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Le Moyen Âge
Forêt de Sherwood, Angleterre
Perché sur un vieux chêne de bonne taille, Jay Gridley observait le château devant lui. L’édifice arborait toutes les caractéristiques propres à ce type de construction : de vastes douves, de hautes courtines, et une herse de fer levée juste derrière le pont-levis. Il apercevait de larges récipients de fer entre les créneaux au sommet des murs, récipients qu’il savait devoir être remplis d’huile bouillante. Il y avait également des douzaines d’archères et de meurtrières dans les murs épais. Ces étroites ouvertures permettaient aux archers et aux arquebusiers de faire pleuvoir une pluie de flèches sur quiconque tenterait de prendre d’assaut l’édifice.
Mais Jay n’envisageait aucunement de le prendre d’assaut. Il avait une tout autre idée en tête.
Il sourit. Que lui avait dit Saji à propos de l’arbre cachant la forêt ? Eh bien, il se retrouvait là, contemplant le paysage du haut d’un arbre dans la forêt.
Il redevint sérieux en songeant à Saji et à l’aide inestimable qu’elle lui apportait. Il avait fallu sa remarque pour l’amener à réfléchir. Et elle avait eu raison, en plus. Il n’avait pas regardé toute la banque quand il avait essayé d’y suivre la transaction monétaire. Il s’était focalisé sur la zone où s’effectuaient les transferts électroniques et cela avait été une erreur.
La salle des coffres était bien entendu parfaitement blindée. Après tout, les banques protégeaient l’argent de leurs clients. Si elles le perdaient, elles pouvaient mettre la clé sous la porte. Ce qui signifiait que vouloir pénétrer là où reposait l’argent était quasiment mission impossible, même pour lui.
Il sourit de nouveau à cette idée. Il se connaissait suffisamment bien pour se rendre compte que cette expression « quasiment mission impossible » sonnait pour lui comme un défi. Quelque part, il restait toujours tenté d’emprunter cette voie, rien que pour prouver au monde entier qu’il en était capable.
Il hocha la tête, riant de lui-même. Non, il lui fallait l’information, et vite. Et il fallait le faire par la voie la plus facile.
Du reste, il pourrait toujours revenir plus tard forcer la salle des coffres.
Il redescendit de l’arbre et se dirigea vers un coffre recouvert de cuir posé au pied du vieux chêne. Il l’ouvrit et en sortit une tunique brune. Son pourpoint vert végétal, parfait pour se cacher dans les arbres, ne conviendrait guère à ce qu’il s’apprêtait à tenter.
Avant de se changer, il se déchargea de son arc et le déposa sur une toile huilée. Dommage qu’il ne puisse pas l’amener avec lui, mais il ne conviendrait pas à son déguisement. Il admira le bois soigneusement ouvragé et poncé avant d’envelopper l’arme dans la toile huilée.
Des trucs incroyables, ces arcs. Avec leur portée et leur pouvoir de pénétration supérieurs, ils avaient permis aux Anglais de remporter la bataille de Hastings, ce qui avait de fait empêché tout le pays d’avoir à parler ensuite français.
Il enfila la tunique brune, saisit une grosse canne en bois posée contre le tronc et se dirigea vers le petit hameau au pied des murailles du château.
En approchant du village, il sourit et salua de la tête les gens qui lui rendirent son salut.
Comme un moine sympathique venu présenter ses respects.
Comme l’avait dit Saji, une fois qu’il s’était mis à réviser son point de vue pour embrasser le problème dans son ensemble, il avait entrevu des ouvertures. Sitôt qu’il avait ourdi ce scénario virtuel avec le château pour jouer la banque, il avait relevé un détail intéressant. Vers le fond, tout contre l’enceinte fortifiée, s’élevait un petit édifice, une humble chapelle de village. Elle était très fréquentée par les habitants, le clergé, des chevaliers et des marchands. Ce qui signifiait que Jay pouvait bien sûr y pénétrer, lui aussi.
Il ne lui avait pas fallu longtemps pour identifier l’équivalent réel de l’édifice, et il se rendit compte qu’il faisait bel et bien partie de l’ordinateur qu’il cherchait à pénétrer.
Les banques s’efforçaient d’être pratiques pour leurs clients. De nos jours, cela équivalait à une facilité d’accès. Il n’était pas question bien sûr de trop faciliter l’accès à l’argent, ou sinon celui-ci n’aurait pas été en lieu sûr. C’était justement le problème sur lequel Jay avait buté. Elles pouvaient toutefois faciliter à leurs clients l’accès à des éléments comme les comptes bancaires et leur historique.
Cette chapelle abritait ces informations, derrière un pare-feu bien moins imposant.
S’il ne s’était pas trompé, cette chapelle lui donnerait accès à l’information qu’il recherchait. Pas obligatoirement sous la même forme, et sans doute n’en recueillerait-il pas autant qu’il l’aurait aimé, mais cela devrait suffire à son entreprise.
Enfin, il espérait.
Jay se dirigea vers la petite poterne au flanc de la muraille du château. Deux moines étaient assis à une table à l’extérieur, pour accueillir les fidèles. Alors qu’il approchait de la table, il entendit les gens donner aux frères leurs mots de passe. Celui de gauche, un homme aux cheveux argentés, hochait la tête quand le mot de passe était bon ; le fidèle avait alors le droit d’entrer dans la chapelle pour y prier – dans le monde réel, cela équivalait à accéder à son compte bancaire, sans retirer d’argent.
Toute cette procédure de recherche de la faille de sécurité avait été l’exemple parfait de la supériorité de la réalité virtuelle sur le simple examen d’un écran plat ou d’une holoprojection. Son instinct, ses yeux et ses oreilles, tous ses sens étaient plus efficaces dans un environnement tel que celui-ci plutôt qu’en simple mode texte.
Il s’approcha de la table.
Le vieux moine s’adressa à lui : « Et ton numéro de compte, mon frère ? »
Jay lui donna le numéro du compte qu’il pistait.
« Ton mot de passe ? »
Jay prononça le mot sanscrit aom, dans un souffle, comme Saji lui avait appris. Elle lui avait dit un jour que certains maîtres zen croyaient que le mot contenait à lui seul tous les sons de l’univers.
Dans le monde réel, des dizaines de milliers de mots de passe venaient de déferler simultanément sur le programme de gestion bancaire.
En réalité virtuelle, le temps s’arrêta. Les moines se figèrent et tous les habitants du village s’étaient immobilisés. Près de la forge, un bûcheron s’arrêta en plein effort, des échardes de bois immobiles, suspendues dans les airs de part et d’autre de sa hache. Les flammes de la forge se détachaient en relief comme quelque statue de marbre tridimensionnelle.
Seul Jay pouvait regarder autour de lui. Seul Jay avait conservé la liberté de ses mouvements.
Et puis le temps se remit en route, le hoquet dans la réalité était passé.
Le moine aux cheveux argentés hocha la tête, comme si de rien n’était.
« Tu peux passer, mon frère. Dieu soit avec toi. »
Jay inclina la tête, un sourire sur le visage. « Et avec toi aussi, mon frère. » Il entra par la petite poterne dans la chapelle contre l’enceinte du château.
Il se dirigea vers une imposante série de niches creusées dans l’un des murs. De grands chiffres romains indiquaient les numéros de compte de chaque client de la banque.
Allons bon, se dit-il. Tu t’es encore fait avoir toi-même, pas vrai ? Tu sais bien que tu détestes les chiffres romains.
Il fit une brève pause dans le scénario pour opérer un ajustement.
Là, voilà qui est mieux.
Les numéros de compte étaient désormais indiqués en chiffres arabes. Bien plus faciles à suivre. Il repéra la niche correspondant à son numéro. À l’intérieur était posée une simple feuille de parchemin qui contenait le résumé de toutes les opérations effectuées au cours des derniers mois.
Il saisit la feuille et la parcourut. Y était indiqué le nom du titulaire : Otis A. Censeur.
Le nom le fit sourire, puis il reporta son attention sur les détails. Il semblait manifeste que ce Monsieur Censeur avait touché de fortes sommes de CyberNation au cours des derniers mois.
Jay prit le parchemin et gagna la sortie. Il était temps de changer de scénario et de traquer ce vieil Otis. Il franchit le mur d’enceinte. Une fois de retour dans la forêt, il modifia le monde virtuel alentour.
L’un des plaisirs à être un demi-dieu du Net était cette capacité à changer la réalité d’un simple geste de la main. Dommage que ça ne marche que dans le virtuel.
Tuscaloosa, Alabama
Ce nouvel environnement était également une forêt, mais bien différente de celle de Sherwood avec ses vieux chênes majestueux. Jay avait également échangé sa tenue de Robin des Bois contre une chemise de flanelle élimée, une vieille salopette en jean et des rangers usées. Une meute de six limiers aboyait à côté de lui, tirant sur les laisses dont il tenait l’extrémité.
Jay sortit de sa poche un mouchoir qui ressemblait fort au parchemin du scénario précédent. Il l’agita sous le nez des chiens, pour qu’ils en flairent l’odeur.
Les limiers flairèrent le mouchoir, grognèrent et redoublèrent d’excitation.
« Attrapez-le, mes chiens », s’écria Jay et il les libéra.
La meute fila, suivant la piste, et Jay suivit leurs aboiements.
Ce scénario était un de ses préférés… Courir à travers les forêts inexploitées de l’Alabama, tel un trafiquant d’alcool pourchassant des voleurs de gnôle dans son alambic. L’image le fit sourire.
Au bout de quelques minutes, les aboiements des chiens changèrent de tonalité.
Il pressa le pas, repoussant hautes herbes et buissons bas. Devant lui, il découvrit ses limiers qui entouraient une petite cabane.
Il appela le programme d’identification pour examiner la cabane et fronça les sourcils.
Quelqu’un avait été plus malin que lui. Ce petit cabanon n’était pas du tout le domicile d’Otis A. Censeur. C’était une boîte postale de Postal Plus – l’un de ces minuscules bureaux de poste qu’on trouvait un peu partout à proximité des supérettes. Tous étaient stériles, avec un système d’irradiation intégré pour protéger votre courrier de tous les germes.
Encore une impasse.
« Merci bien, Otis. » Et pour les limiers : « OK, les petits, vous pouvez la boucler à présent. »
Les chiens obéirent.
Ne lui restait donc plus que ce pseudonyme trouvé par un petit futé : « Ascenseur ». L’indice d’un désir d’ascension sociale ou professionnelle ? Mais c’était tout ce qu’il avait. Et maintenant ?
Jay laissa les chiens dehors et pénétra dans la cabane. Il opéra un changement de réalité virtuelle et…
Bureau d’expédition Postal Plus
Jay ne se fatigua pas à charger un de ses scénarios maison. Pas grand intérêt. Il était à peu près sûr de ne rien trouver d’intéressant. À la place, il fit tourner une banale visualisation virtuelle du site en mode web et s’introduisit dans le système de sécurité de l’ordinateur gérant celui-ci.
L’adresse laissée par le mystérieux Ascenseur était également celle d’un bureau de poste, mais cette fois-ci, il s’agissait de l’US Mail.
Eh bien, c’était le bouquet. Tous ces efforts pour contourner les arbres afin de voir la forêt, tout ce temps à pirater une banque pour arriver à ça…
Il leva les yeux et nota quelque chose. Coucou ?
Une caméra de sécurité était fixée au plafond. L’opérateur du service de courrier avait dû avoir des problèmes de vandalisme nocturne. C’était assez typique de ce genre d’endroit. Quoi qu’il en soit, on avait installé un système de vidéosurveillance.
Jay reconnut un équipement assez classique. La caméra capturait en résolution moyenne une vidéo de tous les clients qui entraient dans le hall où se trouvaient les boîtes. En général les fichiers vidéo étaient stockés une semaine avant d’être effacés ou archivés.
Ah, si seulement ces données étaient stockées sur ce disque dur…
Jay passa devant les boîtes postales et pénétra dans le bureau proprement dit. L’employé était occupé avec plusieurs clients. Jay vit la porte derrière la caméra vidéo et se coula dans cette direction. Quand l’homme derrière le comptoir passa derrière avec un paquet, Jay actionna la poignée. Elle s’ouvrit, et prestement, il se glissa dans le réduit où se trouvaient le moniteur et le disque dur relié à la caméra. Il referma la porte derrière lui et s’approcha de l’ordinateur.
Il ne fallut pianoter que deux commandes pour déclencher la lecture. À l’arrière-plan de la séquence vidéo, il repéra quelques espaces libres sur la droite du mur de boîtes. Il zooma dessus et localisa celle qu’il voulait. C’était là. Il accéléra ensuite le défilement des données, espérant que le propriétaire de la boîte postale 1147 était passe à un moment ou à un autre durant la semaine écoulée.
Un mouvement attira son œil et il ralentit le défilement.
Un grand jeune homme brun vêtu avec élégance -on aurait dit un complet Armani – ouvrit la boîte postale, en sortit un paquet et repartit.
Jay élargit le cadre. L’homme se dirigea vers une Porsche Boxter d’époque garée juste devant.
Jay fit un arrêt sur image, resserra de nouveau le plan pour catirer sur la plaque d’immatriculation du véhicule. Il put toutjuste distinguer celle-ci : LAWMAN9.
Jay fronça les sourcils. « Homme de loi 9 ». Un flic ? Ça ne tenait pas debout.
Il fit rapidement une copie de la vidéo, l’expédia à sa propre adresse électronique et quitta le scénario…
Washington, DC
Dans le bureau à son domicile, Jay regarda l’heure : presque minuit. Saji devait dormir ; c’était une lève-tôt.
Il effectua une rapide vérification auprès du service des Mines et trouva le nom du propriétaire du véhicule immatriculé LAWMAN9 : un certain Theodore A. Clements.
Gagné !
Après une recherche rapide, Jay récupéra quelques fichiers supplémentaires qu’il parcourut en diagonale.
Pas un flic. Un homme de loi. Clements travaillait pour la Cour suprême. Il était stagiaire.
Bien, bien, bien. Pourquoi CyberNation enverrait-elle de l’argent à un stagiaire à la Cour suprême ? Pas pour un motif légal, il était prêt à le parier.
Il avait hâte d’apprendre la nouvelle à Alex.
Bâtiment du Capitole Washington, DC
Le commandant Alex Michaels n’était pas réjoui. Il n’était même pas encore huit heures du matin et il avait déjà envie d’une nouvelle tasse de café. Au lieu de cela, il devait assister à la session d’une commission du Congrès.
Le pire était qu’il n’avait rien à leur dire sur la sécurité d’Internet qu’ils n’aient déjà appris par com, par mail ou par le mémorandum d’un de leurs assistants. Mais bien entendu, ce n’était pas ainsi que ça fonctionnait dans cette ville. Quand le président d’une commission désirait être informé, il ne voulait pas l’entendre de la bouche d’un quelconque sous-fifre et il n’avait certainement pas envie de passer du temps à parcourir un document écrit. Non, il voulait l’entendre de la bouche même du responsable.
Ce n’était qu’un des détails du jeu politique qui se déroulait chaque jour ici. Savoir qui devait aller où pour dire quoi, tout cela faisait partie de la définition de l’influence dans les allées du pouvoir. Alex savait tout cela. Il savait également que le chef d’une petite agence comme la Net Force ne pouvait pas dire non à six membres du Congrès, si stupides fussent-ils.
Il était censé retrouver d’abord Tommy Bender. Aucun membre de la Net Force, voire du FBI, ne se présentait devant une commission sans un avocat sous le coude.
Il vérifia l’heure à sa montre et parcourut encore une fois du regard les alentours avant d’aviser enfin Tommy. L’avocat discutait avec une grande blonde en tailleur gris, talons plats, fichu de soie rouge. La jupe lui arrivait juste au-dessous du genou. Elle était superbe, pas de doute, et elle lui disait vaguement quelque chose mais sans qu’il parvienne à la situer.
Tommy nota son regard et lui fit signe de les rejoindre.
« Hé, commandant, dit-il quand Alex s’approcha.
– Maître, dit Alex avec un hochement de tête.
– Je vous présente Corinna Skye. C’est une lobbyiste. Cory, je vous présente Alex Michaels, de…
– La Net Force, termina la femme. Oui, je sais. Commandant, ravie de faire votre connaissance, même si je crois savoir que nous nous retrouvons à présent des deux côtés opposés de la barrière. » Elle lui adressa un petit sourire.
Il lui prit la main. Sa poigne était ferme. Il décela un subtil parfum musqué, juste une trace. Très sympa.
« De quelle barrière s’agirait-il, madame Skye ? demanda-t-il en lâchant sa main.
– Un de mes clients est CyberNation. J’espère que vous ne m’en voudrez pas ? »
Alex s’abstint de répondre.
Tommy consulta sa montre. « Désolé, Cory, il faut qu’on se dépêche. Nous devons être devant la commission Malloy à cinq heures. Je vous retrouve plus tard. »
Nouveau sourire. « Allez-y. Les membres du Congrès détestent qu’on soit en retard. Ravi de vous avoir rencontré, commandant. Peut-être que nous pourrons nous retrouver un peu plus tard dans la semaine ? J’aimerais essayer de rectifier certaines idées fausses concernant mon client, si vous n’y voyez pas d’objection ? »
Quelles idées fausses ? se demanda Michaels. Qu’il s’agit d’une bande de malfrats nuisibles trop contents de se servir du terrorisme pour aboutir à leurs fins ? Qu’ils nous font un procès, mon service et moi, en nous réclamant deux millions de dollars ?
Mais il ne dit rien de tout cela. Il se contenta de lui rendre son sourire en disant : « Mais bien sûr. Passez donc un coup de fil à mon bureau. »
Comme ils se dirigeaient vers la salle de réunion de la commission, il demanda à Tommy : « À quoi tout cela rime-t-il, selon vous ? Et pourquoi d’abord parliez-vous à une lobbyiste de CyberNation ? »
Tommy haussa les épaules. « Diantre, commandant. Je parle à tout le monde, même à l’ennemi – non, disons, tout spécialement à l’ennemi. Je ne vais pas laisser passer une chance de glaner des informations. »
Alex fronça les sourcils. « Vous n’avez pas peur qu’ils fassent pareil avec vous ? »
Rire de Tommy. « À quel sujet ? Notre stratégie n’est pas un secret : les types à bord de ce bateau étaient des criminels. Ils ont tiré les premiers, vos gars ont réagi en état de légitime défense. Nous n’avons pas de secret à révéler.
– Donc, vous pensez que je devrais aller à son rendez-vous si elle appelle ?
– Oh, elle appellera, commandant. Et oui, je pense que vous devriez la rencontrer. Une mise en garde, toutefois : Corinna Skye a la réputation de faire tout ce qui est en son pouvoir pour parvenir à ses fins. Et quand je dis tout, c’est bien tout. Alors, allez-y sur la pointe des pieds. »
Michaels se contenta de hocher la tête. Il avait le sentiment que la journée s’annonçait longue…
Son virgil se manifesta. Super. Quoi encore ?
« Excusez-moi une seconde, Tommy. » Il s’écarta d’un pas et regarda l’identification de l’appelant. « Jay ?
– Hé, patron. Je viens juste de trouver quelque chose de vraiment intéressant.
– Est-ce que ça peut attendre ? Je dois passer devant une commission dans deux minutes.
– J’imagine que oui. Pour faire vite, j’ai repéré un joli versement d’argent de CyberNation à un stagiaire à la Cour suprême.
– Quoi ? C’est incroyable ! dit Michaels.
– Ouais, je me disais bien que vous penseriez ça. Je vous tiens au courant dès que vous revenez au siège. Amusez-vous bien avec votre commission. Discom. »
Michaels coupa le virgil. CyberNation versait de l’argent à un stagiaire à la Cour suprême ? Si la Net Force pouvait le prouver et retrouver cette somme, ce serait pour eux une immense victoire. À supposer, bien sûr, que ce versement ait un motif illégal, mais il ne pouvait guère en être autrement. Jay avait travaillé la question. Si le transfert avait été légitime, le jeune homme n’aurait pas eu autant de mal à le repérer.
« Alex ? On n’a plus que trente secondes. »
Michaels acquiesça. « Pas un problème, la porte est juste à côté. »
Ils se dépêchèrent.