CHAPITRE XXVIII – Volonté et destinée

 

Quelques jours après, deux femmes s’installaient dans un modeste logement, au troisième étage d’une maison simple et tranquille.

C’étaient Florence et sa gouvernante Mary.

Grâce à la protection de Max Lamar, la jeune fille avait obtenu sa mise en liberté provisoire sous caution.

– Je suis lasse, dit tout à coup Florence, qui suivait tristement des yeux les allées et venues adroites de Mary, occupée à donner un air intime et confortable au petit salon impersonnel où elles se trouvaient.

La jeune fille se leva et gagna sa chambre.

Quelques instants plus tard, Max Lamar arrivait. Mary, à voix basse, lui donna des nouvelles de Florence, dont le découragement l’inquiétait.

– Je vous en prie, docteur, parlez-lui, dit-elle en frappant à la porte de la chambre, qu’elle ouvrit aussitôt.

La tête renversée sur le dossier d’un fauteuil, Florence dormait. Des traces de larmes se voyaient encore sur ses joues, et son sommeil était coupé de sanglots convulsifs.

Max s’approcha sur la pointe des pieds pendant que Mary se retirait. Il s’assit sur une chaise auprès de la dormeuse, et prit doucement sa main.

– Flossie, murmura-t-il, ma chérie… ma pauvre petite, mon enfant chérie, n’ayez plus de chagrin, n’ayez pas de craintes… Je vous protégerai, je vous guérirai…

La jeune fille perçut-elle confusément ces paroles ? Elle balbutia quelques mots sans suite, et sa tête se pencha sur l’épaule de Max. Celui-ci posa sa main sur le front brûlant de Florence :

– Dormez, dit-il, dormez, il faut dormir calme. Je suis là. Dormez… Dormez…

Soudain il éloigna doucement de lui la tête de la jeune fille et la regarda avec attention :

– Mais elle ne dort plus d’un sommeil naturel… murmura-t-il ; elle est en état d’hypnose…

Et aussitôt l’idée lui vint de tirer parti de cet état pour amener la guérison de Florence. Reprenant la main de la jeune fille, et concentrant sur elle toutes les forces de sa volonté, il lui dit à voix haute :

– Je veux que passe en vous toute l’énergie qui est en moi, afin que vous puissiez lutter contre la fatalité et que vous en triomphiez à jamais.

Florence eut un tressaillement de tout son être et peu à peu ses membres raidis s’assouplirent.

Alors, il lui dit tout bas :

– Je t’aime, Florence. Prends toute ta force dans mon amour et dans ton amour. L’amour est la grande puissance. Avec l’amour, rien n’est impossible. Avec l’amour, tu redeviendras maîtresse de ta destinée. Aie confiance. Tu seras victorieuse. Il suffit de vouloir.

Il l’éveilla. Florence regarda Max, lui sourit, puis vaincue par la fatigue, elle referma les yeux presque aussitôt mais, cette fois, sous l’influence d’un sommeil naturel et réparateur.

– Couchez-la, dit le Dr Lamar à Mary. Veillez bien sur elle. Je reviendrai.