PLUS BELLE À 50 ANS QU’À 20… !?
30 septembre. Ce matin suis énervée.
C’est la lecture du Elle qui me fait
ça. Un jour nous sommes plus belles à 50 ans qu’à 20, la
semaine suivante, nous sommes fabuleuses si nous suivons leurs
conseils pour rajeunir de dix ans… Et moi dans tout ça, je fais
quoi, je suis où, je fais comment ?
Liste des choses à
faire :
- - Surprendre Sharon Stone au réveil et faire une série de photos que je vendrai à Choc.
- - Demander à Michelle Pfeiffer si elle organise une grande fête pour ses 60 ans.
- - Songer sérieusement au lifting dès que quelqu’un me dira : « Toi, tu ne changes pas… » En général, c’est mauvais signe.
C’est écrit, cette semaine : désormais, les
femmes sont bien plus belles à 50 ans qu’à 20 !
Enfin, quand je dis les femmes, je parle de Sharon
Stone et de Michelle
Pfeiffer, qui font la une de quelques magazines…
Donc je reprends : deux femmes dans le monde
sont plus belles à 50 ans qu’à 20.
Mais qu’ont-elles donc fait pendant ces
trente ans pour réussir une telle performance ?
Aujourd’hui (parce que moi je n’ai pas besoin
d’attendre la cinquantaine pour avouer), je ne me sens, mais alors,
pas du tout plus belle qu’à 20 ans.
Je dirais même… suis consternée lorsque je regarde
une photo de moi à 20 ans…
Quand ma mère me disait, alors que j’avais
seulement 10 ans : « Alice, tu es très
expressive », j’aurais dû me méfier.
Moi, je sais ce que j’ai fait pendant
trente ans : avec quatre expressions seulement, je me
suis métamorphosée en pruneau d’Agen.
a. L’étonnement se
caractérise aujourd’hui par un front profondément strié.
b. L’incompréhension
devant les choses de la vie se manifeste elle par la double ride du
lion (entre les deux yeux).
c. L’amusement, qui lui
a dû m’occuper aussi un bon moment, se définit par des rigoles
(logique) qui parcourent le bas des joues.
d. La gueule, que j’ai
fait souvent, s’illustre par une chute des commissures des
lèvres…
J’en déduis que, depuis
l’enfance, Sharon Stone et Michelle Pfeiffer ne se sont
jamais étonnées de rien, comprennent tout à la seconde, ne rient pas
beaucoup, sans pour autant faire la gueule.
Donc suis énervée quand je lis les
déclarations de Michelle Pfeiffer dans Elle : « J’ai la chance d’avoir des
parents qui font plus jeunes que leur âge », dit-elle pour
expliquer son look de jeune fille, puis : « Si vous
saviez comme j’ai attendu mes 50 ans… » Là, je me ressers un
thé (le troisième de la matinée), renversée par cette interview
vérité.
Que je suis bête. C’est vrai, on attend toutes
avec tellement d’impatience nos 50 ans.
Et alors nos 60, on piaffe…
Pour mes 70, j’hésite : privatiser le Bus
Palladium pour faire la teuf avec toutes mes copines, ou faire un
barbecue dans le parc de ma maison de retraite.
Merci Gala…
Comprends que pour avoir les vraies informations
quant à la sérénité de la quinquagénaire Michelle Pfeiffer, c’est
Gala qu’il faut acheter…
Oui, c’est étrange mais c’est comme ça : pour
comprendre pourquoi Michelle Pfeiffer a l’air d’avoir 15 ans
sur la couverture de Elle (et à
l’intérieur), il faut acheter Gala.
En une, c’est Sharon Stone qui « vend »
le « Spécial chirurgie esthétique : Elles veulent rester
jeunes à tout prix ».
Et là, tout s’éclaire. Dans les pages intérieures,
au-dessus de la photo de Michelle Pfeiffer, cette légende :
« Une rhinoplastie, des injections d’acide hyaluronique dans les cernes et une
lipostructure des pommettes », avec ce commentaire :
« Michelle Pfeiffer affiche à 50 ans un visage superbe
avec des petites retouches. » Autant dire, rien comparé à ce
que fait Madonna : « Botox, acide hyaluronique,
dermabrasion pour le teint et ribbon lift technique qui permet de
remonter les tissus de l’ovale du visage. »
Dans ce cas, comme le dit Julia Roberts également
abonnée à toutes ces techniques, « je n’ai pas peur de
vieillir ».
Lâche mes lectures, me dirige vers ma théière, en
sors les deux sachets Earl Grey, les essore et les pose sur mes
yeux.
Moi aussi je lutte.
PAS ENVIE DE RÉCAPITULER
Non, décidément pas envie, là.
Plus j’y pense, plus ces histoires d’âge me
paraissent surréalistes.
Oui, si je réfléchis : entre l’âge que j’ai,
celui que je fais, celui qu’on me donne et celui que j’ai
l’impression d’avoir, il y a comme un bug.
Lorsque je prononce mon âge, je me sens trahie.
Dans ma tête, j’ai entre 20 et 35 ans. Comment je le
sais ? Eh bien tout simplement en faisant un petit
récapitulatif des personnages féminins auxquels je m’identifie au
cinéma.
Dans Love actually, je
ne suis pas Emma Thompson, mais plutôt Keira Knightley.
Dans les James Bond,
je ne suis pas Moneypenny, je suis toutes les sublimes filles que
James tombe comme des mouches…
Dans Volver, je suis
Penélope Cruz, pas Carmen Maura.
Dans L’Arrangement, je
ne suis pas Vanessa Redgrave, je suis Faye Dunaway.
Dans La Boum, j’ai été
tour à tour Sophie Marceau et Brigitte Fossey, mais dans
Lol je suis toujours Sophie Marceau,
pas Françoise Fabian.
Dans J’ai quelque chose à te
dire, je ne suis pas Charlotte Rampling, je suis Mathilde
Seignier.
Le plus grave pour la fin. Dans Élisa, je suis Vanessa Paradis… Oui je sais, c’est
maladif, docteur.
Je capitule.