Chapitre 25

Je fais le numéro, on me répond : « Bureau du commissaire Lingo. » J’ai raccroché aussi sec !

— Pour quelle raison Rinaldi avait-il le numéro de Lingo ?

— Je me le demande.

J’ai relu la dernière note inscrite par Rinaldi dans son carnet.

VG, racolage 28-29/9.

— Oui, VG peut correspondre à Vince. Peut-être que Rinaldi avait découvert son nom de famille, et aussi qu’il avait été arrêté pour racolage.

— Pile à l’époque où on pense que Klapec a disparu.

— Ça ne nous dit pas ce qui a poussé Rinaldi à noter ça.

Slidell a haussé les épaules.

— Je vais consulter le fichier des arrestations à cette date. De toute façon, ça ne nuira pas. À défaut d’autre chose, ça nous donnera probablement le nom de famille de ce Vince. À propos, il a disparu. Personne l’a vu depuis samedi.

— Il habite où ?

— Ses copains se pressent pas aux portes pour nous refiler des renseignements. Ils disent qu’il vivait surtout dans la rue.

— Vous avez l’intention d’interroger Lingo ?

— Plus tard. Pour le moment, je refais le parcours d’Eddie pour voir ce que je peux récolter sur ce merdeux de Vince.

— En stricte relation avec Klapec, ai-je insisté.

— Bien sûr.

— Du nouveau sur Asa Finney ?

— Si je découvre pas un lance-roquettes encore fumant dans ses culottes, je sais déjà ce qui se passera demain : il sera auditionné par un juge pour vol d’ossements, allongera l’argent de la caution et sera libéré le soir même.

— Qu’est-ce que vous pensez de lui ?

— Qu’il ferait un bel étalon s’il avait pas des boutons plein la gueule, a ricané Slidell.

Remarque inutilement méchante. Finney n’y pouvait rien s’il avait des problèmes de peau. J’ai préféré ne pas réagir et demander seulement à Slidell s’il l’imaginait en tueur.

— Il se dit sorcier. Comme par hasard, y a un camp de sorcières à un crachat de distance de l’endroit où on a retrouvé Klapec. Les voisins parlent d’un vacarme de tambours et crécelles la veille du jour où on a retrouvé le corps du petit, et quelqu’un affirme avoir vu une Ford Focus quitter les lieux bien après la fin de la réunion.

— Et Finney possède justement une Ford Focus, ai-je ajouté en me rappelant la voiture stationnée devant chez lui à Pineville.

— Faut pas être un génie pour tracer une ligne en suivant des pointillés, a lâché Slidell.

Sa mâchoire s’est crispée à nouveau.

— Ses copains en sorcellerie peuvent très bien avoir descendu Eddie, eux aussi.

— Pour quelle raison ?

— Parce qu’il commençait à en savoir trop.

Je m’apprêtais à répondre quand Slidell s’est redressé dans son siège, pourfendant l’air de son doigt boudiné.

— Rick Nelson. Oubliez les boutons, Finney est la copie conforme de Rick Nelson ! Les cheveux, le sourire aguicheur. L’enfant de chienne.

— Vous voulez dire que Finney serait le client violent dont a parlé Vince ?

Slidell est venu se placer à côté de moi et, de son gros doigt, a tourné les pages du carnet de Rinaldi.

RN-PIT. CTK. TV.

— Eddie a dit : un Rick Nelson avec des trous. Pit. Des trous dans la peau. C’est exactement comme ça qu’il m’a dit. Ça parle au diable !

— Peut-être.

Je n’étais pas convaincue.

— Quoi ? Ça correspond parfaitement à Finney ! Ça nous donnerait même une base assez solide pour relier ce petit con à Klapec.

— Je vais quand même faire des recherches sur Akron, si vous voulez bien, ai-je rétorqué avec force. Voir si Finney a réservé une place sur un vol ou s’il a des relations là-bas.

— Ouais, ouais.

Nous sommes restés en silence à fixer le texte énigmatique de Rinaldi.

Au bout de plusieurs secondes, j’ai senti un changement chez Slidell ; ses yeux scrutaient mes traits. Je n’ai pas relevé les miens. Je n’avais pas envie de discuter du sujet qu’il allait forcément mettre sur le tapis.

Mais au lieu de me sortir une de ces charmantes remarques dont il a le secret, il a tiré de sa poche un calepin, y a gribouillé un numéro, a déchiré la page et l’a posée devant moi.

— Ma copine attrapait tout le temps ce genre de microbes. Appelez-la, si ça vous dit.

Un bruit de pas et je me suis retrouvée seule dans le bureau.

Une fois de plus, la honte a enflammé mes joues. Larabee avait compris, Slidell avait compris… Qui d’autre encore avait percé à jour mon pauvre mensonge sur une grippe ?

J’étais en train de lire le gribouillis laissé par Slidell quand le médecin légiste a passé la tête dans ma porte.

— Ramène-toi, vite !

En voyant ma tête, il s’est figé.

— Qu’est-ce qui se passe ?

— Slidell a une copine.

— Impossible.

— Verlaine quelque chose, ça commence par un W.

Le nom de famille, c’était Wryznyk.

— Ça parle au diable, a lâché Larabee.

Puis, se rappelant la raison de sa venue, il a ajouté :

— Lingo a l’écume aux lèvres, encore une fois.

— Dieu tout-puissant !

Je l’ai suivi dans la salle du personnel. Toutes les chaînes télévisées parlaient de la mort de Rinaldi. Sur l’une d’elles, on pouvait voir Lingo tenant séance devant un cimetière. Il y avait des barrières de police tout autour de lui.

— … plus sacré ? tonnait Lingo. Alors que des hors-la-loi éliminent ceux qui ne craignent pas de risquer leur vie pour que nous vivions dans des villes sûres ? Ces officiers de police qui protègent nos maisons et veillent à ce qu’il n’arrive rien à nos enfants ? Je vais vous dire ce que c’est : c’est le début de la fin d’une société digne de ce nom.

«Je me tiens à l’entrée du Sharon Mémorial Park. C’est ici que demain nous porterons en terre le détective Edward Rinaldi, un homme de cinquante-six ans qui en a passé trente-huit au sein de la police, un homme apprécié de tous dans cette ville, un homme qui craignait Dieu. Le détective Rinaldi rejoindra le panthéon de ses collègues tombés comme lui dans l’exercice de leurs fonctions. »

Lingo s’est mis à lire à haute voix une liste de noms.

— Sean Clark, trente-quatre ans. Jeffrey Shelton, trente-cinq ans. John Burnette, vingt-cinq ans. Andy Nobles, vingt-six ans.

Il a relevé les yeux, des yeux porcins où l’on pouvait lire une profonde inquiétude.

— Devons-nous faire peser la faute sur les seules épaules de ceux qui accomplissent le mal ?

Hochement de tête solennel.

— Je ne le crois pas. Le responsable, c’est aussi notre système de lois qui vise à protéger les coupables. Ce sont également ces savants libertins qui s’évertuent à miner les efforts de nos frères et sœurs en uniforme.

J’ai senti mes boyaux se contracter.

— Vous êtes nombreux à avoir pu constater de vos yeux l’attaque dont j’ai moi-même fait l’objet vendredi dernier. Attaque menée par le Dr Temperance Brennan, une femme employée par votre université, par votre service de santé, institutions financées par vos impôts. Le Dr Brennan a été témoin du carnage, elle n’ignore rien de la bataille qui fait rage dans nos rues. Travaille-t-elle à montrer la culpabilité de gens comme Asa Finney, qui ont choisi la voie du Serpent ? Loin de là ! Elle cherche au contraire des excuses à ces criminels ! Elle prend la défense de leurs pratiques païennes.

Le regard rivé sur les caméras, Lingo s’exprimait avec une sincérité époustouflante. On lui aurait donné le bon Dieu sans confession.

— Il est temps que cela change. En tant qu’élu, j’ai la ferme intention de réclamer que cela change effectivement.

Plan aérien de la réunion, puis retour au plateau de télévision. À gauche, derrière la présentatrice, le plan des rues de la ville et le trajet que suivrait le lendemain le corbillard.

— La cérémonie débutera par une messe célébrée à onze heures en l’église catholique St. Ann. Ensuite, la procession empruntera les rues Park, Woodlawn, Wendover, Providence et Sharon Amity, lesquelles seront fermées à la circulation jusqu’au milieu de l’après-midi.

«Depuis dimanche, des représentants du maintien de l’ordre arrivent de tout le pays. Ceux qui ne pourront pas assister à la messe ou participer à la procession se réuniront au cimetière. Des milliers de personnes sont attendues. Toutes veulent dire un dernier adieu au détective Rinaldi. Les motocyclistes sont priés de… »

Larabee a coupé la télé.

— Qui sont ces gens qui votent pour des cinglés comme Lingo ?

Nous connaissions la réponse.

— C’est toi qui as pratiqué l’autopsie ? ai-je demandé à mon patron en m’efforçant de parler le plus fermement possible, mais sans oser croiser son regard.

— Oui, lundi.

— Rien de spécial ?

— Une balle a traversé le corps à hauteur de la T-12 ; deux XTP s’étaient logées dans le thorax. Je les ai extraites. La première du poumon droit, la seconde du cœur.

Les balles XTP – Extreme Terminal Performance  –, de sales pruneaux qui pénètrent à l’intérieur des organes en créant de plus en plus de dommages sur leur passage.

J’ai attrapé un Coke Diète et j’ai regagné mon bureau.

La lumière de mon téléphone clignotait. Deux messages de collègues de l’université : Marion Ireland me rappelait à propos du microscope à balayage électronique ; Jennifer Roberts me demandait simplement de la rappeler.

J’ai descendu d’un trait une grande rasade de Coke. À l’évidence, cette boisson avait un effet stabilisant sur mon organisme. Mais mon mal de crâne faisait toujours exploser l’échelle de Richter, et mon amour pour l’humanité était au plus bas.

Mon cortex malmené par l’alcool s’évertuait envers et contre tout à me proposer toutes sortes d’excuses que ma conscience rejetait les unes après les autres.

— Quel besoin as-tu d’un microscope à balayage électronique ?

— Ce n’est pas ce que tu disais vendredi.

— Oui, mais Klapec étant identifié, il est totalement superflu de corroborer son âge par des analyses histologiques.

— Il y a quand même cette ombre incompréhensible dans le système d’Havers.

À cela, mes cellules corticales ne pouvaient rien objecter puisqu’elles ne disposaient d’aucune hypothèse.

— Allez, Brennan, ne te laisse pas démonter.

— Ça sera sûrement inutile.

— Pour le savoir, il faut bien que tu essayes.

Score : un but pour l’équipe Conscience.

Autre lampée de Coke et j’ai appelé Ireland. Elle a répondu à la première sonnerie. Je lui ai demandé comment s’était passé son week-end et j’ai dû supporter sa réponse interminable avant de lui exposer ce qui me dérangeait dans les segments fins prélevés sur le fémur de Jimmy Klapec.

— Lorsque je les observe à un grossissement de cent, tout est normal. Mais dès que je passe à un grossissement de quatre cents, je découvre des décolorations bizarres dans certains canaux du système d’Havers. Je ne sais pas de quoi il s’agit.

— Ça pourrait provenir d’une activité fongique, d’une pathologie, d’une fossilisation…

— Justement, j’aimerais bien éclaircir ce point.

— Ça va prendre un certain temps. Il faut que je prépare les spécimens, que je les marque avec de l’acide nitrique, que je les mette à sécher sous vide et enfin que je les saupoudre de palladium doré.

— Je peux vous les déposer n’importe quand.

— Si tout se passe bien, vous pourriez avoir vos résultats demain en fin d’après-midi.

Parfait, puisque l’enterrement de Rinaldi était le matin à onze heures.

— Je suis chez vous dans l’heure qui vient.

Je ne me suis pas autorisée un second débat avec mes cellules cérébrales. J’ai appelé Jennifer Roberts. Elle aussi était juste à côté de son téléphone.

— Dr Roberts à l’appareil.

— C’est Tempe.

— Merci beaucoup de me rappeler. Je suis désolée de vous avoir dérangée un jour férié. J’aurais dû me douter que vous seriez sortie.

— Ce n’est pas grave.

Pour être de sortie, je l’étais bel et bien, mais pas dans le sens où elle l’entendait.

— J’ai cru comprendre que vous étiez souffrante aujourd’hui.

— Une petite grippe. Je vais déjà beaucoup mieux.

— Attendez.

Bruits de combiné posé sur une table, de pas et de porte claquée. Je me suis représentée Jennifer traversant son bureau situé à deux salles du mien. Un bureau avec une table, une crédence, des classeurs et des étagères en tout point identiques aux miens, à la différence près que les siens étaient remplis de livres sur l’animisme, l’hénothéisme, le totémisme et une douzaine d’autres « -ismes » dont j’ignorais tout.

— Excusez-moi, a-t-elle repris d’une voix un peu étouffée. Les étudiants ont envahi le couloir.

— À croire qu’ils prennent racine à l’université pour éviter de payer un loyer.

Elle a eu un rire nerveux.

— C’est bien possible.

Elle a pris une longue inspiration et relâché l’air lentement.

— OK, ce que j’ai à dire n’est pas facile.

Seigneur Dieu, pitié ! Qu’elle ne me raconte pas ses malheurs ! Pas aujourd’hui !

— J’ai lu dans l’Observer que vous enquêtiez sur l’autel découvert lundi dernier, avenue Greenleaf.

— C’est exact, ai-je répondu, étonnée.

— Il y avait des ossements humains parmi les objets récupérés, n’est-ce pas ?

— Oui.

Où voulait-elle en venir ?

— Et, mardi dernier, un corps sans tête a été découvert près du lac Wylie.

— Jennifer, je ne suis pas autorisée à discuter…

— Je vous en prie, écoutez-moi.

Je me suis tue.

— Le corps de la victime, identifiée comme étant un adolescent du nom de Jimmy Klapec, portait la marque de symboles sataniques. Avant ça, je ne sais pas quand exactement, un autre corps sans tête a été retiré de la rivière Catawba, mais j’ignore si celui-là portait les mêmes mutilations.

Je n’ai ni confirmé ni démenti. À l’évidence, elle avait entendu le discours de Lingo. Ou on le lui avait rapporté.

— La police a arrêté un jeune homme du nom d’Asa Finney pour possession de restes humains. Il est également considéré comme suspect dans le meurtre de Klapec.

J’ai acquiescé. Tout cela avait été largement débattu dans la presse. Je n’ai pas mentionné que Slidell le soupçonnait aussi d’être mêlé à l’assassinat de Rinaldi.

— On n’a pas arrêté la bonne personne ! a dit Jennifer avec force.

— La police enquête.

— Asa Finney est un adepte de wicca, pas un sataniste. Une différence énorme pour qui sait l’apprécier.

— Je n’ai qu’une connaissance rudimentaire de ces questions.

— Le public, lui, n’en a strictement aucune. Asa se prétend sorcier, c’est exact. Avez-vous visionné son site Web ?

J’ai admis que non.

— Faites-le et lisez son blogue. Vous y découvrirez les réflexions d’une âme tendre et délicate.

— Je n’y manquerai pas.

— Les adeptes de wicca ont un camp près du lac Wylie et je sais que Jimmy Klapec a été retrouvé, je ne sais pas exactement où, près du lac Wylie. Je me rends bien compte que cela fait peser des soupçons sur Asa Finney.

Je n’ai pas ajouté à sa connaissance la présence chez lui d’ouvrages d’Anton LaVey, sa ressemblance avec Rick Nelson, et la Ford Focus aperçue la nuit où Klapec avait été assassiné.

— Dans le climat d’extrémisme religieux qui règne actuellement, bien des gens condamnent les croyances qu’ils ne comprennent pas. Des chrétiens responsables et intelligents préfèrent voir des gens morts plutôt que pratiquant des rites païens, selon eux. Ces fanatiques ne sont pas très nombreux, certes, mais ils existent.

J’ai perçu une voix en arrière-fond. Jennifer m’a demandé d’attendre. La conversation s’est tenue à voix basse, je n’en ai rien entendu.

— Excusez-moi. Où en étais-je ? Oui, Boyce Lingo, le commissaire régional. Par deux fois, il a mentionné Asa Finney dans ses discours, le présentant comme un suppôt du diable, l’exemple même du mal incarné dans notre monde d’aujourd’hui. Étant donné la colère suscitée par l’assassinat du policier samedi dernier, je crains qu’Asa ne bénéficie pas d’une audience équitable.

— Il a un excellent avocat, ai-je dit sans préciser son nom.

— Charles Hunt est un avocat de la défense.

— Il est excellent.

Et pas seulement dans ce domaine. Mais ça, je l’ai gardé pour moi.

Jennifer a encore baissé la voix, comme si elle craignait d’être entendue par les gens de l’autre côté de sa porte.

— Asa Finney a dérobé des os dans une crypte funéraire à l’âge de dix-sept ans. C’était une farce d’adolescent, stupide et sans cœur. Ça n’a rien à voir avec un meurtre.

Comment était-elle au courant ? Je n’ai pas cherché à le savoir. Je me suis contentée de répondre que la police effectuait une enquête approfondie.

— Ce ne sera pas facile, Asa Finney est un solitaire. Personne ne voudra se porter garant pour lui. Devra-t-il être sacrifié sur l’autel des ambitions de Boyce Lingo ?

L’intérêt de Jennifer pour Finney ne laissait pas de me surprendre. Ce zèle lui venait-il de son amour pour la discipline qu’elle enseignait ? Avait-il pour fondement des motifs plus personnels ?

— Je ne comprends pas très bien ce que vous attendez de moi.

— Que vous réduisiez à néant le poison distillé par Lingo ! Que vous fassiez une déclaration publique. Vous êtes une spécialiste judiciaire, les gens vous écouteront.

— Cela m’est impossible, Jennifer, je suis désolée.

— Alors, parlez directement à Lingo. Raisonnez-le.

— Pourquoi vous intéressez-vous tellement au sort d’Asa Finney ?

— Il est innocent.

— Comment pouvez-vous en être aussi sûre ?

Il y a eu un moment de silence, puis :

— Nous appartenons tous les deux à la même congrégation.

— Vous, une adepte de wicca ?! me suis-je exclamée, incapable de dissimuler ma surprise, car je la connaissais depuis huit ans et je ne m’étais jamais doutée de rien.

— Oui.

Je l’ai entendue prendre une inspiration. J’ai attendu.

— Venez nous rejoindre au camp de la Pleine Lune, ce soir. Nous célébrons un esbat. Venez nous voir, découvrez notre philosophie.

J’ai commencé par décliner son invitation. Dans l’état d’épuisement qui était le mien, les cellules de mon cerveau réclamaient le sommeil à cor et à cri. Elle m’a interrompue.

— Vous verrez, notre religion est joyeuse. Elle tire son existence de l’union avec la nature. Les wiccans célèbrent la vie, ils ne la prennent pas.

Malgré la douleur qui me vrillait le cerveau, ma conscience m’a rappelée à l’ordre.

Pendant que Slidell noyait son chagrin dans le boulot, tu noyais le tien dans l’alcool.

— À quelle heure, ce soir ? ai-je demandé.

— Sept heures.

Si je partais tout de suite, j’éviterais la circulation. J’aurais le temps de passer à l’université déposer mes segments fins à Marion Ireland, puis de faire une sieste à la maison avant de repartir pour la Pleine Lune. J’ai tendu la main vers mon calepin.

— Bon, indiquez-moi le chemin.