Chapitre 20
On a décidé de faire une pause. Ou c’est Finney qui l’a réclamée. Ce viol de sépulture, censé avoir eu lieu après 1999, était forcément enregistré dans les fichiers de la police de Charlotte-Mecklenburg. En quelques minutes, nous avons réussi à faire apparaître le rapport, et cela en utilisant uniquement l’année et le lieu comme identifiants.
La nuit du 3 août, un ou plusieurs inconnus ont pénétré illégalement à l’intérieur de la crypte 109 du cimetière d’Elmwood. L’officier qui a fait état des faits s’est entretenu avec l’administrateur du cimetière, M. Allen Burkhead. Celui-ci a déclaré avoir découvert le délit en arrivant sur les lieux, le 4 août à sept heures vingt du matin et spécifié qu’il n’avait pas souvenir que la crypte 109 ait été endommagée la veille, à dix-huit heures, lorsqu’il avait quitté les lieux. Une fois à l’intérieur de la crypte, le ou les suspects ont fracturé un cercueil et violé les restes de Susan Clover Redmon, emportant son crâne. Prévenu du méfait, le médecin légiste a refusé de se rendre sur les lieux pour examiner le corps et déterminer si d’autres ossements avaient été dérobés. Une recherche dans les dossiers a fait apparaître que la personne responsable de cette tombe était un certain Marshall J. Redmon (décédé). Un membre de la famille a pu être localisé à Springfield, Ohio : M. Thomas Lawrence Redmon. Il a été averti de la situation et sera tenu au courant s’il y a du nouveau. Je requiers que cette affaire fasse l’objet d’investigations ultérieures.
J’ai survolé le reste du rapport : officier rapporteur : Wade J. Hewlett ; lieu de l’incident : 600, Quatrième Rue E. ; victimes : le cimetière d’Elmwood, Marshall J. Redmon ; biens dérobés : crâne humain et mâchoire.
Slidell a pu établir que l’agent Hewlett était aujourd’hui affecté au secteur d’Eastway. Il a appelé là-bas et a été placé en attente quelques secondes seulement. Dès que Hewlett a pris la communication, Slidell a branché le haut-parleur.
— Oui, je me rappelle parfaitement ce viol de sépulture à Elmwood. Il m’est resté en tête parce que c’est le seul auquel j’ai été confronté au cours de ma carrière. L’enquête n’a pas abouti.
— Au fond de vous-même, vous en pensez quoi ?
— Que l’effraction a probablement été commise par des jeunes. Cette semaine-là, j’avais un double homicide sur les bras, de sorte que cet acte de vandalisme n’était pas en tête de liste sur mon carnet de bal. Nous n’avions pas de piste, rien à partir de quoi travailler. Il n’y avait plus aucun Redmon en ville. Ils étaient tous morts ou avaient déménagé. Le seul membre de la famille qu’on a réussi à localiser, dans un autre État, s’en fichait comme de sa première chemise. Finalement, j’ai décidé d’attendre et de voir si ce crâne allait refaire surface.
— Et alors ?
— Il n’est jamais réapparu.
— Pourquoi est-ce que le médecin légiste ne s’est pas déplacé ? ai-je voulu savoir.
— Il m’avait interrogé. Je lui avais dit qu’à première vue rien d’autre n’avait été pris dans le cercueil. Il m’a dit qu’il se chargerait de contacter les membres de la famille vivant en Ohio.
— Et ensuite ?
— Thomas Redmon a dit de remballer le corps et de le rappeler si jamais on découvrait la tête.
— Quel grand cœur, a ironisé Slidell.
— Il n’était jamais venu à Charlotte, ne connaissait personne de cette branche de la famille, n’avait jamais entendu parler de la personne ensevelie dans cette crypte.
— Est-ce que vous avez fait des recherches sur la défunte dans les dossiers du cimetière ? ai-je demandé.
— Oui, mais sans trouver grand-chose. Juste le nom, l’emplacement de la tombe et la date de l’enterrement.
Apparemment, c’était la dernière personne à avoir été enterrée dans cette crypte.
— Quand était-ce ?
— En 1967.
— Il y avait d’autres cercueils ?
— Quatre en tout.
— Et ceux-là n’avaient pas été vandalisés ?
— En apparence, non. Mais rien n’était vraiment en bon état.
Sur un merci à Hewlett, Slidell a coupé la communication. Il n’a lâché le combiné qu’au bout de plusieurs secondes, et s’est alors tourné vers moi.
— Vous en pensez quoi ?
— Que Finney ment à propos de Cuervo, et peut-être aussi de Klapec.
— Qu’est-ce que vous diriez d’une petite visite au cimetière ?
Le cimetière le plus ancien de Charlotte n’est pas celui d’Elmwood, mais celui de Settlers, qui est situé dans la Cinquième Rue, entre les rues Poplar et Church : il abrite une quantité de héros de la guerre révolutionnaire, les signataires de la déclaration d’indépendance de Mecklenburg et toutes sortes de notables qui firent la pluie et le beau temps avant la guerre de Sécession.
En comparaison, Elmwood est un nouveau venu sur la scène des cimetières de la ville. Créé en 1853, il a accueilli sa première tombe deux ans plus tard, celle de l’enfant d’un certain William Beatty. Mais dans ce temps-là, les registres n’étaient pas très détaillés.
Pendant toute une époque, Elmwood ne s’est pas distingué par une grande activité. La vente des concessions a pris son essor dans la seconde partie du siècle, après l’accroissement brutal de la population dû à l’ouverture des fabriques de textile. La dernière concession a été vendue en 1947.
Depuis ses origines, ce cimetière a pour vocation de rendre service aux vivants aussi bien qu’aux morts : il demeure à ce jour un lieu apprécié des joggers, des promeneurs et des pique-niqueurs du dimanche. Ses centaines d’acres ont bien plus à offrir que des allées ombragées et des bosquets d’azalées. Elles immortalisent, sous forme de monuments et d’architecture paysagère, l’évolution du nouveau Sud-américain.
Au départ, à l’instar de la Gaule, le cimetière était omnis divisa in partes tres, c’est-à-dire qu’il regroupait une section réservée aux Blancs, Elmwood, une autre réservée aux Noirs, Pinewood, et une troisième, Potters Field, destinée aux indigents. Blancs seulement, il va sans dire.
Aucun passage ne reliait Elmwood à Pinewood, et il était impossible d’accéder à cette deuxième partie en entrant par le portail de la première. Entrée par la Sixième Rue pour les Blancs, par la Neuvième Rue pour les Noirs. Durant les années 1930, une barrière fut érigée entre les deux sections pour s’assurer que les cadavres de races distinctes de même que leurs visiteurs ne risquent pas de se mélanger.
Hé oui. Les Afro-Américains ne devaient pas seulement travailler, manger, faire leurs courses dans des lieux séparés, occuper des sièges déterminés dans les transports en commun, mais également, une fois décédés, gésir dans une terre dûment barricadée.
Cette barrière est demeurée en place après que la discrimination a été déclarée illégale à Charlotte, et ce n’est qu’en 1969, à la suite d’une campagne menée par le premier député noir de la ville, Fred Alexander, qu’elle a enfin été supprimée.
De nos jours, tout le monde est planté dans la même terre.
Avant de quitter le quartier général, Slidell a composé le numéro de Thomas Redmon que Hewlett lui avait fourni. Curieusement, celui-ci a décroché.
— Vous avez mon autorisation, a-t-il dit. Mais si possible que tout soit fait sur place.
Visiblement, l’idée de réveiller l’esprit des morts ne lui plaisait pas beaucoup.
Slidell a ensuite appelé Allen Burkhead, dont il a obtenu le numéro par les renseignements. Le directeur d’Elmwood occupait toujours ses fonctions. Il a accepté de nous recevoir.
Hewlett, Redmon, Burkhead, trois sur trois ! La chance était de notre côté.
Avec sa haute taille et sa chevelure argentée, Burkhead avait tout d’un général cinq étoiles. Un pied-de-biche dans une main, un parapluie dans l’autre, il faisait déjà le pied de grue devant l’entrée de la Sixième Rue lorsque nous sommes arrivés au cimetière. Il s’était remis à pleuvoir, une bruine lente et régulière, mais les épais nuages noirs qui stagnaient dans le ciel semblaient prêts à se délester d’un fardeau beaucoup plus conséquent, pour peu qu’on le leur demande.
Nous n’avions pas encore franchi le portail que Slidell avait déjà mis Burkhead au courant de la situation. La pluie tombait avec un bruit de métronome sur la visière de ma casquette et le sac que je tenais à l’épaule.
Certaines personnes considèrent que le silence est un vide qu’il faut absolument combler. Burkhead était de cette espèce-là. Mais peut-être était-il seulement fier de son petit royaume. Toujours est-il qu’il nous a abreuvés de commentaires pendant tout le trajet.
— Elmwood est une véritable encyclopédie culturelle. Les habitants de Charlotte les plus pauvres comme les plus fortunés gisent ici. Les confédérés, côte à côte avec des esclaves africains.
Certainement pas dans cette partie, ai-je pensé dans mon for intérieur tandis que nous passions devant des obélisques néoclassiques, des monuments massifs, des chapelles de famille en forme de temples et des sculptures ouvragées en marbre et granit.
Burkhead désignait les défunts de son pied-de-biche, tel un guide identifiant les pharaons dans la nécropole de Thèbes.
— Edward Dilworth Latta, promoteur immobilier… S.S. McNinch, ancien maire de la ville…
Les arbres centenaires formaient une voûte au-dessus de nos têtes ; leurs troncs noirs et leurs feuilles brillaient sous la pluie. Les cyprès, les buis, les buissons en fleurs courbaient l’échiné dans un paysage détrempé. Les pierres tombales, grises et mélancoliques sous cette bruine persistante, s’étiraient jusqu’à l’horizon. Nous avons dépassé un monument dédié aux pompiers, une petite cabane en pierre et le mémorial aux confédérés. Je reconnaissais les symboles funéraires les plus courants : agneau et chérubins sur les tombes des enfants, roses épanouies sur celles des jeunes adultes, croix orthodoxes sur les tombes des Grecs, compas sur celles des francs-maçons.
En chemin, Burkhead s’est arrêté devant une pierre sur laquelle était gravé un éléphant et en a lu l’inscription à haute voix :
— Érigé par les artistes du cirque John Robinson à la mémoire de John King, tué à Charlotte, Caroline du Nord, le 22 septembre 1880, par un éléphant du nom de Chief. Puisse son âme reposer en paix.
— Vraiment, a marmonné Slidell.
— Eh oui, ce pauvre homme a été écrasé par l’animal contre le flanc d’un wagon de train. L’accident a fait sensation à l’époque.
À quelques tombes de là, une statue en marbre a accroché mon regard. Je m’en suis approchée, frappée par la pose poignante de la femme représentée.
Elle était agenouillée, se soutenant la tête d’une main et agrippant de l’autre un bouquet de roses. Les détails des vêtements et des cheveux étaient admirables.
Mary Norcott London, décédée en 1919, à l’âge de vingt-quatre ans, disait l’inscription. Le monument avait été élevé par son époux, Edwin Thomas Cansler.
Cette femme décédée dans sa prime jeunesse avait eu un mari, Edwin. À cette pensée, mon esprit m’a renvoyé l’image du crâne dans mon labo. Était-ce celui de Susan Clover Redmon ?
Mais elle, quel genre de femme avait-elle été ? Quelle calamité avait interrompu sa vie, mis un terme à son bonheur comme à ses souffrances, à ses espoirs, à ses angoisses ? Qui avait placé son cercueil dans cette crypte ? Des parents anéantis se rappelant leur petite Susan en train de faire des coloriages ? Ou grimpant dans l’autobus de l’école avec sa boîte à lunch toute neuve ? La tombe avait-elle été commandée par un mari désespéré ? Par un frère, une sœur ?
— Eh, doc ! Vous venez ?
La voix de Slidell m’a arrachée à mes songes. J’ai rejoint le groupe.
Plus loin à l’est, l’alignement incurvé des pierres tombales cédait la place à un aménagement rectiligne évoquant un quadrillage. À présent, la pluie s’était intensifiée. Tout à l’heure, j’avais changé mon kangourou trempé contre un coupe-vent du MCME, et c’était une mauvaise idée, car le nylon trop mince ne me protégeait ni du froid ni de l’humidité.
Finalement, nous avons abouti à un espace où les tombes dignes d’intérêt étaient nettement moins nombreuses. Les arbres étaient toujours aussi beaux et vieux, mais plantés dans un ordre moins rigide, plus naturel. Nous avions probablement franchi la frontière d’autrefois.
Burkhead continuait sa visite guidée.
— Thomas H. Lomax, évêque de l’Église épiscopale méthodiste africaine de Sion ; Caesar Blake, potentat impérial de l’Ordre arabe de l’Égypte ancienne et chef des Negro Shriners tout au long des années 1920.
Le monument funéraire le plus important de cette section était une sorte de bâtisse en brique jaune et rouge, hérissée de pignons. Les façades ainsi que les parties surélevées à l’arrière étaient ornées de motifs en losanges, réalisés grâce à des briques posées en saillie. Au-dessus de la porte en bois toute simple, d’autres briques formaient le mot « SMITH ».
— W. W. Smith, le premier architecte noir de Charlotte, a précisé Burkhead. Je trouve tout à fait bienvenu que sa tombe s’orne d’un travail en brique rappelant son style si distinctif.
— En tout, ici, vous avez combien de corps morts ? a demandé Slidell.
— Environ cinquante mille, a répondu le directeur des lieux sur un ton plus que désapprobateur.
— Parfait décor pour un film de zombis.
Redressant ses solides épaules, Burkhead a pointé son pied-de-biche devant lui.
— L’acte de vandalisme a été perpétré là-bas.
Il nous a conduits jusqu’à un petit cube en béton situé au centre d’une demi-douzaine de tombes qui, toutes, portaient le nom de Redmon, soit en premier, soit en second. Ce nom surplombait également l’entrée de la crypte.
M’ayant confié son pied-de-biche, Burkhead a refermé son parapluie et l’a appuyé contre le mur. Puis il a sorti une clé et a commencé à triturer la serrure d’un cadenas suspendu sur le côté droit de la porte, à hauteur d’épaule.
Ce cadenas était plus brillant que les charnières et les clous rouillés enfoncés dans le bois, et l’on remarquait, juste à côté, de profondes rainures dans le chambranle.
Après avoir ouvert le cadenas, Burkhead l’a fourré dans sa poche avec la clé, puis a poussé la porte. Elle s’est ouverte assez facilement, avec des éclaboussures de rouille et un grincement digne de Hollywood.
D’un même mouvement, nous avons allumé nos lampes de poche.
Burkhead est entré le premier. J’ai suivi. Slidell est venu en dernier.
L’espace était si réduit que nos bras se touchaient.
Odeur lourde et organique : odeur de terre, de vieilles briques, de bois et de tissu pourris. Odeur aussi de mites et de pisse de rat, d’humidité et de moisissure.
Ajoutez à cela l’haleine de Slidell parfumée au pastrami.
Les faisceaux de nos lampes ont fait apparaître des corniches dans le mur en face de nous et à gauche de la porte. Chacune d’elles supportait un unique cercueil en bois. Mauvaise idée pour qui veut demeurer dans l’Histoire ; excellente pour qui veut remporter le sprint du retour à la poussière. Les cercueils donnaient tous l’impression d’être passés dans un broyeur.
Sans dire un mot, Burkhead a déplié la photocopie d’un document et s’est dirigé vers les corniches situées en face de la porte. Des ombres se sont mises à danser sur le mur au rythme de ses mouvements, quand il baissait la tête sur son papier ou la levait vers les cercueils.
Je savais ce qu’il était en train de faire.
Les morts ne restent pas toujours tranquillement à leur place. Un jour, j’ai exhumé un grand-père qui se trouvait trois places au-dessus de là où il était censé avoir été enterré. Une autre fois, le défunt se trouvait dans un caveau contenant deux piles de trois cercueils. Au lieu d’être tout en bas à gauche, comme stipulé dans le dossier, notre homme était dans le deuxième cercueil en haut à droite.
Règle numéro un lors d’une exhumation : s’assurer qu’on tient bien le bon gars.
Les vieux fichiers de cimetière étant souvent peu précis, Burkhead était en train de comparer les photos ou les brèves descriptions qu’on lui avait faites avec les caractéristiques des cercueils qu’il avait sous les yeux : style, essence du bois, ornements, poignées. Compte tenu de leur âge, il était peu probable que ces cercueils portent la marque de leur fabricant ou un numéro de série.
Burkhead a pris la parole, apparemment satisfait.
— Les défunts se trouvant ici sont Mary Eleonore Pierce Redmon et Jonathan Revelation Redmon.
S’étant approché du mur latéral, il a réitéré sa procédure. Comme la fois d’avant, plusieurs minutes lui ont été nécessaires.
— Le défunt placé tout en haut est William Boston Redmon, inhumé le 19 février 1959.
Il a désigné de sa main libre le cercueil du bas.
— Celui-ci, c’est celui qui a été violé voilà sept ans. Susan Clover Redmon. Inhumée le 24 avril 1967.
De même que ses parents, Susan était entrée dans l’éternité, rangée dans une boîte en bois. Les flancs et le dessus s’étaient affaissés et une grande partie des pièces de quincaillerie avait glissé sur le contreplaqué placé entre le cercueil et l’étagère.
Une fissure d’une bonne trentaine de centimètres courait sur le côté gauche du couvercle ; elle avait été réparée à l’aide de planches de bois clouées.
— M. Redmon n’a pas voulu acheter un nouveau cercueil. Nous avons réparé celui-ci du mieux que nous le pouvions…, a précisé Burkhead. Vous comptez examiner la défunte ici-même ?
— Oui, puisque c’est la volonté de M. Redmon. Mais il est possible que je doive emporter des échantillons au bureau du médecin légiste, à des fins d’analyse.
— Comme vous l’entendrez. Malheureusement, nous n’avons plus la clé ouvrant le cercueil.
Se plaçant sur un côté de la corniche, Burkhead a fait signe à Slidell de se mettre à l’autre bout.
— Allez-y en douceur, détective. Les restes sont d’une grande fragilité.
Unissant leurs efforts, les deux hommes ont fait glisser le cercueil vers l’avant et l’ont déposé par terre. Il a rempli tout l’espace, nous refoulant contre les murs.
J’ai ouvert mon sac dans le minuscule carré qui restait et j’en ai sorti une lampe sur batterie, une loupe, un formulaire, un stylo et un tournevis.
Burkhead me regardait faire depuis l’angle du mur le plus à l’ouest, Slidell du seuil de la porte, un mouchoir sur la bouche.
Ayant posé un masque sur mon visage, je me suis accroupie et j’ai entrepris de retirer les clous.
Ils n’ont pas résisté.