-être qu’il lui reproche de ne pas savoir faire grand-chose ?
Il faut reconnaître que Martine n’est pas très habile et qu’elle ne l’aide pas beaucoup dans la vie quotidienne pour s’habiller, pour manger. Elle n’est pas précise, elle renverse quand il boit, elle tâtonne, elle ne sait pas boutonner sa chemise, elle ne sait pas lacer ses souliers, souvent elle tremble…
Elle ne sait même pas caresser correctement le chat, ses caresses ressemblent à des coups et le chat, qui a peur, se sauve.
Elle ne sait pas jouer du piano, elle ne sait pas conduire une voiture, elle ne sait même pas écrire, elle est tout juste bonne à faire des dessins abstraits. Peut-être alors que Martine lui répond que ce n’est pas de sa faute, qu’elle attend les ordres. Ce n’est pas à elle de prendre les initiatives, c’est à lui.
Elle n’est qu’une main.