Berenice Withers ne sentait plus son bras, à force de brandir son pendentif et d’user de ses pouvoirs contre l’offensive ennemie ininterrompue malgré la tombée de la nuit.
Alistair était reparti sur d’autres tours et bataillait sans relâche, lui aussi. Elle eut un instant de découragement en voyant un nouvel assaut aérien envahir le ciel. Liam et ses Interleukins ne s’y opposeraient pas : à sa demande, ils étaient occupés à défendre les positions de Maureen et ses compagnons, en difficulté depuis peu. Sur ordre de Solal, deux Archanges déposèrent un couple de Médicus sur le toit de la tour, aux côtés de Mrs Withers, pour la soutenir dans le nouvel affrontement qui s’annonçait. Pourtant, les avions ennemis se dispersèrent sans engager la moindre frappe.
– Qu’est-ce qui leur prend ? demanda l’homme.
– Positionnons-nous en triangle, nous couvrirons un champ de 360°, cria Mrs Withers pour dominer le vent et le rugissement des réacteurs. Et laissons-les s’approcher.
L’ennemi se déploya en éventail et lorsqu’il survola la masse compacte des tours, il largua d’étranges projectiles triangulaires. Les Médicus s’apprêtaient à les détruire en plein ciel, mais Mrs Withers les arrêta.
– Non, attendez que le premier touche le sol.
Largué trop tôt, il s’écrasa en avant des tours. Rien ne se produisit. Les autres rebondirent dans l’enchevêtrement des bâtiments sans plus de conséquences. L’un d’eux atterrit dans un fracas terrible sur le toit où se tenaient Mrs Withers et ses deux compagnons. La jeune femme Médicus fut frôlée et une profonde entaille, sur son bras, se mit à saigner. Pourtant, elle ne fit rien, tétanisée, le regard rivé sur ce qui venait de s’effondrer près d’elle. Mrs Withers avança et contempla elle aussi l’effroyable spectacle.
Celui d’une aile sauvagement arrachée.
Il pleuvait sur le Génodôme des ailes d’Archanges sacrifiés sur l’autel de la guerre. Une pluie sinistre qui anéantissait ses espoirs.